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 Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana.

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E. Andrew Seamore

E. Andrew Seamore

♠ AGE : 38
♠ COPYRIGHT : Law S/Noir Strider.
♠ STATUT SOCIAL : Célibataire.
♠ EMPLOI/LOISIRS : Étudiant en médecine, 9ème année.


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MessageSujet: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeDim 11 Mar - 3:06

You better get, get, getaway, getaway, darling
'cause everything you heard is true

Il est triste, l'hiver canadien ; peut-être un peu moins que l'hiver anglais, peut-être un peu plus que l'hiver du bout du monde. Il est triste dans sa fin, loin du chant du cygne, pitoyable fin. La neige fondait péniblement en boue glacée, comme dernier refuge de la saleté du monde qui fuit de nouveau vers les caniveaux, comme un lent retour à la normale, comme un début de réveil. Le soleil avait l'air de se moquer, à cette époque de l'année, des habitants de Thunder Bay, en se montrant sans se donner la peine de se réchauffer — « non, vraiment, j'insiste, restez encore un peu dans la galère, j'aime vous voir transis de froid ». Andrew, lui, vouait une haine solide à l'hiver. La neige, les trois pulls, tout ça, ce n'était pas pour lui. Il avait eu, au début, cette tendance un peu ridicule, ce rituel inévitable de se mettre à hiberner dans son appartement durant les grandes tempêtes de neige et des longs mois de glace. L'affaire de films obtenus pas très légalement et d'un placard entier de boîte de conserve, et il était paré. Il fallait le comprendre, aussi peu habitué qu'il était — dès le premier rayon de soleil ça y est c'était l'été, le froid repassera dans plusieurs mois. Et puis, il avait renoncé, il avait rendu les armes, il avait abandonné : il fallait affronter l'hiver canadien, celui qui est peut-être moins triste que l'hiver anglais, peut-être un peu plus que les hivers de son enfance. Il fallait se rendre à l'évidence — pourquoi rester au Canada si c'est pour ne pas supporter le froid ? Ça avait été pénible, au début, le sol qui glisse, les engelures, le con de chat qui réussit à se paumer dans la neige — il se perdrait dans un carton —, comme tout, ça l'avait agacé. Les efforts, ce n'était pas pour lui, ça ne l'avait jamais été. Et puis, et puis, et puis il avait décidé de faire l'homme, pour une fois, de faire le fort. Chaque année c'était un peu plus de mal qu'il se donnait — on ne sait pas à quel point c'est dur pour quelqu'un qui hait l'hiver d'aller simplement acheter le journal en allant travailler —, un peu comme dans ces films tire-larmes où un paralysé parvient à marcher de nouveau avec un bisou magique. Au final, ça y est, il l'avait fait, son miracle à lui : il était sorti de son plein gré pour aller boire un café. Applaudissements. Non, vraiment, les canadiens ignorent quelle peine c'est de sortir l'hiver quand on est Andrew Seamore.

Ça faisait seulement un an, qu'il était bêtement aller se geler les miches dans un café pour se dire qu'il n'avait pas trop glandé durant l'hiver. Avec appréhension, en ce mois de février, il avait osé, il avait tenté de remettre le pied dehors. Pire, encore, il avait réussi. Certes, le pied avait vite glissé et il avait manqué de se retrouver cul à terre, mais, en soit, c'est déjà une victoire. C'était franchement insupportable, ce sol qui glisse, hein, qu'on se le dise. La cigarette pendait au coin des lèvres et Thunder Bay n'avait en rien l'air de ces villes cadavres qui semblent cesser de vivre dès les premières rafales de l'hiver — c'est triste, l'habitude, quelque part. L'humain s'habitue et s'accoutume de tout, du froid comme de la souffrance, de la difficulté comme du café. Pourtant c'était vraiment ignoble, le café. Et c'était précisément parce que c'était aussi ignoble que ça avait bêtement été la première chose qu'Andrew avait demandé à la serveuse du Robin's Donuts, ce qui lui avait valu un facepalm assez expressif contre sa propre personne. Donc, il venait de commander un des breuvages qui l'exaspérait le plus. Allons mes enfants, n'ayons crainte : on s'accoutume de tout — même du café. La preuve, il avait toujours eu ce réflexe d'agresser la machine à café à chaque pause. En fait, ce n'était même pas qu'il n'aimait pas la boisson — même s'il lui préférait le thé et de loin —, c'était juste qu'il s'agissait du truc par excellence de l'homme stressé, de l'oppression au travail, de la fuite désespérée vers la détente et qui au final nous retend les nerfs de façon encore pire. Le café, c'était la boisson de l'hôpital, des nuits de garde trop longues, des gobelets qui s'entassent dans la corbeille, des journées qui s'éternisent. Le café, c'était la boisson des cancans fatigués, des ragots sur la femme du collègue ou sur le petit vieux incontinent de la chambre 430, la boisson des discussions terminées, la boisson des échanges sans intérêt. Et ça lui avait laissé un goût amer, à Andrew, lorsqu'il avait bu les souvenirs en même temps que le café. Il en avait terminé avec tout ça. N'est-ce pas ? N'est-ce pas, que c'était du passé ?
Non.
Même pas.
Et c'était ça, le pire.

— Vos donuts sont délicieux mais votre café est définitivement dégueulasse, avait-il machinalement lâché à un serveur qui passait avec un plateau. Simple politesse. La fumée du tabac avait été soufflée sur le gobelet vide.
— Votre cigarette, monsieur.
— Je ne fume jamais.
— C'est une blague ?
— Oui.
— C'est un établissement non-fumeur. Éteignez-là ou sortez.
— Alors j'irai en terrasse. J'ai encore le droit de m'empoisonner, en terrasse ?
— Il n'y a aucune table en terrasse, monsieur, il fait trop froid.
— Et si je veux fumer ? C'est cruel, de me priver de cette saloperie. Installez-moi une table.
— Ça sera fait.
— Monsieur est trop bon.

Si le monde pouvait se rejoindre sur un point, des employés de bureaux aux marginaux effacés, des simples serveurs aux patrons suants leur richesse, c'était bien sur le fait qu'Andrew Seamore était tout bonnement exaspérant. C'était un fait, et il s'en félicitait alors qu'il s'installait sur les chaises glaciales. S'il avait été bon dans un domaine, autre que les études et d'autres choses bien prosaïques, c'était dans l'art de déranger. Faire chier, c'était toute une science, toute une philosophie, un mode de vie à part entière. Il s'en accommodait bien, des murmures dans son dos, des regards de travers. La haine apportait la paix, et c'était, ironiquement et avec toute la simplicité du monde, tout ce qu'il cherchait — la paix, pas la haine, entendez bien.
Enfin, sauf dans certains cas.
Un peu comme lorsqu'on aperçoit une tignasse rose à l'angle d'une rue. Et dans le monde, il ne connaissait que deux personnes avec des cheveux pareils — un type qui a raté son enterrement de vie de garçon, et Tatiana Cuplle. Tatiana, c'était un peu ce genre de personne dont la présence l'irritait un peu moins que les autres — l'apaisait peut-être, parfois, même. Tatiana, c'était cette nana qu'il ne devrait pourtant pas aimer — de celles qui s'accrochent trop, de celles qui s'attachent encore. Tatiana, pourtant, il la supportait. Tatiana, pourtant, ne le gênait pas, pas tant que ça. Et ça, quand on s'appelle Andrew Seamore, c'est un très mauvais signe. Oh, il n'allait pas la rejeter, c'était toujours un plaisir d'accueillir quelqu'un à une table glacée. Il fallait savoir être courtois, parfois, il savait se montrer civilisé dans son cynisme — tout le charme se trouve là. Non, il ne la virera pas, pour tous les prétextes du monde. Parce qu'il a froid, parce qu'il n'a pas envie, parce que le café est mauvais, parce que ça fait un moment, parce que la cigarette, parce que le temps. Parce que, parce que, parce que.
Bonté divine, ce que ça pouvait l'agacer.
Faites qu'elle ne s'approche pas.
Elle ne savait rien, et elle ne devait pas savoir. Rien du tout.
Faites qu'elle ne s'approche plus.

Raté.
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Tatiana Cuplle

Tatiana Cuplle

♠ AGE : 35
♠ COPYRIGHT : Shey
♠ STATUT SOCIAL : Seule
♠ EMPLOI/LOISIRS : Styliste


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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeDim 11 Mar - 13:13

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    Enfin un jour de congé ! Ce n'était pas comme si Tatiana se crevait à la tâche depuis des semaines, y compris les week-ends sans pouvoir respirer, non, c'était même encore pire que cela ! En effet, la jeune femme avait une tonne de travail sur le dos. La nouvelle collection tant attendue, autant par ses supporters que par ses rivaux, allait sortir dans les prochains jours. Elle y travaillait d'arrache pied depuis des mois, et encore plus depuis ces derniers jours. En effet, tout le travail de préparation avait pris un temps fou, tout comme le fait de dessiner les tenues, de les présenter, de trouver les gens capables de réaliser ce qu'elle attendait d'eux. Ensuite de recontacter des mannequins photos et des mannequins de podiums, en trouver de nouveaux, commencer les créations, en recommencer parfois, organiser les shootings, y participer, faire la promotion des nouveaux articles. Dernière ligne droite, présenter la collection sur le podium et la mettre en vente. En ce moment, il ne restait que les derniers détails. Vous savez, le petit plus de chaque tenue, les coiffures des mannequins qui défileront, la couleur du maquillage, à la paillette près connaissant Tat'... En gros, c'était le pire, le plus ennuyeux, le plus long, le plus méticuleux. Toute cette ambiance de stress se propageait autour de la jeune créatrice et donc, tout le monde en ce moment devait un peu subir les foudres et les coups de panique de la belle. Certes, ils étaient habitués à son caractère parfois bien trempé, mais ça n'empêchait pas le fait que ça en agaçait bien plus d'un. Elle le savait, oui, elle se connaissait tout de même, elle a des yeux pour se voir et des oreilles pour s'entendre. Mais que voulez-vous que cela change ? Foutrement rien. Elle aurait bien aimé que certains prennent sa place parfois. Juste quelques heures, pour observer la réaction, voir si c'était vraiment elle l'hystérique ou s'il y avait pire encore. De plus, elle n'était pas vraiment « une pro » du domaine. Oui, elle avait fait les études pour, oui, ça marchait pour elle, mais elle était encore très loin des Jean-Paul Gauthier et autres créateurs célèbres, qui ont une armée qui travaille pour eux, et où ils se contentent de dessiner ce qu'ils veulent, de vérifier que tout se passe bien et d'empocher le fric. Qui plus est, et ce à titre très personnel, présentaient souvent des merdes sur le podium. Des fringues improbables, que personne ne porterait dans la vie de tous les jours, ni même en soirée. Des fringues qu'on ne trouve même pas dans les boutiques renommées, des trucs hors de prix et souvent moches.

    Un jour peut-être, Tat' deviendra-t-elle, elle aussi, ingrate et pétée de tunes, à créer plutôt des oeuvres d'art de tissus que de vraies tenues. A faire défiler des mannequins qui ne voient même pas où elles marchent, tout ça pour donner un beau rendu sur le tapis.

    Malgré son seul et unique jour de congé, elle se leva de bonne heure ce matin là, l'habitude, l'horloge biologique, tout ça. Et surtout, Waffel, son chat, qui venait réclamer ses croquettes et sa pâtée du matin. Le félin, pesant pas loin de 5 kilos, sauta sur le lit, ce qui éveilla instinctivement la jeune endormie. Il vint frotter son petit visage poilu à celui de sa maîtresse, dans un miaulement peu viril. Elle tenta de faire semblant de dormir, elle se doutait qu'il ne devait pas être plus tard que 9 heures et elle aurait aimé profiter encore un peu du lit douillet et des bras de Morphée. Waffel n'était pas de cet avis. Il se mit à lui lécher la joue, chose qu'elle avait en horreur. Et il le savait. Maudit chat. Néanmoins, elle résista, dans un grognement, espérant le dissuader de continuer. Il se mit alors à mordiller ses cheveux, jouer avec sa touffe rose et ça, c'en était trop ! Il allait lui faire des noeuds, c'était inadmissible ! Elle ouvrit alors les yeux, voyant l'énorme touffe de poils, longs et grisés devant elle, elle lui souffla dessus en souriant, il s'éloigna alors en miaulant, se dirigeant vers ses petits plats vides. Tat' se redressa, frottant ses yeux, un peu collants, comme les enfants et mis un moment à émerger d'un lourd sommeil. Elle lança un coup d'oeil au réveil : 9 heures tapantes. Waffel aussi était réglé comme une pendule. Elle s'accroupit sur son lit, les cheveux en bataille et le pyjama un peu de travers, afin de regarder par la fenêtre qui se trouvait juste au dessus de l'endroit où elle passait toutes ses nuits... Et vivaient des soirées torrides. Ou non. La neige était encore là, si on pouvait appeler ça de la neige. Plutôt des petits tas bruns, juteux et disgracieux que personne ne prenait la peine de nettoyer ou d'écarter des trottoir. Désespérant. Elle fourra sa tête dans son coussin, râlant, grognant, gémissant à la fois de désespoir, d'ennui, d'agacement, de stress... Tous les sentiments les plus parasites qui puissent exister. Entre Waffel qui l'énervait pas mal à miauler sans arrêt et la su-per-be vue de dehors, elle allait avoir du mal à supporter cette journée qui, au départ, était censée la détendre.

    Elle finit néanmoins par se lever, attachant ses cheveux en un petit chignon mal foutu et servit les croquettes et la pâtée mal odorante à son bien aimé de chat. Il se tut immédiatement et on pouvait dire que ça ne mangeait pas de pain. Elle poursuivit alors son petit rituel matinal, un peu moins pressée que d'habitude. Tout d'abord, elle alluma sa chaîne hi-fi, laissant les chansons un peu démodées de la seule station de radio qu'elle captait dans son appartement. Ensuite, elle se fit couler un café, le premier d'une longue série. Tandis que le liquide brûlant se préparait lentement mais sûrement, elle se saisit de son paquet de clopes, des pink elephant, toujours, et s'en grilla une, appuyée contre le plan de travail, non loin de la cafetière, non loin du chat. Elle profitait de ce court moment de détente, ne pensant à rien d'autre qu'à fumer, bercée par le bruit ronronnant de a cafetière, les vrais ronronnements de Waffel et la musique douce qui traversaient les enceintes. Une fois le café prêt, elle se saisit de son mug préféré, y jeta 3 sucres et une cuillère avant de verser le liquide bénit dedans, le tout avec la clope en main. Vous l'aurez compris, le plat préféré de la belle c'était café-clope, peu importe l'heure de la journée, peu importe l'endroit, elle avait toujours un foutu gobelet à la main gauche et une cigarette rose dans la droite. Parfois, les deux dans la même, le téléphone en occupant l'autre. Un peu de lait et la tasse fut vide en moins de temps qu'il fallut pour le dire.

