Lightning Strokes
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 It's such a funny thing, how nothing's funny with you.

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June E. Callaghan

June E. Callaghan

♠ AGE : 34
♠ COPYRIGHT : Shiya & lilalilalou
♠ MUSIC : Set The Fire To The Third Bar - Snow Patrol
♠ STATUT SOCIAL : En couple avec Ian
♠ EMPLOI/LOISIRS : Stagiaire au journal


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MessageSujet: It's such a funny thing, how nothing's funny with you. It's such a funny thing, how nothing's funny with you. Icon_minitimeSam 4 Aoû - 10:55



Les bras et les jambes croisées, June Callaghan tapait nerveusement du pied en attendant celui à qui elle avait donné rendez vous par sms, un peu plus tôt dans la journée. Elle était installée à la terrasse du seul et unique Starbuck de Thunder Bay, face à un grand café noir, auquel elle n'avait pas encore goûté. Le choix de l'extérieur n'en était pas un, les températures canadiennes n'incitaient guère à se prélasser dehors. Mais elle avait besoin de fumer, donc elle n'avait pas vraiment le choix. A présent, l'objet de son addiction était en train de se consumer entre ses doigts sans qu'elle n'y prête trop d'attention. Expirer le fumée grisâtre ne lui avait procuré aucun soulagement. Elle était tourmentée, au point de ne plus pouvoir savourer ses deux drogues préférés, caféine et nicotine. Deux ans et trois mois.. Cela faisait deux ans et trois mois que Shiobàn, la sœur de June, avait quitté Thunder Bay, sans donner un seul signe de vie à ses proches. Au début, ces derniers ne s'étaient inquiétés que relativement. Il imaginait qu'elle avait besoin de temps pour calmer la colère que la nouvelle de son adoption avait soulevée en elle. Mais un Noël était passé, puis un autre et la situation était devenue préoccupante. Ceux qui connaissaient l'étudiante en médecine savait qu'elle était d'une obstination rare, qu'elle était tout à fait capable de tirer un trait définitivement sur son ancienne vie, quitte à peiner tout le monde. Cependant, avoir conscience de cela n'était pas suffisant pour ses parents et sa sœur, qui aurait au moins voulu savoir si elle était en bonne santé. Malheureusement, jusqu'à maintenant leurs recherches et leurs efforts pour rétablir le contact avaient été vains, ce qui amenait June à ce moment.

Ces derniers temps, elle avait été a l'affût de la moindre piste pour retrouver sa sœur. Au point de se plonger dans les annuaires de lycée de cette dernière, et les albums photos de ses années étudiantes à la fac de médecine. Au cours de ces années, elle avait forcément noués des liens forts avec quelques personnes... Patiemment, la rousse avait retrouvé les amis les plus proche de Shiobàn, leur avait téléphoné (dieu merci, tout le monde se connaissait dans la ville), et les avait rencontrés. Sans résultats, jusqu'à maintenant. Toutefois, elle avait gardé une personne en particulier pour la fin, repoussant consciencieusement le moment où elle devrait la contacter . Andrew Seamore. D'une part parce qu'elle n'avait jamais réussi à savoir quels liens unissaient exactement Andrew et Shiobàn -malgré les nombreuses photos des deux jeunes gens présentes dans les affaires de sa sœur- et d'une autre parce qu'elle était totalement terrifiée à l'idée de revoir l'anglais après toutes ces années. La raison de cet effroi était tout aussi banale que gênante... Plus jeune, June avait eu le béguin pour Andrew, alors plus âgé qu'elle. Il s'en était rendu compte et à partir de ce moment là, chacune de leur entrevue était devenue pénible, [i]awkward[i]. Surtout que l'anglais ne se privait pas de taquiner, de la traiter avec condescendance et parfois même de se moquer ouvertement de June... Une ombre obscurcit brièvement l'horizon de l'ancienne journaliste et quand elle releva les yeux, son dernier espoir de retrouver Shiv', était assis en face d'elle.

« Je te remercie d'être venu... même si je t'avais donné rendez vous un peu plus tôt. » .

Elle l'avait épinglé sur son retard, avec une contenance qu'elle ne possédait qu'en apparence. Elle savait qu'elle risquait de l'agacer plus qu'autre chose, qu'il n'avait aucun compte à lui rendre et qu'il ne serait certainement pas gêné de son retard mais ses paroles étaient sorties spontanément de sa bouche. Elle n'avait qu'une peur, retrouver la petite fille bégayante qu'elle avait pu être en sa présence...

