Liverpool, octobre 2011

Il faisait étonnamment chaud à Liverpool pour un mois d'Octobre. Le soleil brillait, les oiseaux chantaient, les clients de la pizzeria me laissaient de bons pourboires. Tout allait pour le mieux. C'était ce que l'on appelait une bonne journée. Pourtant, et oui, il faut bien un élément perturbateur, tout était trop beau ou du moins, trop... normal pour être vrai. Mon téléphone se mit à retentir dans la poche de mon jean. Le mythique air de Paint It Black des Rolling Stones se faisait entendre dans toute la station de métro. Jusqu'à la dernière seconde, j'eus l'espoir que la personne qui m'appelait soit quelqu'un que j'appréciais. Ces derniers se faisaient rare en ce moment. Malheureusement.
C'est avec regret que je décrochais.

"Quoi ?!"
"Aah, j'avais peur que tu ne me réponde pas... Bref, j'espère que tu n'as pas oublié que tu as les essayages à faire avec ta soeur pour le mariage !"
". . . "
"Tu avais oublié ? Eh bien bravo.. Je.."
"ELLE N'EST PAS MA SOEUR !!!"

Je raccrochais sans attendre, sans lui laisser le temps de dire ce qu'elle avait à dire. Autant qu'elle garde sa salive au lieu de dire des conneries. C'était ma mère... qui me rappelait une chose essentielle, enfin, essentielle, ça dépend pour qui. Ce mariage était surement la plus grosse connerie que ma mère pouvait bien faire. Il fallait que je trouve un moyen de l'annuler. J'avais toutes les raisons du monde de refuser cette union. Tout d'abord : Son prétendant était un Irlandais ! ensuite, il avait déjà une fille, irlandaise elle aussi qui était un mélange d'égoïsme et d'égocentrisme pur, sans oublier son côté asociale. Et pour finir, s'il l'aimait c'est qu'il devait être aussi timbré qu'elle. Je vivais avec Henry et Julianna depuis déjà pas mal de temps et à vrai dire, c'était devenu l'enfer. Je n'osais plus ramener personne à la maison par peur que Julianna ne fasse tout foiré : c'était tellement son genre.
Sur ce, je devais tout de même me rendre à cet essayage, je ne voulais pas que tout me retombe encore dessus. Certes, je ne mettais pas beaucoup de volonté à m'investir dans ce projet foireux mais depuis que j'avais passé ma majorité, ma mère se révélait être de moins en moins douce et j'étais certain de finir à la rue si jamais je faisais un pas de travers concernant "le plus beau jour de sa vie". Qu'elle perte de temps. Je sortis donc de la station de métro pour prendre celui d'en face. Ma petite pause allait devoir attendre. Je venais de finir le travaille et après avoir traversé toute la ville en scooter je n'avais qu'une hâte, rentrer chez moi, fumer et jouer. Plus vite les essayages fais, et plus vite moi rentré. Je me pressais donc pour arriver à l'heure bien que j'avais déjà du retard.

J'arrivais au milieu de tous ces magasins, totalement perdu. Je demandais de l'aide à une hôtesse qui était là pour ça. Pourtant, elle eut du mal à raccrocher son téléphone. Elle faisait comme si elle ne m'avait pas vu, et peut-être que c'était le cas vu qu'elle ne regardait pas dans ma direction. Je me fit entendre en m'éclaircissant la gorge et de suite, elle s'occupa de m'indiquer ou ce trouvait se stupide magasin de fringue de mariés, me demandant au passage si j'étais l'heureux élu ou si elle avait une chance. Je souris, charmeur puis parti sans rien ajouter. Le mystère, elles aiment ça non ? De ce que j'avais vécu, je pouvais répondre avec certitude que oui.
Je marchais d'un pas vif pour arriver au lieu ou j'étais attendu, levant les yeux pour regarder la grande horloge qui me précisait que j'avais 13 minutes de retard.
Enfin dans la boutique, une femme d'un certain âge s'approcha de moi, me demandant de quoi j'avais besoin, puis sans attendre, elle prit la parole.

"Oh, vous êtes Mr Fitzsimmons ? Votre soeur vous attends !" Je serrais les dents, deux fois en à peine un quart d'heure, ça ne le faisait pas, mais alors, vraiment pas. Je soupirais gardant mon calme. "Non... c'est Hudson mon nom ! et elle n'est pas ma soeur, mais... oui c'est moi qu'elle attend." Me dévisageant, elle m'amena vers l'endroit destiné aux essayages et comme prédis, Julianna était là.

Plus démotivée que jamais, j'empoignais mon sac à main,mes clés et je partis dans le hall d'un pas traînant. Avant de sortir, je pris une intonation de dépressive et m'exclamais : « Bon, ben, j'y vais » . Cela eut au moins le mérite de faire accourir mon père, qui se plaça solennellement face à moi, comme si je partais en guerre. « Julianna, je voudrais que tu te montre gentille avec Cassidy. Je suis sûr que, contrairement à ce que vous pensez, vous allez vous amuser » J'étais prête à répliquer de manière sanglante, quand je vis ses yeux suppliants, sa mine inquiète, et ma très gentille belle-mère qui hochait la tête frénétiquement derrière lui. Je ne voulais pas qu'il se minent pour ça. « Ok, d'accord, je t'assure que je ferai un maximum d'effort cet après-midi » Ils eurent l'air un peu plus rassurés mais je voyais bien qu'ils avaient peine à me croire. Il fallait dire que quiconque m'ayant déjà vue avec Cassidy aurait été sceptique mais je ne pouvais pas blesser mon père. Je l'embrassais sur la joue brièvement et partit enfin vers ma destination de la journée. Destination qui n'avait rien de réjouissant. Mon père et sa copine, Caitlin, se mariaient dans quelques mois et ils voulaient que tout soit parfait. Ils avaient respectés un maximum de traditions et j'en étais la victime directe. Dans un soucis de renforcer les liens de la nouvelle famille que nous allions former, j'avais été nommée demoiselle d'honneur de la mariée et Cassidy, témoin du marié. Cassidy, mon demi frère, a présent, et que je ne pouvais pas encadrer. Nous nous détestions cordialement mais nos nouvelles fonctions nous obligeaient à passer plus de temps ensemble que nous l'aurions voulu. Aujourd'hui, par exemple, nous devions aller essayer et accorder nos tenus dans le magasin où j'avais aidée Caitlin à aider sa robe de mariée. C'était le seul plaisir que je trouvais dans ce mariage, m'occuper des tenues, la mode étant ma plus grande passion. Pour le reste, je n'étais pas trop pour, j'aimais ma vie tranquille en compagnie unique de mon père.

J'arrivais finalement une vingtaine de minutes plus tard dans le fameux magasin. La patronne, une vieille dame adorable m'accueillit d'un sourire. Elle m'avait déjà proposer de travailler pour elle, quand elle avait vu à quelle point j'aimais la mode mais j'avais décliné l'offre. Le travail n'était pas quelque chose qui m'attirait. C'était pourtant un magasin admirable, luxueux et spacieux, comme je l'aimais. Il se démarquait des autres par les services qu'il offrait aux futures mariées et à leur entourage. Mon père avait fait les choses en grand, car la patronne des lieux m'indiqua un salon d'essayages privé. J'étais sur un petit nuage en sentant la moquette luxueuse sous mes pieds, en voyant les boiseries vernies et les grands miroirs qui tapissaient la salle. Tout était prêt dans le salon, deux portants distincts avec une quinzaine de tenues nous attendaient. Je les regardais, amusée, ils étaient à l'exact opposé l'un de l'autre, comme s'ils étaient incompatibles. Exactement comme moi et Cassidy. « La maison offre une coupe de champagne à chacun de ses clients, mademoiselle, vous en désirez une ? » J'hochai la tête positivement, puis j'allai prendre place dans un confortable canapé qui faisait face à l'unique cabine d'essayage de la pièce. Quelques minutes plus tard, mon hôtesse revint, deux coupes de champagne à la main. « J'ai supposé que vous attendiez quelqu'un, généralement les essayages se font à deux ou plus. » « Oui, vous avez eu raison, j'attends... mon frère. Je vous remercie. » Elle eut un petit sourire ravi, comme si rien n'était plus mignon que de faire du shopping avec son frère. Elle n'avait sûrement pas remarquer le dégoût dans mes yeux quand j'avais buté sur le ce mot. Et puis, elle n'avait pas vu le frère en question. Avec sa dégaine de plouc, il allait faire tâche dans le magasin. Cassidy était mignon mais il ne se soignait pas vraiment. Bref, ce n'était pas le plus urgent, je m'emparai de ma coupe, et elle partit, non sans avoir déposé l'autre sur une petite table à côté du canapé. Je sirotai ma coupe, pensivement, attendant ce fameux frère. Qui, fidèle à lui même, n'arrivait évidemment pas. Il venait d'accomplir quelque chose : il m'avait déjà énervée sans être là. Je soupirai, regardant ma montre, buvant des petites gorgées.

Un quart d'heure plus tard, les deux coupes vidées, il n'était toujours pas là. Certes, j'étais arrivé un peu en avance mais il était quand même en retard. Il arriva finalement deux minutes plus tard, même pas essoufflé. Évidemment, il se foutait royalement de me faire attendre. Ne le saluant pas, comme c'était de coutume entre nous, je l'apostrophai dès le début : « Tu sais, la demie, c'est quand la grande aiguille est sur le 6, pas sur le 9 ou le 10. » Je me levais, contente de voir que j'avais presque sa taille grâce à mes hauts talons. Ma petite taille était un complexe pour moi, et j'étais sûr que Cassidy le savait. « Bon, bref, commençons, tout de suite, j'ai promis à ta mère de te rendre présentable. J'ai bien peur qu'un après-midi ne soit pas suffisant, mais on peut au moins essayer »

L'hôtesse m'emmena jusqu'au salon d'essayage privé. Dieu merci, au moins je ne serais pas vu dans un stupide accoutrement par tout le monde. Au moins, un bon point, que cela vienne de ma mère ou de l'autre, je pouvais les remercier pour ça. Et uniquement pour ça. Une fois arrivé dans le salon, elle me regarda, fit un sourire coincé et s'en alla sans dire un mot. Tant mieux, je n'avais peut-être pas été très agréable, mais c'était uniquement de sa faute : elle avait osé m'appeler Fitzsimmons. Je frissonnais en me rendant compte que bientôt, ma mère aussi portera cet infâme nom d'Irlandais.
Mais finalement, face à Julianna je n'étais pas mieux. Elle était là, à m'attendre depuis un bon quart d'heure au moins vu sa mine désabusée. Oui j'étais un peu en retard, et alors ? Ce n'était pas une raison pour me fusiller du regard ainsi.
La veille dame partie, Julianna ne mit pas longtemps à se faire entendre. Une salutation ? Non mais pis quoi encore ? C'était une remarque, à la limite du provoquant, me faisant prendre conscience que je n'étais pas à l'heure. J'avais bien remarquer que je n'étais pas à l'heure et j'en étais même désolé. Mais j'avais trop d'estime pour m'excuser au près d'elle. A la place, je préférais rester de marbre, détaillant la pièce qui allait devenir dans quelques minutes (quelques secondes si Julianna était d'humeur) mon enfer personnel. Pourtant, je savais qu'il fallait que je fasse des efforts, je le devais. Non pas pour faire plaisir à ma mère mais pour ne pas finir à la rue. La jeune fille se leva enfin et s'approcha de moi avant de me se montrer à nouveau blessante. Enfin, blessant n'était pas le terme approprié. Je me moquais éperdument de ces réflexions. Mon look ne lui plaisait pas? Eh bien c'était tant mieux. Pensait-elle que mon but était de lui plaire ? Cela ne m'étonnerais guère, avec son égocentrisme démesuré, il y avait bien des chances qu'elle pense que mes moindres faits et gestes aient un rapport avec elle. Eh dire que la première fois que je l'ai vus je l'ai trouver attirante. Qui aurait pu se douter que cette fille se prenait pour un véritable ratel ?