    Suite du rituel, choisir les vêtements qui feront d'elle la star du jour, comme tous les jours. Mégot écrasé, elle ouvrit le petit dressing situé à côté de sa chambre et se prélassa devant les dizaines de couleurs présentes. Après un long moment de réflexion et tenant compte du froid, elle opta pour un sous pull noir à longues manches et un pull en laine, col roulé mais courtes manches. Des collants en laine gris avec une jupe noire elle aussi. Des guêtres noires aussi poilues qu'un ours sur des bottines plates. Oui, les chaussures plates, c'était rare chez Tatiana, mais des talons de 15 cm dans de la neige qui n'en n'est plus vraiment, c'était franchement à éviter. Elle avait un bon équilibre, mais elle n'en restait pas moins susceptible de mourir ou juste de se casser un os, comme la plupart des êtres humains.

    Troisième étape du rituel, maquillage et coiffure, la partie la plus longue sur laquelle je vais passer brièvement les détails que tout le monde connaît déjà. Elle fit simple, pour une fois, et laissa pendre ses cheveux, tout de même lissés, maquillage sobre, noir et pailleté argenté pour s'assortir à sa tenue. Plutôt haute en couleur à l'origine, elle semblait presque triste dans des habits si sombres. Elle finit par enfiler une veste en tissu, assez courte, un sac à main avec un fouillis pas possible dedans, ses éternels lunettes de soleil et s'empressa de sortir de chez elle.

    Pourquoi sortir par un temps aussi maussade, me direz-vous ? Et bien simplement parce-que cette journée avait commencé d'une trop mauvaise façon que pour en plus, rester enfermée. Elle allait se faire plaisir, dans l'espoir de retrouver un soupçon de sourire, un café et un donut bien sucré, c'était ce qui lui fallait. Elle marcha alors le long des rues vers central avenue. Là se tenaient plusieurs petits commerces assez sympa, dont le Robin's Donuts Deh ! Une sorte de Starbucks spécialiste des donuts, comme le nom l'indique. On y trouvait des dizaines et des dizaines de variétés de donuts, certains même improbables qui ne donnaient pas forcément envie tellement ils semblaient chimiques ! Le centre ville était un poil plus dégagé que les zones résidentielles, ce qui arrangea pas mal Tatiana, déjà qu'elle devait faire face au monde du haut de son mètre 73. Elle n'était plus très loin, marchant d'un pas énergique pour combattre le froid .

    De loin, elle crut apercevoir un jeune homme qu'elle connaissait. Assis seul en terrasse du Robin's Donuts, plutôt étrange, on n'y mettait jamais de terrasse par un temps pareil. Elle s'approcha alors davantage et reconnu Andrew Seamore, une fois ses lunettes de mouche remontées sur le sommet de son crâne. Andrew... C'était une longue histoire. Une relation un peu compliquée. Elle l'aimait beaucoup, mais quelque chose au fond d'elle la poussait parfois à le détester, à lui donner envie de le gifler et de lui dire qu'il était sûrement le dernier petit con sur cette Terre. C'était le mec qui donnait l'impression de vous prendre de haut, de se croire mieux que vous, ou ce genre de trucs. Pourtant, ce n'était pas tout à fait ça. Il avait fallu un temps à Tat' pour comprendre ça. Elle avait réussi à découvrir un peu mieux ce jeune homme, un peu plus profondément. Elle avait perçu une sorte d'humanité refoulée en lui, une carapace énorme contre le monde. Il détestait qu'on l'aime, elle le savait. Mais elle n'allait pas non plus faire semblant de le haïr pour lui faire plaisir, ou pour elle-même se faire apprécier. Elle avait simplement appris à se mesurer, à lui faire passer le message, à lui faire comprendre qu'il pouvait trouver en elle le réconfort dont il avait besoin, qu'elle était là pour lui et qu'elle l'aimait beaucoup, sans pour autant le lui rappeler tous les jours ou l'inonder de belles déclarations. Parfois, ils se voyaient et ils passaient la seule et unique heure qu'ils se consacraient à se lancer des pics des remarques un peu désagréables mais jamais blessantes. Jamais assez agaçant pour couper les ponts. Elle tentait toujours désespérément de lui faire comprendre que lui aussi n'échappait pas à la règle, qu'il avait tout autant besoin d'amour que n'importe quelle personne ici. Mais c'était parler à un sourd. Quoi que... Non en fait, il l'entendait, peut-être même qu'il le savait et qu'il était de son avis, mais ça, il ne fallait surtout pas le montrer. Elle ne savait jamais réellement ce qu'il pensait, dans sa petite tête de chercheur de merde. Mais elle l'appréciait comme ça, et il fallait bien faire avec.

    Elle s'approcha alors et ébouriffa les cheveux de son « ami » et se pencha, lui offrant ainsi un énorme bisou dans le cou, qui claqua dans l'air. Elle sourit, étant persuadée qu'il avait détesté ce geste, qu'elle venait de l'irriter au plus haut point. Elle aimait bien le chercher ce gamin.

    - Je vais me chercher un café, tu bouges pas morveux.

    Elle entra dans le nuage de chaleur du magasin et fit la file. Elle commanda un double café au lait bien sucré avec un donut à la fraise pour elle, et un autre au sucre pour Andrew. Elle était sure qu'il n'avait rien mangé et aussi, qu'il aimait assez bien les donuts du Robin's. Elle ressortit avec son gobelet et le petit sac de sucreries à la main, elle prit place face au jeune homme.

    - Je t'ai pris un donut au sucre, dit-elle en posant le sachet sur la table gelée.

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E. Andrew Seamore

E. Andrew Seamore

♠ AGE : 38
♠ COPYRIGHT : Law S/Noir Strider.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeLun 12 Mar - 18:41

Oh non, ma belle, ça, c'est juste pas possible. Les gazouillis et les baisers dans le cou, tout ça, tu les laisses à Blanche-Neige, je te le dis tout de suite. Elle l'avait fait exprès, bien entendu. Bien entendu. Saloperie. Réprimant une grimace, Andrew remonta son écharpe dans un mouvement vexé. Le ridicule baiser baveux, d'accord, mais on ne touche pas à ses cheveux. Et pourtant, le bisou lui avait fait le même effet que lorsque sa grand-mère l'embrassait — la moustache en moins —, autrement dit, rien d'agréable. Mais vraiment, il n'y avait rien de plus exaspérant que quelqu'un qui vous tripote les cheveux. La jeune femme s'en était allée comme elle était venue vers le café, et il l'avait suivie du regard d'un air volontairement pincé. Tatiana, elle aurait pu le détester, pourtant, elle aurait du. Faire comme tous les autres. Ça aurait été bien plus facile. Tout avait l'air plus facile, comme ça. Ça l'avait interpellé à l'affection qui se cachait en taquineries, aux lèvres brûlantes, à la main glacée, et, chassant le vague qui s'accrochait à son visage, il porta la main à son font d'un geste théâtral en lâchant un « Ma chevelure de rêve ! » d'une voix blanche. S'arrachant brutalement à son rôle de femme battue, comme si rien n'était arrivé, comme si cette comédie n'avait jamais existé, il dévisagea volontairement son interlocutrice, et, coinçant la cigarette entre ses dents, se saisit du donut de la façon la moins sauvage qu'il pouvait — s'empiffrer, oui, mais avec classe, voyons. Dévoilez le gorille affamé qui est en vous.

— Tu sais, lâcha-t-il en mâchonnant paisiblement le donut, il faudrait que t'arrêtes de m'appeler « morveux », parce que quand ta maman t'as mise au monde, moi, j'étais déjà le cul sur un tabouret de la maternelle. La chaise bascula violemment. Donc tu me dois du respect, mon enfant. Respect des aînés. C'est une base de la vie.
Il resta un instant à la fixer et, faisant disparaître l'air vaguement sérieux dont il avait été pris en un haussement d'épaules, il s'affala de nouveau dans sa chaise de métal.
Oh et au fait, merci pour le donut.

Les yeux verts avaient dévié vers les routes souillées du cadavre boueux de l'hiver et, captant vaguement des passants au pas rapide, un sourire amusé s'était dessiné sur les lèvres d'Andrew. Ça le faisait rire, depuis son statut de profiteur officieux de la société, de faux-alité, de voir des gens s'entremêler en jurons contre la nature et contre l'homme lui-même, contre les enfants du voisin qui hurlent, les voitures mal garées, les merdes de chien, tandis qu'eux-même ne savaient faire leurs rejetons, garaient mal leur véhicule pour ne pas être en retard, ne voulaient pas s'abaisser à ramasser les déjections de son fidèle molosse. Ca avait de quoi être drôle, avec le recul. Il ne faisait que ça, Andrew — prendre du recul. Il avait été fait pour être spectateur de l'humanité. Ça lui convenait. Un rond de fumée au creux des lèvres, il avait reporté un regard amusé sur Tatiana, et frottant vainement le bout de son nez déjà anormalement rose pour tenter de le réchauffer, il se pencha vers elle, l'air presque sympathique.

— Eh, morveuse, je vais me chercher un thé. Je t'en ramène un, et si t'en veux pas, je le boirai.

Pour une fois, ça n'avait rien d'une tentative d'évasion. Pas trop. Bon, d'accord, si, peut-être un peu. Mais pas trop. Mais c'était qu'Andrew il était là pour dénigrer, pas pour faire la conversation, il laissait ce luxe ennuyeux à des personnes ennuyantes. Ce n'était pas pour lui. Filant à l'intérieur où, il devait le reconnaître, il avait bien plus chaud, il demanda les deux thés le plus innocemment du monde. Calmement, sans créer d'ennuis ni sans provoquer d'avantage les serveurs ou les cliens. Comme un adulte. Il fallait savoir se montrer civilisés, voyons. Et pourtant, pourtant, les regards assassins fendaient l'air, les jurons se crachaient en silence. Ça aurait presque pu lui fendre le cœur — l'humain est tellement rancunier. Oh, mais la cigarette qu'il n'avait pas daigné ôter de sa bouche n'était qu'un détail, n'est-ce pas ? Évidemment. Haussant les épaules, il regagna sa place glaciale et, tendant le gobelet brûlant à Tatiana, il lui lança un regard dépité.

— Ce qu'ils sont tatillons, ici. Sans se soucier ni des serveurs dont les regards noirs martelaient son dos, ni de la température du thé, il porta le gobelet à ses lèvres, la cigarette coincée entre ses doigts. Un temps. Deux temps. Roulant finalement des yeux, il simula une mine faussement agacée et jeta un sucre dans le thé. Oh allez, dis un truc intéressant, je suis ici pour hocher bêtement de la tête, pas te raconter ma vie. L'accent avait détaché les syllabes. Parce qu'ils ont des vies intéressantes, les gens comme toi, non ? Je veux dire, normalement.

Car tu sais bien qu'elle est vide, la mienne, de vie.
Oh, tu ne le sais pas ?
Tant mieux.
[Pardooon le post est SUPER nul mais mon cerveau est tout fatigué et je voulais pas te faire attendre ;;"]
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Tatiana Cuplle

Tatiana Cuplle

♠ AGE : 35
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeMar 13 Mar - 13:54

    Visiblement, elle avait bien fait de lui acheter un malheureux Donut. A croire qu'elle le connaissait plus que ce qu'elle pensait. Elle but un gorgée de son café et coinça sa main gauche entre ses jambes, geste automatique que la plupart des gens font pour se réchauffer, sans même s'en rendre compte. Au fond, je ne suis pas certaine que ça fonctionne réellement, mais ça protège mieux qu'un gant, on ne peut le nier.

    Quand Andrew prit la parole, la jeune femme posa son gobelet sur la table froide, concentrant alors le regard sur son interlocuteur. Elle l'écoutait avec attention car il avait prit cet air un peu savant, un peu hautain. Elle se retenait d'éclater de rire, elle savait qu'il n'était qu'à moitié sérieux. Quoi que... Avec Andrew, on ne savait jamais réellement s'il plaisantait ou non. Mais ça, Tatiana n'en faisait jamais une histoire. Ça lui passait dans la tête, le temps d'un seconde, peut-être plus. Une question, rapide, à demi-mots, le temps d'un haussement de sourcil, tout au plus. Elle se contentait de répondre spontanément, comme elle le sentait, souvent sur le ton de l'humour, pas très sérieusement. Souvent, elle tapait bon. Et au pire, elle se trompait et il ne se privait pas de rectifier le tir. En fait, il y a avait une sorte de petite compétition gentille entre eux. La victoire revenant à celui qui aurait le plus de répartie, celui qui aurait le dernier mot, ou du moins, qui empêcherait l'autre de rétorquer.

    - Tu sais, il faudrait que t'arrêtes de m'appeler « morveux », parce que quand ta maman t'as mise au monde, moi, j'étais déjà le cul sur un tabouret de la maternelle. Donc tu me dois du respect, mon enfant. Respect des aînés. C'est une base de la vie. Oh et au fait, merci pour le donut.

    Le voilà qui part dans des discussions de grand, alors qu'il ne sait même pas ce qu'est le monde des adultes. Des adultes qui travaillent et qui ont des responsabilités. Ça, c'était ce que Tatiana était en train de se dire, un fin sourire, légèrement en coin, berçant ses lèvres rosées. Il avait eu l'amabilité de dire merci, au moins.

    - C'est sur que pour l'élève studieux que tu étais.., elle prit son donut à la fraise et en mordit une bouchée qu'elle avala rapidement. Et les morveux n'ont pas d'âge... morveux.

    Elle sourit amusée et continua la dégustation du gâteau qui semblait tout à coup plus petit que dans la vitrine. Moins bon aussi...

    - Eh, morveuse, je vais me chercher un thé. Je t'en ramène un, et si t'en veux pas, je le boirai.

    Tat' hocha la tête, la bouche pleine et attendit, terminant son festin. Elle saisit alors son paquet de cigarettes dans son sac, les doigts gelés. Elle en alluma une tant bien que mal avant de poser les yeux sur Andrew qui revenait. En effet, il avait pris soin de lui prendre un thé. Ce geste eu presque le don d'attendrir Tatiana. Une attention bénigne, mais venant d'Andrew... On pouvait faire une croix au plafond, pour marquer le coup ! Elle le remercia quand il le posa devant elle.

    - Merci, mais j'ai un café loulou. Tu peux donc le boire et t'étrangler avec.

    Elle n'en pensait pas un traître mot, vous pensez bien. Mais il valait mieux éviter les mots doux, bien dégoulinants du style « Oooooh merci mon coeur, c'est trop gentil. Je finis mon café et je le bois, je suis sure qu'il est délicieux. Tu veux que je te rendre la monnaie ? Puis j'ai mon café, alors si tu le veux, je te l'offre avec plaisir. Attention, ne te brûles pas ! ». Non, Tatiana n'était pas aussi niaise... Quoi que.... Si en fait, elle aurait été tout à fait capable de lâcher ce genre de tirade. Ça lui arrivait rarement, mais elle avait toujours tendance à se laisser dépasser par ses émotions. Quand elle était touchée, elle partait dans une sorte de délire solitaire, tout le monde savait tout à coup combien elle était touche et ravie. Des traitements existent pour ce genre de déficience mentale, non ?

