"Espèce de blobfish apathique, j'espère que Ian va t'étouffer dans ton sommeil." Comme on pouvait le constater, j'avais encore la rage contre June. Et même si elle n'était pas là, ça ne m'empêchait pas de l'insulter à n'importe quelle heure de la journée, ou de la nuit. En l'occurrence, il était bien tard ce soir là. Environ 2h du matin mais je n'arrivais pas à dormir. J'avais si mal au ventre. Probablement à cause de l'autre moi qui voulait à tout prix repointer le bout de son nez. Ce soir, je n'étais pas d'humeur à combattre. Je n'avais qu'une envie de dormir alors au bout de quelques minutes, je stoppais toute résistance. Les crampes à l'estomac s'accentuaient et au bout d'un moment plus rien. Sacha n°2 était face à moi. Me regardant avec méprit. "Ne t'avises pas d'ouvrir la bouche ! J'vais me coucher... J'te laisse le canapé pour cette nuit."

Depuis la scène au boulot de Sacha, j'avais réussis à sortir une fois. Une seule. L'idiot se faisait de plus en plus insensible à la douleur que je lui procurais. Visiblement il ne voulait vraiment pas que j'essaye à nouveau de m'immiscer dans sa vie. Ce qui pouvait être compréhensible finalement. Néanmoins, je n'en avais pas finis avec sa vie sociale et je comptais bien sur cette liberté pour me rattraper. Mes derniers instants de liberté je les avais passé à envoyer un texto à June.

Citation :

Je sais que ce que j'ai fait est juste impardonnable mais je voulais que tu saches que je suis terriblement désolé et que j'aimerais me racheter. Je me sens très mal vis à vis de toi... et de Ian aussi. enfin bref, j'aimerais pouvoir te revoir un coup ... que je t'explique quelque chose.
Sacha

J'avais tout juste eut le temps d'effacer mes traces que j'étais de nouveau capturé. Je n'avais même pas eut le temps de voir la réponse éventuelle de la jeune fille mais qu'importe. J'allais rattraper le coup et tout lui avouer.
Prêt à sortir, je regardais enfin l'heure qu'il était. Oh... Ce n'était vraiment pas le moment d'aller déranger quiconque finalement. J'allais faire comme Sacha et m'assoupir quelques instants. A 9h du matin, j'étais dehors, prêt à faire mes plus plates excuses à la belle soeur de Sacha même si moi... Je n'y étais pour rien. Je fis un petit détour par le fleuriste avant, utilisant l'argent de Sacha pour payer une des plus belles et plus chères composition florale que le fleuriste pouvait me créer. Et enfin, je pris la route pour Cobalt Crescent. Je n'avais pas pris la voiture de Sacha. Il tenait tellement à son Audi que si je le lui prenais, je n'aurais plus aucune chance de vivre libre à nouveau. Je préférais mettre toutes les chances de mon côté. J'attendis un instant devant l'immeuble de Ian et June. Attendant justement que Ian quitte les lieux. Il serait probablement incapable de comprendre ce qui m'emmenait ici.

Une fois Ian partit je m'avançais près de l'immeuble. Je crois que je n'avais jamais été aussi angoissé de toute ma vie. Je me mordis la lèvre un bon coup et finalement monta les escaliers jusqu'à atteindre le palier de l'appartement n°6. Après trente bonnes secondes, je toquais enfin à la porte. Me demandant comment j'allais me faire accueillir. La situation était probablement irrécupérable mais je me devais de tenter quelque chose. Au journal, June avait eu confiance en moi un instant... Il était temps de regagner cette confiance. La porte s'ouvrit et j'hésitais à me cacher derrière les fleurs que je venais d'acheter mais non, je restais stoïque. Me mordant la lèvre.
" June s'il te plait écoute moi... J'en ai pas pour longtemps et après je t'assure que je ne t’ennuierais plus. "

« Nooooon ! » . June se réveilla en sursaut, haletante. Son cœur battait à toute vitesse, et elle ressentait vraiment la peur. Mais son cerveau embrumé refusait de lui laisser se rappeler d'où venait cette peur. Tout ce qu'elle pouvait dire, c'est que c'était à propos d'un rêve étrange avec Shiloh Fernandez en héros. Impossible de se rappeler plus. En quête de réconfort, elle passa une main sur l'oreiller voisin mais il était vide. Ian était déjà parti vaquer à quelque activités en compagnie de Sacha. Dieu que c'était énervant ! Elle était pratiquement certaine que si ça avait été légal, les McKinley seraient mariés ensemble... Tout à coup de mauvaise humeur, June se leva, sachant qu'elle ne réussirait pas à se rendormir. Il était à peine 8h, elle aurait le temps de faire quelque chose de productif. Malheureusement, elle était dans un de ces jours sans, un de ceux où la plus petite des tâches semblaient interminables. Renonçant à lutter maintenant qu'elle était plus ou moins au chômage, elle se doucha rapidement, enfilant une tenue chaude et confortable, versa des corn flakes dans un bol et alla prendre son petit déjeuner devant la télé. Cette dernière étant déjà allumé sur une chaîne de hockey. Évidemment, Ian n'avait pas eu le temps de lui laisser un mot pour lui dire où il était mais il l'avait trouvé pour consulter les résultats des matchs de la veille. Mollement, elle zappa de chaîne en chaîne, jusqu'à tomber sur un épisode de True Blood. Elle n'avait jamais regardé mais de nombreuses personnes de son entourage pétaient les plombs à propos de cette série en ce moment, redevenant les fangirls qu'elles étaient quand elles étaient adolescentes. Malheureusement, June n'accrocha pas réellement. Une blonde qui était en fait une fée, un bébé maléfique qui décapitait ses poupées, un mec avec un balai dans le cul qui se proclame roi de Louisiane, un autre plutôt canon mais qui avait le cerveau vidé, et encore un autre qui a l'air totalement stupide, avec ou sans bouc... tout ça dans une sombre histoire de vampires et de light fruits. Bref, elle était complètement blasée quand le bruit des clés se fit entendre dans la serrure et que Ian finit par réapparaître. Réapparaître était le mot car en plus, il ne restait pas, il passait juste chercher son tamagoshi. June renonça à savoir pourquoi, restant sagement dans son canapé. Mais alors qu'elle allait repartir dans ses séries télévisées , on toqua la porte. Au bout de trois coup, elle se leva exaspéré. Ian qui avait oublié ses clés à tous les coup. Et c'est bien parce qu'elle pensait que c'était lui qu'elle ne regarda pas dans le judas. Sinon, elle n'aurait jamais ouvert la porte. Parce que là, elle se retrouvait en face de Sacha, tenant des … fleurs ? Avant qu'elle n'ait pu appeler à l'aide, son horrible voix retentit sur le palier. « June s'il te plait écoute moi... J'en ai pas pour longtemps et après je t'assure que je ne t’ennuierais plus. » . Instinctivement, elle lui claqua la porte au nez. Elle s'était juré de ne plus avoir affaire à cet individu, comme le prouvait sa réponse négative à son sms de la veille. D'ailleurs, c'était quoi cette connerie de repentance ? La haine, ça s'envolait pas du jour au lendemain. Au contraire, ça se fortifie de jours en jours, donnant naissance à des idées de vengeance, implantant la rancune, appelant le sang et les larmes... Pas des fleurs et des excuses. Non à tous les coups, il manigançait quelque chose. Mais quoi ? Piquée par une sorte de curiosité, elle entrouvrit la porte à nouveau, non sans avoir mis la chaîne de sécurité avant. En profitant, pour continuer à lui en mettre plein les dents. « Je ne t'accorderai même pas une minute, Sacha. La vérité, c'est que je t'ai assez entendu jusqu'à la fin de ma vie. Et je ne veux même pas connaître ta manigance du jour... » . C'était faux, elle était curieuse de savoir ce qu'il avait pu inventer, mais elle avait l'avantage, elle voulait le garder.