« Enfin, il y a plus important... tu as quelques minutes à m'accorder ? Tu veux boire quelque chose, peut être ?

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E. Andrew Seamore

E. Andrew Seamore

♠ AGE : 38
♠ COPYRIGHT : Law S/Noir Strider.
♠ STATUT SOCIAL : Célibataire.
♠ EMPLOI/LOISIRS : Étudiant en médecine, 9ème année.


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MessageSujet: Re: It's such a funny thing, how nothing's funny with you. It's such a funny thing, how nothing's funny with you. Icon_minitimeDim 5 Aoû - 3:22

Why try anything ?
I will get there, just remember I know

Lorsque le portable d'Andrew Seamore vibra, il s'interrogea de ce numéro inconnu et le nom avait retenu son attention, comme épluchant consciencieusement chacun de ses souvenirs. Lorsque le rendez-vous fut fixé et le souvenir revenu, il s'était brutalement souvenu de l'endroit où il avait bien rangé tout un tas de souvenirs avec des filles toujours trop blondes, trop rousses, trop jeunes, trop, trop proches pour êtres oubliées. June Callaghan. Ça l'avait turlupiné le long d'une nuit de garde et il n'y avait, de June Callaghan, que le souvenir d'une enfant trop vieille pour l'être, d'une gamine trop jeune pour lui. Elle trimballait à elle seule les clichés irlandais sans y avoir jamais vraiment vécu — tout comme lui résistait à l'envie de mettre un monocle pour compléter sa panoplie. June Callaghan c'était une rousse à qui il aurait aimé coller le cliché de la fille qui rougit et s'enfuit dès qu'il lâchait un « Bonjour », à qui il avait toujours un peu déformé la réalité juste pour l'enquiquiner. Mais ce n'était pas ce qu'il avait le plus retenu de la famille Callaghan. Ce n'était pas ce qui l'avait plus retenu. Il savait ce que June voulait. Il l'espérait, et il le redoutait. C'était un sentiment un peu étrange, de ceux qui, sans retourner, se réinvite de temps à autre au détour de quelques pensées et se préoccupent à mener votre esprit au large — jusqu'à ce moment tragique où vous manquez de vous prendre les pieds dans la perfusion d'un insupportable vieillard qui traîne dans le coin. C'était un sentiment qu'il détestait. Retourner sur ses pas n'était définitivement pas ce qu'il faisait de mieux.

Dix heures. Dix heures et c'était ce qu'elle avait dit, tout à trac, l'air de rien, paraît-il des idées derrière la tête. Dix heures et c'était ce dont ils avaient convenus, ce à quoi il avait accepté de se plier, ce « truc important à lui demander ». Dix heures. Dix heures et il venait à peine de se réveiller. Quittant péniblement le sommeil qu'il n'avait embrassé que deux heures auparavant, il s'était glissé dans ses vêtements et avait consciencieusement pris des chaussettes parfaitement dépareillées alors que le chat prenait un malin plaisir à miauler de façon minutieusement régulière et parfaitement agaçante. Un café. Il avait besoin d'un foutu café, ou d'un thé, ou du moindre truc qui pourrait le faire oublier à quel point il préférait retourner dormir jusqu'à des heures improbables en plein jour de repos que de devoir s'entretenir un peu trop loin à pied de chez lui avec une femme qu'il n'avait pas revu depuis trop longtemps sur des choses dont il ne voulait parler que trop peu. Résolument, il marchait vers sa mort cérébrale. Il n'avait aucune envie de fuir un peu plus. Il voulait en terminer. Purement, simplement, en terminer.

