Julianna avait longtemps pensé que le plus grand des enfers consistait à vivre au quotidien avec Cassidy. Puis, elle avait du vivre au quotidien avec Cassidy en Allemagne . Leurs parents n'avaient en effet rien trouvé de mieux que les emmener avec eux pour leur voyage de noces, ils étaient obligés de passer des journées entières ensembles. . . C'était donc avéré. Caitlin (désormais Fitzsimmons) était cinglée. Quelle genre de personne souhaitait passer son voyage de noce en Allemagne ? Et qui plus est en emmenant sa famille ? Les gens qu'elle était censée aimer... Il n'y avait plus de doute quant à la source des lacunes mentales de Bingham à présent.
Fixant le paysage extérieur, la mine boudeuse, Julianna avait le front collé à la vitre de la voiture, tandis que celle ci les emmenait vers une destination inconnue. Dieu seul savait ce qu'avaient prévus les ''jeunes'' mariés pour la journée. Sans doute une autre visite, aussi palpitante qu'un film de Ryan Kwanten. Visite, où à tous les coups, on écorcherait les oreilles de Julianna avec des mots barbares et imprononçables. N'y tenant, plus, elle finit d'ailleurs par demander la destination d'une voix grincheuse. Son père se retourna vers elle, l'indisposant avec son bonheur apparent et son sourire béat, digne de celui d'un imbécile heureux (un peu comme ça). L'appelant ma petite chérie, il lui annonça qu'il passerait une journée détente dans des thermes. Les yeux de l'irlandaise s'écarquillèrent. Elle n'avait rien contre l'idée. Ou presque. « Combien tu as mangé de pizza aujourd'hui ? Parce que si je dois te voir en maillot de bain, je veux pouvoir me préparer psychologiquement. » La remarque n'avait, bien sûr pas été faite à voix haute, elle s'était penchée vers Cassidy pour la chuchoter. Mais bien vite, elle se prit à regretter cette pique gratuite. Son adversaire préféré n'avait pas l'air en très grande forme. C'était sûrement à cause de la question qu'il posait inlassablement à chaque nouvel endroit dans lequel ils arrivaient « est-ce qu'il y avait la wifi ? '' A chaque fois, on lui répondait par la négative et son humeur s'assombrissait. Pauvre geek... Il fallait préciser que leurs parents avaient un faible pour les lieux paumés, ils devaient occuper leurs soirées en jouant au poker. Heureusement que Julianna rétamait Cassidy, sinon elle aurait l'air aussi piteuse que lui actuellement. L'air abattu, il ne desserrait guère les dents. Taquine, elle se pencha une nouvelle fois vers lui, pour demander d'une voix suave. « Ferons nous des paris aujourd'hui ? Un lieu comme des termes devraient largement nous inspirer. » . Elle regarda une nouvelle fois le paysages enneigés qui se déroulait sous ses yeux. Il y avait moyen de faire courir Cassidy à poil dans la neige, non ?

Lune de miel, ces mots signifiaient pour moi : sexe, soleil, sexe, bouffe, repos, sexe et encore sexe. Alors pourquoi, oui POURQUOI ? Un couple allant en lune de miel voudrait emmener ses enfants avec eux ? pourquoi ? Je ne saisissais pas. Avaient-ils peur qu'il se passe quelque chose entre Julianna et moi pendant leur absence ? Ou alors avaient-ils peur que la maison ne ressemble plus à rien ? Grrrr ! Je les détestais ! Ils faisaient de ma vie en enfer. Autre chose, quand j'entends lune de miel, je pense aussi à des pays paradisiaques. Les caraïbes, Tahiti, La Guadeloupe, la Thaïlande peut-être ou même la côte d'Azur. Mais encore une fois, il y avait quelque chose que je ne saisissais pas dans le raisonnement des vieux débris. L’Allemagne. POURQUOI ? Je n'avais rien personnellement contre l'Allemagne mais il y avait des limites. Ce pays n'avait rien d'idéal, surtout en cette période de l'année et en plus... Il parlait allemand. Oui logique. On disait que les allemands étaient doués pour les langues vivantes et qu'ils parlaient très bien l'anglais... Ouais, c'était ce que j’espérais sincèrement.
Font chier ces vieux.
Jamais je n'avais autant supplier quelqu'un pour me laisser à Thunder Bay. Je n'aimais pas le Canada mais j'aimais encore moins l'idée de moi allant dans une avion pour une dizaine d'heure de trajet. C'était inhumain de faire ça à son propre fils.
Comme prévu, j'avais sangloter comme une mauviette tout le long du trajet, je ne valais pas mieux que cette femmelette (juste ici) j'essayais de me dire que ce n'était pas si grave, après tout, Dean dans Supernatural a peur dans les avions lui aussi. Ouais... Je faisais de mon mieux pour me réconforter.

Arrivée à destination, ça ne fut pas mieux. J'angoissais déjà à l'idée de devoir reprendre l'avion pour le retour, tout en essayant d’échafauder un plan pour m'enfuir en Angleterre et reprendre la vie que j'avais à Liverpool. Pour cela, il faudrait d'abord que les vieux arrêtent de me coller au basques. Plan de la journée... Aller aux Thermes. Super ! Je ne pouvais pas rêver mieux. J'allais devoir me farcir des vieux allemands en maillot de bain. Je laissais l'autre morue faire des allusions sur mon physique. Elle devait juste être jalouse. Puis... Elle proposa enfin quelque chose qui avait l'air bien, quelque chose de censé, quelque chose d'amusant. A mon tour je me penchais vers elle sans me faire remarquer par le couple dégoulinant d'amour. « Oui je me sens bien créatif aujourd'hui... Tu vas prendre cher » Je ne fis pas attention à l'illusion mal placée que je venais de faire. En fait, c'était sorti tout seul. Mais nous voilà enfin arriver sur les lieux d'un crime qui aura lieu dans un futur proche. Très proche. Je regardais l'endroit, le grand hall, les inscriptions en allemand que je ne comprenais pas. Je laissais ma génitrice et son mari s'occuper des places pour ne pas avoir à dire un seul mot en allemand et les suivais. Arriver aux vestiaires, il était temps pour les hommes et les femmes de se séparer. Enfin. J'avais un peu de répit avant de me retrouver de nouveau face à la charogne. Je me changeais, enfilant le maillot de bain que j'avais depuis plus de cinq ans mais qui paraissait tout neuf tellement il n'avait pas servit. C'était un short de bain vraiment simple de couleur noire.