    C'est vrai, quand on y pense, Tat' ne doit pas être tout à fait normale. Enfin, je veux dire, elle aurait bien besoin de régler certaines choses dans sa tête. Certaines manies, certains tocs, même. Une petite thérapie ne serait pas trop demander. Mais le temps pour ça, elle ne l'avait pas. Et encore fallait-il qu'elle se rende compte qu'elle était un peu à part du monde qui l'entourait. Qu'elle comprenne qu'elle était en quelque sorte, atteinte. Personne ne lui avait jamais dit, peut-être personne ne l'avait jamais vu non plus. On se disait « elle est comme ça et puis c'est tout ». Ou encore « elle est spéciale ». Souvent, sur le ton de l'humour, ses amis lui disaient « Tu es complètement folle », ou « tu n'es pas finie ». Mais au fond, il y avait un peu de vérité dans ces remarques anodines.

    - Ce qu'ils sont tatillons, ici. Oh allez, dis un truc intéressant, je suis ici pour hocher bêtement de la tête, pas te raconter ma vie. Parce qu'ils ont des vies intéressantes, les gens comme toi, non ? Je veux dire, normalement.

    Les gens comme elle ? Que voulait-il dire par là ? Ah oui, c'est vrai... Andrew avait cette tendance à se croire différent des autres. A croire que les gens qui l'entourent sont tous les mêmes, moins bien que lui, ou simplement pris dans l'engrenage morbide de la société. Tous pressés, tous rangés dans une petite vie confortable ou stressante. Tous rangés dans des sortes de cases, prédestinées pour eux. La tendance à croire que tout le monde est trop conventionnel. Or, aux yeux de Tat', il n'était pas différent des autres. Des gens comme lui, il y en avait des millions, si pas des milliards. Certes, la plupart des gens étaient comme il le pensait, parce-que c'était comme ça. C'était comme ça depuis des centaines d'années, il y a une sorte de fatalité qui fait que l'homme se met à travailler, à gagner de l'argent, à organiser sa vie. Tatiana n'échappait pas à la règle, loin de là. Elle était sûrement une des personnes les plus pointilleuses. Sa vie était quasiment réglée comme du papier à musique. C'était son travail, son train de vie qui voulait ça. Elle l'avait choisi et elle l'assumait. Aujourd'hui, elle ne pouvait plus revenir en arrière, ni se laisser aller. Imaginez, tout partirait en vrille. Ce serait du n'importe quoi de A à Z et elle y laisserait tout. Sa carrière, son argent, son appartement, tout ce qui lui permettait de vivre correctement. Aujourd'hui, si elle se mettait à changer de train de vie, elle serait perdue, désorientée et avouons-le, elle avait une trouille bleue de vivre au jour le jour. Du moins pour le milieu professionnel. Au niveau affectif, ce n'était PAS DU TOUT la même chose.

    Avant, dans son adolescence, et surtout à l'époque où elle sortait avec Kurtis, sa vie n'avait pas d'avenir, même à court terme. Elle ne prévoyait rien en avance, elle suivait le mouvement, elle se laissait vivre. Jamais certaine de se réveiller le lendemain, jamais certaine de ce qui allait se passer. Elle ne pouvait même pas prévoir une simple sorti au cinéma. Elle avait essayé, mais avait compris que tous les plans qu'elle pouvait planifier allaient tomber à l'eau pour faire place à autre chose, à un imprévu, à ce que Kurtis voulait faire à la place.

    - Tu sais, Andy..., surnom qu'elle avait spécialement choisi et sur lequel elle avait insisté pour le titiller davantage, ta vie n'est pas différente de la notre. Enfin, si, il y a des nuances. Mais elle n'est pas plus intéressante pour la cause. C'est toi qui croit ça, c'est toi qui te fait une idée très idéalisée de ton existence. Ou alors tu te voiles tellement la face que t'en oublies la réalité. Elle s'arrêta un moment, avant de reprendre la parole. Oui, ma vie est intéressante, parce-que j'en fais quelque chose. Quelque chose que j'aime, que j'ai choisi. La tienne l'est sûrement aussi, à sa manière. Mais je vais pas te parler de ça, sachant pertinemment que tu t'en fous pas mal, et au pire des pires, tu rentreras chez toi en te disant « il faudrait que j'arrive à quelque chose, un jour », parce-que je t'aurais terriblement désespéré.

    Ce que venait de dire Tatiana n'était pas méchant, pas fait pour blesser. Loin de là. Elle espérait simplement le faire réagir. Certes, elle ne savait pas tant que ça sur la vie de son partenaire, et elle ne cherchait pas plus que ça à se renseigner, d'ailleurs. Mais elle devinait qu'il n'avait pas franchement avancé. Peut-être était-ce un choix personnel, elle l'ignorait aussi. Mais elle espérait un jour lui faire comprendre qu'à un moment donné, ça ne pourrait plus fonctionner. A moins de partir en Antarctique et de devenir inuit, de vivre de sa pêche dans un igloo, un jour ou l'autre, il devrait se prendre en main et régler sa vie, un minimum. Il n'était pas fait pour être un homme d'affaires prisé, écumant rendez-vous sur rendez-vous. Elle le savait, ça se voyait. Mais profiter du système,ça ne fonctionne qu'un temps. Et personne n'échappe à cette règle, à cette loi.

    Elle avait quelques années de moins que lui, mais si on comparait leur parcours, elle avait au moins une dizaine d'années de plus. Elle ne s'en vantait pas, à vrai dire, elle n'y avait même jamais pensé. Elle n'avait jamais comparé leur vécu. Elle ne savait pas grand chose sur sa famille, sur ce qui l'avait amené à Thunder Bay. Elle était au courant qu'il avait une petite soeur, et des parents. Elle savait qu'il était anglais parce-que l'accent de mentait jamais. Elle ne lui avait même jamais demandé confirmation de ses origines. Elle ne savait pas quelles études il avait faites, s'il avait déjà travaillé, s'il avait eu des petites amies, ou même une femme. Elle devinait, elle devinait toujours. Des choses l'intéressaient, des choses la titillaient. Parfois, elle demandait des réponses, mais la plupart du temps, elle laissait ça dans un coin de sa tête. Elle avait compris qu'il n'aimait pas, qu'il ne voulait pas en dévoiler de trop. Lui, en revanche, connaissait pas mal de choses sur elle. Elle les lui avait dites sans même qu'il pose de questions. Elle s'était ouverte à lui, comme elle le faisait facilement avec la plupart des gens qu'elle appréciait. Et puis, au fond, si elle ne parlait pas, qui allait le faire ? Pas Andrew. Elle espérait juste qu'il s'intéresse réellement, un peu, à ce qu'elle lui disait quand ils se rencontraient. Qu'il soit content pour elle quand elle lui annonçait une bonne nouvelle, qu'il avait eu de la peine quand elle lui avait confié des faits lourds de son passé. Est-ce qu'Andrew avait cette capacité à ressentir des émotions, des sentiments, comme tous les autres ? Pour Tat', oui. Elle s'évertuait à penser qu'il était comme tous les autres, qu'il n'échappait pas aux lois de la nature. C'était aussi pour ça qu'elle n'agissait pas différemment avec lui qu'avec les autres.

    - A part ça, si tu veux vraiment savoir, ma boutique est bientôt terminée, tout comme la nouvelle collection. Ça me prend un temps fou, je suis sur les nerfs. Et aujourd'hui, j'ai congé.

    Elle écrasa le mégot de sa cigarette sur la semelle de sa botte avant de le lancer dans la rigole, un peu plus loin. Pollueuse, pollueuse. Mais il n'y avait ni poubelle, ni cendrier aux alentours.

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E. Andrew Seamore

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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeMar 13 Mar - 23:46

Le thé avait placidement fumé à leur visage, la vapeur et la buée qui s'échappait de leurs lèvres crevant avec aise la pâle fumée des cigarettes. Andrew, les mains collées autour de son gobelet dans l'espoir de réchauffer ses phalanges, se balançait avec tranquillité sur sa chaise en métal, les pieds collés contre le pied de la table et l'air étonnamment détendu — lui qui jusqu'ici haïssait tant l'hiver, pourtant, et qui se sentait désormais parfaitement reposé par le calme des rues sales. Les caniveaux semblaient ressusciter d'une longue hibernation en se gorgeant d'eau souillée de neige fondue, comme si le pays épongeait un hiver auquel il était habitué depuis une éternité dans un rituel millénaire. Ça l'avait fait sourire, un peu bêtement, comme soulagé par les bruits plus rares que d'ordinaire. Un sourcil s'était haussé et, sans effacer le demi-sourire qui se creusait dans son visage, il avait négligemment porté le thé brûlant à ses lèvres glacées. Il aurait presque pu lâcher un rire clair et court s'il n'avait pas été certain que, si l'envie lui en prenait dans l'instant, il cracherait surtout son thé avec autant d'élégance et de distinction que lorsqu'on change la couche des vieillards qui ne sont plus totalement maîtres de leurs moyens à l'hôpital. Ça aurait été un simple rire discret, pas le genre forcé, pas non plus le fou rire du mec lourd qui se roule de rire sur le carrelage pendant le millénaire à venir. Juste, celui qui détend, celui qui ne se moque pas, celui qu'il lui arrivait de lâcher, parfois. Et même en reposant le gobelet, il s'en était abstenu. Trop tard, trop tard. Tripotant nonchalamment l'écharpe bleu marine qui pendouillait à son cou, il avait sourit de plus belle, et, soufflant un rond de fumée d'un air goguenard, avait fixé la jeune femme.

— J'étais peut-être pas super studieux mais j'étais sage et très bon, moi, à l'école. Tu ne le sais pas parce que j'ai tout gâché, c'est tout.

Il avait de nouveau porté la cigarette à ses lèvres en réprimant un rire ironique, un peu jaune, peut-être, aussi. Gâcher était jusqu'à présent le terme le plus juste qu'il pouvait employer — un gâchis involontaire, oui. Il n'en dirait pas plus. Le regard avait fait un tour rapide sur les alentours, pas tout à fait fuyant, pas tout à fait absent. C'était dangereux, de jouer sur ce terrain ; ça glissait vers des pans de sa vie qu'il ne voulait pas qu'elle sache, qu'il ne voulait pas qu'elle apprenne. C'était foutu, sinon. Tout. La pitié, la ribambelle d'attentions hypocrites, et les gens qui passent leur temps à demander si ça allait, s'il avait besoin de ceci ou de cela, la bonne conscience qu'on voulait se donner — pas question. Plutôt crever. Il avait simplement haussé les épaules, comme cherchant à chasser le sujet de la mémoire de Tatiana avant que les questions ne filent sur ses lèvres.

— Moi j'ai un café, mon loulou. Tu peux donc le boire et t'étrangler avec.
Voix faussement mielleuse et sourires en coin.
— Oh je t'en prie, un anglais qui s'étouffe avec son thé, c'est comme un écossais qui ne supporte pas le whisky — ça n'existe pas, bébé.

Le surnom était d'un grossier ridicule, d'une vulgarité stupide. C'était précisément pourquoi il l'avait employé. Grotesque, c'était le mot. La provocation, le sérieux en moins. Des taquineries, des tirs dans les jambes. Rien de cruel, au fond, rien de juste méchant. Il trouvait même ça plutôt bon enfant, Andrew, ces confrontations puériles. C'était du jeu, comme les gamins qui gueulent dans la cour, c'était pour de faux. Comme tout. Le vrai et le faux étaient des notions qu'il discernait avec parfois plus de difficulté que d'ordinaire. Ça le rassurait, quelque part, d'être dans le faux, dans le feint, dans le doute amical et l'incertitude affectueuse. Ça l'avait toujours protégé, ça lui laissait toujours un angle mort pour mieux esquiver, pour mieux fuir.
Pourtant, là, il l'avait bien senti, qu'on basculait dans le vrai.
Le mauvais côté, le mauvais choix. Qu'on ne s'égare pas, il ne se confondait pas dans une vie et une personnalité qu'il s'était créé de toutes pièces, il ne se prenait pas pour autre que lui. Et le problème était justement là — il aurait mieux fait d'être lâche pour de bon, d'être juste un imbécile de plus, de s'abandonner là, et de se réinventer. Il avait eu à la fois l'intelligence et l'entêtement de ne pas se laisser couler dans des illusions. Il ne voulait pas s'oublier, il ne voulait pas s'effacer, il ne voulait pas disparaître — pas comme ça. Il voulait juste fuir. Tout simplement. Pas se fuir lui-même mais fuir les autres, fuir les jugements, fuir leur pitié, leurs regards, leurs paroles, leur conscience, leur curiosité, aussi, un peu. Parce qu'on n'est jamais plus sincères qu'avec les cons, n'est-ce pas ? On ne cherchera jamais à mentir à quelqu'un qui est fait pour être détesté. On voudra encore moins s'y attacher. C'est ce à quoi il avait toujours aspiré. L'indépendance et l'indifférence. Qui n'aime pas ne souffre pas, c'était une équation simple de la vie qu'il avait su résoudre. La mettre en pratique, en revanche, était bien plus difficile. Et ça le faisait enrager.

On avait basculé dans le vrai et ça avait fait tiquer Andrew. Le terrain se dérobait sous ses pieds et lentement, Tatiana glissait vers lui. Pire, encore, les impressions avaient fait disparaître son appréhension. Le piège se refermait sur lui, il le sentait, comme tombé dans une embuscade. Et au diable tout ça, les manipulations, les évasions, les dissimulations. Si on avait daigné lui foutre la paix dès le début, tout aurait été bien plus simple. C'était ça, le maître mot, le rejet ultime, le but final. Foutez-moi la paix. Ça l'avait un peu irrité, Andrew, les prétentions qu'on lui attribuait, les impressions dont on l'accablait. Ça l'avait rendu un peu aigre, un peu amer, comme le sourire acerbe qu'il n'avait su réprimer alors qu'il se penchait vers la jeune femme. Alors c'était comme ça, hein ? Une bataille navale. Touché, mais pas coulé.

— Déjà, ne m'appelle pas Andy, j'ai horreur de ça, même « petite bite » je trouve ça plus agréable. Il fallait chasser cette foutue amertume qui le trahissait. Innocemment, il appuya son index sur le bout du nez de Tatiana pour pousser dessus et, présentement, lui faire un nez retroussé à outrance. Un geste d'enfant, sans maladresse, juste une spontanéité troublante. Ensuite, je suis payé pour profiter de la société, pour piétiner les statistiques ; je suis payé par l'État auquel je suis parfaitement inutile. J'en ai conscience, et je m'y plais. Il lâcha finalement un sourire plus assuré, plus rassuré, aussi, détendu par ses propres éclaircissements, et, coinçant son nez entre son majeur et son inde comme s'il voulait lui voler, se résolut à laisser son naseau tranquille. On me demande d'être futile et superflu. Tu comprends ? Un temps. Il attrapa le donut en se recalant dans sa chaise. Remarque non tu dois rien piger et en fait, moi non plus.
Il haussa de nouveau des épaules en mordant dans sa pâtisserie. Comme à son habitude, il changeait en un claquement de doigts, comme si de rien n'était. Pourtant si, tout était, et il le savait. Allez, Andrew, change.
— Et si tu continue de m'embêter en me disant que je suis un morveux, j'irai lâcher mon chat dans ton magasin le jour de son ouverture. Tu comprendras ta douleur et celle de mon canapé.