« Dommage qu'elle n'ait pas plutôt voulu te rendre appréciable. Ca aurait été bien plus utile pour nous, pauvres mortels obligés de te supporter. » Oh… c'était sorti tout seul. Eh merde ! Ce n'était pas comme ça que les choses allaient s'arranger, et plus je me faisais irritant, plus je retardais le moment ou j'allais pouvoir me coucher. « Uhm… Je ne voulais pas dire ça… J'ai eu une grosse journée. »

J'hésitais à rajouter un petit « désolé » mais finalement restais silencieux. En effet, j'avais eus une grosse journée, ou plutôt une grosse mâtiné vu que l'après midi était encore loin d'être terminée. Terrible maman (ou beau père envahissant) ayant prit soin de faire durer les essayages en louant ce salon pour quelques heures. Je me reculais, mettant ainsi une distance entre moi et Julianna puis partis regarder les différentes tenues proposées. Je m'étouffais en détaillant une moitié « mais c'est qui qui a choisis ces trucs ? » marmonnais-je tout bas. Ce n'était… mais alors, vraiment pas mon style. J'avais espéré pouvoir porter une simple chemise blanche avec un jean noir (ce qui était déjà un effort vestimentaire de ma part) mais visiblement… ce n'était pas cela que ma mère attendait de moi. J'étais actuellement vêtu d'un jean foncé, plutôt délavé avec un simple t-shirt blanc avec quelques motif, assez ample et une veste grise que j'avais depuis quelques années. Autant dire ma veste fétiche. Je commençais par enlever cette même veste, jetais un coup d'oeil à la brunette.

« Tu as déjà une idée de ce que tu vas mettre ? » demandais-je innocemment tandis que je planais totalement devant toutes les tenues qui s'offrait à moi. « Faut… qu'on essaye d'être assortis ? »

Dix secondes plus tard, j'étais déjà exaspérée. Cassidy venait de me priver d'un de mes plaisirs favoris dans la vie : la joute verbale. Alors que je venais ostensiblement de le provoquer, en remettant ses capacités intellectuelles, il n'avait rien répondu. J'avais pris une mine boudeuse, mais il ne s'en rendit pas compte, tout occupé qu'il était à faire le tour de la pièce d'un air effaré. Il était certain qu'il n'était pas dans son élément. Pour lui, le comble du raffinement en matière d'habillement, c'était un t-shirt propre. Cette vision de la vie était bien sûr pour moi un affront perpétuel, pour moi l'apparence était très importante et je ne supportais pas qu'il ne fasse pas le moindre effort. Au moins, aujourd'hui, j'allais m'amuser avec lui. C'était comme si c'était mon jouet, j'allais pouvoir le relooker comme je l'entendais, Maman Hudson m'avait donné carte blanche. Et étrangement, il obéissait encore un peu à sa mère. Je me pris même à me demander à quoi il ressemblerait dans un costume. A tous les coups, il serait sexy, très sexy, mais c'était comme Cendrillon, ça ne durerait pas. Et puis, malgré mes capacités exceptionnelles, je savais que ça serait difficile de lui faire endosser un costume. Il suffisait que je me rappelle la fois où je lui avais mis une bouteille de shampoing sous les yeux... Il avait fuit aussi vite que Lady Gaga devant un pantalon. Mais c'était mon but de la journée, et je comptais bien arriver à mes fins, tout n'était qu'une question de détermination. Puis, voyant qu'aucune réaction n'émanait de ma proie favorite, j'étais passée à la vitesse supérieure, et j'avais ré-attaqué. Bon certes, pour des raisons évidentes, son look n'était pas quelque chose qui l'atteignait, mais je ne voulais pas déployer mes meilleurs atouts maintenant. J'avais encore quelques cartes intéressantes, que j'abattrais au bon moment, histoire de l'énerver et voir si je pouvais gagner au change par rapport à nos parents. Car c'était une constante, en cas de litige, je gagnais tout le temps face à lui, ils ne lui laissaient jamais le bénéfice du doute. Enfin, il fallait dire que je jouais aussi bien les demoiselles en détresses.

D'ailleurs, il avait conscience de cette réalité, comme je ne mis pas longtemps à le découvrir. « Dommage qu'elle n'ait pas plutôt voulu te rendre appréciable. Ça aurait été bien plus utile pour nous, pauvres mortels obligés de te supporter. » Hum, le petit progressait en jeu de mot, c'était bien pour nos futures disputes ça. Mais je ne laissais rien paraître de bienveillant, au contraire. Je haussais un sourcil très haut, et immédiatement, il comprit le message implicite. « Uhm… Je ne voulais pas dire ça… J'ai eu une grosse journée. ». Bien, il s'excusait, il avait enfin compris. J'avais longtemps été embêtée par son insolence et son mépris des irlandais mais récemment j'avais trouvée la manière de le rendre un peu plus correct à mon égard. Je lui faisais du chantage, ni plus ni moins. S'il allait trop loin, je ferai en sorte qu'il se fasse virer de la maison. Lui et moi, savions que j'en avais largement les capacités et l'envie. Quoique, l'envie, ça se discutait, car je devais avouer, que j'aimais bien l'avoir sous la main pour lui en faire baver. Pour lui répondre, j'eus un petit sourire bienveillant, qui était bien sûre assez faux. « Ce n'est rien, je comprends. Après tout, il est deux heures de l'après-midi, tu devrais être au lit à cette heure là. Malheureusement, je crois qu'on en a encore pour un petit moment. Tu n'imagine pas comment nos parents son ravis qu'on fraternise. »

J'avais fait mon petit laïus, alors qu'il était déjà en train de farfouiller parmi les portants, je ne vis donc pas de réaction. Tant pis, j'avais encore des choses à dire. Je le regardais faire des efforts et me poser des questions avec attendrissement. Il faisait vraiment des efforts pour rester dans notre confortable maison... s'en était presque touchant. « Et bien, tu as l'air pressé de t'y mettre, c'est étrange... Quoique, ah oui, je sais. Tu es pressé d'aller geeker et d'aller jouer à GTA, seul dans ta chambre . Et je t'en empêche avec ces essayages... enfin, si ça peut te rassurer, tu ne perds peut être pas tant ton temps que ça, ce matin, j'ai voulu écouter de la musique sur ta xbox et puis, je sais pas, il y a eu un bug, elle a l'air de marcher moins bien maintenant. » Petit sourire contrit à l'appui, je ne songeait même pas à m'excuser, voulant voir une expression sur son visage. Et je savais que ça allait marcher, sa xbox, c'était comme son enfant, sa joie de vivre. Ce que je me gardais de dire, c'est qu'elle était tout à fait intacte à la maison, je me risquais jamais de laisser des preuves matérielles dans nos petites guerres. Puis, comme si je venais d'annoncer une nouvelle tout à fait banale, j'allais naturellement me placer à côté de lui pour répondre à sa question. « Les habits ont tous été sélectionnés par les meilleurs conseillères de ce magasin, c'est à la pointe de l'élégance. » Il eut une sorte de grognement, et commença à enlever sa veste. C'est fou le temps qu'il essayait de gagner alors que j'étais déterminée à lui faire perdre. « Tu sais, il y a des cabines pour ça. Mais bon. » Je farfouillais sur le portant, à la recherche d'un truc laid, car il y en avait, il fallait le reconnaître, et finit par trouver mon bonheur avec une chemise violette et un costume à rayure du plus mauvais effet. Je me mis face à Cassidy, posant la chemise sur son torse, sachant à quel point, il détestait que je le touche. « Oui, ça devrait aller, essaye ça. Et pour répondre à ta question stupide, évidemment qu'on doit être assortis, on sera tout de même à côté des mariés. Par contre, je n'ai pas choisi ma tenue, encore, il va falloir que tu restes, pendant que j'essaye toutes les robes. » Je lui adressais un sourire menaçant, hésitant à redemander du champagne. C'était un peu gros tout ça, alors il en aurait besoin pour faire passer la pilule, parce que j'y allais particulièrement fort aujourd'hui. Mais il ne fallait pas m'en vouloir, je saisissait juste une occasion de le traumatiser, occasions plutôt rares depuis qu'il bossait.

Je n'étais vraiment pas d'humeur pour ces essayages, en fait, je n'étais pas d'humeur pour ce mariage dans sa totalité. C'était étrange parce que j'étais certain que Julianna n'aimait pas non plus cette idée de mariage, pourtant, elle arrivait à trouver des bons côtés. Par exemple, ces essayages n'avaient pas l'air de la perturber plus que cela, au contraire. Ça doit être un truc de filles… Je sentais l'ironie dans toutes les paroles de la jeune fille. Mon mode de vie ne lui plaisait pas ? Eh bien tant pis pour elle. Mais en y réfléchissant qu'ils soient le matin, l'après midi, le soir, toute cette bagatelle tombait mal. Même regarder un épisode des Frères Scott était mieux que ces après midi où j'étais obligé de passer du temps avec Julianna à cause de ce foutu mariage. Je regardais toutes les tenues proposées, et vraiment, dans le genre "gros bourge qui pète plus haut que son cul", on ne pouvait pas faire mieux. Décidément, je me sentais de plus en plus mal à l'aise dans cet endroit. Mon esprit revint sur terre lorsque j'entendis parler de GTA. Enfin, j'avais l'espoir que Julianna dise quelque chose de censé ! Et finalement… j'aurais préféré qu'elle se taise. Ma…Xbox… qui bug…? Mais… il avait quelque chose que je ne comprenais pas ? Pourquoi Julianna ne partait pas avant que je ne l'étripe ?!! Je me raidis. Je me sentais mal. J'avais une soudaine envie de fumer. Je soupirais longuement, fermais les yeux un court instant. Espérant que tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Soudain, j'ouvris les yeux. Et là… Julianna n'était pas là ! Peut-être que finalement, tout ça n'avait jamais existé ? Et malheureusement, j'eus l'idée de baisser les yeux. En fait, elle était toujours là à mon grand regret. La jeune femme se rapprocha de moi, j'étais comme vidé par son annonce, tout en réfléchissant à une possible vengeance à exécuté plus tard, une fois rentré.

Je me mordis la lèvre lorsqu'elle m'annonça qui avait choisis ces horreurs. Encore une fois, je sentais une pointe de moquerie dans sa phrase. Mais après tout, l'élégance de nos jours… C'est comme la mode, incompréhensible, moche la plupart du temps. Lorsque j'enlevais ma veste, j'eus une nouvelle réflexion de la part de la brunette. Depuis quand on enlève sa veste en cabine ? Non mais sérieusement ? Surtout si on est condamné à passer plus de dix minutes dans le lieux en question. Puis Julianna se mit à chercher frénétiquement dans les vêtements qui m'étaient destinés. Lesquels allaient elle me demander d'essayer ? J'esquissais un sourire qui toutefois, s'estompa très rapidement lorsqu'elle s'approcha de moi avec l'infamie. Et en plus elle en rajoute. je ne pensais pas que j'étais capable d'en supporter autant de sa part. J'allais craquer, et très vite. Je me reculais lorsqu'elle mit les vêtements près de moi, tournais la tête négativement. C'était tout simplement impossible que j'essaie une veste de cette couleur avec un costume rayé. « Uhm… Je refuse d'essayer ce truc ! Déjà parce que ce n'est même pas une couleur, ensuite, je suis sûr que tu ne risques pas de trouver un truc aussi laid avec lequel t'assortir, même si… je ne remets pas en doute tes choix dans le mauvais gout et aussi parce que j’accepte de porter uniquement du noir, du blanc et à la limite… du gris. » J’espérais avoir été clair. D'ailleurs, je pensais avoir été clair. Autant gagné du temps en évitant de d'essayer des accoutrements ridicules.