June avait adoré claquer sa porte au nez de Sacha. C'était un geste qui était inscrit dans sa liste de trucs jouissifs à faire, juste derrière '' lui coller un chewing-gum dans les cheveux '' et '' l'enfermer dehors pas -20° en caleçon ''… Mais bon, sa curiosité l'avait trahie et elle s'était vue contrainte de la rouvrir. Il fallait avouer que voir Sacha sur le pas de sa porte avec des fleurs, c'était plutôt inattendu... limite, elle aurait vu le père Noël, ça lui aurait paru plus crédible. Elle n'avait pris aucune substance illicite, était levée depuis plusieurs heures, tout cela était donc réel. Enfin, les apparences du moins, parce qu'il n'était sûrement pas là pour lui faire des excuses désintéressées. L'individu ne savait même pas ce que ça signifiait... Le degré d'incompréhension qu'elle lui attribuait augmenta d'ailleurs, quand elle le vit une lueur d'espoir s'allumer dans son œil. Visiblement, il se méprenait sur les raisons qui avait fait ouvrir la porte à la petite rousse. Soit, elle pouvait au moins le laisser débiter les conneries qu'il avait dû faire écrire par une stagiaire quelconque et soigneusement apprendre avant de venir ici. « Oui, June, je comprends parfaitement mais je suis venu uniquement pour m'excuser. Je sais que mon comportement au bureau est impardonnable mais si tu savais à quel point je m'en veux... Je ne sais vraiment pas ce qu'il m'a prit.» . Elle leva les yeux aux ciel, sachant pertinemment qu'il la voyait. Non seulement, il n'expliquait rien du tout, mais en plus, c'était d'une platitude désarmante. Sacha McKinley la comprenait maintenant ! Non mais puis quoi encore ? Il espérait quand même pas qu'elle y croit ? Leur relation n'était faite que de haine, et jusqu'à maintenant, tous deux avaient été plus qu'OK avec ça. Malgré la certitude qu'elle avait de la réalité des choses, elle se pinça discrètement pour vérifier, bien que c'était lui qui mérité qu'on lui tire la peau. La situation empira ensuite quand il déposa les fleurs sur le paillasson, affirmant qu'elles étaient pour moi et continuant sa tirade. Il n'avait soit disant aucun plan en tête, voulant racheter ses fautes. C'était presque convaincant. Vraiment. Dommage qu'il m'avait dit exactement la même chose quand il m'avait proposé d'écrire un article avec la suite qu'on connaissait. « Voyons Sacha, tu m'as bien fait comprendre à quel point tu me détestais, je pensais qu'on avait enfin laisser tomber les masques. On s'excuse auprès des gens qu'on aime, et je sais que je n'en fais pas parti. » . En plus, il n'était même pas religieux, alors ce trip de racheter ses fautes; c'était vraiment suspect.

Mais aujourd'hui; pour la première fois de sa vie, il montrait un peu de mental et persévérait méchamment. « « Et aussi... J'ai quelque chose à t'avouer... Mais avant, j'ai besoin de savoir si Ian sera bientôt de retour ou non. » . Elle haussa un sourcil bien haut. C'était de plus en plus étrange, vraiment. Si elle n'avait pas su ce qu'elle savait, elle aurait pensé qu'il allait lui déclarer son amour éternel, en s'enfuyant par la fenêtre quand Ian rentrerait. Elle se racla la gorge bruyamment à cette idée, il fallait vraiment qu'elle arrête de regarder la télé... Lentement, elle défit la chaîne de sécurité, tournant le verrou. Elle ne croyait toujours pas à son speech mais il l'avait encore eue à cause de sa curiosité maladive. Un aveu de Sacha, sincère ou pas, ça s'écoutait. Mais alors qu'il faisait un pas en avant, elle lui barra la route pour le mettre en garde. C'était le plus sage à faire avant d'inviter le diable dans sa maison. « Je te préviens McKinley, si tu fais la moindre chose qui me déplaît, si tu prononce un mot plus haut que l'autre, si tu es venu pour encore te foutre de ma gueule ou pour réclamer, je ne sais quelle vengeance, j'appelle les flics. Je jure que je le fais. Et je demande une injonction de mise en distance, ce qui voudra dire que tu ne pourra plus m'approcher. Et dans ce cas, je fera particulièrement attention d'être en permanence collée à Ian, pour ne plus que tu le vois ou que tu l'approche. » . Elle s'écarte ensuite. « Maintenant, entre, Ian s'est absenté suffisamment longtemps. A part si tu me dresse la liste de tous tes torts, là je ne peux rien garantir. » . June referma ensuite la porte derrière Sacha, méprisant les fleurs. Elle les ferait examiner avant de les laisser entrer à leur tour, elles étaient sûrement infestées de cafard ou contenaient un poison dangereux. Puis elle se retourna les bras croisés, l'air revêche. Elle n'allait tout de même pas l'inviter à s'assoir ou lui offrir à boire... « Alors, je t'écoute ! »

Ce soir était probablement la pire nuit de toute ma vie. Je n'avais en temps normal, jamais de problème pour dormir. Je pouvais m'endormir n'importe ou, peut importe s'il y avait du bruit ou pas. Pourtant cette nuit, je fus la victime de mon propre inconscient. Je ne faisais que très rarement des cauchemars. Et les rares fois ou j'en faisais, je me réveillais et me rendormais aussitôt sans pour autant refaire de cauchemars. Cette nuit c'était totalement différent, j'étais comme prisonnier de mon sommeil et mon subconscient n'était vraiment pas sympa. Je me réveillais aux environs des 9h30, en sueur comme jamais je ne l'avais été et surtout, pas prêt de me rendormir avant un bon bout de temps. Cela pouvait sembler anodin mais pourtant, j'avais le sentiment qu'il fallait que j'en parle. Il fallait que je trouve mon frère, que je me lâche.

Au moins, June montrait quelques signes d'attention à ce que je disais. Haussant les sourcils, je comprenais que je l'exaspérais. Pourtant, je n'étais pas prêt de laisser tomber. J'avais eu sa confiance pendant quelques minutes au bureau alors peut-être que ce n'était pas perdu. Mouais... Je pouvais toujours y croire. « Mais non... Je ne te déteste pas, enfin...» Sacha,, lui, oui te déteste mais pas moi. « C'est beaucoup plus compliqué que ça en a l'air et je te promets que je vais tout expliquer... C'est juste que c'est pas facile à dire... » C'était comme si ma tête allait exploser, je voulais dire toute la vérité à June parce que c'était la première qui avait été confronté à nous deux mais je ne savais pas comment Sacha prendrait cet aveu. Probablement très mal. Il se sentirait trahit et surtout se sentirais tout à coup inférieur à June. Ce qu'il ne me pardonnerais jamais. J'étais dans un bien beau merdier mais à présent, je ne pouvais plus reculer. J'en avais trop dis. Certes, ma phrase au multiples sens pouvait être interprété par une bonne centaine de façons différentes. D'ailleurs le "J'ai un truc à t'avouer" faisait vraiment "je vais te déclarer ma flamme" mais l'histoire du frère qui tombe amoureux de la copine de son frangin, je laisse ça à Vampire Diaries.... C'était d'ailleurs probablement le truc le plus malsain qui pouvait existé dans une relation. Et puis l'histoire du double et tout le tralala la rendait encore plus malsain. Et c'est à cet instant, que je me rendis compte que nous avions tout les ingrédients pour faire notre propre série télé. Mis à part les crocs de vampires, on avait les frangins, la copine et le double. Brrr, voilà de quoi donner la chair de poule. Il fallait que j'arrête de penser si je ne voulais pas finir à me poser des questions sur mon existence et si j'étais vraiment réel.