Comme si de rien n'était.
Car rien n'est, n'est-ce pas ?
Allez, Tatiana, sois sympa.
Fous-moi la paix.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeMer 14 Mar - 17:26

    Alors que Tatiana pensait bien avoir touché un point sensible, aussi petit soit-il, elle se contenta de sourire. Toujours. Pas un sourire amusé, pas un sourire narquois et machiavélique. Un sourire qui en disait long. Un sourire qui disait en quelque sorte « je sais que je ne suis pas loin de quelque chose que tu t'évertues de cacher, mais je fais semblant de rien. Pour toi. Parce-que je ne veux pas t'imposer ça. ». En effet, elle ne cherchait pas à le démasquer, elle ne cherchait pas à ce qu'il se dévoile totalement à elle. Non seulement, elle ne s'intéressait pas de A à Z à lui, mais surtout, elle ne voulait le mettre mal à l'aise, le mettre dans une position qui l'aurait gêné ou rendu faible. Elle savait très bien que tout le monde avait droit à son jardin secret, que tout le monde avait des sujet un peu plus sensibles, des sujets qu'on préférait éviter, voire totalement cacher. Elle sentait bien aussi qu'elle en savait déjà de trop, plus que la normale et qu'Andrew aurait vraiment beaucoup de mal à lui accorder plus que ça. Elle le respectait, à 100 %. Elle aimait surtout le taquiner. Pousser, toujours un peu plus, tester les limites comme un enfant, en quelque sorte. Parfois, elle employait des mots durs, comme maintenant. Elle risquait de se faire bien remballer un jour. Elle ne pensait pas toujours totalement ce qu'elle lui disait, souvent, elle extrapolait un peu, elle le rabaissait alors qu'elle était sans doute une des personnes qui croyait le plus en lui. Bizarre quand on ne connaît quasiment rien de la vie de la personne en qui l'on croit, non ?

    Elle, elle lui avait révélé davantage de choses sur sa vie mais il lui arrivait, comme à tout le monde, de garder des détails pour elle ou de ne pas épiloguer sur ce qu'elle avait ressenti au moment des faits, ni encore ce qu'elle ressentait aujourd'hui, à ces vieux souvenirs. En effet, elle ne se souvenait pas vraiment avoir parlé de sentiments ni d'émotions avec Andrew. Elle avait raconté des faits. La mort de son père, sa relation tumultueuse avec Kurtis, sa cure de désintoxication même. Mais elle avait été crescendo, et elle en avait dit davantage sur son père que sur sa cure. Sujet un peu épineux. Et c'était en grande partie pour ça qu'elle ne poussait jamais Andrew à bout. Après tout, s'il avait vraiment envie de lui confier quelque chose, il le ferait un jour de lui-même, ou il préciserait rapidement si elle se mettait à en parler. Or, en ce moment précis, elle avait senti que ce n'était pas le bon moment, ni le bon sujet.

    Quand le jeune garçon s'approcha du visage de Tat', et qu'il appuya sur son nez, la jeune femme se mit à loucher instinctivement, le gobelet toujours à la main. Elle se mit à rire, d'un rire doux, cristallin et innocent. Elle posa le regard sur son interlocuteur et l'écouta attentivement.

    - Ensuite, je suis payé pour profiter de la société, pour piétiner les statistiques ; je suis payé par l'État auquel je suis parfaitement inutile. J'en ai conscience, et je m'y plais. On me demande d'être futile et superflu. Tu comprends ? Remarque non tu dois rien piger et en fait, moi non plus.

    Elle roula des yeux, ne perdant pas le joli sourire qui lui bordait les lèvres.

    - Bien sur, t'es une sorte de super héros désinvolte ! Suis-je bête. De toute façon, tout le monde sait que les héros sont malheureux.

    Alors qu'il tenait à présent son petit nez percé entre ses doigts froids, Tat' posa sa main sur la sienne. Sans forcer, sans tenter de le retirer. Comme pour l'accompagner dans son geste afin de lui dire « ne pince pas trop fort tout de même », et pouvoir enfoncer ses petits ongles aiguisés et manucurés dans la chair d'Andrew s'il venait à lui faire mal. Mais une fois de plus, elle lui accordait une certaine confiance qui faisait qu'elle aurait mis sa main à couper, justement, qu'il n'oserait jamais toucher à l'un de ses cheveux. Non seulement parce-qu'ils n'avaient presque aucun contact physique tous les deux, mais aussi parce-qu'il n'avait aucune raison, et probablement aucune envie d'un jour faire du mal à la petite poupée qu'était Tatiana.

    Il se retira et la main de la jeune fille reprit sa place entre ses jambes. Elle termina son donut avec appétit tandis qu'il reprenait la parole.

    - Et si tu continue de m'embêter en me disant que je suis un morveux, j'irai lâcher mon chat dans ton magasin le jour de son ouverture. Tu comprendras ta douleur et celle de mon canapé.

    Un chat ? C'était mal la connaître que de vouloir l'ennuyer avec un chat ! Elle les adorait, surtout le sien. Et qu'il amène son chat, puant ou propre, castré ou non, griffeur ou non, elle s'en fichait pas mal ! Elle savait y faire avec ces bêtes, et au pire du pire, elle l'aurait enfermé dans la réserve. Voire même adopté pour faire un compagnon à Waffel ! Ceci dit, il ne fallait pas nier que l'idée de se faire déchiqueter ou parfumer ses créations ne l'enchantait pas de trop.

    - T'es débile ? J'adore les chats. Il me tiendra compagnie au magasin. Et il m'aimera tellement, qu'il l'osera pas faire quoi que ce soit de mal dans ma boutique. Je te mets au défi, « petite bite ».

    La jeune fille se mit à pouffer de rire. Quoi ? Mais non ce n'était pas méchant ni vulgaire ! Il avait dit lui-même qu'il préférait qu'on l'appelle « petite bite » à Andy. Elle s'était donc empêchée de l'appeler Andy pour son plus grand plaisir et avait opté pour le surnom expressément choisi par le concerné. Certes, c'était un peu puérile, mais ne nous voilons pas la face, Tatiana était toujours une gamine par moment, surtout quand elle pouvait relâcher la pression après le travail. Et Andrew n'était pas beaucoup moins puéril, excusez-moi ! Trop de sérieux tue le sérieux, voilà ce qu'elle en pensait ! Elle riait surtout d'avoir osé dire ça, sortant de sa bouche, ça faisait mauvais genre, ça surprenait. Et elle avait rarement un mot plus haut que l'autre, elle ne jurait pas souvent, voire jamais. Et les seuls « gros mots » qu'elle osait lâcher en publique c'était « merde », « putain » dans les jours les plus difficiles, ou sinon « saperlipopette » ! Oui, Saperlipopette.... OH BEN CA VA HEIN, ELLE A EU UNE BONNE ÉDUCATION !

    Elle avait décidé de lâcher l'affaire pour aujourd'hui, comme vous avez pu remarquer. C'était bon pour une fois. Comme toutes les fois, en fait. Il avait le tour de se déjouer ce saligaud ! Le don de passer d'un sujet à l'autre, de ne jamais l'engueuler, de ne jamais se fermer et lui sortir quelque chose du style « écoutes, tu vas trop loin là, tu ferais mieux de te mêler de tes affaires ». Et pourtant, parfois elle méritait bien de se faire remettre en place. Pas qu'avec Andrew, d'ailleurs. Elle avait le don de se faire avoir par sa curiosité et avec son air tout gentil, tout mignon, la bouche en coeur, personne ne lui disait jamais d'aller voir ailleurs. Au pire elle avait droit à un sourire un peu gêné, des balbutiements et des demi-mots. Au mieux, elle arrivait à faire parler la personne et elle était satisfaite pour le reste de la journée ! La seule personne ayant eu la force et la volonté de la remettre en place et pas qu'un peu, avait été Kurtis. Mais bon, ce n'était sûrement pas la meilleure des méthodes non plus, ni les meilleurs souvenirs. Elle aimait tellement qu'on lui tienne tête pourtant... Elle aimait savoir qu'elle ne pouvait pas tous les rendre gagas, un peu cons, un peu mielleux. Elle aimait savoir que son physique ne faisait pas toujours toute la différence. Elle aimait se sentir comme les autres, comme tous le monde, une personne, pas juste une fille, pas juste une belle fille.

    Elle ne cherchait pas à séduire tous les garçons qu'elle fréquentait, loin de là. Et pour tout vous dire, si elle aimait autant Andrew, si elle passait du temps avec lui de cette façon, si elle croyait en lui plus qu'en la majorité des gens, si elle le laissait en paix sans pour autant abandonner la bagarre, c'est parce-qu'elle se sentait normale à côté de lui. Il ne lui donnait pas l'impression d'être attiré, pas l'impression d'être gentil avec elle dans l'espoir d'un jour l'avoir dans son lit. A vrai dire, elle n'avait même jamais senti son regard peser une seule seconde sur ses courbes féminines. Peut-être était-ce arrivé, peut-être la trouvait-il très à son goût, peut-être qu'il avait un amour profond et caché pour elle, elle n'en savait rien. Elle en doutait fortement. Oui, elle était persuadée que cette amitié était réellement sincère et platonique. Qu'il lui parlait parce-qu'il avait envie de lui parler, la voyait non pas pour se délecter de ses formes attrayantes mais pour passer un moment agréable avec quelqu'un. Elle se sentait déjà plus elle-même et plus à l'aise avec lui qu'avec la plupart des autres hommes. Elle non plus, d'ailleurs, n'avait jamais eu de pensées déplacées envers lui. Elle avait remarqué son physique plutôt bien foutu, oui. Fallait-il encore être aveugle pour ne pas le voir. Propre sur lui, assez bien fringué, même si elle lui disait toujours qu'il se sapait comme un sac. Il sentait bon. D'ailleurs, elle s'était toujours demandée pourquoi il n'avait personne dans sa vie. Elle ne savait rien de sa vie sentimentale ou sexuelle. Elle ne savait pas s'il était quémandé par la gente féminine, ou masculine. En général, un homme beau, mystérieux et un peu froid, ça attire les gonzesses. Et s'il était gay ? Ça ne changerait rien, il les ferait tous tomber, eux aussi.

    Elle s'aventura lentement sur le sujet, reprenant un peu son sérieux.

    - Dis-moi... Tu as quelqu'un dans ta vie ? Je veux dire, sentimentalement. Elle marqua un temps d'arrêt et son regard s'aventure derrière Andrew, sur quelques passants, inquiets de ne pas glisser au milieu de la rue. Je me suis toujours demandée comment ça se passait pour toi à ce niveau. Tu es plutôt beau garçon, tu dois avoir du succès.

    Les yeux de Tatiana se reposèrent pour la énième fois sur Andrew, elle inspecta rapidement son visage. Oui, il était bien sculpté.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeJeu 15 Mar - 18:41

C'était moins une.
La pression était retombée avec les cendres de la cigarette qui s'essoufflait lentement en volutes de fumée. La pression était retombée et Andrew s'en était senti soulagé, comme un poids qui se soulevait de ses épaules en un claquement de doigts. Il avait eu l'air vague, l'espace d'un instant, alors que les yeux de jade poursuivaient cette tendance agaçante qu'ils avaient de fuir vers d'autres silhouettes, bien plus loin, bien plus sombre. Ça l'avait surpris lui-même, ce visage nébuleux qu'il se surprenait à avoir. Ça lui arrivait de plus en plus et bien trop souvent. Battant brièvement des cils pour chasser le voile qui tombait devant ses yeux, il se retourna vers Tatiana, retenant la grimace désagréable que lui avait inspiré la sensation de sa main sur la sienne. Andrew n'était pas quelqu'un de tactile, ne l'avait jamais été et ne le serait sûrement jamais. Le contact humain le débectait encore d'avantage au sens propre qu'au sens figuré. Tripoter des mèches de ses cheveux, caresser son visage, toucher sa peau. L'homme avait besoin de contact, besoin de sentir, de ressentir la peau qui roule sous ses doigts ou les cheveux sombres qui coulent entre ses phalanges comme de l'eau. Pas lui. Définitivement. Ça ne le dégoûtait pas, ça ne lui donnait pas l'impression d'être sale, ni même d'établir un quelconque lien ou sentiment au travers d'un toucher. Tout simplement, la sensation le dérangeait profondément, et il s'était inconsciemment frotté la main comme on voudrait faire partir une trace tenace, comme voulant effacer la perception dérangeante qui avait alerté sa peau. La cigarette se balançait dangereusement au bout de ses lèvres comme lui se balançait sur sa chaise, comme les enfants dans les classes d'école. Un jour, il allait glisser, c'est sûr, à temps se balancer. Tombera, tombera pas. C'était une roulette russe de cour de récréation, et si la chaise rencontrait une plaque de glace, et si elle butait, et si l'équilibre s'en allait. Et si, et si, oui, non, pourquoi, parce que, un jour, peut-être. Les quatre pieds de la chaise avaient finalement regagné le sol. Il n'avait ni envie de se briser la nuque, ni de se ridiculiser en tombant bêtement de sa chaise. Adieu son image publique, sinon. Le ridicule ferait tout foirer. Hochant calmement de la tête, il avait fait tourner le gobelet qui se refroidissait entre ses mains pour y recueillir encore un peu de chaleur. Le surnom avait ricoché sur les lèvres de Tatiana et ça lui avait arraché un sourire, à Andrew, cette vulgarité nouvelle, cette familiarité amicale. Ça l'avait amusé, ces gros mots scandaleux dans sa bouche. Il n'allait pas faire le petit puritain choqué — Tatiana était une une grande fille les jurons filaient sur les lèvres de tout un monde et il fallait être stupide pour y trouver un mauvais genre. D'un geste plus vif, il se résolut à écraser la cigarette qui mourrait lamentablement, écorchée et démembrée au fond du cendrier. Ça l'avait fait se sentir nu l'espace d'une seconde et les cours de la fac de médecine lui revenaient en masse. Le cancer, tout ça. C'était loin, toute cette histoire, la fac, il l'avait laissée derrière lui depuis bien longtemps. C'était un peu toute l'ironie de la chose, partager une cigarette avec des collègues entre deux patients cancéreux. Au diable ces histoires. Ça ne comptait plus.

— Bien sûr, t'es une sorte de super-héros désinvolte ! Suis-je bête. De toute façon, tout le monde sait que les héros sont malheureux.
Malheureux ?
— Je ne me vante pas d'être un super-héros, au contraire. Je suis un parasite, ça me semble logique.
Alors c'était ça, il avait l'air malheureux ?
Il avait haussé les sourcils.
— Tu trouves que j'ai l'air malheureux ?
Aurais-tu pitié, petite ?
— Tu te trompes. C'est mon côté demoiselle en détresse qui fait ça.
Ne t'avise pas d'avoir pitié.
Ne me donne pas cette déception.
Ne me prouve pas qu'encore une fois, je me suis trompé.
Ne t'avise pas d'avoir pitié de moi.