Sur ces dernières paroles, l'exaspération commençait vraiment à monter. Ma veste que je tenais toujours fut ma première victime. Je l'a lançais sans attendre avec force sur le côté. Un verre fut ma deuxième victime. Je n'avais pas fait attention à ce verre poser à côté des canapés. Et déjà qu'est-ce qu'un verre faisait bien ici ? Le fait est qu'à présent, il n'était plus que des éclats sur le sol. « Eh merde! » Je jurais pour avoir casser le verre, surtout vu dans l'établissement dans lequel nous étions, cette petite coupe allait surement me couter mes pourboires de ce matin, mais aussi parce que j'allais devoir attendre que Julianna trouve une robe. Sans attendre, la veille dame qui m'avait accompagné jusqu'ici arriva dans la pièce avec un balais, une pelle et une balayette. Elle me fusilla du regard et sans que j'eus le temps de venir l'aider, elle avait déjà tout ramasser et repartait, lâchant avant de fermer la porte qu'il faudrait régler en sortant du magasin. Sa rapidité me fit flipper un court instant, était-elle en train de nous espionner depuis le début ? Finalement, je me raidis encore plus, pris la première tenue qui me passa sous les mains, c'est à dire, le truc hideux que Birdie voulait que je porte et parti l'essayer, sans comprendre moi même ce qu'il se passait. Quelques minutes plus tard, je ne voulais plus sortir de la cabine. C'était tout simplement inhumain de créer de telles abominations et j'avais peur qu'en tirant le rideau de la cabine, Julianna soit en train de me prendre en photo, même si dans le fond… elle ne devait pas avoir grand monde à qui la montrer. Je finis quand même par sortir de la cabine, qu'elle voit son oeuvre machiavélique.

Décidément, mon substitut de frère était réellement décidé à gâcher mon plaisir aujourd'hui... Le pire, c'est qu'il commençait doucement mais sûrement à y arriver. La preuve, je croyais qu'il allait faire quelque chose quand j'avais parlé de sa xbox mais rien ne s'était passé. Et ça, ce n'était pas bon signe. C'était révélateur de beaucoup de choses : je perdais le contrôle sur ses humeurs, je ne le connaissais pas aussi bien que je le pensais et visiblement, lui savait comment me prendre désormais. Il ne faisait rien de répréhensible mais arrivait tout de même à m'énerver; je me demandais d'ailleurs d'où sortait ce diabolisme soudain... Mais bon, j'étais du genre increvable, j'étais une teigne et je ne comptais pas abandonner aussi vite. De toute façon, j'avais de quoi gagner cette bataille, il suffisait de regarder le terrain où nous nous battions. Et puis, j'avais beau avoir l'impression d'échouer, j'avais peut être tort. Car mon cher frère semblait quelque peu nerveux, tandis que je farfouillais avec délectation dans les matières chatoyantes, je sentais que j'étais en train de le perdre, ses mains s'agitaient dans l'air, comme s'il rêvait de m'étrangler et une expression d'intense peur semblait émaner de lui, chaque fois qu'il posait son regard sur le portant. Puis, après que je lui ai annoncé mon choix, enfin, il eut une réaction proportionnelle à ce que j'attendais. Enfin, il commença à s'énerver, à crier et je savais que c'était jamais bon pour lui quand il perdait le contrôle. Après sa petite tirade, il lança avec force sa veste miteuse, emportant un verre au passage. Celui ci, en cristal, bien plus raffiné que ne le serait jamais Cassidy, s'écrasa évidemment au sol, se brisant en minuscules éclates. J'étais atterrée. Certes, je voulais qu'il s'énerve mais pas qu'il vandalise le magasin préféré de nos parents pour leur mariage. Autant, je n'étais pas pour ce dernier, autant je voulais que ma partie préférée ne finissent pas en carnage. Et cet idiot était réellement en train de tout gâcher.

Mais avant que je ne puisse faire la moindre remarque, la patronne était déjà entrée et nettoyé le sol, avec un tact et une discrétion qui me mettait mal à l'aise. Les salons privés comme celui-ci devaient être surveillés et je me demandais ce qu'elle pensait de nous. Les éclats de voix, les bris de verre, ça faisait vraiment disputes de deux ados toxicos. Cela me convainquit de ne pas redemander du champagne, en plus du fait, que les deux coupes que j'avais déjà bues me faisaient agréablement tourner la tête. Un des rares avantages de ma petite taille, il m'en fallait peu pour être détendue. Le temps que je me remette de la scène qui venait de se dérouler, Cassidy avait empoigné un tas de fringue et était parti dans la cabine. Tant mieux, je n'avais vraiment pas envie qu'il continue à se déshabiller devant moi, imaginons deux secondes qu'il porte ce caleçon Hello Kitty que j'avais déjà vu traîner sur le sol de sa chambre ? Ça casserait tout son sex-appeal, et ça aurait été dommage, car c'était une des seules choses que j'aimais chez lui. Comme je m'ennuyais alors qu'il était dans la cabine, je repris mes provocations. « Pour revenir à ce qu'on disait tout à l'heure, je voudrais que tu prennes conscience de certaines choses. Premièrement, le violet est définitivement une couleur, contrairement à l'orange qui est une erreur de la nature. Ce qui nous amène au second point, c'est à dire que le noir, le blanc et le gris, ne sont pas des couleurs, c'est le contraire, des absences de couleurs. Enfin, c'est un mariage, tu ne peux donc pas porter de blanc pour ne pas éclipser la mariée, ni de noir ou de gris, parce que ce n'est pas non plus un enterrement. Mais comme tu es un vrai bébé et que j'ai peur que tu te débines le jour J, brisant ainsi le cœur de ta mère, je te propose un deal, un costume noir mais une chemise colorée. Couleur que je choisis, puisqu'elle sera assortie à ma robe... Alors on a un deal ? »

Mais il ne répondait pas, tout occupé avec la lutte qu'il devait mener à l'intérieur de la cabine. Mais pas de chance pour lui, j'étais d'humeur bavarde. « Alors tu sors oui ou non ? Je te rappelle que tu es le seul qui doit être pressé ici. Les tailles ne conviennent pas ? Tu as grossi ? Les rayures t'auraient affiné... tu aurais ressemblé à un vrai mafieux. Et puis, je n'arrive pas à croire que tu ais cassé un verre, seulement dix minutes après... » Je me coupais toute seule dans ma phrase... Cassidy venait de sortir de la cabine. Ça se passait de mots, je n'avais même pas envie de me moquer de lui, tant c'était ridicule. Je partis d'un fou rire incontrôlable et je mis quelques secondes avant de pouvoir reprendre la parole. « Sainte de mère de la dévastation !!! … tu... tu ne peux pas.... continuer à porter ça. » Je devais avouer que l'ensemble était hideux, mais que la façon dont il avait enfilé et mis en place les vêtements, rendaient les choses bien pire. Remise de mes émotions, je sautillais gaiement vers lui, tout de même encore un peu hilare. « Oui, enlève ça tout de suite, et laisse moi choisir à l'avenir. Tu as entendu ce que je t'ai dit quand tu étais dans la cabine ? » . Tout en parlant, je commençais sournoisement à déboutonner les boutons moi même. C'était là encore une des composantes de notre relation peu conventionnelle, elle était plus qu'ambigüe parfois. Voyant qu'il esquissait un mouvement pour m'arrêter, je me mis hors de sa portée. Commençant moi aussi à enlever ma veste, un blazer de velours bien plus adapté aux lieux que les oripeaux de Cassidy. «Bon, je m'ennuie. Quand tu auras enlevé ça, c'est mon tour, on essayera quelque chose chacun notre tour. J'ai envie de jouer, choisis moi une robe... »

Je me sentais vraiment ridicule dans cet accoutrement. Pourtant, j'entendais Birdie parler sans vouloir s'arrêter. Elle n'attendait qu'une chose, me voir sortir de cette cabine, et visiblement, elle n'allait pas s'arrêter sans avoir atteint son but. En prenant le plus de précautions possibles, j'ouvris enfin le rideau. Les grands miroirs dans le salon ainsi que les rires de Julianna me firent réellement prendre conscience à quel point c'était laid. Et même si le vêtement était moche à la base, sur moi c'était encore pire. Pourtant je n'étais pas du genre à critiquer mon physique, au contraire. Mais là... C'était comme si on avait pas prit en compte que je jouais au rugby. Certes, je n'avais pas le vrai physique d'un rugbyman, mais tout de même, j'avais ce que l'on appel plus communément des cuisses et là, j'étais plus à l'étroit qu'autre chose. Même en oubliant l'aspect laid du vêtement, jamais je n'aurais pu tenir plus d'une demie heure là dedans. « Sainte de mère de la dévastation !!! … tu... tu ne peux pas.... continuer à porter ça. » J'étais sûr et certain que si la vieille nous espionnais encore, elle devait bien rire de moi. « Pour une fois... On est d'accord. » Déclarais-je sans trop d'enthousiasme. Je continuais à regarder l'horreur que j'étais devenu puis repris. « Et... Pour le deal je veux bien, même si l'idée de porter un costume me répugne, je crois que je n'ai pas vraiment le choix. » Je secouais la tête. J'étais certain que ma mère me voulait en costard uniquement pour que je n'affiche pas mes tatouages, elle avait du mal à accepter les nombreux dessins sur corps. Elle avait du mal à m'accepter entièrement en fait, plutôt. Du moment que c'était réciproque, ou était le problème ? « Du coup... Évite de choisir une robe rose, s'il te plait » dis-je à Julianna, assez ironiquement. Soudain ma future belle soeur s'approcha de moi lors d'un de mes moments d'inattentions et commença à me déboutonner ma chemise. Je fis les gros yeux et elle n'insista pas plus que cela, se retirant assez rapidement. Certes, je portais une horreur et elle comme moi, nous n'attendions qu'une chose, que je l'enlève (pour ma part, je l'aurai bien bruler, mais le verre brisé allait déjà me couter assez cher sans en rajouter) mais ce n'était pas une raison pour m'aider à me l'enlever. Je n'étais pas un assisté ! même si Julianna pense le contraire.

Toutefois, comme elle s'écarta sans que j'eus le temps de dire quoique ce soit, j'étais vraiment étonné. Je n'allais pas m'en plaindre, surtout qu'au final, elle commença par enlever sa propre veste à elle. Laissant apparaitre un top l'a mettant en valeur, je tirais à nouveau le rideau de la cabine, m'y enfermant pour ne pas que des pensées que je pourrais regretter s'installent dans mon esprit.

Je remis mes vêtements très rapidement, ce qui était finalement une perte de temps puisque j'allais devoir les enlever à nouveau tout à l'heure pour essayer des nouveaux costumes. De toute façon, je ne cherchais pas à comprendre ce qu'il se passait dans la tête de Julianna. Elle s'ennuyait alors forcément, je devais faire en sorte de partager ce "bon temps". Bref... Elle au moins, appréciait essayer des tenues. Elle était, comme on dit "dans son élément". Il fallait que j'essaye aussi de voir le bon côté des choses, si elle arrivait à trouver une robe assez vite, je n'aurais plus qu'à trouver une chemise assortie. Je sortis de la cabine assez vite, mon t-shirt mit un peu n'importe comment mais ça n'avait pas vraiment d'importance. « Tu as des jeux étranges dis donc... » déclarais-je en levant les yeux au ciel. A cela, je lançais les vêtements que j'avais essayé vers Julianna, parce que non, je ne comptais pas les plier. Après tout, dans ce genre de boutique, si le client doit plier ces fringues... Je n'y comprends plus rien. Je m'avançais vers le portant de la brune et commença à chercher quelque chose. C'était totalement injuste, julianna avait beaucoup plus de choix que moi, et surtout des vêtements mettables, contrairement à moi. Je détaillais les tenues une à une mais assez rapidement. Il y en avait une dans le lot qui m'avait tapé dans l'oeil. Une sublime robe rouge en satin, qui a première vue, semblait moulante. Elle avait un décolté assez important mais loin d'être vulgaire et une longueur qui arrivait tout de même au dessus des genoux (dans ce genre là, en rouge flashi quoi). Quelques centimètres en moins et elle cette robe aurait été celle d'une professionnelle. Mais bon, au point au j'en étais, pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable. Je pris la robe et la donna à mon adorable future soeur. « Amuse toi bien. » déclarais-je avec un sourire carnassier, en prenant place sur le canapé face à la cabine.