Elle m'ouvrit la porte et m'arrêta brusquement avant que je puisse entrer, me mettant en garde de ce que je risquais si je faisais quelque chose de mal. « Je peux t'assurer que tu n'auras pas besoin d'aller jusque là... Et je le pense. » Elle me laissa enfin entrer et je me dirigeais dans le salon, remarquant que la télé était allumée. « Ah oui... Je suis désolé si je dérange, c'était le seul moment ou je pouvais passer. » ou "je suis libre" plutôt.
Enfin, June avait toute mon attention et à ce moment, j'avais juste envie de me jeter d'un pont tellement je ne savais pas comment m'exprimer et comment, d'un seul coup, je me sentais gêné. Je ne savais même ce que June pensait de gens avec des pouvoirs. Les prenait-elle pour des monstres, des abominations de la nature ou alors s'en fichait-elle et les acceptait-elle ? Trop de questions et pas assez de réponse. C'était le moment de tout balancer. Je soupirais un long moment et fis les cent pas pour me préparer. Après quelques secondes pendant lesquelles June pensa probablement que j'étais taré, je m'arrêtais et m'appuyais contre le mur. Un dernier soupir et je me lançais. « Voilà... En fait, crois le ou non mais ce qu'il s'est passé au bureau, ce changement d'attitude et tout... c'est à cause... » j'étais perdu et je ne savais plus quoi dire. Je n'osais bien évidement, même pas croiser le regard de ma belle soeur. « J'ai un pouvoir... ». C'était dit. Je venais de l'avouer. June était la seule personne au courant pour ce pouvoir. Même si pour le moment elle ne savait pas encore en quoi il consistait... Elle pouvait penser que c'était simplement de la schizophrénie ou n'importe quoi d'autre... J'attendais ces questions, si elle en avait, ou alors j'attendais de me faire jeter dehors à coups de balais.

June n'avait jamais fait preuve de patience envers Sacha. A une exception notable : la première fois qu'ils s'étaient rencontrés. Normal, elle se disait qu'il était le frère de son petit ami, qu'ils avaient donc tout intérêt à s'entendre. Malheureusement, l'individu s'était révélé insupportable dès leur première entrevue, et depuis ce jour, elle avait cessé de le ménager. Cependant, même si d'ordinaire, elle était particulièrement agacée et prompte à la colère en sa présence, il semblait qu'à ce jour précis, elle atteignait un nouveau degré d'impatience. Le gars débarquait chez elle, promettant de lui donner des explications à un comportement plutôt limpide à ses yeux. A contre cœur, elle le laissait s'expliquer et là... il ne sortait qu'un ramassis de conneries sans queue ni tête, des périphrases... Sacha McKinley tournait autour du pot. Le problème, c'est que c'était lui qui avait proposé une confession, il aurait donc plutôt intérêt à commencer à dire des trucs vraiment intéressants, avant qu'elle ne change d'avis et qu'elle le foute dehors finalement. Le deuxième problème, c'est qu'il semblait qu'il commençait déjà à mentir à June. « « Mais non... Je ne te déteste pas, enfin... C'est beaucoup plus compliqué que ça en a l'air et je te promets que je vais tout expliquer... C'est juste que c'est pas facile à dire... » Ah bon, il ne la détestait pas ? Première nouvelle. June ne pouvait pas s'empêcher de trembler pour les gens qu'il détestait vraiment dans ce cas... Elle gratifia ensuite d'une ironie mordante, et des pires menaces de sévices. C'était plus ou moins leur mode de communication normal. Le truc, c'est que contrairement à la normale, il ne répliqua pas mais fit au contraire le choix de se soumettre totalement à l'autorité de la maîtresse de maison, formulant même le vœu de ne pas l'avoir dérangée. June tiqua. Sacha ne savait pas ce qu'était la politesse. Même s'il était schizophrène, comme elle supposait désormais, quelque chose ne collait pas. Les bonnes manières n'était pas ancrées dans l'inconscient de Sacha. Par conséquent, ses doubles ne pouvaient pas les connaître. La petite rousse se demandait si elle ne devait pas courir chercher un masque anti contagion et le mettre devant sa bouche. Peut être que c'était un virus qui ravageait le cerveau ? Hypothèse qui commença à se confirmer quand il fit tout à coup les cent pas en respirant plus que bruyamment. Alors qu'elle cherchait mentalement un numéro vert adapté à ce genre de situation, il s'appuya contre un mur et prit enfin la parole. « J'ai un pouvoir... » Paroles qui tombèrent comme un cheveu sur la soupe, lui clouant le bec et faisant cesser ses théories délirantes. Elle ordonna ses pensées, recoupant les informations qu'elle avait en sa possession et elle partit soudain d'un grand fou rire. Limite, elle aurait eu besoin d'un mur elle aussi. « Attends, tu te fous de moi, hein, c'est ça ? » . Putain, elle ne se ferait pas avoir cette fois ci. Elle contre attaqua immédiatement, effaçant toute trace de surprise sur son visage. « C'est encore une de tes méthodes pourries pour me faire avouer mes soi disant pouvoirs. Désolée, je ne marche plus. Je ne suis pas aussi naïve que tu aime le penser. » . Elle se dirigea vers la porte, décidé à le reconduire, sans effort de politesse. Elle savait qu'elle avait une erreur rien qu'en ouvrant la porte. Enfin avoir connaissance de la pâle stratégie de son adversaire numéro 1 lui donnait au moins une assez bonne idée de son niveau d'affaiblissement. Elle ne lui épargna d'ailleurs aucun sarcasme. Aucun. « Aha, le grand McKinley, celui là même qui mène une guerre sans pitié aux pouvoirs... maintenant, il en aurait un et il vient le clamer à sa pire ennemie. Alors là, je dis bravo. Personne n'a jamais descendu son niveau de crédibilité aussi bas, on doit avoir un nouveau record... » . Elle ouvrit la porte, lui désignant le palier, endroit où il aurait dû très clairement resté. « Allez, du vent. J'ai des trucs à faire, comme la recherche d'un nouvel emploi par exemple. Et puis, je vais te dire un truc, si ton pouvoir c'est de faire chier les gens, je l'avais déjà remarqué. Oui si c'est tes changements d'humeurs, ça existe déjà, au mieux, ça s'appelle lunatisme... au pire schizophrènie. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. à 9h40 j'étais déjà dans mon Audi A5, prenant la route vers Colbat Crescent. Ce quartier n'était pas très éloigné de chez moi mais je n'avais pas le temps pour y aller à pieds. Je devais voir Ian au plus vite et pour cela, seule mon Audi pouvait m'aider. Ce n'est qu'au volant de ma voiture que je me rendis compte de quelque chose. Ou était bien passé mon second moi ? Il n'était pas à la maison quand j'étais parti. Du moins, je ne l'avais pas remarqué. Peut-être qu'il dormait dans le salon et que je ne l'avais pas vu. Je n'en avais pas le moindre idée. Autrement, ou pouvait-il bien être ? Je réfléchissais et instinctivement je me souvins de son obsession à vouloir me réconcilier avec June. J’accélérais.
Je garais Hysteria face à l'immeuble de Ian et pris mon téléphone pour le contacter. Je voulais savoir s'il était chez lui, mais si mon autre moi se trouvait aussi chez lui, j'allais lui devoir des explications. De toute façon, je tombais sur répondeur. Peut-être était-il encore en train de dormir. Ce qui signifierait qu'il avait la chance de ne pas avoir le sommeil agité comme moi.
Bon avec un peu de chance, l'autre moi n'était pas ici mais si c'était le cas, je devais l'arrêter avant qu'il ne face dégénérer les choses. J'avançais vers l'immeuble et commençais à monter les escaliers quand soudain la porte de leur appartement s'ouvrit alors que je n'étais qu'à quelques marches du palier. Je me stoppais et j'entendis la voix de June retentir.

Je venais de lui avouer le grand secret, pourquoi le comportement de Sacha était si "changeant" et se mit à rire. Elle se moquait totalement de moi, allant jusqu'à penser que ce n'était rien d'autre qu'un plan pour lui faire avouer le potentiel pouvoir qu'elle pourrait avoir. Je ne comprenais pas. Pour la première fois face à June j'étais totalement désarmé. Ne lui avais-je pas prouver que je venais pour faire une confession ? Pourquoi voyait-elle autant de mal et puis, je revins sur Terre. Avec toutes les crasses que Sacha lui avait fait... Oui, elle pouvait avoir du mal à y croire. « Je t'assure que je ne me moque pas de toi June.. Et tu n'as pas idée à quel point je risque gros en te dévoilant ça. »
Pourtant j'étais dans l'incapacité de le lui prouver. Il faudrait que j'arrive à piéger Sacha mais après cela il m'en voudrait probablement à mort. « Si je te l'avoue c'est que je ne te déteste pas... Justement, c'est parce que j'essaye de te faire comprendre ce qu'il se passe. » Je me mordais la lèvre. « J'arriverais à te prouver ce que j'avance, June... Je ne suis pas comme lui... Je ne vois pas l’intérêt de te faire souffrir» déclarais-je en me déplaçant vers le sortie.