Sans réfléchir, Andrew avait tiré une autre cigarette de son paquet. Il la faisait tourner entre ses doigts, un peu bêtement, se rendant compte que non, vraiment, là ça faisait beaucoup pour ce matin. L'allumer, ne pas l'allumer. Se tuer un peu plus, résister encore. Il finit par abandonner et rangea la cigarette dans le paquet. Tant pis, plus tard. Ses gestes avaient traduit une nervosité inhabituelle dont il se surprenait lui-même, un peu hésitant, un peu tremblant. La question, c'était : pourquoi ? Parce qu'il avait eu peur, brutalement, de la pitié qu'il aurait pu inspirer. Avait-il l'air si pitoyable, si pathétique ? Dieu, il se faisait peut-être simplement des films, après tout, ce n'était qu'un simple doute, un petit détail parmi tant d'autres. Mais là ça l'avait vaguement alerté, ça l'avait brutalement fait douter. Les « et si » avaient martelé sa pensée alors qu'il terminait le gobelet et, dissipant le doute d'une pichenette sur la joue de la jeune femme, il lui adressa un sourire en coin. Purement amical. Ça le surprenait, aussi, de devenir soudain bien plus tactile, alors que la sensation même de la peau de quelqu'un contre la sienne le dérangeait, il s'attaquait puérilement à son visage pour l'embêter un peu plus.

Oh, et puis. Au diable les bonnes mœurs.
La cigarette fut sortie de son paquet.

Oh, non, Tatiana ne devait pas avoir pitié. La conclusion avait été tirée lorsqu'il faisait glisser son doigt sur le briquet. Parce que Tatiana est de celles qui aiment, qui s'attachent, qui s'accrochent en excès, comme se jetant à corps perdu dans la lutte sans fin, dans les hésitations sempiternelles de l'âme. Tatiana n'avait pas pitié, Tatiana avait juste voulu frapper quelque part, frapper fort, frapper juste, histoire de le secouer — parce que c'était ça, Tatiana : elle voulait sans arrêt le secouer —, histoire de lui dire de se réveiller, d'ouvrir un peu les yeux. Andrew s'était détendu et, secouant la tête en acquiesçant sa propre pensée, il avait chassé les illusions qui avaient rampé entre les synapses de son cerveau comme un serpent répugnant. Tout ce qu'il fallait, c'est qu'elle n'avait rien remarqué. Il ne s'était pas totalement trahi, ce n'était pas comme s'il avait tremblé de tout son long, ni sous la peur, ni sous la rage, ce n'était pas comme s'il s'était embrasé, comme s'il s'était braqué et vociféré des insultes et des reproches. Il n'était pas stupide à ce point — à force d'user et d'abuser de la tactique qui avait tracé toute sa vie, il avait appris à rester maître de ses moyens. Mais Tatiana n'était pas une idiote non plus. Il aurait suffit qu'elle capte un seul geste mal assuré, un simple mouvement vacillant, et c'était mort pour lui. Tout se casserait la gueule comme un foutu château de carte, et adieu les efforts, et adieu la paix. Et puis, l'idée était venue. Comme une illumination, brillante dans sa simplicité, géniale dans sa stupidité. Instinctivement, spontanément, il avait lâché un désinvolte et distingué « Bordel, j'ai froid » en attaquant l'autre gobelet de thé. Elle même grelottait, alors comment aurait-elle pu lui reprocher ? Tu es le génie le plus stupide de ce monde, Andrew Seamore.

— Dis-moi... Tu as quelqu'un dans ta vie ?
Hein ?
Je veux dire, sentimentalement.
Oh non.
Je me suis toujours demandée comment ça se passait pour toi à ce niveau. Tu es plutôt beau garçon, tu dois avoir du succès.
Oh non, pitié. Tout mais pas cette discussion.
Les amours, Andrew, il n'en avait jamais rien eu à faire. Une perte de temps. Avec Andrew Seamore, l'amour, ça finissait toujours mal, ça passait toujours à la trappe.
— Oh, arrête, tu vas me faire rougir. J'avoue tout ; je suis fou amoureux de Marie-Germaine, quatre-vingt ans. Je n'ai jamais vu quelqu'un nourrir ses dix caniches avec autant de volupté. Un temps. Il prit soudain l'air blasé. Bon, okay, c'est peut-être la blague la plus foireuse que j'ai jamais faite, mais j'ai rien trouvé de drôle pour cacher que je compte finir vieux garçon avec mon chat en regardant des émissions de tunning et en tâchant mon peignoir de sauce tomate alors que mon corps de rêve sera devenu poilu et bedonnant.
Il secoua vaguement la tête en portant le thé à ses lèvres et, jetant un regard à Tatiana, il haussa brutalement un sourcil.
Et toi alors, toujours calme plat depuis... Merde. Carl ? Travis ? Régis ? Kurtis ? Bref, depuis le paumé, là ?

Ça avait presque l'air compatissant, cette qualification. Un peu maladroitement, il avait compris à son malheur. Elle lui avait parlé de ses déboires passés, sans gêne ni hésitation, comme elle se serait ouvert à une personne de confiance. Quelque part, Andrew, ça l'avait flatté. Si on pouvait reconnaître chez lui une excellente qualité, c'est qu'il savait écouter — et c'était, cette fois sans en être dérangé, qu'il avait indirectement révélé à Tatiana une épaule sur laquelle elle pourrait s'appuyer lorsqu'elle en aurait besoin.

— Fais gaffe à ce que tu vas répondre, gente damoiselle, je pourrai te souffleter si tu me dis que t'as fait une connerie. Il avait eu l'air presque fraternel alors qu'il posait sur elle un regard lourd de sens. Si le ton avait été léger et sans importance, il n'en restait pas moins le plus sérieux du monde — et ça serait douloureux à lâcher, mais sans hésiter, il lui dirait que sérieusement, Tatiana, tu vaux bien mieux que ça.

(Pardon, c'est un peu naze... ;;")
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeMar 20 Mar - 11:58


    (Désolée, désolée, désolée pour le temps de réponse mais j'ai eu une sorte de panne d'inspiration, horrible ! J'espère qu'il ne sera pas trop foireux quand même ♥ )



    Il était vrai que la dernière blague d'Andrew avait été la plus nulle que Tat' ait jamais entendue. Elle ne lui en voulait pas, on sait tous qu'on cache une faiblesse par l'humour. Ceci dit, il parait que 70% de ce que l'on dit pour plaisanter est vrai. Ça donnait donc à réfléchir. La jeune femme s'imagina un bref instant Andrew avec à son bras, une vieille dame peu ragoutante, dix caniches aux alentours et Andy heureux, riant aux éclats de voir ces boules de poils faire n'importe quoi, sautillant sur leur maîtresse tout en jappant dans l'espoir d'obtenir une caresse. Brrr, ça donnait froid dans le dos.

    - Bon, okay, c'est peut-être la blague la plus foireuse que j'ai jamais faite, mais j'ai rien trouvé de drôle pour cacher que je compte finir vieux garçon avec mon chat en regardant des émissions de tunning et en tâchant mon peignoir de sauce tomate alors que mon corps de rêve sera devenu poilu et bedonnant.

    Oh non, pas Andrew. Pas lui. Pas ce beau gosse sans avenir. Tatiana eut un léger rire après ces mots, elle n'ajouta rien mais elle avait bien compris ce qui se cachait là dessous. Sans doute un message codé pour dire quelque chose comme : « Tu sais Tat', l'amour et moi, ça fait deux. Je n'ai personne et ce n'est pas non plus dans mes projets. Je suis pas assez « cool » pour ça, c'est pas mon trip, et je veux pas de cette vie là. Je n'aime personne, alors qui pourrait m'aimer ? ». Quelque part, au fond d'elle, elle trouva ça un peu triste. Elle pensait qu'Andrew méritait d'être heureux. Et pour Tatiana, le bonheur rimait forcément avec amour, du moins en grand partie. Elle ne doutait pas qu'un jour il puisse trouver quelqu'un qui lui aille parfaitement, qui lui soit complémentaire. Elle était persuadée que tout le monde était fait pour être avec quelqu'un, une autre moitié. La moitié qui nous ferait avancer dans la vie, celle sur qui on pourrait miser gros jusqu'à la fin de sa vie. Pourquoi Andrew échapperait-il à la règle ? Il n'était pas si méchant au fond, elle l'avait remarqué. Elle avant un peu cerné le personnage. Un peu, pas de trop, pas tout à fait. De temps en temps, par moment, elle avait pu regarder d'un oeil, le temps de quelques secondes à travers l'une ou l'autre faille. Un peu comme on observe la scène qui se joue derrière la fissure d'un mur, avant que le rideau noir ne tombe à nouveau et nous prive du spectacle.

    Avait-il déjà aimé ? Connaissait-il le sentiment d'amour, d'amour vrai, d'amour amoureux ? Comment l'avait-il vécu ? Avait-il décidé de vivre cette vie à cause d'une déception douloureuse ? Avait-il préféré refermer son coeur à double tour plutôt que d'oser souffrir à nouveau ? Elle n'en savait rien, mais elle pouvait tout comprendre. Elle pouvait comprendre s'il avait été blessé, meurtri, maladroitement manipulé par l'âme sans morale d'une jolie jeune fille, ou d'un séduisant garçon. Elle pouvait comprendre qu'il préfère se livrer à lui-même, sans compter sur personne, sans rien devoir aux autres simplement sous prétexte qu'il était aimé. Elle comprenait aussi, si en fait, tout ça n'était que de sottes idées et qu'il était réellement en dehors de tout ça, de tous les clichés cul-cul que la société tente de nous faire gober. Elle comprenait qu'il se concentrait sur des choses bien différentes de l'amour, de la vie de couple. Qu'il avait gout pour autre chose que les futilités enfantines et sucrées. Elle n'était pas comme ça, elle. Elle le savait fort bien d'ailleurs. Tatiana échappait à beaucoup de stéréotypes, elles était loin, très loin de se laisser avoir par la superficialité du monde dans lequel elle était condamnée à vivre. Elle savait surtout que sans amour, sans reconnaissance, elle n'était rien. Elle avait ce besoin irrationnel d'aimer et d'être aimée en retour. Elle ne pouvait pas vivre sans ressentir ce sentiment si étrange et à la fois si apaisant qu'est l'amour. L'amour amoureux, l'amour d'un homme, ou d'une femme. Elle avait été éperdument amoureuse de Kurtis, durant de longues années, et si elle n'avait pas pu le quitter avant, c'était à cause de ça. A cause du fait qu'elle était droguée à l'amour, droguée aux sensations qu'elle éprouvait à côté de lui, quand il la regardait, quand il la touchait, quand il lui arrivait de sourire. Elle savait bien que sans ça, elle n'était rien. Elle avait longtemps cru que sans Kurtis, elle ne pouvait plus vivre mais c'était plus profond que ça. De lui, elle pouvait et elle avait très bien pu s'en passer. C'était l'amour qui lui manquait.

    Depuis lors, depuis sa cure, depuis son arrivée à Thunder bay, elle n'avait plus connu l'amour. Plus du tout. Elle n'était pas retombée amoureuse, personne ne l'avait aimée non plus. Elle ne cherchait pas, elle avait son substitut à elle comme les drogués ont leur méthadone quotidienne. Elle avait son travail, ses soucis. Son cerveau était trop encombré que pour laisser un seul centimètre carré à l'amour. Peut-être, et même très certainement, était-ce le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne pas assumer sa peur, ne pas assumer le fait qu'elle avait peur de retomber dans cet engrenage un peu grinçant, un peu foireux. Ça manquait d'huile, elle ne savait plus, elle ne savait pas comment faire. Comment faire pour retrouver l'amour, pour à nouveau apprivoiser ses sentiments, pour les offrir à coeur perdu à une nouvelle personne. Elle ne savait pas aimer. Elle n'avait aimé que Kurtis et elle avait du, sans son approbation, apprendre à l'aimer comme lui le voulait. C'est à dire sans proximité apparente, à l'aimer plutôt de loin, l'aimer en silence, l'aimer dans la douleur. Physique et psychologique. Comment faire alors, quand on sait que l'amour ce n'est pas vraiment ça ? Comment faire quand on sait que la normalité n'est pas ça ? Certes, on aime chaque personne à sa façon, mais quand on a connu qu'un seul et unique procédé, comment en changer ? Elle avait peur de l'inconnu, voilà tout. Elle avait peur de devoir apprendre à aimer correctement, et surtout, de se laisser aimer en retour avec de la vraie tendresse, de vrais sentiments, de la sincérité.

    - Et toi alors, toujours calme plat depuis... Merde. Carl ? Travis ? Régis ? Kurtis ? Bref, depuis le paumé, là ?

    Elle aurait aimé lui dire qu'elle avait quelqu'un en vue, qu'elle l'apprivoisait, qu'elle attendait le bon moment et qu'elle se sentait pousser des ailes à chaque fois qu'elle le croisait. Pourtant, elle était à mille lieues de tout ça. Elle n'osait même pas y penser, seule le soir dans sa chambre. Elle n'en parlait pas non plus, ce sujet était devenu quasiment tabou autant pour sa famille que pour ses amis. Autant pour elle-même, d'ailleurs. Avant même qu'elle puisse entamer le sujet, peu sûre d'elle, Andrew reprit la parole.

    - Fais gaffe à ce que tu vas répondre, gente damoiselle, je pourrai te souffleter si tu me dis que t'as fait une connerie.

    Il avait presque eu l'air attentionné avec ces quelques mots. Presque protecteur, on aurait pu croire qu'il s'en faisait pour elle et qu'il espérait autre chose. Autre chose de mieux. Enfin, c'était plutôt logique d'un sens. S'il était son « ami », il ne pouvait espérer que mieux. Ce n'était pas compliqué de trouver « mieux ». Qu'est-ce que le mieux, au fond ? Oui, un homme qui ne vous frappe pas, qui vous respecte, qui vous met sur une sorte de piédestal, qui vous fait passer avant certaines choses et qui prend soin de vous. C'était un peu facile à trouver, facile d'espérer trouver ça. C'est pas pour dire qu'ils étaient tous comme ça, mais presque. Mieux que Kurtis, c'était aussi Andrew. Tout le monde aurait préféré Andrew à Kurtis. Mais le bonheur aurait-il été plus intense pour la cause ? Être avec un homme qui nous respecte et nous aime n'est pas forcément signification de bonheur. Certaines femmes s'en contentent sûrement fort bien et c'est ça de gagné pour elles et pour l'humanité. Tatiana était loin, très loin de ça. Elle avait besoin de ressentir. De ressentir intensément, profondément. De sentir ses tripes faire de la corde à sauter avec un simple regard échangé. Elle avait besoin de sentir son souffle se couper une fois que la personne convoitée s'approchait d'un peu trop près. Elle avait besoin de l'admirer pour l'aimer. Elle avait besoin de l'idéaliser, de lui trouver zéro défauts au moins l'espace des premiers mois. Elle avait besoin de l'aimer encore, même après la routine, même après quelques disputes, même après avoir trouvé ce qui la mettait en rogne quand l'autre faisait ci ou ça. Elle avait besoin de passion.