La gaieté provoquée par l'accoutrement de Cassidy estompée, mes esprits retrouvés, je faisais le point sur la situation. Depuis le début, je prétendais avoir le contrôle et m'amuser avec lui, mais je n'étais plus sûre de l'exactitude de cette information. Il s'était passé quelque chose d'étrange, il y a quelques secondes et ça me troublait plus que je ne voulais l'avouer. Alors que j'avais entrepris de déboutonner la chose qu'il portait en guise de chemise, j'avais ressenti une émotion plus forte que celle que ce jeu aurait du normalement provoquée et j'avais suspendu mon geste, cessant de faire glisser mes mains sur son torse, souhaitant désormais m'éloigner de lui. Ce que j'avais fait, partant de l'autre côté de la pièce, enlevant ma veste, ayant eu chaud tout à coup. Je comprenais pas ce qui m'était arrivé mais je n'espérais qu'une chose : qu'il ne s'en soit pas rendu compte. Il ne manquait plus que cet abruti ait une quelconque sorte de contrôle sur moi. C'était tout bonnement impensable que je le laisse un jour prendre le dessus sur quoi que ce soit. J'étais l'unique reine de la maison, il n'était qu'un pion en position précaire. Et quand enfin, arriverait le jour béni où il quitterait la maison pour mener sa vie, je serai libre. Peut être que là je commençais à m'imaginer des choses parce que je n'avais que lui sous la main. J'étais sûre que je ne penserais plus à lui à peine nous aurions franchi le seuil de ce magasin. Déstabilisée, je me concentrai à nouveau sur les conversations à propos de nos tenues, qui auraient à tous les coups un effet apaisant sur moi. De plus, Cassidy venait étrangement d'accepter mon deal sans protester. Bon certes, j'avais fait un compromis mais c'était étonnant tout de même. C'était une victoire, mais une petite victoire. Et puis, je ne pouvais pas lui laisser le dernier mot. « Non mais !! j'ai une tête à porter du rose ? Et puis, l'idée de porter un costume te répugne ? Sérieusement ? Tu es le genre de gars qui pense qu'on peut aller à un mariage en jean ? Comment ça se fait que ta mère... non laisse tomber. » . A nouveau prise de pulsion de garces, j'avais failli dire que c'était étonnant que sa mère ne l'ai pas abandonné aussi mais je m'étais arrêtée à temps. Je ne pouvais pas décemment plaisanter là dessus, vu que la mienne avait fait de même. « Bref, on dirait bien qu'on vient de faire notre premier deal. Il reste à discuter de la cravate ou du nœud papillon par contre. » . J'avais repris mes intonations assurées, sachant que cette dernière phrase ferait de l'effet sur le principal concerné.

Par contre, pour le reste, j'avais mal joué. Sur le coup, ça m'avait paru drôle de lui demander de choisir ma tenue mais je me rendais compte qu'il en était évidemment rien. Cassidy avait des motifs pour vouloir se venger de moi, et je venais de lui tendre une perche magistrale. Même lui trouvait ça étrange puis qu'après un petit moment de surprise, il me prit à parti. « « Tu as des jeux étranges dis donc... » Continuant à vouloir garder l'air détaché, je pris l'air le plus aguicheur possible et murmurais à son attention. « Tu n'as pas idée... » Ignorant ostensiblement ses vêtements qu'il venait de me lancer dans un but mystérieux, j'attendis qu'il choisisse ma tenue. Après tout, j'étais réputée pour être joueuse, ce n'était qu'un test de plus, il fallait relativiser. Ces belles pensées s'envolèrent quand je vis le choix de Cassidy. Évidemment, il avait choisie la robe la plus vulgaire possible. Non seulement, il fallait être fine pour entrer là dedans mais en plus, il fallait avoir une conception de la pudeur aussi réduite que … non je n'allais pas le dire, c'était trop évident. Toujours dans cet optique de ne rien laisser paraître, je pris la robe avec une petite mimique amusée, je relevais le défi. Une fois dans la cabine, je me permis une grimace, touchant le satin moiré de la robe. Puis comme on plongeait dans un bain d'eau froide, je l'enfilais, le plus vite possible, sans respirer. Je fus satisfaite de voir que j'arrivais à la monter jusqu'à en haut, même si je dus faire des contorsions inimaginables pour monter la fermeture, dans mon dos. Non mais sérieusement, pourquoi certains créateurs ne captaient pas que ça changeait la vie des filles de mettre les fermetures sur le côté ? J'avais l'intime conviction que mon tortionnaire temporaire avait remarqué ce détail, en plus.

Bref, ce n'était pas le débat du jour, je devais ajuster correctement mon carcan rouge avant de sortir de la cabine. Il n'y avait pas de miroir dans cette maudite cabine, j'étais condamné à ne voir que l'effet partiel de cet essayage, tant que je ne sortais pas. Je ne savais pas si c'était la vue plongeante mais j'avais l'impression que mes seins ressortaient beaucoup. Par contre, la longueur allait contre toute attente. Si ça se trouvait la robe était acceptable pour un mariage même si j'avais le pressentiment qu'elle ne me rendait pas valeur. Les fronces à la taille m'empêchaient de respirer correctement et soudainement je commençais à paniquer. Il y avait des grands moments de solitude dans la vie, comme aller au tableau pendant un cours de mathématiques ou casser son talon et tomber devant un public moqueur, et le moment où je sortirais de cette cabine en ferait partie. Par conséquent, je ne devais pas sortir. D'un ton qui n'acceptait pas la réplique, je fis part de cette conclusion à Cassidy. « Cassidy, je vais enlever cette robe. Je ne peux pas sortir comme ça, je ressemble à ton ex... tu sais celle qui s'est faite arrêtée pour racolage. Renvois moi mes fringues, s'il te plaît, pour moi, l'apparence compte. » Voilà, je l'avais cherché, j'étais désormais en position de faiblesse, je venais même de lui dire s'il te plaît...

Je l'a mettais au défis, déjà parce que c'était elle qui me l'avait demandé, mais également parce que j'aimais ça. Je n'aurais jamais accepté dans le cas contraire. D'ailleurs, mes idées mal tournées ne mirent pas longtemps à se faire entendre. Je me demandais sérieusement ce qui avait bien pu passer dans la tête de Julianna, surtout que depuis quelques minutes, elle agissait bizarrement. Je mettais ça sur le compte du possible stress dû à... allez donc savoir ce qu'il peut bien se passer dans la tête d'une fille ! Peut-être se rendait-elle compte que moi + costard = incompatible, tout comme visiblement elle + vêtements de couleur rose. D'ailleurs, je ne me fis pas attendre pour répliquer. « Eh ben tu vois, porter un costard pour moi, c'est comme porter du rose pour toi. » Toutefois, je ne relevais pas la fin de sa phrase. Ce qu'elle pensait de ma relation avec ma mère ne me préoccupais pas, et si je voulais être méchant je pouvais très bien lui faire des réflexions sur sa propre mère à elle. Toutefois, je me permis de lui faire une petite remarque qui me tenais à coeur. « Mais entre nous, tu as juste une tête à porter un sac poubelle. »
Vivement que je parte de cette maison de fous. J'étais l'unique personne censé à vivre sous ce toit. Il fallait que j'arrive à me reprendre, que j'arrive à économiser mes payes et ne plus tout dépenser dans ces marques indélébiles sur ma peau, plus communément appelé tatouages.

Et enfin, vint la meilleure partie : cravate ou nœud papillon ? Non mais pis quoi encore ? chaussure cirée et cheveux en arrière ? J'esquissais un sourire en pensant à la dégaine que j'allais avoir le jour J. Évidement, je devrais être sur les photos... Tout s'annonçait pour que ce jour devienne le pire de mon existence. Puis arriva alors que je ne m'y attendais pas, une proposition alléchante. Julianna qui désirait que je l'habille. J'étais d'accord. Ainsi, je sortis la robe le plus sexy du lot pour la lui faire essayer. Allant m'assoir dans le canapé en face de la cabine, j'avais presque hâte de voir ma future demie soeur en sortir. J'essayais de l'arranger comme je pouvais. Il fallait l'avouer, dans ses vêtements de vieilles Bourges, elle ne se mettait pas en valeur. Du moins, c'était sa veste de velours qui me tracassait parce que... je l'admettais, avec son top, elle était loin d'être désagréable à regarder.
Dans cette robe, j'étais certain qu'elle en ferait craquer plus d'un : évidement, je ne me comptais pas dans le lot. Même si par mégarde, j'avais pu ressentir de l'attirance pour elle un fois dans ma chienne de vie, je comptais bien que cela ne se reproduise pas. Peut-être me lançais-je une défis en voulant la voir dans cette robe sexy ? Je n'en avais aucune idée, mais à mon grand désespoir Julianna décida de ne pas sortir. Et.. A ma grande surprise, elle paraissait presque me supplier. Néanmoins, je n'allais pas me laisser bercer par de belles paroles, moi j'avais jouer le jeu, j'avais mis l'ensemble le plus ridicule et je m'étais montré à elle. C'est à ce moment là que j'eus une idée, surement machiavélique mais après tout, elle le méritait, ça c'était une certitude. Moi qui avait peur de me faire prendre en photo avec mon pseudo-déguisement de carnaval, j'allais lui faire ce coup. J'étais chier, j'étais même ce que l'on pouvait appeler un bâtard, et le terme était totalement adapté étant donné que j'étais un bâtard irlandais/écossais. Nous n'avons qu'à dire que mon côté irlandais se faisait la mal.
« Tu parles de Caroline ? Celle que je n'osais plus invité à cause de toi ? » La rancœur se faisait entendre, j'en étais conscients. Certes, ce n'était pas vraiment de la faute de Julianna que Caroline m'avait trompé mais c'était à cause d'elle que je n'osais plus l'a ramener à la maison. A force de ne plus nous voir elle avait finit par craquer et allé vers quelqu'un d'autre alors que moi... J'étais rester fidèle. C'était ça qui me rongeait le plus. « Bref... Ouais je t'apporte ça. » Je souriais, je savais qu'elle ne pouvait pas me voir alors je souriais face à ma brillante idée, je m'approchais de la cabine avec ces habilles mais pas uniquement. Mon portable en mode caméra était prêt. Je voulais avoir une image d'elle vêtue de la sorte parce que je savais qu'elle n'aimait pas ça. Enfin... Elle venait de me le faire comprendre en me demandant de l'aide. J'ouvris le rideau de la cabine et commença à filmer. Elle m'attendait tout en essayant d'enlever la fermeture de sa robe. C'était une scène qui allait me faire bien sourire à chaque fois que je l'a regarderais. « Dis bonjour à la caméra !!! »

Comme souvent lorsque j'étais en présence du détestable nouvel élément de la belle famille hypocrite que nous formions désormais, mes nerfs lâchaient complétement. Au risque de passer directement pour une hystérique, je devais mettre quelques petites choses au clair. D'abord, il fallait savoir que j'étais une personne avec un extrême sang froid, et que je ne laissais jamais rien paraître. La seule exception que je vivais, c'était en fait à cause de Cassidy. Toutefois, ça restait dans la limite du raisonnable. Sauf que là, toutes les conditions étaient réunies pour que j'entre dans une colère noire. Et malheureusement, c'était exactement ce qui était en train de se produire car les circonstances s'y prêtaient particulièrement. Déjà, Cassidy se la jouait imbécile obtus, ne faisant même pas un effort pour saisir une infime particule des préceptes fashion que j'essayais de lui enseigner. La preuve, il n'avait pu répondre que d'un air crâne, que pour lui, c'était aussi détestable de porter un costume que du rose. Je n'allais pas me battre toute la journée pour une cause perdu. Qu'il aille au diable, après tout, c'était son problème s'il finissait sa vie aussi mal habillé qu'un écossais du 19° siècle. Mais ce n'était pas encore son crime le plus grand, non a présent, il enchaînait les bêtises avec une constante affolante. « Mais entre nous, tu as juste une tête à porter un sac poubelle. » . Je serrai les dents si violemment que j'étais sûre que tout le centre commercial avait entendu le choc de mes mâchoires l'une contre l'autre. Sérieusement ? Je rêvais de répondre, que lui même avait carrément une tête de poubelle mais ça reviendrait à abaisser mon niveau au sien, ce qui n'était pas, il fallait l'avouer, n'était pas très reluisant.