Quand je sortis des vestiaires, Julianna était là. Malheureusement. Ma mère arriva à son tour et ce fut au tour de papa Henry de faire acte de présence. « Bon ben je ne compte pas passer la journée avec des parasites comme vous. Alors, à plus tard hein. » Ils s'étaient habituer à mon humeur massacrante et toutes les insultes que je leur disais semblaient n'avoir aucun effet.
Après un rapide coup d'oeil je me rendis compte qu'il devait y avoir des trucs marrants à faire faire à Julianna ici. Je m'approchais d'elle quand les parents s'étaient écartés, elle qui visiblement avait sortit son plus beau bikini mais je m'efforçais de ne pas y faire attention... Pas pour le moment du moins. « Oh tiens regarde, il y a un cours d'aquagym en allemand, ta langue préférée naturellement, avec toutes les mamies de la ville, que dirais-tu d'y aller ? en fait, je n'ai pas vraiment envie de te laisser le choix. Sinon tu me paye de GTA V quand il sortira ce printemps, et crois moi, il ne sera pas donné. » Je souriais, niaisement. On commence doucement hein.

La réponse menaçante que lui avait faite Cassidy quand Julianna lui avait proposé de faire des paris pour que la journée s'écoule plus rapidement l'avait galvanisée. Ainsi, dans le vestiaire des thermes, elle enfilait son bikini rouge comme une armure, prête à aller le champ de bataille. Alors que ses voisines n'aspiraient qu'à la détente, elle ne pensait qu'à la victoire. Dans une concentration ridicule, elle réfléchissait ardemment à qu'elle était la pire chose qu'on pouvait faire faire dans un tel lieu. Elle était tellement concentrée, qu'elle prêtait une oreille distraite aux bavardages de sa belle-mère à propos des tares de la famille, notamment en terme de pilosité. Elle aurait dû écouter pour fourbir ses armes contre Cassidy mais la vérité était qu'à ces yeux, Bingham dans son intégralité était une tare. Sortant des vestiaires avant son ennemi de toujours, elle étudiait déjà le terrain quand il vint la rejoindre. Son sourire carnassier, signe qu'il était inspiré n'augurait rien de bon mais elle était prête, elle aussi. Elle se sentait forte, même en maillot de bain. D'ailleurs celui ci était de la couleur du diable, sa couleur. Il était un looser d'une manière générale, il s'octroya donc le droit de commencer. Le premier gage tomba. Un cours d'aquagym en allemand avec le troisième âge ou l'achat du jeu vidéo préféré de l'abruti. C'était méchant pour un début, vraiment méchant, mais elle ne laissa rien paraître. « Défi accepté. Tu aimes trop GTA et je te déteste trop pour que je consente à te l'acheter. Je préfère endurer cette torture sans nom. » Cela dit, elle entra d'un pas altier dans la piscine où se tenait la mascarade. Malheureusement, le peu de dignité qu'elle avait réussi à réunir s'évapora plus que rapidement. Elle était incapable de reproduire les gestes de la maître nageuse assignée au cours, et encore moins de comprendre ses invectives criées dans une langue barbare. Ce n'était pas beau à voir. (un peu comme ça). Mais il y avait pire. Comme le fait que les momies à ses côtés semblent plus douées qu'elle. Elle détonnait, par ses mouvements désordonnés et bientôt elle fut le centre de l'attention. Tout le monde essayait de l'aider dans une gentillesse feinte, mais elle lisait la pitié dans les yeux de tous. Rapidement, les joues aussi rouges que son maillot, elle en eut les larmes aux yeux, tellement l'humiliation était grande. Elle jeta un regard bref aux abords de la piscine tandis que ses voisines faisaient des moulinets étranges avec leurs jambes. Cassidy, assis sur un bord, les pieds dans l'eau, riaient à en pisser dessus. Tous comme le mec canon sur la chaise longue à gauche. C'était plus qu'elle ne pouvait le supporter. Elle décida de mettre fin au truc. Elle avait déjà enchaînés assez de mouvements ridicules pour que le pari soit terminé. De plus, ses oreilles devaient saigner à force d'être écorchées par la langue de Goethe. Comme l'hystérique qu'elle était, elle hurla, au beau milieu de la piscine, la seule phrase en allemand qu'elle connaissait. «  ICH BIN EIN BERLINER !! »  . Elle partit en direction du bord sur lequel l'abruti se tenait, bien décidée à obtenir une vengeance tout aussi rapide qu'efficace. Et proportionnelle qui plus est. Comme le voulait la loi de Talion (loi que n'importe quel enfant sur cette terre connaissait). Arrivé à proximité de ce qui lui tenait désormais lieu de demi frère, elle posa ses bras sur le bord, sa tête par dessus, exténuée par le show qu'elle venait de faire. Elle trouva toutefois la force de l'insulter. « Tu sais... je ne pensais pas qu'un jour, je puisse détester quelqu'un autant que mon prof de philo... Donc félicitations » . Toutefois, il en fallait plus pour l'abattre. Vive comme l'éclair (contrairement à certaines personnes), elle attrapa l'oreille de Bingham et tira lentement dessus, jusqu'au temps qu'il soit obligé de venir dans l'eau avec elle. Une fois que ce fut fait, elle tira encore pour immerger dans sa tête. Puis, elle la ressortit de la même façon, avant de dire d'une voix calme malgré les circonstances. « Tu vas me le payer... Ton gage à toi maintenant... Tu t'allonges dans le bain à 12 degrés et tu récites un extrait de fin de partie. Si tu ressors avant, tu as perdu. Et en cas de défaite, tu dois m'emmener au centre commercial un après midi entier et m'acheter le vêtement de mon choix. Good Luck » . Elle aurait voulu lui faire boire une nouvelle tasse mais leurs parents passaient par là. Elle leur fit un signe de la main faussement enthousiasme tandis que Cass faisait la gueule à côté d'elle. Les jeunes mariés ne manqueraient pas de remarquer le contraste, à tous les coups.