    - T'en fais pas. Quitter Kurtis était la meilleure chose à faire et je ne le regrette pas. C'est ça qui m'a fait avancer dans la vie, dit-elle, le regard parti dans de lointains souvenirs, bien au delà de la silhouette d'Andrew. Si j'étais restée avec lui, on en serait au même stade qu'à l'époque. Peut-être même pire. Je ne sais pas si je serais encore vivante, s'il ne m'aurait pas filé un mauvais coup, si j'aurais résisté à le regarder se défoncer sans moi. Je ne sais pas si j'aurais eu la force de rester en dehors de leur trip.

    Elle s'arrêta un long moment. Long moment qui laissa place au silence. Elle n'avait pas fini. Elle avait encore des choses à dire. Mais quoi ? Tellement et à la fois si peu. Ces quelques mots avaient résumés pas mal de choses, pas mal de sentiments d'angoisses. Elle n'aurait peut-être pas, en effet, pu rester saine aux côtés de Kurtis. Et Dieu seul sait où elle en serait à l'heure actuelle. Pas ici, en tout cas. Pas styliste, pas fière, pas en bonne santé, pas jolie, pas en train de boire un café avec Andrew.

    - Depuis lui, depuis mon arrivée, surtout, je n'ai eu personne. Elle regagna le regard de son interlocuteur, les sourcils légèrement froncés. Pas froncés de colère, froncés par la concentration, l'intensité de ce qu'elle était en train de déballer. Je ne fais pas des masses de rencontres, de un. Ensuite, j'ai trop de travail. J'ai pas le temps, ni vraiment l'envie de penser à ça. Je ne sais pas si je suis prête et si j'assumerais une relation à ce stade de ma vie, de ma carrière. Elle but la dernière gorgée de café qui résidait dans son gobelet. Mais... je peux dire qu'il y a un garçon qui ne me laisse pas totalement indifférente.

    Attention. Par là, il ne fallait pas entendre qu'elle espérait se faire ce type. Non. Elle le trouvait juste beau, attendrissant et elle le côtoyait pas mal, qui plus est. Elle le trouvait très professionnel et très à l'écoute de ses désirs. C'était l'un de ses employés. Enfin, l'un de ses mannequins qu'elle avait embauché au début de sa carrière. Elle le connaissait aussi de la fac, vite fait. De loin. Aujourd'hui, leur rapports restaient courtois et professionnels, mais elle n'aurait pas été contre le fait de le connaître un peu mieux. Il semblait doux, tendre, un peu maladroit et il aurait pu la faire craquer facilement. Il lui faisait penser de loin à Kurtis. Juste à cause des longs cheveux foncés, du style rock'n'roll et de cet air rebelle et désinvolte. Elle se laissait y penser de temps en temps, sans plus, se reprenant rapidement en main. Elle avait banni toutes pensées amoureuses de sa tête depuis bientôt deux ans.
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E. Andrew Seamore

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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeJeu 22 Mar - 14:23

Je comprends.
Ça aurait pu être ce genre de phrases stupides qu'Andrew aurait pu lâcher sans même s'en rendre compte, l'air hagard, la voix qui s'effile.
Je comprends.
C'était la phrase passe-partout, la phrase vide de sens, la phrase qui n'en dit pas assez, qui en dit beaucoup trop. Beaucoup trop. L'empathie, c'était beaucoup trop. La sympathie, la compassion, la sensibilité, c'était beaucoup trop. Beaucoup trop pour lui. Ce n'était rien de tout ça, pourtant. Rien. C'était juste de la compréhension, pure, simple. Parce qu'il faut bien dire un truc, nom de Dieu, parce que pour une fois, il pouvait dire un truc. Rien n'était sorti, juste la cigarette qui se balançait au bout des lèvres, encore, toujours, comme narguant l'invisible. Il n'avait rien dit, mais il avait pensé. Très fort. Parce qu'il comprenait. C'était dur à supporter, cette empathie, cette impression de devoir réagir, sans arrêt, de devoir s'indigner, toujours. Indigné, il l'était — indigné qu'elle ait pu être avec ça, indigné qu'elle ait pu être plongée là-dedans, indigné, de façon générale, du comportement que peuvent adopter les hommes, indigné de ce dégoût que pouvaient inspirer certaines femmes. Il était indigné mais il n'allait pas s'emporter en pseudo-révoltes ridicules. On se révoltait pour trop peu, parfois, alors que ce qui avait besoin d'être révolutionné était oublié. C'était une dimension dans laquelle il ne voulait pas entrer, une brèche dans laquelle il préférait ne pas tomber. Trop profond pour lui. Il laissait ça aux autres. Comme toujours. Le silence lui était venu avec une rare spontanéité, lui, grande gueule aux abois de la stupidité, lui, laissé pour mort au compte de la société, lui, qui ne se plaignait pas de son statut de faux raté. Jamais. Le silence lui était venu et il avait su écouter, brutalement si sage, soudainement si tranquille. Ça l'avait, quelque part, un peu surpris, un peu secoué, cette façon qu'elle avait de se laisser aller, de se laisser porter, par ses mots comme par le souvenir, le regret en moins, le recul en plus. Il avait simplement écouté, pas vraiment douché — mais un peu quand même —, pas tout à fait calmé — mais un peu aussi —. Ça l'avait presque fait paraître adulte, toute cette quiétude qu'il lui arrivait de lâcher, la cigarette entre les lèvres, le thé entre les mains — ça devait être à cause de son côté britannique.

Elle avait l'air tellement humaine, Tatiana, à essouffler ses malheurs, à les exorciser, à crever les abcès sans hésitations ni manières. Elle avait l'air tellement humaine, Tatiana, dans son monde, dans sa vie, dans la sphère qu'elle avait. Il ne la jalousait pas. Lui et elle, c'était deux choses parallèles, deux trucs totalement incompatibles, une sale anarchie. Il ne lui en voulait pas. Ça lui faisait comme entrevoir d'autres horizons sans jamais bouger. Elle avait l'air de vouloir lui prêter son regard sur le monde, parfois, il s'appelle reviens. Elle était sympa, Tatiana, un peu trop, peut-être. Elle s'accrochait, elle savait le faire. Il l'avait crue vraiment débile, au début, Andrew, il l'avait crue totalement stupide. Guimauve à l'excès, coulante sur sa solitude. Ça l'avait agacé, au début, ça l'avait vraiment énervé. Et puis il avait compris que non, elle n'était pas de ces gens là, pas de ceux qu'il haïssait, pas tout à fait. Petit à petit, il l'avait acceptée, à sa façon, il s'était « laissé apprivoiser » — même s'il s'était toujours trouvé bien pacifique pour un animal sauvage. Il avait naïvement agité les jambes et, l'air un peu plus sérieux, l'air un peu moins idiot, il avait ôté la cigarette de ses lèvres dans un geste indifférent.

— Tu sais, dit-il en évitant manifestement tout contact visuel, c'est ce que dit le vieux diction, mieux vaut être seul que mal accompagné. Il plissa un instant les yeux, se remettant visiblement de l'accès de maturité qu'il avait laissé se manifester, et, esquissant un sourire en coin, il lâcha un rire moqueur. J'arrive pas à croire que je t'ai dit ça. Il faut dire un truc méchant pour compenser. Imitant l'air pensif des imbéciles, il la contempla longuement et, s'affalant dans sa chaise comme le plus sexy des morses de la planète entière, lui lança un regard narquois. T'as un gros cul. Un temps. Ça blesse les femmes ça, non ? Leur postérieur. Je veux dire, la remarque, pas le truc en elle-même, parce que sinon ça voudrait dire qu'elles ont fait des trucs prohibés par l'Église et je suis pas sûr de vouloir savoir ça. Il réfléchit un instant et haussa les épaules, semblant perdre le fil de ses propres conneries. La cigarette regagna sa bouche.

— Vous êtes trop compliquées pour moi, vous les femmes. La fumée glissait entre ses lèvres. Mon chat est bien moins chiant, lui, il se fout de savoir chez qui j'étais la nuit dernière ou ne fait pas la gueule pour des raisons ignorées de la planète entière. Tant que je suis encore capable physiquement de lui donner à bouffer.

Clignant subitement des yeux, il lança un regard interloqué à Tatiana.

— ... Merde attends, est-ce que ce que ça pouvait laisser supposer que je suis zoophile ?

Après un facepalm des plus expressifs contre sa propre personne, il haussa de nouveau les épaules et, faisant tourner le thé dans son gobelet, il chercha soudain des yeux les cris qui perturbait sa sérénité. Oh, tiens donc. — Eh, regarde la bonne femme là-bas, elle va se casser la gueule. Dix points si elle se réceptionne le cul, vingt sur le ventre. Je parie sur le ventre ! Tombe, tombe, tombe. Andrew plissa les yeux. Tombe, tombe, tombe. Bientôt. Trois. Ah tiens d'ailleurs, il devait faire les courses. Deux. C'est fou ce que ce chat bouffait comme croquette. Oh, c'est vrai. Le jeu. Un. Sur le ventre. Il en était sûr.
Zéro.
Elle s'étala sur le ventre.
Dans un mouvement triomphant, il esquissa un applaudissement à l'attention de la femme qu'on relevait avec peine au bout de la rue, et, retournant à son thé, sembla oublier l'incident comme si de rien n'était. Comme d'habitude. Comme une foutue télévision sur laquelle on zappe une chaîne, comme ça, en un claquement de doigt. Toujours. Et puis. Et puis. Attends. Une minute. Qu'est-ce qu'elle avait dit, déjà ? Qu'on ne la laissait pas totalement indifférente ? Et il avait laissé passer cette occasion ? Seigneur, qu'on le condamne justement pour une erreur aussi scandaleuse. Posant les deux coudes sur la table, la cigarette roulant à la commissures de ses lèvres et les yeux allumés par une passion railleuse, il la fixa intensément. Le regard était perçant, le vert était pénétrant. Le véritable jeu commençait.

— Oh allez, dis-moi tout. Promis, je me moquerai pas. Je suis ta meilleure amie, fais-moi confiance !

Oui, absolument.Ta.
Ça devait être son côté britannique.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeJeu 5 Avr - 11:04

    - Tu sais, c'est ce que dit le vieux diction, mieux vaut être seul que mal accompagné. J'arrive pas à croire que je t'ai dit ça. Il faut dire un truc méchant pour compenser. T'as un gros cul. . Ça blesse les femmes ça, non ? Leur postérieur. Je veux dire, la remarque, pas le truc en elle-même, parce que sinon ça voudrait dire qu'elles ont fait des trucs prohibés par l'Église et je suis pas sûr de vouloir savoir ça.

    Tatiana éclata de rire à ces quelques mots. Il avait su transformer cet instant sérieux et presque sombre en quelque chose de finalement hilarant. A croire qu'il ne pouvait vraiment pas tenir une conversation normale sans se trouver anormal, justement. Certes, elle avait été un peu étonnée à l'entente des premiers mots. Bien que le dicton soit vieux, il était vraiment d'application pour Tatiana. Elle avait toujours préféré être seule que de partager sa vie avec des gens malveillants ou qui n'en valaient pas le coup. Elle avait fait sa propre expérience avec Kurtis et cela lui avait suffit. Personne n'avait été plus mal accompagné qu'elle durant ces quelques années, elle en était certaine et aujourd'hui, elle profitait pleinement de son célibat. (Ok ok, disons plutôt que c'était un célibat imposé par son boulot mais je l'ai déjà dit 100 fois alors passons.).

    Plus sérieusement, la remarque d'Andrew ne l'avait pas atteinte. Il ne l'avait pas dit de façon sérieuse mais à vrai dire, si cette remarque était venue d'une autre personne, elle ne l'aurait même pas entendue. Un gros cul. Tatiana. C'était vraiment un bonne blague. Elle n'avait jamais pu comprendre ces femmes qui se vexaient à la moindre petite remarque sur leur physique. Oui, certaines étaient plus avantagées que d'autres mais de là à se vexer pour rien... Dans la tête de la jeune styliste, il suffisait de s'arranger un peu et tout allait bien. On savait tous qu'on est moches au réveil, on sait tous qu'on a mauvaise mine passé minuit, qu'on a une haleine de poney au petit matin, que sans maquillage c'est tout de suite autre chose. On le savait. Et même si Tatiana était une très belle jeune femme, elle avait des complexes comme tout le monde. De petits complexes, sûrement très dérisoires face au reste du monde mais tout de même. Par exemple, elle n'aimait pas trop ses hanches. Elle aurait aimé les avoir davantage courbées et ne pas avoir à tricher avec des shorts taille haute. Tat' était toute fine, de petits seins, des jambes tracées mais tout de même minces, un ventre plat, des bras peu musclés. C'était ainsi, c'était sa morphologie et elle devait faire avec. C'est ce corps qui lui avait permis de faire du mannequinat alors elle ne s'en plaignait pas. Elle n'aimait pas beaucoup sa peau claire non plus. Ces quelques tâches de rousseurs bien dissimulées sous le fond de teint pro'. Elle aimait les peaux mattes mais le destin avait fait d'elle une poupée pâlotte à peau de rousse. Ça aussi, dans le milieu de la mode, c'était prisé. Quelque part, elle avait eu toute la chance du monde à être comme elle était, mais vous savez, les filles...

    - C'est probablement la remarque la moins vexante qu'on peut me faire, Andy chéri. Je suis complexée comme les autres mais je ne suis pas aveugle. Tout le monde aime mon cul, dit-elle en esquissant un sourire, une nouvelle cigarette éteinte entre les lèvres. Elle avait dit ça sous le ton de l'ironie mais la vérité n'était pas loin.

    - Vous êtes trop compliquées pour moi, vous les femmes. La fumée glissait entre ses lèvres. Mon chat est bien moins chiant, lui, il se fout de savoir chez qui j'étais la nuit dernière ou ne fait pas la gueule pour des raisons ignorées de la planète entière. Tant que je suis encore capable physiquement de lui donner à bouffer.

    Il n'avait pas tout à fait tort. Elle aussi, préférait la compagnie de Waffel à celui d'un homme. Enfin... Ça dépendait des jours. Mais la plupart du temps, cette idée se révélait véridique.

    - ... Merde attends, est-ce que ce que ça pouvait laisser supposer que je suis zoophile ?

    Quel idiot.

    - Eh, regarde la bonne femme là-bas, elle va se casser la gueule. Dix points si elle se réceptionne le cul, vingt sur le ventre. Je parie sur le ventre !