C'est à ce moment là. Alors que j'avais perdu tout espoir et toute crédibilité aux yeux de June (certes je n'en avais jamais vraiment eut) qu'un miracle se produisit. Sacha était là. Me dévisageant, comme me suppliant de ne pas le montrer, comme pris au piège alors qu'au fond il s'y était fourré lui même. Mais c'était trop beau, je ne pouvais pas le laisser s'échapper. Je ne pouvais pas le laisser filer. Il fallait que June comprenne que moi je ne lui voulais aucun mal, que moi... J'étais le gentil. « June ! regarde !!» déclarais-je me jetant sur Sacha qui était prêt à prendre la fuite. Les deux "Sacha" à terre en bas des escaliers.... June pouvait à présent admirer des sosies et moi je ne passais pas pour un timbré. Par contre, Sacha allait m'en vouloir. Énormément.

Je n'avais pas vraiment compris ce qu'il s'était passé entre eux deux mais alors que j'étais plaqué au sol par mon double, je savais ce qu'il me restait à faire. Ou du moins à dire. « Non mais quel con tu fais ! Tu peux m'expliquer pourquoi t'as fais ça ? Pourquoi est-ce que tu a voulu lui montrer à elle ??? Tu vas me le payer je t'assure » Et puis le moment était venu d'affronter le regard de June alors que j'étais toujours à terre.
« T'as pas intérêt à le dire à Ian... J'aimerais qu'il l'apprenne de moi.»

Malgré toute la méchanceté dont June faisait preuve, malgré l'ardeur qu'elle mettait dans ses sarcasmes, Sacha ne s'énervait pas. Au contraire, les yeux baissés, regardant ses pieds d'un air déçu, il avait l'air d'un gamin à qui on venait de piquer son jouet. Mais il ne baissa pas les bras, entreprenant de continuer à la convaincre. Encore une comportement qui ne ressemblait pas vraiment à un Sacha en temps normal. D'habitude, le rat était prompte à la fuite... June sentit une infirme parcelle de doute s'immiscer en elle. Mais c'était vraiment un tout petit doute, aussi petit que le cerveau de Sacha... Alors... il avait intérêt à peser ses prochains mots. « Je t'assure que je ne me moque pas de toi June.. Et tu n'as pas idée à quel point je risque gros en te dévoilant ça. » . Une réplique violente traversa le cerveau de June mais sans qu'elle ne comprenne pourquoi elle ne la formula pas à voix haute. Pourtant, c'était tentant de dire haut et fort qu'ici, dans cette ville, il n'y avait qu'un seul taré qui chassait les gens dotés de pouvoir. Il n'allait tout de même pas se chasser lui même. Elle roula des yeux tandis qu'il continuait son opération Sauvons la réputation de Sacha. Sauf que ces mots redevenaient dénués de sens. « J'arriverais à te prouver ce que j'avance, June... Je ne suis pas comme lui... Je ne vois pas l’intérêt de te faire souffrir» . Pas comme lui, qui ? Son double maléfique ? S'était-il endormi devant un de ces films de science fiction débile ? Mais elle ne voulait pas entrer dans son jeu. Sûrement pas. « Mais oui, c'est ça. » . Alors qu'elle réfléchissait à comment le mettre dehors rapidement, il sembla retrouver un semblant de vie. Il cria. « June ! regarde !!» . Sacha la dépassa et sauta sur le pallier, se jetant sur quelqu'un. Pendant quelques secondes, la tentation de refermer la porte et de tirer la chaîne de sécurité fut grande. Mais elle était curieuse, et elle voulait voir qui Sacha avait été attaqué de la sorte. Elle avait aussi peur que ce soit Ian. Ça pouvait être insensé que Sacha attaque son frère mais il semblait que le monde ne tourne pas rond aujourd'hui. Elle fit un pas en avant pour mieux voir car les deux combattants avaient roulé au pied des escaliers.

Et là, le sol sembla se dérober de sous ses pieds. Elle voyait littéralement deux Sacha en train de se battre. Celui en dessous était d'ailleurs en train de crier sur l'autre. Elle était bien trop sous le choc pour saisir le sens des paroles mais cela lui importait peu. Elle se frotta les yeux. Elle les ferma et les réouvrit. Malheureusement le spectacle qui s'offrait à ses yeux était toujours le même. Elle eut toutefois une réaction spontanée, qui n'avait rien à voir avec l'identité des deux combattants. Comme chaque fois qu'elle voyait une bagarre, elle essaya de l'arrêter, couvrant la voix d'un des deux Sacha qui lui disait visiblement quelque chose. « Arrêtez vous tout de suite !! Vous êtes... vous êtes tous les deux des abrutis. Sacha... lâche Sacha et viens me donner les explications que tu m'as promis ! » . Puis elle se repassa ses paroles mentalement et se rendit compte de leur teneur. Toute cela était ridicule. Aussi ridicule que sa prochaine réaction. Doucement, elle se mit à rire. Elle essayait de s'arrêter mais cela ne fit qu'amplifier les sons qui sortaient de sa bouche, et bientôt son rire devint hystérique. Son cerveau rejetait en bloc ce qu'il venait de voir, il se protégeait comme il pouvait. Elle se laissa glisser contre le mur doucement, toujours face à l'escalier, elle se sentait mal. Il n'y avait que deux possibilités, que deux explications. Soit elle vivait dans un monde où effectivement deux Sacha existaient, soit elle était totalement folle. Dans les deux cas, il fallait qu'elle se fasse aider. Alors de toute ses forces, elle appela à l'aide. Elle ne s'entendait pas crier mais elle sentait l'air quitter ses poumons. Ses voisins étaient relativement cons mais il y avait fort à parier qu'au moins un allait se déplacer.

Je ne comprenais pas pourquoi mon double m'avait trahis. Me détestait-il à ce point ? Parce que ce dont j'étais sûr c'est que tout de suite, il n'arrangeait pas ma relation avec June alors que c'était soit disant ce qu'il désirait. Non au contraire il lui donnait l'occasion de me pourrir à cause de ma nouvelle nature de monstre. Je ne voulais pas y penser, pas maintenant en tout cas, mais je le devais.
Je m'engueulais avec Sacha2, rien de plus normal après ce qu'il venait de faire quand la voix de June retentit enfin. Elle était presque en train de me faire rire. Comme si j'allais laisser l'autre lui parler encore une fois. Et puis, il était hors de question que moi je me mette à lui en parler c'était bien trop personnel et puis… ça ne la regardais pas.
« Ah ben bien sûr ! Comme si j'allais le laisser te parler encore une fois » Et l'autre sauta encore une fois sur moi. Quelle merde, il connaissait toutes mes tactiques d'attaque que j'utilisais au hockey, je ne pouvais pas donc reprendre l'avantage. « Putain tu as de la chance que je ne suis pas certain que ta mort entraînerait la mienne parce ou sinon tu serais mort depuis bien longtemps !» Je le pensais sérieusement. Ce mec était une plaie ! c'était un parasite qui me pourrissait l'existence et j'étais bien mieux quand il n'existait pas.
Et puis… June se mit à rire. Elle capta notre attention à tout les deux. Et pour cause, nous avions même arrêter de nous battre. Elle partait dans un rire hystérique. Le genre démentiel que l'on a après un choc ou tout simplement lorsque l'on a consommer un peu trop de substance illicite. Il ne fallait pas être un génie pour savoir que c'était à cause du choc. Le pire fut à venir. Avec mon double, notre rancoeur fut mise de côté et nous nous dévisageâmes, ne savant pas quoi faire de June. Fallait-il lui parler pour essayer de la calmer ? Ou alors fuir comme un lâche. Personnellement j'aurais opté pour la seconde option. Mais encore une fois, pas besoin d'être un génie pour savoir que mon double préférerait le premier choix.