Pour le première fois de ma vie, je pouvais réellement comprendre l'expression "rire à gorge déployée". Même Mélanie Lapute Laurent interviewer avec une crotte de nez qui pend pendant dix minutes n'était pas aussi drôle que le spectacle auquel j'assistais. C'était une oeuvre d'art et je m'en voulais de ne pas avoir mon téléphone pour ne pas capturer ces instants magiques. Enfin, je n'étais pas assez taré pour amener mon portable au milieu de piscines. En tout cas, je n'étais pas prêt d'oublier cette scène. Oh ça non. Entre les gémissements de Julianna qui essaye avec difficulté de reproduire les mouvements et le "Ich bin ein Berliner" crié à plein poumons avec un accent désastreux, même un aveugle pourrait se délecter de la scène.
Pourtant, toutes les bonnes choses ont une fin Julianna marqua la fin du gage de façon très vive. Avec ce que je venais de voir, mon fou rire n'était pas prêt de s'arrêter. Enfin, c'est ce que je pensais. Julianna s'empressa de me calmer en remplaçant mon euphorie par de la douleur physique. Quand Julianna lâcha prise, je compris que j'avais réussis mon coup. Elle était enragée. C'était encore plus plaisant. Même si je venais de boire la tasse et que l'eau chlorée n'était jamais très appétissante.
Ma demie soeur ne perdit pas une seconde pour mettre en place sa vendetta. Je me demandais si c'était une blague, mais soyons honnête, je n'avais pas le compte en banque assez rempli pour survivre à une journée de shopping avec la brunette. Je devais réussir. Les mariés quant à eux passaient dans l'allée, la regard de papa Henry me menaçait, un truc un peu du genre "si tu reluques trop ma fille en bikini, j'vais te saigner espèce de vieux mec qui ressemble à un taulard avec tes tatouages immondes" (si si, on peut lire tout ça dans un regard) tandis que le regard de ma mère était totalement vide. Un peu comme le regard d'Edward Cullen. Quand ils s'en allèrent, je puis relever le défis.
« J'accepte. Ca ne doit pas être si froid que ça. » Aussitôt dis, je tournais le tête pour voir ou ce trouvait ce mystérieux bain. Je pensais l'avoir trouvé en remarquant une étendue d'eau qui avait l'air d'être fuie comme la peste. Le jacuzzi et la piscine qui l'encerclait était rempli mais lui.... Il était vide. Pas un seul orteil à l'intérieur. « Oh... Je suppose que c'est ce bain dont tu me parles ? » Question rhétorique. Mais peut-être qu'en fait je faisais ça uniquement pour gagné des minutes. Oui, je venais de remarquer qu'en fait, je ne connaissais aucun réel passage de ce bouquin. J'avais des brides qui me revenait en mémoire. Malheureusement, je n'avais probablement pas assez étudié au lycée pour m'en souvenir. Le contraste entre la vapeur et les bulles du jacuzzi avec le bain à 12° donnait froid dans le dos. Courageux comme jamais, je sautais à l'intérieur. Sans m'en rendre compte je venais de risquer une hydrocution, mais apparemment j'étais toujours en vie, oh ça oui, je sentais mes membres se glacer au contact de l'eau. « HOLY FUCK ! C'EST GLACÉ !!!!!! » criais-je alors que je n'avais qu'une envie : Sortir de l'eau. Mais le pari n'était pas encore relevé. Je devais sortir une phrase, n'importe quoi, mais quelque chose pour que je puisse sortir de cet enfer. Julianna savourait cet instant alors que des gamins semblait encore outré par rapport à ce que j'avais dit. Enfin, j'en savais rien, je ne savais même pas s'ils parlaient anglais. Le fait est qu'il ne me lâchait pas du regard. J'avais l'impression d'être dans ce bain depuis des heures alors que ça faisait tout au plus vingt secondes... Je me répétais dans ma tête "Le froid est un état d'esprit, le froid est un état d'esprit" En vain.
C'est alors qu'une phrase de la fameuse pièce de Becket me revint en tête. Sans m'en rendre compte j'étais en train de crier dans la salle. « Rien n’est plus drôle que le malheur... C’est la chose la plus comique de monde ».
Et alors je sautais hors de l'eau, allant m'agripper à Julianna pour qu'elle subisse avec moi la froideur de l'eau dans laquelle je venais de passer au moins 1 minute. Je la serrais un peu plus contre moi, même si elle se débattait, j'avais eu l'effet de surprise. « Tu vas devoir acheter tes fringues avec ta thune morue. ».