    De fait, la dame s'étala de façon peu élégante sur le ventre, devant tout le monde. Tat' avait un peu de mal à comprendre ces changements de sujets très soudains. Il faisait toujours ça et elle n'avait jamais réussi à cerner d'où lui venait cette foutue manie. Parfois, c'était dérangeant, parfois c'était une bonne chose. Il avait réussi à la détendre. Elle avait ri au moins 15 fois en moins d'une heure depuis qu'elle était assise face à lui. Il avait applaudi et elle s'était sentie gênée. Pour elle ou pour la femme ? Peut-être les deux. Elle n'aurait pas aimé qu'un petit gamin de merde comme Andrew fasse remarquer à tous les passants pressés qu'elle venait de s'étaler comme une merde, passez-moi l'expression. De plus, elle était persuadée que si il s'était abstenu, personne n'aurait remarqué. Sacré Seamore.

    Quand elle le vit revenir à une réalité plus ou moins normale, elle alluma sa cigarette, son sourire narquois s'estompant, laissant place à la concentration pour ne pas que la flamme de son briquet de fasse chasser d'un coup de vent glacial. Pompe. Pompe. Fume.

    - Oh allez, dis-moi tout. Promis, je me moquerai pas. Je suis ta meilleure amie, fais-moi confiance !

    Fais-moi confiance. Confiance. Le mot tabou dans le langage de Tatiana. Enfin, si je peux me permettre. La confiance, elle la donnait, oui. Mais fallait-il encore la gagner, la mériter. Attention, je ne dis pas par là qu'Andrew ne la méritait pas. Loin de là. Mais elle avait cette tendance à tout garder pour elle la plupart du temps. Et surtout ses pseudos histoires d'amour. Surtout ses coups de coeur. Surtout ses attirances. Elle lui jeta un coup d'oeil, ou plutôt un long regard et laissa le silence s'installer. A la fois pour le faire mousser et à la fois pour prendre le temps de choisir ses mots. Elle ne voulait pas exagérer, elle ne voulait pas laisser paraître une fille amoureuse et folle d'une personne qu'elle connaissait à peine parce-que le compte était loin. Elle le connaissait professionnellement, surtout. Elle le trouvait beau et sa présence la marquait. Elle aurait aimé en savoir plus sur lui mais jamais elle n'aurait imaginé aller plus loin que ça. Elle n'aurait pas été vers lui, elle n'aurait rien envisagé de plus si lui ne se bougeait pas le premier. Elle ne pensait même pas l'intéresser tellement leurs rencontres étaient courtoises. Que dire.

    - Comment te dire. Un nouveau temps d'arrêt. Ne crois pas que ce mec me rend folle ou je ne sais quoi, ok ? Bon. Il bosse pour moi depuis un bon moment mais je le connais de vue de la fac. Déjà à cette époque, je le trouvais assez mignon et tout mais on ne se parlait pas et puis il y avait Kurtis etc etc. Elle laissa la fumée s'échapper lentement, réchauffant ses lèvres peinturlurées. Il s'appelle Aber Sparks.

    Boum. Elle avait lâché un nom. Bonne ou mauvaise idée ? Peu importe, il ne le connaissait probablement pas. En fait, elle ne pensait pas qu'Aber connaissait grand monde ici. Elle ne connaissait rien de sa vie, pratiquement. Elle s'était fait tout un scénario de sa probable vie alors qu'elle n'avait rien pour le justifier.

    - C'est un grand tatoué de partout, des cheveux mi-longs bruns. Un regard assez perçant, un peu mystérieux. Il est très professionnel et je n'ai jamais rien à lui reprocher. On ne se parle même pas en dehors du travail en fait. Je ne sais même pas pourquoi je te parle de lui. Elle se mit à rire nerveusement, un petit ricanement qui voulait dire quelque chose comme « J'ai l'air d'une gamine de 14 ans, laisses tomber ce que je viens de te dire. ». Je ne sais quasi rien de lui et je ne l'intéresse sûrement pas. C'est juste qu'il est mignon et que si un jour il m'invite, j'accepterai. Tu sais tout.

    Elle venait de se fermer comme une huître. En parlant d'Aber à Andrew, elle avait réalisé elle-même la connerie de ses dires. La connerie de ses actes. Qu'est-ce qui lui prenait ? Qu'est-ce qui lui prenait de s'intéresser à un mec qu'elle ne voyait qu'au boulot, avec qui elle ne parlait que boulot et qu'elle trouvait juste « mignon ». C'était vraiment n'importe quoi ! Toutes ces années de réflexion, de maturité, de prise de conscience sur la stupidité et l'inutilité d'une vie de couple parties en fumée sous prétexte que ce mec lui plaisait physiquement.

    Énervée d'elle-même, elle tira plusieurs fois rapidement sur sa cigarette qui, du coup, se consuma plus vite que prévu. Son regard noirci dévia sur le côté de la rue et son pied se mit à s'agiter inconsciemment. N'importe quoi.

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E. Andrew Seamore

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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeVen 6 Avr - 19:51

— Il s'appelle Aber Sparks.

Il avait suffit d'une phrase pour que les yeux d'Andrew s'écarquillent. Il avait suffit d'un nom pour qu'il s'étouffe avec son thé. Non, pas lui. Le choc accroché au visage, il avait toussé, étranglé et par la boisson, et par la surprise, une fois, deux fois, trois, quatre, cinq fois. Non, pas Aber. Ça aurait pu être n'importe qui, vraiment, mais pas ce mec. Reprenant son souffle, il avait jeté un regard totalement perdu à Tatiana, comme en quête de réponse. Non. Définitivement, non. Sans prêter attention ni à la cigarette qu'il avait fait tomber, ni à l'attention qu'il avait suscité, il était resté là, bêtement, les yeux grand ouverts et l'air d'attendre des réponses, d'essayer d'obtenir une explication. Il avait vaguement tenté de balbutier quelque chose, n'importe quoi, tout mais pas ça. Se pinçant la base du nez, il avait fermé un instant les yeux dans l'espoir de récupérer son esprit comme son calme. Trois. Deux. Un. Zéro. Reprenons depuis le début. Il avait battu à plusieurs reprises des cils, comme se réveillant d'une longue sieste et, effaçant comme par magie sa courte crise d'apoplexie, il avait simplement jeté un regard troublé à Tatiana. Il fallait tirer tout ça au clair. Tout de suite. Maintenant.

— Vraiment ? Je veux dire. Sérieusement ?

Le regard avait été perçant, comme si toute la bêtise qui semblait l'habiter d'ordinaire s'était évaporée. Andrew avait eu l'air presque adulte, presque sérieux, alors qu'il fixait Tatiana, le sourire envolé. Il n'avait pas su se partager entre sa surprise et son appréhension, et, se recalant dans un mouvement lent au fond de sa chaise, un peu brutalement distant, il avait pensivement joué avec le peu de thé qui lui restait. Finalement, il avait réussi à s'étouffer avec son thé. Il existait donc un écossais qui n'aimait pas le whisky. Ça aurait pu être une connerie qu'il aurait balancé au milieu d'un milliard d'autres et, pourtant, elle n'avait fait que traverser son esprit, sans même songer un instant à la dire comme toutes les autres, l'air un peu moqueur, l'air un peu idiot. Il avait lâché son rôle le temps d'un instant, il avait rangé son costume de raté agaçant le temps de réaliser, le temps de s'imprégner de la situation. Et il fallait qu'il arrête ça tout de suite. Il allait finir par se faire avoir, avec toutes ses gaffes, avec toutes ces merdes qu'il faisait. Elle est passée où, ta méfiance, Andrew, elle est partie où, ta carapace, ta capacité énervante à fuir, ton aptitude incroyable à toujours te jouer de tout, à tout faire tourner en ta faveur, à détourner à l'attention. Un jour, elle te coincera. Un jour, tu ne feras plus le malin. Un jour, tu seras acculé, au pied du mur. Mais ça, tu le sais déjà, n'est-ce pas ? Évidemment. Il avait vaguement secoué la tête, retrouvant sa chère désinvolture et son aimée nonchalance, et, portant le gobelet à ses lèvres, il avait haussé les épaules.
Allez, Andrew, sors-toi de là. Allez, Andrew, échappe-toi.

— Excuse mais tu sais je vieillis, je suis sensible... J'ai croisé ce type un soir je sais plus trop où, une connerie genre un bar, et puis bon je l'aime pas alors c'est pour ça.

En fait, non.
En fait, pas du tout.
Mais le mensonge est bien trouvé. Un peu plus, et il s'applaudirait. Un peu plus, et elle y croirait.
Aber Sparks, il le connaissait, oui. Aber Sparks, il le détestait, en effet. Mais pas comme ça, pas de cette façon-là. De cette façon un peu mesquine, un peu lâche qu'ont les gens de détester et de se détester. De cette façon un peu fausse, un peu taquine, et pourtant tellement sincère. Aber, il ne l'avait pas rentré dans un bar, ni une « connerie du genre ». Aber, il l'avait rencontré à l'hôpital. Le vieux. Le vrai. Celui où il travaillait avant, celui qu'il avait quitté maintenant. Son regard s'était voilé alors que les souvenirs remontaient, fourbement, silencieusement, par à-coup, comme un poison à retardement. Aber, il avait trop atterri à l'hôpital, de toute façon. Est-ce qu'il continuait ? Bonne question. Il ne le souhaitait pas à Tatiana. Il n'avait pas envie de lui dire, pas envie de lui lâcher, pas envie de ruiner les éventuelles seconde chance qu'Aber s'était donné. Il se tairait, il ferait comme s'il ne savait rien. Andrew, il avait décidé qu'il ferait le petit con, le foutu connard, le type qui n'aime pas juste à la gueule, le mec qui accumule les mauvaises impressions. Et Tatiana pourrait se braquer, Tatiana pourrait s'énerver, Tatiana pourrait s'exaspérer. Elle pouvait, après tout, elle pourrait. Il avait ouvertement critiqué celui sur lequel elle avait jeté son dévolu, pourquoi ne réagirait-elle pas ? Et puis, finalement, Tatiana s'était emportée. Il l'avait vu, qui ne l'aurait pas remarqué ? Finalement, Tatiana s'était énervée. Mais pas contre lui, pas contre sa connerie, pas contre sa bêtise. Elle s'était énervée contre elle-même et l'attitude qu'elle s'était reprochée. Il avait été un peu surpris, Andy, il avait été un peu interloqué de la voir réagir aussi vivement. Il ne connaissait pas les colères de Tatiana, au fond, il la trouvait franchement obscure. Au fond, il ne savait pas tant de chose. Il avait reposé le gobelet et, haussant les sourcils, il avait semblé retrouver son rôle. Il fallait effacer toute cette scène, après tout. Il fallait se concentrer.

— Eh, ça va, t'as le droit de faire l'ado de temps en temps. Il la pinça doucement, sans lui faire mal, sans laisser de marque, juste un geste amical de plus. Après tu vas te monter la tête, attendre le grand amour, et tu finiras vieille fille à cheveux roses et chat grisonnant. Et puis, si tu le connais depuis la fac... Qui suis-je pour juger ?
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeVen 20 Avr - 10:42

    Lorsque Tatiana lâcha ce nom, si anodin à ses yeux, il n'en fut pas de même pour Andrew. Elle le vit comme elle ne l'avait encore jamais vu. D'abord un air surpris suivi d'un étranglement assez violent. Alors qu'il toussait, encore et encore, elle attendit qu'il reprenne son souffle. Sa cigarette était tombée et il n'avait rien remarqué. Mais que lui prenait-il ? Alors qu'il semblait revenir à lui, Tat' put déceler dans son regard une incompréhension totale. Pour une fois, il avait baissé la garde sans le vouloir, il s'était laissé dépasser par ses émotions, par la surprise et n'avait pas du tout pu la cacher. Pourquoi réagissait-il comme ça ? C'était ça, que se demandait Tatiana. Totalement déstabilisée, elle ne trouva rien à dire, se contentant de le regarder faire toute sorte de gestes bizarre, se pincer le nez, respirer, ouvrir la bouche, fermer les yeux...
    Une minute avant, il faisait encore le beau, plaisantant et se prenant pour le mec désinvolte, irrésistible. Là, c'était un tout autre personnage que la jeune fille avait devant elle.

    - Vraiment ? Je veux dire. Sérieusement ?

    Tat' fronça les sourcils, commençant à ne plus trop comprendre non plus ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux. La conversation avait viré de bord. Alors qu'elle se confiait bêtement et calmement, on aurait dit à présent qu'une tornade venait de passer, raflant tout sur son passage. De plus, Andy n'avait jamais fait aucune remarque sur la vie de la jeune styliste et encore moins sur sa vie sentimentale. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'en foutait, mais il prenait sans doute ces histoires moins au sérieux qu'elle. Là, on aurait pu croire qu'il était contrarié par le fait qu'elle s'intéresse enfin à quelqu'un. Pourtant, la seconde d'avant, il n'avait pas réagi, il avait même voulu en savoir plus, inquiet de savoir si ce n'était pas encore Kurtis le centre de l'affaire. Non, c'était plutôt quand elle avait prononcé le nom d'Aber... Elle ne comprenait plus rien.

    - Bien... oui..., se contenta-t-elle de répondre, très perplexe.

    Il avait un air on ne peut plus sérieux sur le visage, ce qui déstabilisa Tatiana une fois de plus. Elle n'avait pas souvent eu l'occasion de le voir comme ça. Presque jamais à vrai dire. La seule fois, sans doute, était quand elle lui avait raconté les malheurs de Kurtis, et encore, il avait su tourner ça à la dérision. Autrement, la mort de son père. Jamais il ne restait sérieux bien longtemps. Soit pour ne pas sombrer dans la déprime avec son amie, soit parce-qu'il ne voulait pas perdre la face. Elle n'en savait rien, elle n'en avait jamais rien su et le peu de fois où elle avait tenté de savoir, il s'était fermé comme une huitre, changeant de sujet, une fois de plus. Là, il venait de lui dévoiler un côté plutôt faiblard de sa personnalité. Enfin, non. Un côté plutôt humain. Plutôt sensible.
    Mais elle ne dirait rien. Il devait se douter que tout ce cinéma n'était pas passé inaperçu, mais elle savait aussi que ça allait le contrarier si elle faisait un commentaire. Alors comme à son habitude, elle se contenta de le regarder dans les yeux, sourcils froncés, l'air de dire « Je t'ai coincé, petit ».

    C'est pile à ce moment qu'il reprit confiance et fit comme si rien ne s'était passé. Il ne changera donc jamais.

    - Excuse mais tu sais je vieillis, je suis sensible... J'ai croisé ce type un soir je sais plus trop où, une connerie genre un bar, et puis bon je l'aime pas alors c'est pour ça.

    ... Attendez, attendez... quoi ?! Andrew, croiser Aber dans un bar... Et il ne l'aime pas....
    Elle nageait en plein délire. Premièrement, elle doutait un peu de la véracité de ses propos. Elle ne savait pas si Aber sortait souvent, après tout, pourquoi pas. Cette idée était un peu débile mais son instinct la faisait douter. Et pourquoi il ne l’aimait pas ? Certes, Andy ne devait pas aimer grand monde, non en fait je crois qu'il n’aimait personne mais bon... Il ne le connaissait pas, s'il l'avait juste croisé. Et à moins qu'Aber ne lui ait cherché des noises... Ce dont Tatiana doutait fortement...
    Il s'était passé quelque chose, elle en était sure. Comment le savoir, maintenant ? Questionner Andy, ça ne fonctionnerait pas vraiment. Et questionner Aber, hors de question.