De toute façon, nous n'avions plus le temps de réfléchir parce que notre aimable belle soeur se mit à crier à plein poumon, demandant de l'aide. Non… Comment pouvait-elle oser faire ça ? « June ! Calme toi voyons. » Mais c'était trop tard, j'entendais déjà une porte dans l'immeuble s'ouvrir. Il ne restait plus qu'une solution. Je regardais mon double «Après la connerie que tu viens de faire, fais nous une faveur et rentre à l’intérieur sans dire un mot.» Il s’exécuta sans broncher. Il devait savoir que de toute façon c'était le meilleure des options. Sinon, on était dévoilé et l'histoire des jumeaux pouvaient passer avec des inconnus mais je préférais l'éviter. Le voisin de palier de June débarqua. « Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Tout vas bien ? Est-ce qu'il vous a blessé? » demanda-t-il en me pointant du doigt.
Eh merde. J'avais plus qu'à espéré qu'elle ne me dénonce pas pour un quelconque délit. On pouvait encore voir les traces de son coquard de la dernière fois mais même si c'était léger, elle avait quand même une preuve que j'avais déjà lever la main sur elle. En bref, elle avait vraiment la possibilité de me foutre dans la merde.

« June ! Calme toi voyons. » . « Oh la ferme ! » . La réponse avait été rapide, presque automatique. June jette un regard de mépris absolu à Sacha, peu importe lequel venait de donner cet ordre. C'était plus facile à dire à qu'à faire. Toute personne saine d'esprit avait de quoi péter les plombs en voyant le clone d'une personne détestée débarquer sur son palier avec des fleurs puis se battre avec son double lui. Le cerveau de rousse n'arrivait pas à accepter ce qu'il avait vu, il luttait farouchement contre la vérité. C'était sans doute le coup fourré le plus réussi de Sacha. Pour une fois June, n'avait aucune idée de la manière dont elle allait l'affronter. Ou plutôt les affronter. Parce que un, c'était déjà une occupation à plein temps mais deux... c'était insurmontable. Enfin, l'avantage, c'est qu'ils avaient l'air de ne pas s'entendre. C'était peut être ça son moyen de salut. Diviser pour mieux régner. Un des Sacha avait face humaine apparemment, elle pouvait s'en faire un allié contre la raclure qui avait pourri sa vie ces deux dernières années... June Callaghan élaborait à nouveau des plans, c'était bon signe, elle commençait à reprendre le dessus. Mais le mal était déjà fait, elle avait ameuté deux trois étages de voisins inquiets en s'époumonant comme elle l'avait fait. La dénégation l'avait fait atteindre un niveau sonore conséquent apparemment.

Le méchant Sacha, le dominant renvoya son double dans l'appartement. Geste sage mais June ne put s'empêcher d'être agacée. Il se prenait pour qui celui là ? Elle ne voulait d'aucun des deux chez elle en fait, il y avait assez de vrais cafards à Cobalt Crescent, pas besoin d'en rajouter. « Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Tout vas bien ? Est-ce qu'il vous a blessé? » . Le moment de grâce ultime; June avait le pouvoir. Elle tenait la suite des évènements entre ces mains, elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait. Et comme son cerveau refroidissait de secondes en secondes, elle ne fut pas longue à faire un choix qui lui paraissait hautement stratégique. Diviser pour mieux régner. Comme souvent, depuis que Sacha faisait parti de sa vie, elle joua la comédie. Toutefois, ce ne fut pas très difficile, elle avait du vécu récent pour la situation. Elle regarda son voisin d'un air effondré, paniqué, indécis. Les grands yeux attendrissants, ses mains se tordant au dessus de ses cuisses. Lentement elle se releva. « Oh je suis sûre qu'il ne le voulait pas... Mais je me sentirai plus rassurée si vous le raccompagniez dehors, je préfère le revoir quand il sera plus calme. » . Elle paracheva le tout d'un petit sourire contrit et le tour fut jouée. Son voisin était tombé dans le panneaux. Ce jeune retraité, ancien militaire n'avait pas vraiment besoin de se faire prier pour faire régner l'ordre dans son lieu d'habitation. Et ce gros mollasson de Sacha ne ferait pas le poids face à ses muscles. « Je vous remercie sincèrement Mr Conant.. » . « Pas de soucis ma petite, rentrez chez vous ma petite, je m'occupe de lui; » . Il attrapa Sacha par le col, un sourire mauvais sur les lèvres. C'était un vieux con mais un vieux con chevaleresque.

June entra dans son appartement. La petite poupée fragile et effrayée avait déjà disparue. La conspiratrice machiavélique, la femme d'affaire avec une idée derrière la tête était revenue. Elle regarda le gentil Sacha qui semblait plus que confus et le domina sans mal. « Bon, je me suis débarassé de l'autre, mais tu es d'accord avec moi sur le fait que tu me dois des explications, beaucoup d'explications... » . Elle s'installa à la table de sa cuisine et lui désigna une chaise. Elle alluma une clope, elle avait repris le dessus mais elle avait encore besoin de se calmer. Tout cela était insensé même dans une ville comme Thunder Bay. « Je veux tout savoir, depuis quand ça dure, combien de fois j'ai eu affaire à toi au lieu de lui, comment ça marche... » Elle se pencha un air assuré sur le visage, ils avaient un point commun. « Et surtout, je veux savoir ce que tu es prêt à faire pour retrouver ta liberté... » .

Et elle ne se gêna pas pour me foutre dans la merde. C'était moi qui venait de faire une chute dans les escaliers, de me faire plaquer au sol par mon double (je remarquais par la même occasion ce que ça faisait lorsque je plaquais un adversaire lors d'un match de hockey, ce n'était pas du tout agréable.) et c'était moi qui allait encore m'en prendre ben la gueule. Tant pis, je l’acceptais. Après tout, je l'avais quand même frapper peu de temps auparavant. Je recommencerais avec joie si j'en avais l'occasion, et j’espérais sincèrement que mon double pense à la même chose que moi pour une fois. « Oh c'est bon ! Doucement !»
Je me fis jeter dehors sans trop broncher par le vieux voisin. Décidément, Ian était le seul mec correct qui vivait dans ce quartier. Tous des pecnos. Je voulais rester dans Hysteria, attendre que mon double sorte de l'appartement pour avoir une petite explication avec lui mais Mr. Conant n'avait pas l'air du même avis, si je ne déguerpissait pas tout de suite, le vieux con allait s'en prendre à mon Audi. Je débraille et je m'en vais, faisant le plus de bruit possible avec le "doux" ronronnement d'Hysteria. A présent, mon double avait toutes les cartes en mains, prions pour qu'il ne se fasse pas trop bouffer par le ratel.

Je rentrais dans l'appartement avant que le voisin de June débarque, toutefois j'écoutais et je regardais par le judas ce qu'il se passait. Sacha allait visiblement avoir quelques problèmes et tout ça… par ma faute. Ce n'était que ce qu'il méritait. C'était pour tout le mal qu'il avait fait subir autour de lui durant tellement d'années. June rentra dans l'appartement et je ne savais plus ou me mettre. Je faisais les cent pas à l'endroit exact ou je lui avait avouer ce maudit pouvoir. Je suivais la rouquine dans la cuisine et m'assis à mon tour. Je la regardais s'allumer une clope et je déglutis. « D'accord, je vais tout t'expliquer mais d'abord…» Je ne finissais pas ma phrase mais d'un geste vif je lui pris sa cigarette que j'écrasais dans le cendrier sur la table. « Je suppose que tu sais à quel point c'est mauvais pour la santé ça hein ? Je subis assez la fumée de Sacha alors je te pris de bien vouloir ne pas fumer en ma présence. » J'étais autoritaire oui, pour la première fois d'ailleurs. Mais je n'en pouvais vraiment plus de supporter la fumée des autres. C'était vraiment ce qui m'énervait le plus et je n'avais aucun moyen pour faire arrêter Sacha. Au moins là, je pouvais toujours m'en aller si jamais elle décidait de s'en griller une nouvelle. « Alors tout à commencé il y a quelques mois en fait… C'était en fin d'année 2011. Comme d'habitude Sacha était totalement déchiré et il est allé voir le dealer de pouvoir pensant que c'était une dealer de drogues… Et du coup je suis "né" à cause d'un énorme quiproquo.» Je fis une pause, ne sachant pas vraiment ce que je devais dire ou pas. Après tout, au point ou j'en étais, je pouvais bien tout lui avouer. Sacha voulait ma peau de toute façon. « Donc voilà en gros comment il a eut le pouvoir. En bref, il n'en voulait vraiment pas. Ensuite, comment ça marche, c'est assez difficile. En temps normal, on partage un seul corps, le sien, et c'est lui seul qui a le pouvoir de me libérer. J'arrive quand même à lui procurer des crampes d'estomac, c'est principalement pour cela qu'il me laisse sortir en fait… Parce que quand j'insiste vraiment, j'arrive à lui faire très mal.» Dis comme ça, il n'y avait vraiment pas de quoi être fier. C'est vrai que je ne devais pas m'étonner de pourquoi il me déteste autant. Dans son ventre, je lui fait mal, et hors de son ventre, je fais tout le contraire de ce qu'il voudrait. « Le truc, c'est que je connais toute la vie de Sacha, c'est comme si j'avais toujours été avec lui. Je sais donc tout ce qu'il t'as fait subir, c'est pour ça que j'avais décidé d'arranger votre relation, du moins… c'est ce que j'ai essayé et ça s'est plutôt mal terminé. La première fois ou tu as eu affaire à moi c'était au bureau la semaine dernière. Tu avais du remarquer le changement de comportement lorsque "il" est revenu des toilettes… Eh bien c'est parce que c'était moi. Les douleurs que je lui infligeait + sa brulure à cause du café, il a pas pu retenir ses "barrières" et je suis sortis.»