Elle avait eu beau faire boire la tasse à Bingham, elle était poursuivie, voir hantée par le son de son rire. Elle allait sûrement cauchemarder de ça, une fois la nuit venue. Elle le détestait. Vraiment. Le mot détester lui semblait à présent trop faible. Il l'avait humilié comme jamais. Elle en pleurait de rage. Heureusement que l'eau de la piscine dissimulait cela. Elle détestait perdre au jeu sadique qu'ils avaient mis en place. Même le gage qu'elle avait préparé pour la suite lui parut difficile à savourer après ça. Pourtant, il n'en était non pas moins comique. Sans surprise, Cassidy accepta dans un premier temps de le relever. Avec fanfaronnerie d'ailleurs. Naïf. Il croyait pouvoir résister à tout sous prétexte qu'il vivait au Canada. Il découvrirait la vérité bien assez tôt. Puis le gage commença. Il sauta littéralement dans le bassin. Ce qui donna un effet comique supplémentaire car celui était plus profond. Julianna espérait sincèrement qu'il s'était blessé dans l'opération. Il hurla son « holy fuck » traditionnel et elle comprit avec ravissement qu'il souffrait. Mais pour le reste, ce fut moins plaisant. Il récita une seule phrase et ressortit avec précipitation du bain. Elle avait espérée une torture plus lente. Mais elle n'eut pas le temps de le déplorer car soudainement le monde s'écroula. Elle avait en effet imaginé que son demi frère se précipiterait dans le jacuzzi le plus proche, et non droit sur elle. Sans qu'elle n'ait eu le temps d'esquiver, il se colla contre elle et l'entoura de son bras. Elle en fut choquée, dans tous les sens du terme. D'abord d'un point de vue thermique, car il était froid comme un glaçon. Tout le corps de la brunette se raidit d'ailleurs. Mais elle était surtout choquée par le fait qu'il l'entourait de ses bras. Ok, c'était pour la faire chier, mais il était presque, en train de lui faire... un câlin. Elle passa son insulte, essayant de se dégager mais il la tenait fermement. Elle râla donc avec l'énergie qu'il lui restait. « Réciter une partie d'une pièce, c'est pas crier une seule et misérable phrase à toute vitesse. Je ne sais pas si on peut considérer le gage comme accompli... » . Techniquement, il avait fait ce qu'elle avait demandé mais elle avait envie de lui faire peur. Après tout, lui ne se gênait pas pour exprimer son sadisme hors des gages. Le coup de l'étreinte, c'était particulièrement horrible d'ailleurs. Elle entreprit d'ailleurs de s'en débarrasser. Se collant un petit peu plus contre lui pour gagner une marge de manœuvre, elle entreprit de le mordre sur l'épaule et le cou. Il jura, puis la lâcha. Elle aurait dû en être satisfaite mais étrangement, ce ne fut pas le cas. Si on omettait le froid, elle avait eue de curieuses sensations dans les bras de Cassidy. Elle avait d'ailleurs pu constater que les rumeurs qu'elle rependait sur son obésité était vraiment infondées. Il avait un corps plutôt ferme et à son plus grand désespoir, elle avait ressentie une pointe de désir pour lui. Ce fut sans doute pourquoi, elle était pleine d'agressivité quand elle reprit la parole. « Bon, on fait quoi pour la suite ? On continue les paris ? Ou bien on se sépare pour essayer de se détendre ? » . Elle était vraiment indécise quant à la conduite à suivre. Elle avait des envies contradictoiress : elle voulait gâcher la journée de Cassidy, certes mais aussi chasser le trouble qu'il provoquait depuis quelques secondes en elle.

J'étais fier de moi ! J'avais réussis à me remémorer une ligne de cette comédie. Comédie que je détestais par ailleurs. Peut-être parce que son auteur était Irlandais. Allez savoir. En tout cas, j'étais fier de moi, même si ça ne semblait pas être assez pour Julianna. Qu'importe, qu'allait-elle faire ? Me voler ma carte bleu et aller dévaliser les magasins de Thunder Bay une fois rentrer ? A moins qu'elle ne veuille faire les soldes en Allemagne. Vu sa répulsion pour ce pays, j'avais des doutes mais après tout, cette brunette était vraiment compliquée. Probablement le nana la plus compliquée que je connaisse en fait. Evidement je ne comptais pas ma mère, elle, elle n'était pas compliquée, mais simplement folle. « Le gage est accompli ! Soit pas jalouse de ma réussite » Rigolais-je. Cette journée commençait très bien pour moi. Je n'avais jamais autant ris en voyant l'humiliation publique de ma demie soeur et j'avais réussi mon gage à merveille, réussissant par la même occasion à congeler cette dernière. Néanmoins, elle trouve tout de même le moyen de se libérer de mon étreinte. Moyen qui me fit lâcher prise. Cette pourriture m'avait bien fait mal en me mordant le cou. « Grognasse » lâchais-je spontanément tout en me reculant brusquement.