Lorsqu'Andrew arriva au Starbucks Coffee, encore à moitié ensommeillé et pris d'une claire carence en caféine, elle était déjà là, les cheveux roux sur les épaules et la cigarette aux lèvres. Lorsque, au fruit de luttes acharnées contre les narcolepsies latentes qui le guettaient à chaque passage piéton, il s'était péniblement glissé en face d'elle, elle avait l'air d'avoir brutalement grandi, comme si elle s'était simplement transformée du jour au lendemain. Lorsqu'Andrew la fixa silencieusement, il ne put retenir le goût amer du temps qui passe. Nous y voilà. Il ne s'était pas défilé. Étonnamment, il ne s'était pas enfui, il n'avait pas menti. Il aurait pu, pourtant. Supprimer le message. Faire comme si de rien n'était, comme si ce n'était qu'un numéro laissé à l'abandon, comme s'il ne restait rien de lui dans la vie des Callaghan. Étonnamment, il n'avait pas le sentiment qu'il aurait dû.
    — Je te remercie d'être venu... Même si je t'avais donné rendez vous un peu plus tôt.
Ça lui avait décroché un sourire, un peu moqueur, un peu sincère, et, tirant une cigarette de son paquet, ses sourcils se haussèrent d'un air surpris. Ça lui avait décroché un sourire, le premier d'une longue série, un de ceux qu'on n'a que trop de mal à supporter, qu'on sait qu'on ne va pas apprécier. Ça sortait tout seul. Instinctivement. S'il avait pu éviter, il l'aurait fait, mais ça entrait dans ces habitudes, dans ces réflexes, dans ces choses innées et inchangées. S'il avait pu éviter, il aurait fait, parce que ça ne faisait que retarder tout ça.
    — Je te savais pas si ponctuelle, June. J'ai travaillé tout l'aprèm d'hier et toute la nuit, et j'ai à peine dormi ce matin. C'est déjà un miracle que je ne sois pas en train de baver sur le journal, tu vois ?
Le sourire s'effaça sur le champ, presque emporté par la fumée qui s'échappait de ses lèvres et, commandant le premier café serré qui lui passait par la tête, il posa un regard léger sur June. C'était quelque chose à prévoir, il aurait dû y penser plus tôt. C'est évident que June Callaghan viendrait un jour pour ça. Au-delà de toutes ces fois où il s'était gentiment moqué d'elle, au-delà de toutes ces fois où il n'avait pas su la voir autrement que comme un cliché ambulant, que comme un très amical quiproquo. Au-delà de toutes futilités, il aurait dû savoir que June Callaghan reviendrait pour parler d'elle.
    — Ne tournons pas autour du pot, veux-tu ? Je me doute bien que t'as pas trouvé mon numéro pour me demander des médicaments en douce... Ou bien pour me demander un rencard.
Il avait eu l'air presque calme, presque détaché de cette discussion qu'ils allaient avoir, qu'ils devaient avoir. Qu'ils allaient avoir. Qu'ils allaient avoir. Il ne pouvait y couper. Il n'y couperait pas. Les yeux posés dans les siens, il s'était étonné de la presque douceur qui s'était alliée à sa placidité. Il n'allait pourtant pas être là pour la rassurer. Il s'y refusait. Il mentait sur beaucoup — beaucoup trop — de choses, mais il savait faire la part. Il trancherait dans le vif. Elle était là pour ça, non ? Pour l'acidité des mots. Pour la dure vérité. Il ne voyait pas l'intérêt de la laisser aux abois d'autres mensonges. Un peu plus froidement, il reprit.
    — C'est pour ta sœur, n'est-ce pas ?
Pour cette sœur qui est partie, pour cette soeur qui t'a laissée, abandonnée, qui, blessée dans sa fierté, vampirisée dans tout ce en quoi elle croyait, nous a tous laissé tomber. Tous. Inconsciemment, il s'en était voulu. Parce qu'il avait peur de savoir quoi lui répondre — lui aussi était parti, lui aussi avait abandonné une sœur. Et il était parti loin. Et il était parti longtemps. Shioban Callaghan en serait capable. Il le savait. Il le savait parfaitement, Shioban le pourrait. Et si elle revenait ? Et qu'est-elle devenue ? Et où est-elle ? Et que fait-elle ? Et que vas-tu dire, Andrew ? Parce que toi tu n'as jamais pensé à revenir. Parce que toi cette idée te fais vomir.
Ne sois pas stupide.
Les Callaghan valent cent fois les tiens.
Toi y compris.
    — Je n'aurai jamais pensé en reparler, tu sais ? J'ai pensé que tout le monde avait simplement tiré un trait. C'est assez horrible à constater au final. Je m'attendais à être criblé de reproche d'oublier si vite quelqu'un que j'avais si bien connu et au final ils m'ont tous emboîté les pas. C'est fou comme c'est odieux de la part des autres, hein ? Voir ses défauts. Je n'ai pas parlé à ta sœur depuis un peu plus de deux ans. Je n'aurai peut-être pas plus de conversations que tous les autres qui ont zappé en un claquement de doigts, au final. Il resta silencieux un instant. Je lui ai envoyé un sms après avoir appris son départ. Un seul.
    Elle n'a jamais répondu.
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June E. Callaghan