Mais tout ça, aurait pu encore passer si je n'avais pas été enfermée dans une robe moulante et dans une cabine étroite dans un même temps. Je n'étais pas claustrophobe mais je le devenais. Pourtant, j'étais une serial modeuse accomplie, les essayages faisaient partis de mon quotidien. Ce stress que je ressentais, ce mal être, je supposais que ça tenait à tout les circonstances que j'avais citée et à la seul présence de Cassidy. Je sentais sa jubilation transpercer l'air aussi sûrement que si je le voyais. Et ça, ça m'enlevait le peu de confiance en moi que j'avais. C'était inexplicable mais j'avais la certitude que je ne pouvais pas défiler comme ça devant lui, alors qu'il était vautré sur le canapé. Je n'étais pas Lindsey Lohann, je n'allais pas faire une lap dance ensuite. Pourtant, m'habiller de manière légère ne me dérangeait pas vraiment en présence de la plupart des gens, car je m'en foutais de ce qu'ils pensaient. Pas que l'avis de Cassidy m'intéresse mais je ne pouvais pas mettre un nom sur ma nouvelle retenue. Mais bon, ce n'était pas le plus important. Le plus important, c'était de sortir de cette situation périlleuse dans laquelle je m'étais fourrée par pure fierté sans trop de dommages. Apparemment, mon allusion provocante sur Caroline-couche-toi-là, avait eu le don de réveiller le côté méchant de mon agneau de demi frère, me laissant aucune possibilité de repli. Je subis une véritable agression.

Alors que j'étais désespérément en train de me débattre avec cette robe diabolique, j'entendis Cassidy se rapprocher. L'ayant toujours pensé prude, j'avais imaginé qu'il me passerait mes vêtements par dessus le rideau. Mais soudainement, le rideau de la cabine sembla s'envoler et je me retrouvais horriblement exposée. J'avais l'impression de ne rien porter, et dans un réflexe de défense, je reculai vers le fond de la cabine. Ce fut là une erreur cruciale car mon nouvellement machiavélique adversaire me filmait depuis quelques secondes déjà. Non seulement, il avait dû avoir mon pitoyable combat avec la fermeture mais mon recul, lui donnait un très bel angle de vu sur moi. J'eus quelques secondes de panique absolue où je ne sus pas quoi faire, puis mon côté warrior reprit le dessus. Je lui fis un magnifique doigt d'honneur et murmurais d'une voix suave « Hello, Bingham » . Puis sans prévenir, je me glissais entre lui et la paroi de la cabine, échappant à son objectif. Quelque soit la rapidité de ma fuite, Cassidy avait des images compromettantes de moi et je devais remettre la situation en ordre, le plus vite possible. Déjà, il fallait que j'ai l'air plus décente. Trottinant dans le salon, constatant que mes habits étaient entre ses mains, j'empoignais la première chose que je trouvais : sa veste grise. Je failli la relâcher aussi vite que je l'avais empoignée mais je n'avais rien de plus probant, je l'enfilais donc, espérant que ça l'énerve autant que je l'étais. Puis je fonçais à nouveau en sa direction. J'avais besoin de récupérer l'objet du délit. « Donnes moi ce téléphone. Maintenant ! Sinon, je te promets que tu portera un costume chaque jour … Dans ton cercueil !! » Mais un air goguenard semblait imprimé sur sa face lunaire. Voyant qu'il ne me prenait pas au sérieux, je me précipitais vers lui, tentant d'attraper son téléphone. Je n'avais pas force ni sa carrure de rugbyman mais la fureur décuplait ma force. Je ne m'arrêterait pas tant que je n'avais pas récupéré ce téléphone. Ça y est, j'étais, hystérique. Une véritable furie. Non mais de quel droit avait-il osé faire ça ? Moi même je ne me l'étais pas permis. La lutte prenait de l'essor, et après quelques griffures, je réussis à le pousser sans force contre le mur de la cabine. M'appuyant de tout mon poids contre lui, essayant de déterminer dans quelle main était son téléphone, je pris un air impitoyable. « Le portable. Maintenant. »

Ce fut la première fois depuis que ma mère sortait avec Henry Fitzsimmons que Julianna était aussi marrante. Lorsque nous ne vivions pas encore ensembles, chaque repas était une atroce souffrance, puis, arriva le purgatoire de l'Enfer : lorsque nos chambres devinrent voisines. Jamais je n'aurais cru qu'une telle scène se produirait. Moi - rire - Julianna. (Oui je sais très bien qu'il faut toujours se placer en dernier dans les phrase mais Birdie n'en vaut pas la peine. La dernière place lui convient très bien.) Certes, je me fendais la gueule et ce n'était pas réciproque. Mais il y avait tout de même déjà quelque chose qui se produisait. Si un jour j'avais envie de rire, je pourrais toujours me remémorer cette scène, même si j'avais bien l'impression que tout allait déraper. Très prochainement. En entrant dans la cabine par surprise je m'attendais à une réaction de sa part, j'hésitais encore entre le mouvement de recul, le cris ou la face terrorisée. J'eus droit dans un premier temps au mouvement de recul qui fut : SUBLIMISSIME. Tout d'abord, j'eus une vision plutôt agréable sur son décolté plongeant. Décidément, choisir cette robe était une idée de génie. Je l'embarrassais tout en me permettant quelques minutes de pouvoir. Je ne pouvais dire si elle était terrorisé mais le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle ne s'y attendait vraiment pas. A mi chemin entre l'étonnement et la désarrois je dirais même.

Malgré tout, Julianna repris vite le dessus. Elle devint plus sereine et alors que cette fois, c'était moi qui ne m'y attendais pas, me fit un doigt d'honneur (ce que je pouvais comprendre et qui, dans le fond ne m'importait guère.) et osa m'appeler Bingham. Oh quelle garce. J'aurais dû être moins gourmand et couper le film quelques secondes plus tôt. Je serrais les dents et me retins de ne pas l'insulter. Elle se rapprocha, tel un serpent qui s'approche de sa proie avant de la dévorer puis se mit à traverser le salon pour être loin de moi. J'arrêtais de filmer, gardant mon téléphone dans ma main. Les furies peuvent être sournoises alors autant être préparé à l'attaque. Je détaillais le jeune femme, essayant de savoir ce qu'elle cherchait à trottiner dans ce petit salon pour remarquer qu'elle cherchait ses vêtements. Elle me jeta un regard noir. « C'est dommage hein… Elle te va vraiment bien cette robe. » Je pris presque un ton désolé. C'est vrai que si elle avait porté cette robe au mariage de nos parents, j'aurais presque accepté de poser à côté d'elle sans avoir honte de dire qu'à présent, elle était ma demie soeur. Elle me sortis de mes pensées en me menaçant. Je voulus rire mais à cet instant je remarquais qu'elle portait ma veste. Ce qui.. pour être franc, m'enleva toute envie de rire, et même de sourire. Pourtant, je ne l'a prenais pas au sérieux. Comment pourrais-je ?

C'est soudainement que la brunette se transforma en véritable furie. Je lâchais ses vêtements par réflexe en l'a voyant se s'abattre sur moi. Je pensais qu'elle n'allait pas me faire bouger, pourtant, je reçu tout de même une légère secousse. Après quelques secondes, son hystérie ne faisait que prendre de l'ampleur, la rendant encore plus difficile à stopper. Je la laissais tenter de récupérer mon téléphone sans vraiment me défendre. Du moins, je n'attaquais pas à mon tour, je la repoussais le plus doucement possible (il ne fallait pas oublier qu'elle portait ma veste et que si je devenais à mon tour une brute, j'allais sans aucun doute me retrouver chez les flics.) J'étais d'ailleurs étonné que la veille de l'accueil n'ait pas encore débarqué pour nous arrêter. Peut-être qu'elle avait quelque chose de plus intéressant à faire que de nous espionner. « Wah, Julianna, tu te lâches dis donc… S'en est presque aguichant » lançais-je d'une voix douce pour la déstabiliser. Je ne sentais presque plus les griffures qu'elle me faisait dans le cou à cause de ses ongles manucurés. C'était affolant comme une femme ne se battait pas comme une homme. J'avais plus tendance à sauter sur quelqu'un, le mettre à terre en me jetant sur lui. Il était clair qu'avec sa petite taille, Julianna ne risquait pas de me mettre à terre. Elle préférait les coups bas, les griffures, me tirer les cheveux. Douloureux également. Puis, dans un de mes moments de faiblesse elle me poussa contre le mur sans que je ne puisse l'en empêcher.

Elle était visiblement effrayer par cette vidéo. C'était amusant de voir à quelle point une vidéo pouvait être un outil de chantage (Uhmuhm..) et je n'allais pas me gêner. Enfin, pour le moment, je devais trouver un moyen de me débarrasser d'elle. Elle était un peu trop proche de moi et commençait presque à me faire avoir chaud à force de me pousser encore plus contre le mur. Il me fallait une idée, une idée de génie, exécutable très rapidement qui la détournerait de son but premier me laissant quelques secondes pour m'échapper. Ainsi, d'un geste vif et habile je mis mes deux mains sur ses épaules tentant de la calmer, ayant fait glisser juste avant mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. J'évaluais les possibilités qu'il me restait. Au début, je pensais à une main aux fesses, mais j'étais persuadé que j'aurai droit en retour à une claque magistrale. Du coup, je me penchais sur la solution qui me posait le moins de problèmes (psychologique). De ce fait, encore une fois, avec vivacité et habilité je me précipitais sur elle pour l'embrasser sur la joue. Ceci eut l'effet désirer, elle ne compris pas tout de suite ce qu'il se passait, me permettant de m'écarter et de reprendre ma position de force. Je m'éloignais d'elle, revenant vers tous les vêtements, un cintre pouvait très bien me servir d'arme. « Crèves ! Tu auras la vidéo quand j'aurai vu l'état de ma Xbox. Et ne cherches pas, ce n'est pas négociable »

Il y avait quelque chose qui n'allait pas aujourd'hui. Depuis quand Cassidy arrivait à me mettre si en colère et à prendre l'avantage sur moi ? Qui était la garce manipulatrice de la maison ? Sûrement pas lui. Il était temps que je reprenne le dessus sur ce misérable petit... Ah je ne trouvais même plus mes mots tant j'étais déstabilisée par sa prise de pouvoir soudaine et inattendu. Je devais me reprendre, et vite. Mais ce n'était vraiment facile... il continuait à faire des commentaires lubriques sur la robe, la lutte que j'avais engagée m'échappait une fois de plus à cause de nous différences de carrures et pour couronner le tout, j'étais plus faible que jamais. En effet, alors que je m'étais collée à lui de manière agressive, j'avais à présent arrêté de frapper. Et au lieu de chercher un moyen d'attraper ce fichu portable, tout ce que j'arrivais à penser était qu'il était vraiment canon et que, contre toute attente, il ne puait pas. C'est vrai quoi, il suffisait d'observer son hygiène de vie et d'entrer dans sa chambre pour le voir comme le pire des crasseux... c'était-il parfumé uniquement parce qu'il allait dans une boutique de luxe ? Même pour lui, c'était étrange. Enfin, il était loin de mes considérations, puisqu'il continuait à se délecter de la situation grotesque dans laquelle nous nous étions fourrés comme deux gamins. « Wah, Samantha, tu te lâches dis donc… S'en est presque aguichant » Manipulation ou pas, je fus surprise par cette voix suave que je ne lui connaissais pas. Mais mon regard se posa à nouveau sur le téléphone et je pus me concentrer pleinement sur mon objectif. Il fallait que cette vidéo disparaisse, pour des raisons évidentes. Évidemment, nous ne pouvions pas rester dans cette position éternellement, et je m'attendais à un geste de mon cher demi frère pour m'éloigner mais ce qu'il fit défia mon imagination. Alors que je m'attendais à un placage ou quelque chose de raffiné comme lui, il mit tranquillement ses mains sur mes épaules, et m'embrassa sur la joue. Inutile de dire que je fus une nouvelle fois ahurie et le serpent en profita pour s'enfuir. Le pire, c'est qu'il avait totalement escamoté le téléphone. Les bras ballants, je réunissais mes facultés de concentration, il fallait vraiment que je me reprenne, sinon c'était la fin. Si ce crotale avait ne serait-ce qu'une petite victoire, comme celle d'aujourd'hui, s'en était fini de moi. Il me défierait en permanence, sur tout et n'importe quoi. Je devais réaffirmer mon autorité.