Je m'accoudais à la table et finalement enfouis mon visage dans mes mains. Je ne savais pas ce que je faisais mais tout ce que je voulais c'était faire le bien. « J'espère que tu te rend compte à quel point je risque gros en te racontant tout ça… » Je fis une pause, soupirais puis regardais à nouveau June « J'aimerais vraiment être libre mais à quoi bon… Ça ne passera jamais inaperçu, 2 Sacha à Thunder Bay, c'est juste pas possible… Je ne peux pas avoir de liberté… Mais pourquoi tu me demandes ça ? Tu as quelque chose en tête ? »

Elle reprenait doucement mes esprits, elle pouvait le sentir. La preuve, elle alignait à nouveau les réactions normales, ou du moins sensées. Elle avait réussit à manipuler son vieux voisin pour qu'il jette Sacha dehors et elle avait appréciée la scène comme il se devait. Quand elle réussissait à avoir une victoire sur le Rat, il l y avait un petit quelque chose sur son visage dont June ne se lassait pas. Une expression de Caliméro, qui reflétait son désespoir de ne pas être compris par la société, d'être un bouc émissaire... Mais il se trompait. La société ne le rejetait pas parce qu'elle était injuste... Elle le rejetait parce qu'il était stupide, vil et bas. Mais June Callaghan ne perdrait pas son temps à expliquer ça à son beau frère, d'autant plus qu'il avait le QI de Charles Bovary. Non, elle avait beaucoup plus intéressant à faire... Comme convaincre le double angélique de son beau frère de se rallier à sa cause. Le doppleganger était manipulable, influençable mais il lui manquait clairement des couilles. Qu'importe, June était prête pour le challenge. Enfin, elle sentait qu'elle allait avoir du travail. La copie pouvait se montrer aussi pénible que l'original... « D'accord, je vais tout t'expliquer mais d'abord…. Je suppose que tu sais à quel point c'est mauvais pour la santé ça hein ? Je subis assez la fumée de Sacha alors je te pris de bien vouloir ne pas fumer en ma présence. » . Il lui arrache la clope des mains pour l'écraser dans le cendrier. June le regarde interloquée et légèrement agacée. L'autre Sacha ne la faisait pas suer autant sur les détails. Sans doute parce qu'il espérait un cancer du poumon ardemment, mais quand même. Enfin, tant pis pour sa nicotine, elle ne retiendrait que le geste de rébellion de good Sacha. Son précieux air, redevenu respirable, il fut plutôt loquace, répondant soigneusement à toutes les questions que June venait de lui poser. Il lui raconta sa naissance, désabusé. June retenait à grande peine des sourires narquois. Sacha déchiré, Sacha recevant un pouvoir au lieu de la coke, Sacha devenant exactement le genre de personne qu'il traquait... Si le karma avait été une personne, June l'aurait sans doute épousé à ce moment précis. Elle écoute ensuite les détails sur le partage de leur corps, mi-écœurée, mi réjouie par les souffrances qu'avaient dû endurer Sacha. Elle est aussi sensible au fait qu'il précise qu'ils se sont déjà rencontrés. Ça lui permet de mieux comprendre l'incident qu'il y avait eu au journal. Sacha redevient un simple con, plus un dangereux schizophrène avec des pulsions violentes. Elle l'écoute jusqu'au bout, y compris quand il mentionne les risques qu'il prend et le peu de foi qu'il met dans sa capacité à lui accorder sa liberté. Elle n'a pas besoin de se forcer, les mots lui viennent tout seul, tandis que tout paraît clair dans sa tête. « Et bien ! Déjà je te remercie d'avoir voulu arranger les choses... Tu sais, je crois qu'il nous a sérieusement maltraité tous les deux, alors qu'on ne le mérite pas. Et je crois comprendre ta position. Mais je ne le laisserai pas se venger parce que tu m'as prévenue. Tu peux vraiment me compter une alliée. » . Elle veut faire un geste rassurant à son encontre, mais quelque chose l'en empêche. Une trop grande ressemblance physique avec son pire ennemi peut être. « Et il est évident qu'il ne peut pas y avoir deux Sacha en ville... mais la solution du problème risque de ne pas te plaire. Pour moi, c'est tout vu, c'est un mal nécessaire. » L'ayant préparé, elle se penche vers lui encore plus, murmurant pour donner du cachet à son plan, plutôt malhonnête. « On agit maintenant. D'après ce que j'ai compris, tu as réussi à te détacher de lui difficilement, avec l'aide des circonstances, ce n'est pas dit que tu y arrive à nouveau dans le futur. Pour ne pas avoir deux Sacha en ville, on en retire un de la circulation. Pas toi, bien sûr l'autre. Je ne parle pas de meurtre, mais on pourrait le mettre quelque part où il ne peut plus nuire, pendant quelques temps. Et toi, tu prends sa place. Je peux dire sans trop me tromper que le monde s'en portera mieux... » .

Spoiler:

June ne pouvait pas s'imaginer à quel point j'étais prêt à tout faire pour récupérer ma liberté. Je n'en pouvais plus de vivre avec cet homme plus que malhonnête. Tous ces mensonges, toutes les filles qu'il ramenait et qu'il ne rapellait jamais. Son manque de respect à l'égard de la planète entière. La seule personne qui été gratifiée du respect de Sacha c'était Ian. Je trouvais ça puissant. C'était la preuve même de la puissance de leur lien fraternel mais je n'étais pas d'accord avec son comportement avec le reste des gens. Bradley ou Buckley avaient dix fois plus de considération par rapport à June, ce qui était totalement inapproprié. J'étais son exact opposé et nous étions incapable de nous entendre, alors pourquoi rester ensemble ?
J'eus peur quelques instant qu'elle prévoit d'éliminer Sacha. J'étais persuadé qu'elle ne serait pas contre cette idée mais il y avait tout de même des chances que sa mort entraîne la mienne… Et réciproquement. C'était bien pour cela que j'étais toujours en vie. « Plus j'y repense et plus je suis d'accord pour récupérer une liberté. » Je me redressais sur ma chaise. « Je suis content de pouvoir te compter comme une alliée, June. Je suis d'ailleurs vraiment intéressé par ce plan de faire disparaître Sacha, je pense en effet sans vouloir me vanter, que je serais bien meilleur pour entretenir ces relations et sa vie en général. » Toutefois il y avait quelque chose qui me chiffonnais. Comment voulait-elle s'y prendre ? Certes personne ne se rendra compte de la différence physique entre moi et Sacha, et même si mon comportement sera forcément différent, je pourrais toujours expliqué que je suis en pleine rédemption de mes actes et péchés. Et ça en faisait un paquet ! Des fraudes aux examens allant jusqu'à se moquer des liens sacrés du mariage. Si Sacha voudrait vraiment se repentir, il ne saurait probablement pas par ou commencer. « Mais… Comment comptes tu t'y prendre ? Je veux dire pour le mettre quelque part ou il ne peu plus nuire comme tu dis… Il ne partira jamais de son plein gré, pas tout seul, et surtout, pas pour une longue durée. Il est beaucoup trop attachée à cette ville. »