Mais même ça, ça ne suffisait pas pour me pourrir la journée. Oh ça non. « Uhm… J'ai bien envie de continuer les paris… soeurette. Suis moi. » Sans attendre je lui pris le bras et emporta avec moi vers le bassin qui menait à l'extérieur. L'eau était très bonne, c'était d'ailleurs un soulagement d'entrer dedans sinon mon corps allait se transformer en glaçon. Nous passions le rideau en caoutchouc et nous voilà à présent à l'extérieur. Il neigeait. Même quand on quitte le Canada on a encore l'impression d'y être. Julianna était un peu dernière moi, je me retournais pour lui faire face ; J'avais sûrement l'air d'un con mais je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. C'était à mon tour de donner un gage. « Je veux que tu t'assoies sur le rebord de la piscine et que tu y restes au moins pendant 3 minutes, je te ferais même la conversation si tu veux… A moins que tu ais trop peur de choper une pneumonie et que tu veuilles te reposer comme les yeux qui sont ici. »

Julianna avait pensé être la seule à avoir plein d'idées mais elle s'était trompée. Cassidy, pour une fois, semblait apte à déployer des trésors d'imagination. Il semblait même avoir des gages d'avances, et de ce fait, ne semblait pas prêt à abandonner le jeu. Elle non plus, car après tout, elle était celle qui l'avait lancé. Et puis, elle n'était pas en reste, niveau sadisme, il pouvait compter là dessus. Il la mena près du bassin qui menait au dehors et elle comprit à demi mot ce qui se tramait. Mais elle ne broncha pas. Même quand entrant dans l'eau chaude, elle sentit sa peau la picoter comme si des milliers d'aiguilles lui étaient plantée à chaque centimètre carré de peau. Elle devait se préparer. Elle savait qu'il ne l'emmenait pas dehors innocemment. Après la chaleur qu'avait procuré l'aquagym, le froid du bain à 12 degrés, le chaud de cette eau, elle allait avoir de nouveau froid. Elle n'avait aucun doute là dessus. Ils passaient allègrement du chaud au froid, un peu comme dans leur relation en fait. Après avoir traversé un mince rideau de caoutchouc, ils furent dehors et quelques secondes plus tard, elle ne sentit plus son nez et la peau de ses joues. Il fallait préciser qu'il neigeait à gros flocons. La brunette nagea placidement derrière son demi frère, jusqu'au temps qu'il se retourne et qu'il lui annonça le gage. Elle avait vu juste, il voulait qu'elle sorte de l'eau pendant trois minutes. Elle accepta sans réfléchir. « Il n'y a pas de problèmes, je vais le faire. Ça risque d'être facile. Et sii je choppe une pneumonie, c'est pas grave. J'aurais peut être un chance d'être rapatriée et de pouvoir quitter ce pays merde ! » . Joignant le geste à la parole, elle prit appui sur le bord et sauta plus élégamment hors de la piscine. Ses fesses, la première partie de son corps en contact avec le carrelage gelé n'apprécièrent pas. Pas plus que le reste de son corps, qui se couvrit instantanément d'une chaire de poule démentielle. Néanmoins, elle eut un sourire digne d'une Miss et ne laissa rien paraître. Facile, ça l'était. Du moins, durant le temps des 30 premières secondes. Après ça se gâta. Elle n'avait jamais imaginé que l'hypothermie pouvait arriver si vite. Claquant des dents, les menaces qu'elle dispensait à Bingham qui depuis l'eau chaude la regardait avec un sourire fat, n'avait plus beaucoup de sens. « Brrrron ça fait combrrrrien de temps là ? Tu n'es qu'un putain d'enfoirééééé, tu le sais ça ? Toi tu rrreste moins de trente secondes dans 12 degrréééés et moi je dois tenir 3 minutes à 0 ? Petit, c'est pettit. Un jour, je te feraiii subrrrrir des pires sévicesss, je te le promets !!! Tu vois American Psycho ? Et ben je te ferai pareil. Il suffit d'une bâcheeeee. Putain et là, ça fait combien de temps ? » . Elle ne sentait plus son corps, et elle avait l'impression que son cerveau suivait le même chemin. Les allemands qui nageait tranquillement dans le bassin chaud les regardaient comme s'ils étaient attardés. Mais au fond, c'est ce qu'ils étaient.

Je fus consterné par la désinvolture de Julianna, elle accepta le défi sans même ciller. C'était la classe, je devais l'avouer. L'avouer à tous sauf à elle en tout cas. Je la regardais monter sur le bord en toute élégance. Je m'attendais à voir son visage et son corps se raidir au premier contact de la neige mais même pas. Elle poussait l'effort vraiment loin pour ne pas s'avouer vaincu. J'en étais même admiratif. Soudain, je remarquais le froid qui l'envahissait. C'était même limite si tout le monde à l'extérieur n'entendait pas ces claquements de dents. Je souriais mais je devais avouer qu'elle tenait bon. « Encore un peu moins de 2 minutes et ça sera bon. » dis-je nonchalamment. La neige fondait instantanément au contact de sa peau. Allez, je pouvais bien lui faire la conversation comme promis. « Tu sais, c'était vraiment une excellente idée de faire des paris ! Enfin, c'est ce que je pense personnellement… A toi de me dire si tu en es aussi ravis que moi. » Je jetais un coup d'oeil autour de nous pour vérifier s'il n'y avait aucune trace de nos géniteurs. La voix était libre. Si jamais Papa Henry passait par là, il serait encore persuadé que j'abusais de sa fille. Techniquement, ce n'était pas faux, mais c'était le feu. Un jeu de gamin, mais c'était tellement amusant. Quand c'était l'autre qui devait faire les gages du moins. « Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu n'aimes pas l'Allemagne… Ce pays est tellement ravisant. Et puis leur langue… Elle est tellement mélodieuse. Vraiment, je crois même qu'il faudrait te laisser ici… tu ne penses pas ? » rigolais-je. Je m'accoudais au bord, remarquant qu'il était vraiment froid et décidais de faire une bonne action? « Oui je vois American Psycho, c'est d'ailleurs dommage que Jared Leto se fasse buter ; il avait de la classe… Bon et oui, c'est bon, on va dire que tu as tenu le temps qu'il fallait, tu peux retourner dans l'eau »
Après ce qu'elle venait de subir, je me demandais vraiment quel gage m'attendait. Elle n'allait surement pas être gentille avec moi. « Tu me dis quand tu veux arrêter et te reposer comme toutes les vieilles mamies allemandes qui sont ici hein… » déclarais-je en souriant niaisement.