Un regard sur la créature qui semblait vouloir se cacher parmi les vêtements, tel le pire des trouillards et elle se rappela pourquoi elle le détestait. Il était certes d'une apparence agréable mais elle ne devait pas oublier combien, il était détestable. Je croisai les bras, le regardant le plus méchamment possible. Visiblement, j'avais encore un peu de pouvoir sur lui, car il se mit à parler. « Crèves ! Tu auras la vidéo quand j'aurai vu l'état de ma Xbox. Et ne cherches pas, ce n'est pas négociable » J'haussai les sourcils de manière sarcastique. Oui, je l'avais vraiment laissé gagner trop de terrain. Mais je savais comment le mettre à terre en trois phrases, ce que je fis sans plus me faire prier. « Il n'y a donc que ça qui compte ? Ta misérable console de jeu ? Tu es vraiment pitoyable, mon pauvre Cassidy. Et puis, négociable ? N'utilise pas de mots que tu ne comprends pas. Tu n'as rien à négocier parce que tu n'as rien à offrir. Cette vidéo ne sortira pas du magasin, et ça ce n'est pas négociable. D'ailleurs si tu avais une once d'intelligence, tu effacerais cette vidéo et tu t'excuserais platement. » D'un pas martial, j'allais ramasser mes habits, sans toutefois les remettre. Je ne perdais pas de vue que nous devions nous trouver une tenue pour le mariage de mes parents. Je revins en face de lui, reprenant notre face à face. « Mais comme j'en doute forcément, je vais te donner de bonnes raisons pour le faire. En fait, non, une seule bonne raison suffira. Si tu n'effaces pas cette vidéo, à la seconde où nous serons à la maison, tu sera mort. Car je franchirai la porte, les larmes aux yeux, racontant à mon père et à ta mère, combien tu as été horrible cet après midi. Si je suis en forme, je dirai même que tu me fais peur et que je sens qu'il y a quelque chose de dangereux en toi. Bien sûr, tu nieras, mais je leur dirai de regarder ton téléphone, et ils verront ta vidéo de voyeur. Et si après ça, mon père ne t'as toujours pas étripé, je lui dirai de téléphoner à la patronne de ce magasin, qui se fera une joie de confirmer ton attitude violente.

Je lui laissais le temps de la réflexion, tandis que je faisais les poches de sa veste discrètement. Malheureusement, je ne trouvais rien de probant. Mes talents de kleptomane étaient aiguisés et je repérai vite ce qui était intéressant et ce qui ne l'était pas. Sans grande surprise, les poches de Cassidy étaient aussi inintéressantes qu'un tweet d'Hannah Beth. Moi qui espérait trouver quelque chose, je fus plutôt déçue. Mais résignée, j'enlevais sa veste, la lançant sur le canapé, me retrouvant à nouveau seulement vêtue de la fameuse robe. Je ne ressentais plus cette pudeur débile qui m'avait saisie tout à l'heure et je m'en foutais que la fermeture soit à demie fermée. Trop de choses s'étaient passées et allaient se passer pour que je me préoccupe de mon apparence. Car je venais de faire le chantage ultime à Cassidy, et j'appréhendais un tant soit peu sa réaction. Puis, j'entrepris de me rapprocher des portants pour trouver ces fameuses tenues car j'avais l'impression que la séance d'essayage n'allait pas encore durer très longtemps. D'une voix aimable, comme si je ne venais pas de lui faire la pire des menaces, je lui demandais gentiment « Tu aimes le vert ? C'est synonyme d'espoir, c'est pas mal pour un mariage, non ? . Et oui, moi aussi, j'aimais jouer avec ces nerfs.

Je me délectais encore de cette exquise sensation de pouvoir et de la situation elle même. Pourvu qu'elle dur encore, que ce mariage apporte finalement quelque chose de bon. Pourtant, Birdie avait l'air de ne pas me prendre au sérieux, ce qui était , plutôt fâcheux. Une autre chose était fâcheuse, c'est qu'elle avait un très bon moyen de pression sur moi. Au début, je me mis à rire en l'entendant me faire une leçon de français tout en me menaçant (encore). Elle se rapprocha de moi pour finir sa tirade. Je n'avais qu'une envie, la frapper pour qu'elle ait une bonne raison de pleurer. Qu'elle garce. Je devais l'avouer, elle était bonne là dedans, une fantastique garce manipulatrice même si au fond, elle ne restait qu'une merde d'irlandaise. Ma haine s'amplifiait et je me mordais la lèvre. Je me rapprochais à mon tour de la jeune fille pour lui murmurer à l'oreille. « Julianna ne joues pas à ça. Je pourrais te donner de bonnes raisons de rentrer en pleurant et d'avoir peur. » Fuck it ! Je dois apprendre à gérer ma colère pour devenir irréprochable et je fais tout l'inverse en la menaçant ouvertement. Le pire, c'est que mes mots n'avaient pas dépassés ma pensée. Je fis craquer ma nuque dans l'espoir de me remettre les idées en place. Je me demandais jusqu'où ce cher Henry pourrait aller s'il apprenait que j'avais fais du mal à sa petite fille adorée. En ce qui concerne la sentence de ma mère, ce fut très rapide : elle me ferait la morale, et au pire, me mettrait à la rue. Certes, ce n'était pas rien mais il devait bien y avoir encore pire. Soudain, l'idée d'un duel avec une pourriture irlandaise me faisant penser à mon propre père que je détestais s'installa dans mon esprit; Je n'avais plus qu'une envie et c'était ça. J'étais violent, oui, Julianna venait de le souligner. Dangereux, peut-être pas non plus, mais si ça pouvait leur faire peur de penser ça, alors pourquoi pas.

Mais dans quel merdier venais-je de me foutre ? En gros, j'avais deux solutions, me soumettre à Julianna ou alors faire le dur et m'attirer des ennuis au près de son père. Surtout qu'à l'allure où les menaces fusaient, bientôt, ce serait avec la police que je m'attirerais des ennuis. Je réfléchissais aux possibilités. Après tout, si j'étais en prison pendant le mariage, je n'aurais pas à assister à ses essayages à la con ou à la cérémonie. J'avais trouvé la solution à mes problèmes : quand soudain je pensais à la vie dans ces trous à rats. Obligé de se trimballer une PokerFace dans chaque couloirs, surtout dans la douche. Moui.. Finalement, j'avais peut-être meilleur temps de rester sur Liverpool et de faire le chien obéissant. Julianna me sortit de mes pensées en reparlant de vêtements. Du vert ? Sérieusement ? Couleur d'espoir ? Parce qu'elle croyait réellement à la symbolique des couleurs ? « Tsss. Pourquoi pas du bleu pendant que t'y es ? c'est couleur de paix » lançais-je avant de soupirer ; Un long soupir qui se fait toujours irritant pour les autres.

Je me remettais tranquillement de mes émotions avant de faire quelque chose que j'allais surement regretter toute ma vie. J'étais sur le nerfs, vraiment, et j'avais l'impression d'être une marionnette de Julianna. Ma revanche sera fatale. Je récupérais ma veste qu'elle avait lancé comme un vulgaire chiffon et revint vers elle, toujours aussi sexy dans cette robe à demi ouverte. Même si, à l'instant, c'était le cadet de mes soucis, je restais un homme. Je lui tendais mon téléphone, espérant qu'elle sache s'en servir. J'en doutais, à part avec son BlackBerry, elle était plutôt limitée niveau technologie, mais au point ou j'en étais… « Tiens, je te laisse l'honneur d'effacer la vidéo. »
Je sentais mon coeur qui se serrait, ça me faisait mal d'abandonner si vite. Je ressemblais à un chien sans défense tandis qu'elle, elle se rapprochait plus du portrait peu flatteur de Cruella.

L'air de rien, je me retournais vers les portants, il était temps de choisir une chemise, le reste du costard avait déjà été décidé précédemment avec Birdie, ainsi, la chemise était ce qu'il me restait à choisir. Devant la petite brune, sans complexe, j'enlevais veste et t-shirt lorsque j'avais trouvé une chemise qui me semblait pas trop mal; elle était beige et plutôt simple. (dans ce genre là http://www.madeinhomme.com/chemises/chemise-homme-beige/chemise-italienne-pour-homme-sabbia-beige.html ) Je l'enfilais sans attendre. La taille correspondait plutôt bien et à vrai dire, je n'avais pas trop l'air d'un bouffon dedans. Mon choix était fait, mais je me devais tout de même de demander son avis à ma garce de future demie soeur. « Ça va comme ça ? »

Tandis que je farfouillais d'un air désinvolte parmi les portants, en badinant à propos des couleurs, je souriais en coin, sûre de ma victoire. C'était la victoire du cerveau sur les muscles. Car j'étais sûre et certaine qu'en fin de compte, j'obtiendrais ce que je voulais : la disparition de cette vidéo et une nouvelle affirmation de mon pouvoir sur Cassidy. Mais je n'aimais pas user de ce chantage malgré les apparences. C'était certes un moyen imparable de le soumettre mais ça sous entendent aussi la remise en question de l'équilibre oh combien fragile de la famille Hudson-Fitzsiommons. Et je ne voulais pas que mon père souffre, il semblait si heureux avec la mère de Cassidy. Tout cela était compliqué mais j'étais comme les tyrans, je prenais goût au pouvoir et je faisais n'importe quoi pour en grappiller des parcelles supplémentaires. A la différence notable, que je ne voulais pas asservir un peuple tout entier, juste Cassidy. Voilà, tout ça pour dire que le mal était fait et que maintenant, il n'y avait plus de retour en arrière. Et le moins que l'on pouvait dire, c'est que j'avais de plus en plus de mal à garder cette mine assurée. Tout à l'heure, alors que je lui avais posée mes conditions, il m'avait vraiment fait peur. La rébellion ne lui ressemblait pas, tout comme l'assurance. Je crois que j'avais eue la chair de poule quand il s'était approché de moi, murmurant dans mon oreille, d'une voix glaciale. « Birdie ne joues pas à ça. Je pourrais te donner de bonnes raisons de rentrer en pleurant et d'avoir peur. » . Je voyais dans ses yeux qu'il voulait me frapper. Et honnêtement, j'en avais rêvé aussi mais ça me faisait quelque chose de voir que notre haine mutuelle pouvait encore grandir de la sorte. Que se passerait-il une fois nos parents mariés ? Allaient-on finir par vraiment s'entretuer ? Honnêtement, mon instinct me soufflait que oui. Les chances grandissaient de jours en jours visiblement.

Mais mon appréhension ne fut que passagère car bientôt, il cessa de me fixer comme un doberman, semblant se concentrer sur autre chose. Son regard perdu dans le vide, il semblait peser le pour et le contre, réfléchir aux conséquences, et heureusement, ça le calmait. Après un temps que je ne pouvais pas vraiment calculer, étant donné que je perdais toujours la notion du temps quand j'étais face à des vêtements, il s'éclaircit la gorge, ne me donnant pas vraiment la réponse que j'attendais. « Tsss. Pourquoi pas du bleu pendant que t'y es ? c'est couleur de paix » Il poussa ensuite un soupir méprisant, que je ne connaissais que trop bien. Foutu Bingham, il avait le don de m'énerver en une inspiration. Bref, passons. Visiblement, il préférais parler chiffons plutôt que audiovisuel, tant pis, je savais déjà que c'était un lâche. Je cherchais quelque chose de cinglant à répondre quand il se dirigea vers moi. Devais-je m'enfuir ? J'hésitais vraiment. Mais il se contenta de me passer son téléphone pour que j'efface la vidéo. C'était là sa réédition, et je ne fis aucun effort notable pour effacer le sourire victorieux qui naquit instantanément sur mon visage. Fuck You Bingham, tu n'as jamais fait le poids, et tu ne le feras jamais. . « Tiens, je ne pensais pas que les garçons comme toi connaissaient la symbolique des couleurs. C'est incroyablement... gay. » Il repartit ensuite à la recherche d'une tenue et je profitais qu'il avait le dos tourné pour effacer la vidéo, mais aussi l'intégralité de la mémoire du téléphone. Cette petite réinitialisation lui ferait payer son insolence. Et puis, au moins, il ne serait plus tenté d'appeler cette Catin de Caroline.