Oui, étant son double, je connaissais tout de lui, jusqu'au plus profond de son âme, parce que oui… Il en a une. J'étais conscient que l'on pouvait se poser la question mais son âme était bien là… Cachée, certes. Je savais par conséquent qu'il ne voulait pas quitter la ville, du moins, que ce n'était pas dans ces projets. Après, nous pouvons toujours donner un coup de main au destin mais comment faire ? « Tu as une idée ? » Peut-être qu’inconsciemment, si je me posais toutes ces questions c'était parce que je ne voulais pas faire de mal à Sacha, pas plus que je lui avait déjà fait en tout cas mais après tout, ce n'est que les réactions à ses propres actions. « On peut peut-être lui tendre un piège, je m'explique, on à qu'à lui faire croire qu'il doit se rendre dans un autre pays pour les besoins d'un reportage pour le boulot ou quelque chose comme ça… Ça ne doit pas être bien compliquer de créer ce genre de paperasse administrative… » J'agissais de manière pacifiste, j'en avais conscience mais si nous pouvions éviter un combat, je n'y voyais que du positif.

« « Plus j'y repense et plus je suis d'accord pour récupérer une liberté. » June, voyait, non sans satisfaction, la détermination grandir dans les yeux de AltSacha. Elle se fit la réflexion qu'il devait être vraiment bon, car même après avoir vécu quelques mois avec le véritable et détestable, Sacha, il avait hésité à se débarrasser de lui. Inutile de préciser que c'était loin d'être le cas de June. Après deux années d'humiliations, elle avait toutes les raisons d'en vouloir à Sacha. Il lui prenait tout, sans motif valable. Il ruinait sa vie amoureuse en refusant de laisser Ian, et il ruinait sa vie tout court. A cause de lui, sa belle famille la détestait encore plus, elle était passée à côté du job de ses rêves... La pire chose qu'il lui avait faite, c'était de voler son innocence. A cause de lui, elle ne pouvait plus se qualifier de fille bien. En s'abaissant à son niveau pour le contrer, elle avait perdu toutes les qualités dont elle était fière à propos d'elle. Elle était devenue aussi méprisable que lui. Comme là, dans le cas présent, le plan était clair dans son esprit. Bien qu'illégal, elle mourrait d'envie de le mettre en œuvre. Pas de scrupule, juste l'attrait de la vengeance. Bien sur, encore une fois, ça demandait cependant des talents de persuasion dont elle doutait être pourvus. Mais finalement, elle n'en aurait peut être pas besoin... La sympathie qu'elle éprouvait malgré elle pour la version améliorée de Sacha semblait lui suffisant pour qu'il lui accorde sa confiance. Il lui annonça d'une voix calme qu'il se sentait prêt à remplacer son jumeau et qu'il était heureux de la compter comme son alliée. « En effet, tu es bien meilleur que lui. Peut être un peu trop même... Peut être que certaines fois, tu sera obligé de mal te comporter pour ne pas éveiller les soupçons. Après, on aura tout le loisir d'inventer une rédemption religieuse ou une illumination sociologique pour expliquer le fait que Sacha McKinley n'ait plus envie d'être un connard. » . Elle pensait déjà à tout, les moindres détails. Dire qu'elle était emballée par le plan était un pur euphémisme. Mais autre chose entrait en compte dans son plan, son pouvoir. Elle devait posséder un de ceux qui étaient le plus discrets dans cette ville mais il avait aussi ses effets secondaires. Quand on avait une intelligence de loin supérieure à la moyenne, on perdait aussi sa moralité. On envisageait les choses sous un angle rationnel, enlevant volontairement la moral et l'humanisme. Comme ce scientifique, ce Walter Bishop, qui avait été contraint de retirer une partie de son cerveau tant son intelligence était redoutable pour les autres. Et bien, c'était pareil pour June. Avoir le quotient intellectuel d'un ingénieur de fusée, lui faisait oublier toute moralité à l'égard de Sacha. Mais ça lui permettait aussi de pallier toutes les inquiétudes et les doutes de son associé. « Encore une fois, tu as raison, il ne quittera pas Thunder Bay de son plein gré. Il est trop étroit d'esprit. Je peux dire sans me tromper que s'il a peur des gays, il doit avoir peur des étrangers et de l'aventure. Et puis, il ne va jamais loin de Ian... Et même si on arrive à le forcer à partir, c'est dangereux. Il peut revenir à tout moment sans qu'on le sache. Imagine si les gens vous voient les deux au même endroit... ou à des endroits différents en même temps. En plus, s'il part, rien ne nous dit qu'il ne voudra pas t'emmener avec lui. Si tu refuse, ça pourra lui paraître suspect. Il n'est pas si bête qu'il en a l'air... » . Elle s'arrête, elle même frappée par le semi compliment qu'elle venait de faire sur ce Marin Marais des temps modernes. Enfin, ruse et duplicité étaient tout de même des signes d'intelligence, elle devait le reconnaitre. « J'ai une idée, en effet. Je te préviens tout de suite, ça risque de ne pas te plaire; mais essaye de considérer la chose sérieusement, s'il te plaît. » . Elle marqua une pause après cet avertissement avant de se lancer franchement. Le temps n'était pas aux tergiversations. « Mon idée : on le kidnappe. On le séquestre. Tu prends sa place. C'est aussi simple que ça. On trouve un endroit isolé dans les environs, et on lui offre le confort nécessaire. En gros, on le prive juste de sa liberté et on est libre de le relâcher à tout moment. C'est illégal certes, mais d'un point de vue moral, c'est pas si scandaleux que ça, quand on sait de qui on est en train de parler. » . Elle n'en dit pas plus, attendant des encouragements de son vis à vis. Elle n'était même pas horrifiée de planifier un rapt de sang froid, juste excitée.

Alors c'est comme ça qu'elle me voyait ? la rédemption religieuse de Sacha ? Une illumination sociologique ? Dans un sens ce n'était pas totalement faux mais je préférais me sentir comme sa conscience. Je faisais ce que je trouvais juste, ce qui était le mieux pour tout le monde. J'étais content que ce secret soit enfin révélé et que June soit devenue une alliée. Je me sentais moins seul et soutenu. C'était bien la première fois depuis ma "naissance". Le fait d'être libre était plaisant également. Je ne tolérais pas vraiment la façon dont Sacha avait été jeté dehors mais au moins, il n'était pas à mes trousses ou en train de me cacher sous un bureau comme il l'avait fait à la patinoire.
« Je ferais ce que je peux faire » déclarais-je sans trop de motivation. J'étais prêt à prendre la place de Sacha mais je n'avais pas envie de me comporter en connard cependant. Même si ce n'était que quelques temps, je n'en avais pas la moindre envie. J'avais vu le mal que cela pouvait créer, les répercutions sur les pauvres innocents qui avait cru bon de lui adresser la parole. Je voulais faire le bien, mettre de l'ordre dans sa vie. Notre vie. Mon plan était en effet bancal comme le soulignait June. Je n'avais jamais prévu de ruse de la sorte, certes, je me souviens de toutes les moindres pensées de Sacha lorsqu'il préparait un plan machiavélique contre June ou conte… non en fait, il n'en faisait que contre June. Le reste du temps il se contentait de mentir. Une personne extérieure aurait d'ailleurs pu dire que si Sacha créait tous ces mensonges, c'était parce qu'il ne se sentait pas bien dans sa peau ou alors qu'il était malheureux. Moi je n'étais pas une personne extérieure, loin de là, et je savais parfaitement qu'il allait très bien. Il ne lui fallait qu'un peu de discipline!