Julianna avait pris la proposition de Cassidy de lui faire la conversation comme un acte magnanime. Elle s'était de ce fait lourdement trompée. Ses paroles ne la distrayaient pas du froid et de la cruauté du pari. C'était tout le contraire, elles rendait le pari plus pénible qu'il ne devait l'être. La teneur des caquètements de Bingham était aussi stupide que sa face mal dégrossie. Bon, elle devenait agressive mais elle avait vraiment froid. « Si tu crois que je vais écouter tes inepties, tu te trompes royalement. Alors tais toi, tu gaspillera pas ta salive. » . Il ne l'écouta pas et continua à débiter des conneries sur l'Allemagne et Jared Leto (jolie association, tiens !!). Finalement, la torture auditive et thermique prit fin. Elle fut autorisée à re-sauter dans le bassin. Ce fut une nouvelle torture. La chaleur brûla littéralement tout son corps. Elle devait avouer qu'elle était lasse du chaud et du froid. Cassidy ne sembla pas le remarquer, la titillant avec des remarques hypocrites supra irritantes. Pendant un instant la tentation de commettre le crime parfait l'étreignit avec force. La neige et l'eau bouillante produisaient en effet un épais brouillard, les dissimulant aux yeux de tous. Il serait si simple de se jeter sur lui. Pas forcément pour le noyer mais au moins pour lui arracher les yeux... Mais elle renonça finalement pour répondre avec la même hypocrisie. « Je ne vais pas arrêter... Mais je me reposerai quand même, pendant que tu fera ton gage ! » Elle savait que la proposition de son très pas cher demi frère n'était que condescendante. Elle ne lui ferait ps le plaisir de se coucher. A son tour, elle se mit à sourire niaisement. Elle avait une idée fabuleuse pour ce fameux gage. « Ton nouveau défi, si tu l'acceptes : un kidnapping. Enfin une sorte de kidnapping. Tu dois attirer l'attention d'un enfant et l'éloigner pendant quelques minutes de ses parents, l'emmener dans un autre bassin. » Son sourire se transforma pour devenir totalement mauvais. Elle allait fort mais le pari qu'elle venait de faire ne lui avait pas du tout plu. « Mais comme c'est assez difficile. Je vais faire en sorte d'adoucir le truc, niveau sanction. Si tu tentes et que tu échoues, tu n'auras rien. Après tout la menace de la prison allemande est suffisante, je pense. Si tu refuse de jouer, tu devras aller raconter à nos parents que tu es gay, que ton petit copain s'appelle Gaspard, qu'il est âgé de 50 ans et que tu voudrais l'inviter à manger chez nous à notre retour. » . Elle tenait sa vengeance. Dans tous les cas, ça ne serait pas beau à voir.

Le bon truc à être un mec, c'est que contrairement aux filles, on ne ressent pas. Non, on ne ressent rien. Les sentiments ? Pas pour nous. Enfin, pas pour moi. J'étais probablement le mec le plus antipathique de l'hémisphère nord et je le vivais plutôt bien. Pourtant, je loupais des trucs parfois. J'avais l'impression de louper des épisodes et de ne plus être à la page avec les femmes. C'était ce qui m'arrivait parfois avec Julianna. En faite, ça ne m'arrivais qu'avec Julianna. Cette dernière replongea d'ailleurs dans l'eau et un épais brouillard nous encercla. Ouah, je me rendais compte à quel point le choc thermique devait être puissant. J'étais tortillé entre ressentir de la satisfaction ou de la compassion. Pour la peine, je ne ressentis pas le moindre sentiment. J'étais plutôt en train de me préparer mentalement au gage que j'allais devoir subir. Et ce fut quelques secondes plus tard que ledit gage fut prononcé. J'étais bouche bée. Je pressentais un échec proche. Un échec qui allait être très dur à avaler. Je commençais doucement à bégayer « euh… d'acc… d'accord. Ok ! J'vais le… faire ! Je… peux le faire ! »
En fait, je n'allais pas pouvoir le faire, je n'aimais pas les enfants et ces derniers pouvaient le sentir à 1km à la ronde. Je sortis du bassin extérieur, Julianna me suivait tranquillement. J'avais à présent l'embarras du choix, des bassins remplis d'enfants. Je tentais de m'approcher d'un petit garçon qui devait avoir environ dix ans mais dès que je tentais de lui parler il me sortait des mots imprononçable en allemand. Ok, il fallait que j'essaye une autre méthode. Il fallait surtout que je me fasse discret. Je comprenais pourquoi ma demie soeur avait dit qu'elle allait se reposer durant mon gage. Je n'étais pas sorti de l'auberge.
Je retentais l'expérience dans un autre bassin avec un petite fille, de probablement huit ans. Et encore une fois, ce fut un échec. Je n'étais pas spécialement proche de la petite, il y avait bien cinq mètres qui nous séparais mais la MST ambulante se mise à crier en me voyant, effrayée sûrement par mes tatouages. C'est vrai qu'avoir des motifs qui ressemblent à des flingues sur la poitrine, ne devait pas attirer les petits enfants. Après ça, je décidais de retourner vers Julianna qui devait se délecter du moment. « Bon ok ! J'abandonne ! Je préfère encore trouver les vieux et passer pour un gérontophile plutôt que de passer pour un pédophile ! » Pourtant, ça allait être dur. Entre affronter la « Polizei » et ma génitrice… je ne savais pas lequel allait être le plus doux. Après quelques minutes je trouvais les « jeunes mariés » dans le jacuzzi. Il n'y avait plus de places disponibles, alors je restais sur le bord pour dire ce que j'avais à leur dire. Evidement, Birdie n'était pas bien loin. « Maman, j'aimerais bien inviter quelqu'un à dîner à la maison une fois qu'on sera rentrer. » Elle souriait, loin de s'imaginer la suite de ce que j'avais à lui dire. J'inspirais. « Ok… C'est mon petit ami. » son sourire s'enfuit pour laisser apparaître du dégoût. « Parce que oui… Je suis gay » A ce moment là, j'arrêtais de regarder Caitlin « Il s'appelle Gaspard, et il a 50 ans… »
Je me mordis la lèvre. Julianna avait quand même des idées vraiment bonnes ! Ca ne me serait jamais venu à l'esprit. C'était puissant, je devais l'avouer. J'avais même envie de rigoler, mais la situation ne s'y prêtait pas. Sans m'en rendre compte l'eau se mit à faire des vagues et c'est alors que je me rendis compte que ma mère s'avançait furieusement vers moi. Sans même ciller elle me mit une grosse gifle qui me fit basculer. C'était devenue une habitude pour elle de me mettre des baffes. Là, nous étions en public. Avec un peu de chances, les allemands allaient appeler la police et elle allait se faire embarquer. En attendant, elle fut très franche avec moi. « Espèce de petit merdeux ! Je savais que tu avais un problème ! J'aurais dû me faire avorter ! Et si tu veux inviter ton vieux shnoc, il faudra d'abord trouver un moyen pour rentrer à la maison ! Parce que devines quoi ? Ton billet d'avion retour, tu vas devoir te le payer toi même ! »
Après quelques secondes et surtout après que ma mère ait tranquillement repris sa place dans le jacuzzi, recevant des félicitations de papa Henry, je retournais vers Julianna. « Bravo ! Je suis officiellement bloqué en Allemagne. »
Je n'avais pas encore atterri. Oh ça non, en fait, je devais encore être sous le choc.