Pendant ce temps, il s'était désapé et avait enfilé une chemise beige. Oh là; il devait vraiment être désappointé par sa victoire pour jouer son rôle de portemanteau aussi docilement. Je perdis une nouvelle fois la notion du temps, ces abdos n'y étant sans doute pas étrangers. Mais je ne fis aucun commentaire et me reconcentrais sur le choix de nos tenues, répondant à sa question au passage. « Beige, c'est le choix de ceux qui ne prennent aucun risque mais bon, on a déjà passé beaucoup trop de temps ici. On opte pour le beige, alors. Et j'avoue que cette chemise te rendrais presque classe. Je vais voir si je peux trouver une robe qui colle. » Le beige n'était pas ma couleur mais je m'en contenterai. De toute façon, il y avait peu de chances que je montre les photos de ce mariage à qui que ce soit, car à tous les coups, il y figurerait. Commençant à bien connaître les différentes robes à ma disposition, j'en choisi vite une, bien écrue comme la chemise, à peine plus longue que celle que je portais actuellement. La coupe était classique, un peu bouge mais c'est ça qui attirait les mecs, les filles qui semblaient intouchables. Et puis, j'aimais rappeler à Cassidy d'où il venait. «Je vais essayer celle ci. » j'allais la pendre dans la cabine puis retournais vers lui. Le défiant du regard, je recommençais à le provoquer. « Soit chou, aide moi à me débarrasser de ça, la fermeture est coincée. » Je me retournais, lui présentant mon dos. Je n'étais pas trop effrayée par cette position de faiblesse, car je sentais qu'il avait compris de quoi j'étais capable. Sinon, tant pis pour lui. « Si elle me va, on en aura terminé pour aujourd'hui. On pourra rentrer à la maison frérot, et tu m'apprendra à jouer à GTA, j'en meurs d'envie. Surtout que ta xbox marche très bien en fait. » Je retins mes cheveux pour ne pas qu'il ait l'idée de me les tirer, impatiente de me débarrasser de la robe de la discorde.

Mon esprit était tiraillé. D'un côté je voulais faire peur à la jeune femme mais d'un autre, je n'avais pas envie de m'attirer encore des ennuis. J'avais déjà eu ma dose de tracas avec ma mère, si je pouvais en éviter quelques uns, je n'allais pas dire non. Pourtant, c'était uniquement de la faute à Julianna. Cette dernière cherchait à me provoquer, ou plus généralement, à faire de ma vie un enfer. Jusque là, j'avais réussis à garder un peu de pouvoir. Même si nous nous faisions une guerre mutuelle, que ma copine m'avait en quelques sortes quitté à cause d'elle, je n'avais pas vraiment à me plaindre. Je vivais toujours convenablement. Bon ok, je n'osais plus inviter personne à la maison mais je sortais quand je voulais etc. A présent, j'avais l'impression que quelque chose venait de changer. Peut-être que jamais, Julianna et moi allons pouvoir nous entendre ? Oui, probable. Trop de menaces et de mots acérés d'un seul coup. Je ne pouvais qu'être déçu par cette après midi. Déjà qu'elle avait mal commencé, la fin s'annonçait encore plus désastreuse. Pourtant, il fallait que je lui montre que je n'allais pas abandonner si vite. Ok, elle avait remporter le premier round mais la roue tourne comme on dit. Et un jour ces menaces n'auront plus aucun effet sur moi. Je pourrais lui faire vivre un enfer à mon tour.

Quand je parlais à mon tour de symbolique de couleurs à Julianna, sa réaction m'étonna au plus au point ? S'y connaître là dedans faisait "incroyablement… gay" ? Où était le problème ? « Non mais quels préjugés. Garçons comme moi ? Qu'est-ce que je dois comprendre ? Que parce que je fais du rugby et que je suis tatoué, alors je suis forcément hétéro ? » Néanmoins, il est vrai que je n'avais jamais parlé de ça avec Julianna. Pas vraiment étonnant vu la nature de notre "relation". Autant, elle ne m'avait vu qu'avec Caroline, autant moi non plus je ne l'avais jamais vu trainer avec un quelconque petit ami, nous laissions notre vie personnel en dehors de la maison, c'était mieux pour tout le monde. J'étais bi, et j'en étais fier. Surtout depuis que j'étais célibataire. Je récupérais mon téléphone et le rangea de suite dans ma poche, je ne pouvais pas me faire plus de mal en constatant que la vidéo venait d'être effacée.
J'étais content, j'avais enfin trouvé une chemise qui n'était pas trop laide et qui serait accèpatble pour un mariage. Julianna quand a elle, avait toujours son mot à dire. « Mais dis moi juste... Pourquoi est-ce que je prendrais des risques ? M'afficher avec toi c'est déjà assez synonyme de suicide social sans en rajouter... » Je me retenais pour ne pas en rajouter. J'avais tellement gros sur le coeur que j'étais capable de lui faire des reproches pendant encore tout le temps qu'il restait à passer ici, mais je n'en fis pas autant. Je me stoppais, surtout qu'à la fin de sa phrase, elle m'avait presque fait un compliment.

Je commençais déjà à déboutonner ma future chemise quand soudain, Julianna me montra la robe qu'elle comptait mettre. Tout d'abord, j'haussais un sourcil. Je préférais largement celle que je lui avait choisis. Certes, la mienne était un peu moins classe mais au moins elle ne faisait pas ressembler à une greluche qui est coincée au point d'avoir une tour Eiffel dans le cul. Puis alors que je ne m'y attendais le moins (après ce qu'il s'était passé tout à l'heure je pensais qu'elle voudrait que j'arrête de l'approché, qu'elle veuille une distance de sécurité ou quelque chose dans ce genre comme désirent toutes les filles de ce genre) elle me demanda de l'aider à retirer sa robe, enfin, la fermeture. Je la regardais, je me demandais si elle était vraiment sérieuse mais à la vue de son regard de tueuse, je ne me posais pas plus de question. Si nous avions été dans une série fantastique, toutes les ampoules de la pièce et peut-être même du magasin aurait explosé à cause de l'intensité de nos regards. Soupirant à nouveau je m'exécutais sans un mot. N'étant pas une saloperie comme la demoiselle, je fis descendre la fermeture sans coup brusque (c'était surtout que je ne voulais pas payer une quelconque réparation. La coupe de champagne, c'était suffisant.) Et tandis que je la libérait de cette sublime robe de satin, Julianna me parla comme si de rien était. Certes, je pensais bien qu'elle était ironique mais tout de même. Il y avait des limite. « Non mais... Tu cherches quoi à la fin ? » Je crois que jamais je ne comprendrais les femmes, « Enfin bref… Tant mieux pour toi qu'elle aille bien ma xbox, et si tu penses sérieusement rentrer à nouveau dans ma chambre... Tu as le droit de rêver ma petite. »

Cassidy était si énervant !! Je ne savais pas pour quelle raison, il était si bien portant, respirant mon oxygène, sapant ma bonne humeur avec ses sourires débiles, me provoquant avec sa bonne santé. J'en avais détruit pour beaucoup, beaucoup moins que ça. Mais lui étrangement, était encore au meilleur de sa forme. Il était un adversaire inhabituel, je n'arrivais pas à prévoir ses réactions, moi qui était si psychologue, il faisait toujours quelque chose auquel je ne m'attendais pas. Et au final, c'était peut être à cause de ça que je n'arrivais pas à le détruire complètement, parce que je ne le comprenais pas. C'était rageant de ne pas pouvoir utiliser mes supers pouvoirs de garce sur lui mais je ne comptais pas m'arrêter là, j'allais l'étudier soigneusement, lui trouver encore plus de points faibles, jus qu'autant que j'ai un moyen infaillible de le faire sortir de ma vie. Le chantage aux parents étaient certes un bon plan, mais il comportait trop de failles pour que je me repose entièrement dessus, il contenait bien trop de failles. Mais pour le moment, j'étais juste sans indices. La preuve, alors que nous étions à deux doigts d'en venir au mains, il y a moins de 5 minutes, nous étions en train d'entretenir une paisible conversation. Et pas n'importe laquelle, j'avais l'impression que c'était un sujet sérieux pour lui. Je ne savais pas comment réagir, si je devais avoir l'air gentil et compréhensif ou si je devais saisir l'occasion pour le clasher, avant que ce moment ne devienne trop personnel. « Non mais quels préjugés. Garçons comme moi ? Qu'est-ce que je dois comprendre ? Que parce que je fais du rugby et que je suis tatoué, alors je suis forcément hétéro ? » La question avait de l'intérêt, elle méritait qu'on s'arrête dessus. Mais j'étais bien trop étonnée parce qu'il essayait de me dire à demi mot pour réfléchir correctement. « Attends, Cassidy, qu'est ce que tu essayes de me dire là ? Est -ce que tu es gay ? » Que voulez vous, j'étais comme ça, il fallait me dire les choses littéralement. Puis, soudainement, j'eus une vague de compréhension. « Oh mais c'est donc ça... je veux dire, c'est évident, tous ces trucs que tu fais... les licornes... Mais cette nouvelle découverte fut à nouveau contredite par une autre. Mais... Mais et Caroline ? . Je n'étais même plus dans mon trip de machiavélisme, j'étais plutôt intriguée par ce qu'il m'avouait. Enfin, si on s'avouait des trucs. N'était ce pas une ruse ? Ne me disait-il pas des conneries pour savoir un de mes secrets ? Essayait-il de me convaincre que rien ne se passait entre nous parce qu'il était gay ? Avais-je imaginée la tension peu conventionnelle entre nous ? Je devais vraiment être plus prudente dans mes réactions pour la suite.

Puis, comme nous étions tout bonnement incapables de rester plus de 5 minutes, le sérieux et le semblant de paix disparurent très vite, et la petite guerre repris plus soudainement qu'elle avait commencé à vrai dire. « Mais dis moi juste... Pourquoi est-ce que je prendrais des risques ? M'afficher avec toi c'est déjà assez synonyme de suicide social sans en rajouter... » C'était une attaque basse, même pour lui et c'est pourquoi, je mis un certain à répondre. A vrai dire, j'attendais déjà qu'il ait enlever la fermeture et que je sois loin de lui. Même s'il n'avait rien tenté ce faisant, sûrement parce que les menaces que je lui avais faites étaient proches temporellement, je n'étais pas assez folle pour l'énerver alors que j'étais à sa merci. Je l'avais juste provoqué avant de rentrer dans la cabine, parlant une nouvelle fois de sa xbox. J'étais incorrigible, je l'aimais énervé seulement. Alors que je passais la robe la robe beige dans la cabine, qui en toute modestie m'allait plus que bien, je me sentais en sécurité avec le rideau, j'étais sûre qu'il n'allait pas tenter une deuxième percée. Je pus ainsi laisser cours à langue de vipère. « Ne parles pas de suicide social, sérieusement. Qui est le bouseux dans notre belle famille ? Qui fera tâche sur toutes les photos de familles ? Tu n'est qu'un drogué crasseux alors ne parle pas comme si c'était moi qui baissait le niveau. Pas tant que tu n'auras pas la décence de changer de vêtements tous les jours ou d'essayer de te coiffer. Mais au delà de l'apparence, qui ne fait rien de sa vie ? Qui squatte la maison comme un parasite ? Qui passe son temps vautré sur son lit ? Techniquement, tu n'as aucune vie sociale à détruire, alors réfléchis avant de profaner des énormités pareilles ! » . Je m'étais emportée, et j'avais été vache mais je commençais à être lasse de ses airs supérieurs, j'avais le monopole en temps normal. La robe parfaitement ajustée, puis que la fermeture était sur le côté. Je ne savais pas quelle réaction avait provoquée ma tirade, mais j'étais déjà au dessus de ça. J'allais vers lui et arrêtait son geste, pour le traîner en face d'un miroir mural. Nous nous tenions les deux côte à côte, devant ce miroir et pendant un instant, je nous trouvais beaux. Mais ça ne dura pas et je recommençais à persifler. « Bon, et bien finalement, on aura réussi à faire au moins ça. A moins que tu ne veuilles que je demande à la vendeuse de faire une retouche pour que tu ais un petit peu … plus de place. D'ailleurs, c'est hors sujet mais tu ne peux pas m'interdire l'accès de ta chambre, je peux y venir quand je veux, nuit et jour, elle est juste à côté de la mienne après tout. » Profitant de son air de surprise, j'en profitais pour prendre une photo de nous deux avec mon Blackberry que j'avais attrapé au passage. Je devais monter à Caitlin le résultat de nos efforts et obtenir son assertion avant de quitter ce magasin et la charmante compagnie de mon nouveau frère.