June E. Callaghan

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MessageSujet: Re: It's such a funny thing, how nothing's funny with you. It's such a funny thing, how nothing's funny with you. Icon_minitimeVen 10 Aoû - 22:17



June se donnait des airs assurés, mais il était inutile de préciser encore une fois que ce n'étaient là que des apparences trompeuses. La vérité, c'est qu'elle était totalement déstabilisée. Et pas seulement à cause de son passé avec Andrew... le présent était tout aussi angoissant pour elle. D'ordinaire, elle arrivait assez à deviner ce qu'allait faire les gens, à anticiper leurs réactions. Mais l'anglais était trop insaisissable pour elle. La preuve, elle avait imaginé qu'il ne viendrait pas, et il était là. Il avait beau être silencieux de prime abord, sa présence inattendue, n'en était pas moins stressante. Passée sa surprise de le voir, June avait lancée la conversation, pas vraiment poliment. Pathétique, elle avait déjà eus des réflexes autodéfense alors qu'il n'avait encore rien dit... Cette fois, il n'y eut pas de surprises, la remarque glissa sur lui sans l'atteindre. Un sourire tranquille au lèvres, il alluma une cigarette à son tour, formulant une réponse d'une voix égale mais sans appel.

« Je te savais pas si ponctuelle, June. J'ai travaillé tout l'aprèm d'hier et toute la nuit, et j'ai à peine dormi ce matin. C'est déjà un miracle que je ne sois pas en train de baver sur le journal, tu vois ? » . Évidemment, il avait une bonne excuse. En d'autres temps, June se serait sentie coupable de le déranger alors qu'il était fatigué, mais ce n'était définitivement pas le cas aujourd'hui. Elle voulait des réponses à ses questions, et elle les aurait. Sa détermination à retrouver Shiv' était une des seules choses dont elle ne doutait pas. « Je suis ponctuelle, quand la situation l'exige... Néanmoins, je te remercie de t'être déplacé. J'ai conscience de ne pas t'avoir tellement laissé le choix... » « Ne tournons pas autour du pot, veux-tu ? Je me doute bien que t'as pas trouvé mon numéro pour me demander des médicaments en douce... Ou bien pour me demander un rencard. » A son tour, elle esquissa un sourire plus ou moins ironique. Elle avait essayée de faire preuve de politesse malgré tout. Cependant, puisqu'il appelait ça "tourner autour du pot " , elle décida de cesser la mascarade. Car elle brûlait de commencer à poser ses questions, elle brûlait d'enfin toucher au but qu'elle s'était fixée. « En tout cas, tu as raison, je ne suis pas là pour débuter une carrière d'accro aux psychotropes, ni pour me délecter de la charmante compagnie que tu offres. Donc oui, parlons franchement. » .

Elle ne baissa pas les yeux, hochant la tête quand il demanda si c'était à propos de sa sœur qu'elle avait souhaité le rencontrer. Quoi d'autre ? Comme il l'avait sous entendu, ils n'avaient rien à faire ensemble, une seule personne les reliaient encore l'un à l'autre, le sentiments naïfs que June avaient éprouvés pour lui, s'étant éteints grâce au voile salvateur du temps qui avait passé...

« Je n'aurai jamais pensé en reparler, tu sais ? J'ai pensé que tout le monde avait simplement tiré un trait. C'est assez horrible à constater au final. Je m'attendais à être criblé de reproche d'oublier si vite quelqu'un que j'avais si bien connu et au final ils m'ont tous emboîté les pas. C'est fou comme c'est odieux de la part des autres, hein ? Voir ses défauts. Je n'ai pas parlé à ta sœur depuis un peu plus de deux ans. Je n'aurai peut-être pas plus de conversations que tous les autres qui ont zappé en un claquement de doigts, au final.... Je lui ai envoyé un sms après avoir appris son départ. Un seul. Elle n'a jamais répondu. » .