Déstabilise. L'assurance probablement feinte que Bingham affichait depuis le début des paris venait de s'effondrer et il bégayait à présent lamentablement. Toutefois, le pauvre fou accepta tout de même le pari. Il avait sans doute laissé ce qui lui restait de sanité mentale dans le bassin froid. Ainsi l'exécution du pari se passa difficilement pour le pauvre renégat d'Irlandais qu'il était. Il échouait lamentablement à chaque tentative. Le moins que l'on pouvait dire était qu'aucun des gamins n'était sensible à ses charmes. C'était d'ailleurs désolant de constater que ces créatures dépourvus de discernement ne succombait pas. Autant dire que Bingham avait le sex appeal d'un chat roux. Pour Julianna, le déroulement du gage était proprement délicieux. N'ayant plus à sortir de l'eau, elle nageait souplement, délassant ses membres contractés par le froid précédemment. La jouissance que lui procurait la chaleur de l'eau était décuplés à chaque vent pris offert par les petits monstres. Et finalement, ce que la brune avait espéré voir arriver, arriva. Son demi-frère et elle se retrouvèrent devant « papa et maman », signe qu'il se rendait. Il allait faire sa pseudo confession. Julianna se plaça dans le jacuzzi voisin à celui des futurs divorcés, laissant les jets incrustés dans le fond, lui masser les pieds. Le rendu fut sublime. Bien au delà de ce qu'elle avait pu imaginer. Il n'avait pas dit trois mots que sa mère fondait sur lui tel un vautour pour lui asséner une gifle magistrale. Mais la gifle devait être aussi douce que du coton à côté du discours qui suivit. « Espèce de petit merdeux ! Je savais que tu avais un problème ! J'aurais dû me faire avorter ! Et si tu veux inviter ton vieux shnoc, il faudra d'abord trouver un moyen pour rentrer à la maison ! Parce que devines quoi ? Ton billet d'avion retour, tu vas devoir te le payer toi même ! » . Le silence et les expressions médusées firent particulièrement ressortir le fou rire de Julianna. Un pure rire diabolique. Elle ressemblait à une hyène. Sans surprise son père lui lança un regard bovin. Elle haussa les épaules d'un air innocent. « Quoi ? C'est les jets, ils chatouillent mes pieds... Mais je suis d'accord pour l'avortement. Et aussi peut être pour le laisser ici. » . Elle fit une petite grimace pour prétendre que tout ça n'était qu'une grosse plaisanterie et il détourna son attention d'elle. Juste le temps pour Joue Cuisante de venir se laisser tomber avec la grâce d'un éléphant dans son bain. « Bravo ! Je suis officiellement bloqué en Allemagne. » . Elle haussa les sourcils, essayant d'étendre son sourire encore. « Je croyais que tu serais plus perturbé par ce que ta mère avait dit avant. Mais comme d'habitude, tu es à côté de la plaque. Enfin, tu disais quoi de l'Allemagne tout à l'heure ? Ravisant, je crois que c'est le mot que tu as utilisé. Tu m'enverra une carte postale. Sachant que ma nouvelle adresse sera ta chambre. Je compte bien profiter de ton absence pour m'y installer. Elle est mieux que la tienne... » . Lui envoyant une éclaboussure puérile dans la tête, elle continua à fanfaronner. « Bon alors, tu veux encore jouer ou tu as compris que c'était une erreur monumentale de se mesurer à moi ? On pourrait même passer au niveau supérieur si tu as assez de corones... » .