Mes paroles prononcées, je les regrettais instantanément. Birdie ne perdit pas une seconde pour m'interroger sur mon orientation sexuelle. Enfin... Elle attendit tout de même un court instant, le temps qu'elle se remette de ce que j'avais faillis avouer. A présent, je ne savais comment réagir. Répondre à ces interrogations bien qu'elles étaient très bizarres : je ne voyais pas pourquoi elle se mit à parler de licornes. Ou était le rapport ? Et puis... Pourquoi cela l'intéressait autant au final ? « Non mais... Laisse tombé ! » déclarais-je exaspéré. « Je ne t'ai jamais vu avec quelqu'un alors que ça fait déjà pas mal de temps que l'on vit ensembles. Trop longtemps à mon gout et ce n'est pas pour autant que je te pose des questions. ». C'était reparti, les critiques fusaient à nouveau. Toutefois, je n'étais pas le seul coupable. Notre haine mutuelle allait un jour nous forcer à nous entretuer mais qu'importe. Au moins nous ne serons plus obligé de vivre les deux. Je m'habituais à la présence de Julianna sans pour autant parvenir à l'apprécier. C'était comme une obligation. Nous sommes obligés de sortir les poubelles... Et bien moi je suis en plus, obligé de supporter les sautes d'humeurs insensés et constantes de la jeune femme. A mon grand désespoir.

Arriva le moment tant attendu par Julianna. Le moment ou elle m'en fou plein la gueule sans jamais reprendre sa respiration. Elle y prenait un plaisir fou si bien qu'elle devenait comparable à Rachel Berry dans Glee en train de chanter son énième solo. Je l'écoutais. Elle y allait un peu fort et je me demandais pourquoi à cet instant j'étais encore à ses cotés. Pourquoi ne m'étais-je pas barré, sachant que j'avais enfin trouver la chemise que j'allais porter à ce mariage de paysans déguisés en personnes de la "haute". C'était vraiment pathétique. Et pour tout dire, ça ne m'étonnais pas de ma mère. Cette chère Caitlin pour qui ... Je me rendis compte très rapidement que je ne savais pas quoi penser finalement. C'était à la fois bizarre et presque gênant. Je ne connaissais pas ma mère. Du moins, je ne trouvais pas les mots pour la qualifier. Disons que c'est mon manque certain de vocabulaire qui est en cause, et non le reste. « Ma vie sociale ? Je n'en ai pas ? Mais qui es tu pour te permettre de parler de moi ainsi ? Tu ne me connais pas Birdie ! et si par hasard, je n'ai plus de vie sociale, c'est entièrement ta faute. La demie soeur psychopathe avec laquelle les objets disparaissent mystérieusement ne plait pas beaucoup aux gens. Vas savoir pourquoi... » Ju enfila la robe beige et sortit de la cabine. Je ne fis aucun commentaire. A quoi bon ? Elle avait foutu mon petit niveau de joie de vivre quotidienne. Elle m'avait vraiment cassé. Comme si une matinée à livrer des pizzas à Liverpool n'avait pas suffis, elle ne se le fermait pas. Et le pire dans l'histoire, c'est que je n'arrivais pas à la faire se taire.

Elle vint vers moi, face au grand mural, je devais avouer que nos vêtements étaient bien assortis et que nous étions plutôt pas mal. Pourtant, il fallu qu'encore une fois, elle lâche une bombe. Pardon ? J'avais peur de mal comprendre ce qu'elle me disait. Elle pouvait entrer dans ma chambre quand bon lui semblait parce que nos chambres étaient côte à côte ? Je me laissais le temps de digérer toutes ces conneries et répliqua enfin.« Non c'est bon. On peut partir, dès maintenant. » Je restais encore planté là quelques fraction de secondes avant de faire part de quelque chose à mon tour. « En effet, nos chambres sont côtes à côtes, mais ce n'est pas pour autant que moi je viens dans la tienne. Je n'ai rien à y faire, alors fais de même okay ? et puis, la chambre de nos parents n'est pas loin non plus, ce n'est pas pour autant que tu viens la squatter. Alors enlève toi bien l'idée de venir dans la mienne. » J'étais direct sans être méchant. J'avais assez donné pour aujourd'hui. enfin, j'allais me changer. Enlevant la chemise pour remettre mon t-shirt et ma veste. J'étais déjà prêt à partir tandis que Julianna devait encore se changer. J'en profitais pour sortir de l'argent de la poche de mon jean, je prévoyais la réparation de la coupe de champagne. « Du coup, on fait comment ? On part comme ça ? Ou faut qu'on ramène les fringues avec nous ? » Pour la première fois de la journée, Julianna me sera utile et avec un peu de chance répondra avec clarté à ma question.

Pourquoi avais l'impression de jouer dans une mauvaise série B ? Mais si vous savez, les séries américaines qui sont des combles d'inepties, mélangeant vaudeville et aliens. Le truc, c'est que là dedans, les répliques sont surfaites et ne s'enchaînent pas vraiment. Et bien, je me sentais en pleins dedans. Je ne sais pas si c'était parce que Cassidy avait une tête d'aliens mais c'était vraiment une sensation étrange. Pourtant, nos répliques n'étaient pas sans consistances, mais je sais pas, il y avait quelque chose qui clochait, comme si elle était hors contextes. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Non, pas tant que ça, en fait, je pense que le champagne, ajouté à notre clash interminable en demie teinte m'embrouillait les idées. Mais je devais rester maître de moi même, sinon, ça serait baisser la garde, et ça serait une fois de trop. Je me concentrais donc sur les paroles de Cassidy, aussi douloureux que cela puisse s'avérer. Malheureusement, un semblant d'intelligence qui avait subsisté dans son cerveau aliéné, avait dû lui souffler qu'il était aller trop loin dans la confidence, car il cessa de faire des allusions à sa sexualité et essaya lamentablement de détourner le sujet en m'attaquant une nouvelle fois. « Je ne t'ai jamais vu avec quelqu'un alors que ça fait déjà pas mal de temps que l'on vit ensembles. Trop longtemps à mon gout et ce n'est pas pour autant que je te pose des questions. » Certains auraient pu trouver ça insultant, moi pas tellement. Parce que comme d'accoutumée, ce déshonneur d'Irlandais, n'y était pas du tout. Il se plaignait qu'on avait passé trop de temps ensemble, mais visiblement, cela ne lui avait pas suffit à me percer à jour. Bon comme je l'avais déjà dit, il était stupide, donc peu perspicace, mais c'était tout même gênant qu'il étale ses conclusions foireuses comme ça. Évidemment, qu'il n'allait pas me voir avec quelqu'un, moi qui passait mon temps à faire fuir un maximum de gens qui avaient eu l'audace de m'approcher. J'étais paranoïaque, je n'avais pas envie de m'attacher, je ne voulais laisser personne entrer dans ma vie. C'était un choix personnel, mais je n'avais aucune envie de le revendiquer devant lui, ça serait avouer ma plus grande faiblesse à mon grand ennemi du moment. « Je te signale, que c'est toi qui a posé les questions, et ouvert le sujet par la même occasion. » J'avais parlé d'un voix égale, sans chercher la provocation, je voulais juste le dernier mot.

J'étais ensuite partie mettre ma robe dans la cabine, subissant encore une réplique cinglante tandis que je m'habillais. Le fait d'être cachée à ses yeux, fut une petite bénédiction pour moi, je pus accuser le coup tranquillement, quand il fit une allusion sans subtilité à la kleptomanie. Bon j'étais pratiquement certaine qu'il ne connaissait pas un mot si compliqué, mais voilà, il avait du remarquer la disparition de certaines choses. Je devais la jouer fine sur le coup. Parce que moi, je n'avais pas de problème avec ma kleptomanie mais il y avait fort à parier que mon entourage en aurait. Et ça serait mauvais pour moi, à tous les coups. « Blâmes moi pour tous tes problèmes si ça t'amuse, ce n'est pas ça qui va m'empêcher de dormir. Si tu vis mieux en te disant que c'est à cause de moi que tu es seul, soit. D'ailleurs, pour l'information, ça ne me dérange pas d'être seule, contrairement à toi, je m'aime. » La suite se passa rapidement, je crois que nous étions tous les deux pressés de partir. J'aimais le torturer, mais là, les choses prenaient un tour trop... intense. Donc une fois, que Caitlin me répondit que nos tenues étaient parfaites mais que j'aurais pu ôter ce rictus de la bouche de son fils, je me dépêchais de me rhabiller sans toutefois laisser les choses en suspens. « Oh très beau, très viril le discours sur nos territoires respectifs. J'essayerai de m'en rappeler la prochaine fois que j'aurais envie de jouer à la xbox » Je lui fis un petit sourire, que je voulais bien sûr horripilant, renfilant ma veste de velours.

J'entrepris de remettre un peu d'ordre dans le salon d'essayage, non pas que j'avais envie de finir bonne à tout faire d'un bon à rien, mais j'avais un peu de respect pour la femme qui tenait ce magasin. Pendant ce temps, l'abruti me pressa de question, tout en sortant des pièces de son porte feuille. Oh la, la, la, il pensait toujours qu'il avait les moyens de rembourser une coupe comme celle qu'il avait cassée... et pire, qu'il devait la rembourser. Je sais que j'aurais du lui dire, mais je voulais vraiment qu'il est l'air ridicule en essayant de rembourser la propriétaire des lieux. J'eus un nouveau sourire et entrepris de lui répondre. « Je ne sais pas. Je ne sais pas. Et je ne sais pas. » Puis, sans plus de cérémonie, je le plantais sur place. La vérité est que je connaissais très bien la démarche à suivre, mais comme je l'avais dit, je voulais qu'il soit mal à l'aise. Je retrouvais la patronne, pas loin de l'entrée de la pièce, et je lui dis, paisiblement. « Mon frère et moi, avons fait nos choix. Je vous ai mis les vêtements en question un peu à l'écart, je pense que nos parents viendront les chercher et régleront par la même occasion. Je tiens à vous remercier, les ensembles étaient vraiment bien choisis et très beaux » On se sépara dans un sourire, et je partis en direction de la sortie. Avant de partir définitivement, je me retournais, comme si je venais de me rappeler de quelque chose d'important. « Oh a propos, mon frère vous attend dans le salon d'essayage, il souhaite vous demander quelque chose, je crois. » Puis, je partis enfin de ce magasin, avec le sentiment de devoir accompli. Je n'avais pas dit à tout à l'heure à mon cher grand frère, mais bon, j'étais sûre qu'il ne m'en tiendrais pas rigueur. Pensant avec délectation à son humiliation en cours, je partis en direction de la maison, plus joyeuse que jamais.