Ce n'était pas les mots qu'elle voulait entendre. Elle n'avait pas besoin qu'on lui rappelle comment la vie avait continué tranquillement alors que Shiobàn était partie. Elle n'avait pas besoin de se rappeler qu'elle avait attendu deux ans et demi pour lancer des recherches sérieuses. Et surtout, elle ne pouvait pas accepter que son dernier et plus grand espoir s'avère stérile. Elle réfléchit quelques instants, essayant de repousser le chagrin qui menaçait de la submerger. Elle l'avait longtemps refoulé, et quand elle arrêterait de se débattre, il y avait de fortes chances pour que celui-ci soit dévastateur. Elle tira nerveusement les dernières bouffées de sa cigarette, qui s'était consumée trop vite à son goût, avant de répondre d'une voix dure.

« Je ne te crois pas. » .

Elle jeta le bâton de nicotine par terre et l'écrasa rageusement du bout de son escarpin. Toisant son vis à vis, elle se rendit compte qu'elle allait devoir en dire un peu plus pour le faire parler. Pas grave, elle avait des arguments. Elle n'était pas dans le déni, non, elle savait qu'il y avait plus, qu'il ne disait pas tout.

« Non, je ne te crois pas. Pourtant, ton petit speech est presque convaincant, Andrew. Sauf que toi et moi, on sait très bien que tu étais plus proche d'elle que tous les autres. Je suis allée voir toute votre promo, et tu as raison, beaucoup se souvenaient à peine de Shiobàn Callaghan. Mais les autres, et bien, c'est étrange, ils m'ont tous dirigée vers toi. C'est comme ça que j'ai eu ton numéro d'ailleurs. Je sais que l'idée de reparler du passé n'enchante personne. Mais j'ai besoin de retrouver ma sœur, de savoir qu'elle va bien. Je ne sais pas ce que vous étiez l'un pour l'autre mais je sais que ça comptait pour elle. Si ça se trouve, elle est même venue te dire en revoir avant de partir. Si ça se trouve, tu sais où elle est partie depuis le début... Et c'est normal que tu sois de son côté, que tu ne veuilles pas lui mettre sa petite sœur aux trousses. Après tout, rire à mes dépens, c'était votre truc. Mais maintenant, je ne joue plus. Je veux la vérité. » .

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E. Andrew Seamore

E. Andrew Seamore

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MessageSujet: Re: It's such a funny thing, how nothing's funny with you. It's such a funny thing, how nothing's funny with you. Icon_minitimeDim 12 Aoû - 23:56

Not that I didn't care, it's that I didn't know

Elle n'y croit pas une seule seconde et son regard entier la trahit. Elle n'y croit pas une seule seconde et c'est précisément pour ça qu'elle ne bouge pas assez, que son esprit s'agite beaucoup trop, que son regard semble s'affaisser sous le poids trop invisible de tout un manque, de tout un vide, de toute une sœur translucide, évanouie, peut-être épanouie, d'une femme qui a tout simplement disparu. Elle a simplement disparu. Shiobàn Callaghan était à peine devenue mirage qu'elle fuyait déjà des pensées des gens. Personne ne daignait se souvenir d'elle. C'était sans intérêt, c'était fade, rien que le fait de l'évoquer semblait se fondre maussadement dans un fatras de discussions de tasse de café. Shiobàn Callaghan ne comptait déjà plus qu'on avait détourné les yeux, qu'on avait haussé les épaules, qu'on ne s'en souciait pas, n'en parlait pas, n'y pensait pas. C'était sans intérêt. Jusqu'à ce jour, jusqu'à là, maintenant, tout de suite, jusqu'à cet instant, c'était sans intérêt. Parce que derrière Shiobàn on oubliait encore le numéro deux, on ne connaissait pas vraiment la suite, on ne savait pas vraiment ce qui arrivait derrière. June Callaghan avait semblé subitement renaître d'un chagrin menti et elle avait cherché, elle avait fouillé et farfouillé, pisté, enquêté, et elle n'avait pas voulu abandonner. Tous les chemins mènent à Rome et tous les regards se tournent vers lui. Lui. Lui qu'on désigne d'un coup de menton, lui dont on ne daigne même pas lâcher le nom. C'est comme un dernier recours, comme la seule issue, comme un « tout au tout » qu'on avait osé tenté et qu'on était tenté de regretter. Lui, Andrew Seamore, qui se veut à la fois ignoré et ignorant, qui se veut oublié et à oublier. C'était lui, ce n'était rien de plus que le « dernier moyen ».