Elle ne se rendait pas compte de ce qui venait de se passer. Oh ça non, elle ne pouvait pas s'en rendre compte. Ce que ma mère m'avait dit était certes, pas très sympa, mais cela faisait bientôt 22 ans que je savais ce qu'elle pensait de moi. Parfois il y a des femmes qui feraient mieux de ne pas avoir d'enfant, ma mère en faisait parti. Le problème qui me tracassait le plus, c'était le fait de rester bloquer en Allemagne. Tous simplement parce que je serais incapable de prendre l'avion tout seul. C'était juste impossible. Si j'avais supporté ces allés retours en avion pour aller au Canada et pour venir en Allemagne, c'était uniquement parce que ma mère m'avait acheté des places en première classe hors de prix où je n'étais jamais seul. Jamais je ne pourrais me payer une telle place tout seul. J'étais fauché, fallait dire ce qui était. « Non mais tu ne comprends rien ! Depuis que je suis tout gosse ma mère me fait comprendre que je suis une erreur, sans oublier que j'ai quand même presque gâché son mariage avec l'histoire des alliances... » En fait, pourquoi n'avait-elle pas décidé de m'abandonner plus tôt ?« Dans le fond... C'est peut-être l'occasion de repartir à Liverpool, la vie la bas au moins, c'était cool ! » Je pensais à voix haute, faisant part à Julianna de mes possibles projets quand je me souvins que là aussi, ça bloquerait niveau financier. « Tu te fais des illusions... Jamais tu ne pourras t'installer dans ma chambre parce que ma mère ne va pas me laisser ici ! Elle a dit ça sur un coup de tête... Elle ne le pensait pas vraiment... » Bien sûr qu'elle le pensait ! C'est pour cela qu'il fallait que je fasse tout pour lui faire changer d'avis. Qu'elle reprenne raison avant qu'elle ne se mette à imaginer la vie parfaite qu'elle pourrait avoir sans ce boulet qui lui sert de fils. Boulet, oui, mais j'étais le sien ! « Birdie, sache que je n'abandonnerais jamais face à toi ! Tu ne mérites en aucun cas de gagner quoi que ce soit, alors j'accepte de taper plus haut... De toute façon, j'ai l'impression que je n'ai plus rien à perdre. Mais pour essayer de remettre les idées en place à ma mère et comme c'est à moi de te donner un gage, je te défis d'aller dire à Caitlin qu'elle ne peut pas me laisser ici parce que tu tiens trop à moi, qu'il t'es devenu inconcevable de vivre sans ton "grand frère". Mais fais en sorte que ça ne passe pas non plus pour de l'attirance physique hein... Sinon ton père pourrait bien décider de te laisser là toi aussi. Ca serait fâcheux non ? »

Julianna avait beau jubiler, une part de perplexité entachait sa joie. Elle ne comprenait pas l'abattement de son loser favori. Certes, il ne devait pas être à la noce mais sa réaction dépassait en fait les conséquences relativement minimes qu'avait eue la réalisation de son gage. Heureusement, il accepta de mettre les sous titres. Ce qui ne fit que montrer d'autant plus la confusion dans son esprit. Dans un premier temps, il semblait dire que c'était une bonne chose de se faire abandonner avant de se raviser. Comme d'habitude, elle répondit vertement. « Bien sûr que je ne comprends rien ! Je n'ai jamais connu de relation mère-fils aussi étrange... Et puis, tu sais Liverpool ce n'est pas une mauvaise idée. » . Elle n'essaya même pas de le dissimuler. Une pointe d'espoir perçait dans sa voix. Un espoir de folle, elle le savait. Il n'y avait aucune chance que ce parasite de Bingham disparaisse de leurs vies, simplement parce qu'on le lui ordonnait. En parlant de parasitage... Le prochain gage qu'elle devait faire était un coup de maître de la part de son ennemi. Sinon comment qualifier l'action qui consistait à lui faire plaider le contraire de ce qu'elle voulait ? Le contraire de ce qu'elle avait brillement obtenu quelques secondes auparavant. Elle pesta. Le pire, c'est qu'il avait pensé à tout, mettant hors jeu un éventuel retournement de situation avec son père. A son tour abattue, elle accepta. Traînant des pieds autant qu'il était possible de le faire dans l'eau, elle se rapprocha du jacuzzi où se trouvaient le dragon et son père. « Euh, Caitlin ? Je peux te parler un instant ? » . Elle se racla la gorge tandis que son père la regardait avec étonnement. « Je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre à ce qui vient de se passer... Et même si j'ai ri sur le coup, j'ai plus envie de pleurer... » Ça, ce n'était même pas un mensonge. Elle avait vraiment envie de pleurer quand elle pensait à ce qu'elle allait faire. « On ne peut pas laisser Cassidy ici. Je tiens trop à lui. Il est devenu inconcevable pour moi de vivre sans celui que je considère comme mon grand frère. » . En fait, elle n'avait fait aucun effort, elle avait simplement débité ce qu'il lui avait dit de dire d'un ton monocorde. Ça, il ne l'avait pas interdit. A sa décharge à elle, il fallait concevoir qu'elle ne pouvait pas dire des choses gentilles sur Cass spontanément. Il aurait fallu qu'elle ait le temps de se préparer. Néanmoins, elle savait qu'il serait mécontent. Alors, elle essaya de faire un tout petit peu plus bonne mesure, laissant ses yeux s'humidifier. « Et puis, il n'a pas que des tares. Il a des qualités aussi... Il a fini GTA 3 avec un temps inférieur au record national, ce n'est pas rien quand même. » . Elle sut que c'était fichu avant même d'avoir terminé. Elle avait voulu le défi sans le relever mais elle s'était royalement plantée. Et elle ne tarda pas à en avoir la confirmation. « Record national ? Record national ? Non mais je commence à en avoir assez de vous deux ! Vous vous foutez du monde ! Oui, toi aussi Julianna ! Tu nous prends pour des abrutis avec ton père ? Tu crois qu'on a pas remarqué vos disputes, vos mensonges et vos manœuvres incessantes pour faire capoter le mariage ?! » . Elle s'énervait à vue d'œil, ce qui sonnait comme plutôt comique aux oreilles de sa belle fille. Pourtant, il n'y avait pas quoi de rire. Apparemment, leur terrible duo avait fait preuve d'incurie à l'égard de la vision que leur géniteur pouvait bien avoir d'eux. Leur guerre prenait trop d'ampleur. « Ne te méprends pas, Julianna. Henry et moi, nous vous aimons mais ça ne peut plus durer. C'est pourquoi, vous allez restez en Allemagne tous les deux, ton frère et toi. Ça sera une punition éducative. Rentrer par vos propres moyens vous fera mûrir. Et dans le processus, vous apprendrez à vous apprécier. Réellement. » . Hurler, tempêter semblait particulièrement inutile, devant la vérité et surtout à la vue de Papa Henry qui hochait la tête vigoureusement. B&B s'étaient faits salement démasquer. Et les conséquences s'annonçaient terribles comme elle put le voir dans les yeux de Bingham quand elle croisa son regard. Ils étaient foutus. Julianna n'avait plus aucune envie de jubiler alors que tout son plan venait de se retourner contre elle. Coincée en Allemagne avec Cassidy, elle ne voyait pas ce qu'il pouvait y avoir de pire...