Et là, June émit son plan. Je fis un bon sur ma chaise et me levais aussitôt. Je devais être ouvert d'esprit. Savoir ce qui était le mieux pour tout le monde, je devais faire un effort et considérer son plan aussi illégal qu'il l'était. J'avais du mal. Je me remis à faire les cents pas. C'était décidément quelque chose qui me relaxait et qui m'aidait à réfléchir. « Je… Je ne sais pas… Ce n'est vraiment pas moral. Je sais bien qu'il cause du mal partout ou il se rend mais il reste un être humain. Ce n'est pas un animal que l'on peut enfermer parce qu'il devient trop pénible ou incontrolable » Toutefois, la situation était différente. Personne ne se rendrait compte de son kidnapping étant donné que je serais là pour le remplacer. Nous avions la chance de le faire disparaitre sans pour autant qu'il y ait une enquête ou des recherches. J'étais partagé. Je voulais ma liberté, je l'a voulais vraiment. Mais était-ce justifié de le privé de la sienne ? L'idéal aurait été qu'il décide de partir de son plain gré parce que moi non plus je ne voulais pas quitter Thunder Bay.
A force d'y penser, je commençais à avoir soif, néanmoins, je n'allais pas me servir. Au lieu de cela, je m'assis à nouveau dans la cuisine et partagea mon opinion, et mes doutes. « Le doute m'habite mais je suis partant! Mais uniquement si on s'assure qu'il ait un confort un plus mieux que simplement "nécessaire" et que cela ne dur pas trop longtemps non plus. »

« Je ferais ce que je peux faire » . June relève la tête, alarmée par le manque de moral de mes troupes. Merde, il ne faut pas que le gentil Sacha faiblisse sans cesse comme ça. Elle était peut être une ancienne cheerleader, mais elle avait mes limites en matière de motivation. Bon sang, on ne pouvait pas entreprendre un plan aussi machiavélique que le sien sans un minimum de conviction. Une seconde, une infime seconde, June regretta l'ancien Sacha. Le combattif. Mais ça ne dura que le temps d'un flash, et elle repoussa l'idée désagréable de l'autre d'un geste de la main, comme on chasse une mouche. L'inquiétude de la rousse fut cependant de courte durée. AltSacha revint à la vie instantanément quand elle osa enfin lui exposer son plan. Dire qu'il était contre était bien en dessous de la vérité. Il le détestait, ça se voyait dans la ronde qu'il entreprit de faire nerveusement dans le salon. L'inquiétude était revenue pour la jeune femme, elle ne pouvait pas échouer si près du but en perdant son allié. A cela s'ajoutait une pointe d'agacement... Le sol n'était pas particulièrement épais, tout comme la chaise était fragile. Si AltSacha pouvait arrêter de faire des bonds en l'air,et d'user le sol elle lui serait reconnaissante... Au bout d'une éternité, Monsieur eut la bonté de lui faire part de ses pensés. « Je… Je ne sais pas… Ce n'est vraiment pas moral. Je sais bien qu'il cause du mal partout ou il se rend mais il reste un être humain. Ce n'est pas un animal que l'on peut enfermer parce qu'il devient trop pénible ou incontrôlable » Putain, est-ce que lui son pouvoir, c'est de parler comme mère Theresa ? June soupire de mauvaise grâce. Elle doit reconnaître que son objection n'est pas si infondée qu'elle a en l'air mais il lui fait quand même l'effet d'un trouble fête. Elle cherche un moyen de changer cela. Réagissait-il aussi bien à la drogue que son double ? Elle a un petit sourire nostalgique, avant de se rappeler que celui là est trop honnête pour qu'on le drogue à son insu. Il la sort de son embarras en continuant ce qui ressemble à un monologue philosophique raté. « Le doute m'habite mais je suis partant! Mais uniquement si on s'assure qu'il ait un confort un plus mieux que simplement "nécessaire" et que cela ne dur pas trop longtemps non plus. » . Elle soupire, une nouvelle fois temporairement soulagée. Jusqu'à la prochaine fantaisie du personnage étrange qui lui fait face. Et continue les négociations, âpres, malgré les apparences. « Si ça peut te rassurer, tu peux choisir le lieu de détention et le meubler... Moi je ne ferai pas l'effort d'être concerné par le quotidien de cet abruti. On a une chance de vraiment changer les choses, tu as une chance de vivre enfin ta vie, d'être libre. A toi de voir si tu veux la saisir ou pas. » . Elle est tranchante, mais elle n'a pas le choix, il faut agir vite. Le vrai Sacha avait quitté les lieux pour le moment; mais ce qu'il était en train de préparer était à craindre. Ça lui donne une idée pour étayer mon argumentation. « D'ailleurs, tu devrais te dépêcher de faire un choix vrai et résolu. Parce que c'est une question de minutes avant qu'il ne réagisse suite à tes petits exploits de la matinée. Si ça se trouve, c'est toi qu'il kidnappera quand tu sortira d'ici. En plus, on a pas beaucoup de temps pour mettre ça en place avant qu'il ne prévienne Ian » . Malgré le ton moralisateur dérangeant qu'elle a adopté, elle continue sans rien changer, il faut qu'il accepte vraiment l'idée. « Et avant de me demander d'être gentille et morale avec lui, demande toi, si lui le sera, ou s'il l'a déjà été... » . Elle croise les doigts, plutôt fière d'elle.

Qui aurait pensé que c'était si dur de se débarrasser de quelqu'un sans le faire "disparaitre". June était en train de me retourner le cerveau et je ne savais vraiment plus quoi faire. Mon but était de faire le bien, de remettre de l'ordre dans la vie de Sacha, mais fallait-il que je me montre aussi monstrueux que lui pour y parvenir ? Ça semblait être un mal nécessaire mais je n'en étais pas encore convaincu. J'allais devenir comme lui et ça, je ne le voulais pas. Parfois il fallait dire stoppe. C'est ce que je m'apprêtais à faire quand soudain June me déclara qu'il était possible que je trouve le lieu, et que je puisse le meubler. C'était un point pertinent sur lequel j'étais content de pouvoir m'investir. C'était même le point le plus important quand on y pensait, puisque Sacha allait y passé une durée indéterminée. « Oui, je m'en chargerais! » dis-je sur un ton plus confiant.
Je n'étais pour autant pas plus convaincu finalement. Plus j'y réfléchissais et plus je trouvais que c'était absurde, immorale et très peu éthique. June avait beau me reprocher ce manque de rage envers Sacha mais c'était bien là le but de ma création, je ne suis pas supposer devenir aussi vil et calculateur que lui. C'est donc pour cela que j'allais choisir un endroit, certes, loin de tout mais ou le confort y sera bon. Même si nous étions en été, il ne fallait pas oublier que nous étions au Canada et que les nuits restaient assez froides. « C'est bon June, je vais le faire, je vais t'aider à kidnapper Sacha, et je vais me mettre à rechercher un endroit dès que je serais sorti d'ici, mais ne me reproche pas d'avoir un conscience. C'est justement parce que Sacha n'en a aucune qu'il fait ces atrocités et que tu le déteste… je ne veux pas devenir comme lui. On va l'enfermer mais ça ne sera pas pour une durée trop longue… Je ne veux pas me reprocher ça toute ma vie. » Je fis une pause… me balançant en arrière sur ma chaise. « Je sais que lui n'hésiterait pas une seule seconde pour se débarrasser de moi, et j'arrive à le comprendre étant donné qu'il pense que je lui gâche sa vie et qu'à cause de ce pouvoir, il nous considère comme des monstres. Je connais également tout votre passé commun et je sais que Sacha n'a pas été tendre du tout avec toi. C'est donc pour cela, et uniquement pour cela que je vais m'autoriser à faire ça. » Je soupire. « C'est la punition qu'il n'a encore jamais eut. Et après tout, ce n'est qu'un dommage collatérale pour quelques temps.»
Cette fois je me lève. Il était en effet temps de se mettre au boulot. J'allais être exigeant sur l'endroit dans lequel la captivité de Sacha aura lieu alors autant se mettre à sa recherche dès maintenant puisqu'en effet, le temps nous était compté. Jamais Ian ne devait savoir, il serait le mieux placé pour remarquer que je n'étais pas son frère, ou plutôt , la partie de son frère avec laquelle il a toujours vécu. « Bon je vais y aller, j'ai de la recherche à faire. Je pense que Sacha va se méfier de quelque chose alors je vais éviter de rentrer chez lui… De toute façon, c'est plus prudent avec ce qu'il vient de ce passer. Du coup… Je te contacterai dès que j'ai trouvé quelque chose et je fais au plus vite. »