Elle n'y croit pas une seconde et son regard est dur, et son regard est droit, droit dans ses yeux et Andrew s'était contenté d'hausser les sourcils. Elle n'y croit pas une seconde et il le sait. Elle n'y croit pas une seconde et elle a raison. L'accusation file sur sa peau comme tout le reste et il se contente de porter la cigarette à ses lèvres, au final à peine étonné, au final à peine en train de lutter. L'accusation lui passe par-dessus la tête et il soutient son regard, ferme, franc, et il cille à peine, et il se révèle un peu, un peu moins agaçant, un peu plus sérieusement. L'accusation passe par une oreille et ressort par l'autre et ça venait de ses lèvres avec un goût de vérité qu'il ne connaissait plus, et ça sortirait de sa bouche comme avec l'impression qu'on entrait dans ses pensées comme dans un moulin. La cigarette avait oscillé au bout de ses doigts et l'ironie lui avait décroché un rire acide, et l'inconscience lui avait arraché un rictus amer. Elle ne savait pas à quel point c'était pire, à quel point c'était plus profond. Elle ne savait pas de quoi elle parlait et sans le savoir elle réclamait un peu plus de réponse qu'elle ne croyait, un peu plus qu'il ne voulait lui en donner. Il avait failli se braquer, pour changer, il avait failli se refermer, dérangé par une intuition exacerbée, pincé par un instinct de survie déplacé. Il avait regretté son courage qui sonnait faux, il avait regretté son entêtement stupide, son ignorance incessante. Il s'était jeté à bras ouverts dans ce qu'il haïssait le plus. Il aurait dû s'en douter, que ça ne lui suffirait pas. Il aurait dû savoir, qu'elle ne s'en tiendrait pas qu'à ça. Qu'elle ne le croirait pas. Ça avait été stupide. Stupide ! Stupide de perdre patience maintenant. Il fallait relativiser, il l'avait cherché. Il était fatigué des gens, fatigué du travail, fatigué de tout un tas de choses dissimulées. Il allait s'en débarrasser sans rien avoir à faire en retour, après tout, n'est-ce pas ? Il aurait la paix. Juste la paix.
    — Rire à mes dépens, c'était votre truc. Mais maintenant, je ne joue plus. Je veux la vérité.
La vérité. C'était un terme qui l'avait rebuté, c'était un mot qui l'avait intrigué, et son sourcil droit s'était haussé dans un intérêt désabusé. La vérité était ce qui se faisait de moins bien chez lui — que de la camelote, au fond, que du vrai qui sonnait faux, que de la futilité enrobée de jolies phrases. Elle lui demandait la vérité et c'était peut-être la demande la plus audacieuse qu'on lui ai jamais faite, les yeux dans les yeux et la voix dans le lointain. Elle lui demandait la vérité et c'était de loin la question la plus repoussante qu'on lui ait jamais posé. Mentir pour se tirer d'affaire était sa spécialité et elle, elle osait le faire faillir à sa tâche de menteur en série, de salopard infini. Elle lui demandait la vérité et ça lui avait semblé comme une évidence, à la fin, comme une résignation déclenchée par un mécanisme de défense automatique, elle lui avait demandé la vérité et ça l'avait à peine fait tressaillir. La vérité, il ne la lâchait qu'une fois acculé, qu'une fois effondré au pied du mur, il fallait la lui arracher du fond de la gorge, du bout de la langue, le cueillir sur ses imprudences, et il s'apprêtait à la lui livrer sur un plateau d'argent simplement parce qu'elle avait demandé, seulement parce qu'il en avait assez. La vie faisait mal les choses et la vérité n'avait pas béni son berceau. Elle lui avait demandé la vérité et il n'avait pas reculé. Elle voulait la vérité. Soit. Et la lucidité fut.
    — C'est donc ça ? La petite June dont on se moque. Tu es la petite fille à qui on cache les yeux, à qui on bouche les oreilles à la moindre tempête. Tu es l'enfant perdue et abandonnée et je suis l'étranger. Je suis toujours l'étranger, d'ailleurs, je crois que c'est une de mes spécialités. C'est un rôle sympa, la plupart du temps je ne fais que meubler le récit, la transition entre deux passages super importants dans la vie de quelqu'un, je suis rien que l'aspect humain de la période de creux. On ne me voit pas, n'entend pas vraiment parler de moi. Après il y a toi. Tu te pointes, tu cherches une personne que n'importe qui aurait pu voir, avec qui n'importe qui aurait pu parler. Tu te ramènes et étrangement pour une fois ça tombe sur moi et je vais devoir faire un peu plus que devoir soulager des consciences et quelques autres trucs. Mais mieux encore je jongle entre mon statut de meuble, d'étranger, et de grand méchant loup.
Sa voix s'était faite douce et pourtant pleine de toute l'ironie de la situation, de lui comme meneur du jeu, de lui avec les cartes en main. Comme l'analyse cynique d'un conte moderne, il l'avait fixée doucement et, portant la cigarette à ses lèvres, il parut réfléchir un instant. Il ne voulait pas la faire languir, il se refusait à perdre son temps, et pourtant ça sortait tout seul, sans même chercher à repousser l'instant où il devrait parler sincèrement, sans au fond vraiment vouloir éviter la confrontation, vouloir fuir la situation.
    — Ça a toujours été une particularité de ta sœur, tu vois ? De toute ma vie, j'ai jamais su sur quel pied danser ; mais avec elle c'était comme si en plus elle cherchait à carrément me faire tomber. Ta sœur était mesquine et moi j'étais mauvais. Elle m'agaçait et je lui rendais bien, mais on ne se détestait pas. C'était juste drôle. Il lui lança un regard léger, la fumée entre les lèvres. Et puis il y avait cette stupide course contre la montre, toi contre elle, je ne sais pas, ça m'avait semblé absurde et pourtant elle avait l'air de vouloir désespérément recevoir des compliments, tout le temps, n'importe quand. Je lui ai dit que je trouvais ça idiot et que j'étais certain que ça n'avait d'importance que pour elle mais elle a tellement pris la mouche qu'elle a boudé et que j'ai fini par lâcher l'affaire. Ta sœur était avec moi une espèce de petite fille butée et bornée et, ironiquement, c'était moi qui la ramassait à la petite cuillère.
Il avait marqué une pause, un peu trop longue, un peu trop vague, et il s'était brutalement senti à des kilomètres en arrière, comme revenu au début de l'histoire, comme renvoyé à la case départ. Il avait parlé et ça lui avait donné l'impression de rebrousser chemin, au fond, ça lui avait juste donné le sentiment de revenir sur ses pas — quelque chose qu'il ne faisait pas, jamais, quelque chose qu'il avait juré de ne jamais faire. Il n'aimait pas se souvenir, il n'aimait pas repenser, ressasser. Il n'aimait pas revoir Shiobàn Callaghan, il n'aimait pas se revoir avec Shiobàn Callaghan. Il n'aimait pas se souvenir qu'elle lui avait parlé, qu'elle était peut-être la seule à qui il avait réellement répondu. Ironiquement il avait l'impression d'être la seule à la connaître et que le vice-versa marchait tout aussi bien, lui que personne ne connaissait, lui à qui plus personne n'essayait de faire attention. Il n'aimait pas se sentir reculer, jamais. Il n'aimait pas se sentir régresser. Se lier avec Shiobàn Callaghan avait été le pire foutu bond en arrière de sa vie.
    — Elle m'a laissé tomber tout autant que toi, au final. Elle ne m'a pas plus fait d'adieux qu'à toi ou qu'aux autres ; je n'ai même pas la moindre idée de pourquoi elle est partie. J'ai juste laissé tomber l'idée de la chercher, je n'ai juste jamais cherché à la ramener. Je. ne. sais. pas. où elle est. Est-ce que tu crois vraiment que je la protègerai pour la simple satisfaction de te voir patauger gaiement dans ton manque d'affection sororale ? C'est presque ridicule. J'ai lâché l'affaire « Shiobàn Callaghan » dès que j'ai assimilé le fait qu'elle était partie trop longtemps pour que ça ne soit qu'une petite crise passagère. Je n'ai ni ta détermination, ni ta compréhensible envie de la revoir. Tu veux la vérité ? La voilà. Ta sœur est partie du jour au lendemain parce qu'elle préférait tout lâcher d'un coup que de s'épuiser à combattre un à un tous ses petits problèmes intérieurs. Il s'était penché de nouveau vers elle, un peu plus vif, un peu plus sanguin, et, le regard acerbe planté dans le sien, il n'avait achevé son flot de paroles que sur cette sentence sans appel, que sur cette issue malheureuse. Ta sœur est partie, June, et la vérité, c'est que ça me surprendrait qu'elle revienne.
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