    - Ah bon. Et je peux savoir ce que tu as contre lui ?

    Elle avait lâché ça d'un air détaché, comme si elle s'en fichait, comme si elle lui laissait le bénéfice du doute. Pour une fois dans sa vie, il n'avait pas été crédible. Le petit scénario la minute d'avant avait suffit à Tat' pour perdre toute crédulité à l'histoire d'Andrew. Elle le laisserait croire qu'elle le croit, comme beaucoup de fois. Elle n'était pas aussi dupe qu'elle le laissait paraître. Souvent, elle se taisait et hochait la tête pour éviter les longues discussions pénibles, les débats inutiles et sans fin. Elle disait amen pour qu'on la laisse en paix.

    C'est vrai, au fond, elle ne connaissait pas super bien Aber. Mais elle ne doutait pas de sa gentillesse. Après, elle était une fille, elle était sa patronne. Pour le moment, leurs relations étaient cordiales et pas forcément proches. Mais quand elle le regardait, elle ne sentait aucune méchanceté, aucun vices... Elle ne donnait pas sa confiance facilement et à n'importe qui mais Aber ne lui inspirait aucun mal. Le piège était peut-être là, au fond.

    - Eh, ça va, t'as le droit de faire l'ado de temps en temps. Après tu vas te monter la tête, attendre le grand amour, et tu finiras vieille fille à cheveux roses et chat grisonnant. Et puis, si tu le connais depuis la fac... Qui suis-je pour juger ?

    Elle sentit les doigts fins de son ami la pincer ce qui la fit sourire involontairement.
    En effet, personne ne pouvait juger, mais on ne pouvait pas dire qu'elle avait été proche de lui à la fac. Elle le voyait simplement, lui adressant un sourire ou la parole deux fois l'année. Pour lui dire pardon dans un couloir, lui demander de se bouger de son casier...
    Elle se contenta de hocher la tête.

    Si aucun son ne sortait de sa bouche c'était parce-que le sentiment étrange que son pouvoir lui procurait venait de refaire surface. Cela faisait quelques heures qu'elle n'avait plus senti la douleur de personne, même pas de la dame qui était tombée quelques minutes plus tôt. Là, il s'agissait d'Andrew. En effet, elle sentait une gêne provenant de son genou. Elle ne pu s'empêcher de se le frotter plusieurs fois, comme si c'était elle qui était blessée. Cette manie était surtout destinée à faire partir une douleur inexistante dans son corps. Elle ne savait pas ce qu'Andrew s'était fait, mais elle sentait qu'il ne devait pas avoir bon. A son avis, le fait de tousser et de s'emporter de la sorte avait ravivé la douleur puisqu'elle n'avait rien senti jusqu'à présent et cela faisait maintenant une bonne heure qu'ils discutaient.
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E. Andrew Seamore

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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeVen 20 Avr - 19:39

Elle ne le croyait pas. Évidemment. Ce n'était pas difficile, en même temps, de deviner qu'il mentait. Andrew Seamore, maître menteur, champion de l'évasion, numéro un de l'invention, s'était empêtré dans son propre jeu, avait chu par sa propre faute. Pitoyable. Les cartes lui glissaient des mains, une par une, la situation lui filait entre les doigts. Il n'aimait pas ça. Vraiment pas. Nerveusement, il s'était retenu de justesse de se bouffer les ongles à défaut de mettre sa cigarette à mort. Il n'allait pas craquer, pas maintenant. Il n'était pas à l'aise, Andrew, alors qu'il sentait comme un piège se refermer sur lui, alors qu'il se sentait submergé par ce qu'il avait toujours réussi à fuir. Il n'était pas à l'aise, dans sa chaise en métal, il n'était pas comme il devrait être. Comme il devrait être pour qu'on le laisse, comme il devrait être pour qu'elle abandonne, comme il devrait être pour qu'elle oublie. Tout. Qu'elle oublie tout, qu'on reparte à zéro. Et s'il craquait ? Et s'il se braquait ? C'était mauvais. Il était pourtant certain d'avoir la paix. Alors pourquoi Aber ? Alors pourquoi ce type ? Ça aurait pu être un milliard de personne, et non, il avait fallu qu'elle tombe sur un des seuls mecs sur la Terre qui pourrait lui faire défaut. Bon sang. Il avait balayé son égocentrisme paranoïaque en un sourire tranquille. On ne s'affole pas, il avait tenu huit ans sans lâcher un mot, il n'allait pas faire la fillette maintenant. Il fallait la concentrer sur autre chose. Il fallait fuir. Impérativement. Maintenant. Tout de suite. C'est là ou jamais.

— Ne me regarde pas comme ça, avait-il négligemment lancé alors qu'il rallumait une cigarette.

« Ne me regarde pas comme ça ». Pas avec ce regard là. Pas comme ça. Pas de cette façon là. Cette façon qui dit et qui insinue, sournoisement, que c'était fini, que c'était terminé, que tu es coincé, Andrew. Ça lui avait donné un frisson vague alors que son regard fuyait celui de Tatiana, faisant mine de se concentrer sur la cigarette. Ça devait bien l'amuser, Tatiana, de le voir comme ça. Il était faible, abattu, à terre. Il était dos au mur. Tout simplement. Ça ne lui plaisait pas. Qu'est-ce qu'elle pensait ? Est-ce qu'elle jouait avec lui ? Est-ce qu'elle le faisait exprès ? Est-ce qu'elle l'épargnait ? Il ne savait pas, et il détestait ça. Il perdait du terrain. Tout simplement. Un jour, Andrew Seamore, tu tomberas. Tu le sais autant que moi. On le sait tous. Ce jour-là, personne ne te relèvera. Qu'est-ce que tu crois ? Personne ne sera là pour toi. De toute façon, tu n'en as pas besoin, pas vrai ? Des gens. Du monde. Des autres. Menteur et arrogant, en plus. Quel homme parfait. Quel gamin borné. Allez, petit, remets-toi en selle. Tu sais le faire, non ? C'est pas ce que tu fais tout le temps ? C'est pas ce que tu fais depuis vingt-six ans ?
Reprenons.
Trois.
Deux.
Un.
Zéro.

Les doutes s'étaient envolés avec la fumée de la cigarette. Il avait repris son calme, presque normal, presque naturel. Il s'en étonnait lui-même. Mais l'important c'est qu'il y était arrivé, pas vrai ? Il y arrivait toujours. C'est qu'il avait l'habitude, à force. Tatiana avait dû le voir, Tatiana avait dû le ressentir. Elle pouvait le questionner autant qu'elle voulait, elle savait à quoi s'attendre, elle savait ce qui se produirait. Elle ne tirera rien. Absolument rien. Bêtement, cette seule pensée le rassura tout entier. Il n'hésita plus à la regarder droit dans les yeux, l'air tout ce qu'il y a de plus tranquille. C'était presque amusant, en fait, de constater à quel point la distance entre lui et l'humanité était grande. Même face à elle, même face à Tatiana, il ne fléchissait pas, il n'abandonnait pas cette méfiance qui lui était chère. Il l'aimait bien, Tatiana, pourtant. Elle était sympa, Tatiana, et puis elle était jolie. Il l'aimait bien, Tatiana, pourtant, elle qui était la seule qui lui foutait la paix, elle qui était la seule qui faisait encore semblant de le croire, de lui laisser croire qu'il maîtrisait tout. Il n'osait pas se risquer à s'attacher à elle, à se dire qu'elle, c'était une amie, c'était une alliée, que ça, c'était juste une simple et banale amitié. Elle l'aurait mérité, pourtant. Tout le monde n'avait pas cette patience. Il n'avait pas envie. Autant par crainte que par égoïsme, il ne voulait pas se dire que celle-là, là-bas, la nana aux cheveux roses, il l'aimait bien. Juste bien. L'amour, il ne fallait même pas y penser, tomber amoureux de Tatiana ne lui avait jamais seulement traversé l'esprit. C'est pour ça, qu'au fond, tout était si compliqué.

Tout était compliqué avec Andrew. Pas seulement les relations humaines, mais la moindre chose, le moindre petit détail de sa vie était un bordel incompréhensible et sans fin. Ça lui semblait normal, lui, que tout soit si difficile. Et puis il avait rencontré Tatiana, il avait parlé avec Tatiana, il avait découvert Tatiana. Avec elle, tout semblait clair, tout était net, tout était propre. On savait à quoi s'en tenir. Il savait comment se repérer. Il avait compris. Et, désagréablement, odieusement, quelque part, il avait été jaloux. Un peu. Pas beaucoup, de quelques détails insignifiants, de trucs un peu stupides. Pourtant, n'importe qui le dira, sa vie à lui avait été bien moins pénible. Après tout, qu'était-il d'autre qu'un foutu enfant gâté ? Elle avait souffert, Tatiana. Beaucoup. Il comprenait ça. Il respectait ça. Il lui souhaitait que ça ne se reproduise plus jamais. Elle avait souffert de la perte de son père et d'un copain abusif doublé d'un sacré connard. Elle avait souffert de la drogue, de l'alcool, des erreurs. Des choses qu'on pardonne, des choses qui s'acharnant et qu'on croit qu'elles ne partiront plus jamais. Et puis, bravement, elle avait outrepassé ça, elle en parlait sans crainte, elle s'était confiée d'elle-même sans chercher à lui mentir, sans vouloir l'éloigner. Elle lui avait fait confiance, comme si c'était normal, comme si c'était naturel. Elle, au moins, l'avait fait.

Ah. Oui. C'est vrai.
La question.

— Aber hein ? commença-t-il finalement. Tu sais comment je suis. Un peu con sur les bords, alors quand quelqu'un me revient pas, l'impression ne s'en va jamais. Il lui lança un sourire amusé. Enfin il a au moins de la chance, je suis pas un sale type. J'aurai pu inventer des trucs pour te faire fuir genre qu'il est sorti avec une vieille de quatre-vingt-dix ans jusqu'à ce qu'elle meure d'une chute dans les escaliers ou que je l'ai vu regarder Derrick.

Calmement, il se remit à se balancer sur sa chaise, sans prêter aucune attention à ce qu'il disait. C'est vrai qu'il aurait pu. Il aurait pu lui dire qu'Aber se trouvait toujours au mauvais endroit au mauvais moment,, il aurait pu lui dire qu'il avait le don pour fréquenter pour les mauvaises personnes, qu'il avait tendance à se rendre un peu trop souvent à l'hôpital. Il n'en fit rien, parce qu'il n'était pas un sale type. Il paraît. Soudain, cependant, il dût se résoudre à reposer les quatre pieds de sa chaise au sol froid de Thunder Bay. Une douleur diffuse dans le genou, comme martelant ses os, comme enfonçant des aiguilles dans sa chair. Il avait brièvement grimacé. Il n'avait pas encore mal quelque part, tout de même. Si, en fait. Si. Totalement. Il s'agissait de faire abstraction, maintenant. D'oublier. Ce n'était pas grave, pas dramatique, pas dangereux, alors pourquoi s'inquiéter ? Pourquoi prendre le risque de se vendre maintenant ?
C'est que ça fait mal, quand même. Un peu plus que prévu.
Il voulut effleurer son genou, juste histoire de vérifier qu'il n'y avait rien de particulièrement inquiétant ou de spécialement affolant, lorsqu'il capta un mouvement, bref, rapide, discret. C'était Tatiana, tout simplement, qui, confuse, se frottait machinalement son propre genou, une fois, deux fois, trois fois, trop de fois pour que ça soit anodin. Il avait jeté un regard troublé à la jeune fille alors que la cigarette quittait ses lèvres. A quoi est-ce qu'elle jouait ? La douleur fut brutalement plus vive. Et ni ça, ni Tatiana n'étaient bons signes.

— Je peux savoir ce que tu fais ? Il hésita. Il s'emballait peut-être, à près tout. Tu t'es fait mal quelque part ? C'est que. J'ai eu mal à ce genou là aussi à l'instant, alors ça m'a semblé. Bizarre. C'est peut-être juste une coïncidence au fond. Non ? Non. Il le savait. Une vague bouffée de panique l'envahit. Et elle, est-ce qu'elle savait ? J'ai dû me faire mal en sortant de chez moi... De toute évidence.

Il ne fallait pas qu'elle sache.
Surtout pas.
Mais c'est qu'il y a tout de même une différence entre une simple chute sur le verglas et les souvenirs d'une bagnole qui hante encore le fond de votre corps.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeSam 21 Avr - 14:11

    Mais combien de cigarettes avait-il fumé en tout depuis qu'il était là ? Ce mec devait passer tout son salaire en clopes, vu l'allure à laquelle il les grillait, quand il ne les faisait pas tomber. Tatiana fumait déjà beaucoup mais là, elle avait trouvé son maître. Elle ne releva pas le mot et se contenta d'observer. Le petit discours au sujet d'Aber n'avait pas vraiment convaincu la foule. Ouais, le délit de sa gueule, ça va bon train et Tat' n'échappait pas à la règle mais... Mais pourquoi une réaction si vive si c'était juste « comme ça » ? Non, non. Il y avait autre chose et elle se débrouillerait pour le savoir. Haaa, si au moins ce foutu orage lui avait permis de lire dans les pensées ou quelque chose comme ça. Quelle idée de ressentir les douleurs des autres, comme si elle n'en avait pas assez elle-même, seriously. D'ailleurs, elle ne savait toujours pas si elle était la seule à se sentir bizarre depuis cette nuit là... Elle s'était plusieurs fois posée la question et dans ses grandes réflexions, elle s'était même demandé si elle ne devenait pas juste un peu folle, à force d'empathie sur les gens, elle s'était peut-être créée une sorte de fabulation. Elle avait écarté cette hypothèse quand tous ses petits tests pour voir si elle hallucinait s'étaient révélés vrais. Ceci dit, on ne pouvait pas vraiment dire que c'était le truc super utile que tout le monde rêve d'avoir. Elle aurait préféré avoir quelque chose qui ne lui gâche pas la vie. Pourquoi pas le bonheur absolu à vie ? Ou la capacité à trouver le grand amour tout de suite ? Lire dans les pensées l'avait toujours fascinée mais cela devait devenir encombrant si on était dans l'incapacité de le contrôler. Imaginez, vos propres pensées, les bonnes, les mauvaises, les parasites, plus toutes celles des autres. Ah bah oui, on ne choisit pas ce qu'on veut entendre après tout. Quelle horreur. Ca se résumait à de la schizophrénie, en gros. Des voix de tous les côtés... Brrr, en fait, cette idée lui donnait froid dans le dos. Ou quelque chose comme la maîtrise des tissus, pour son boulot. Une rapidité extrême dans tout ce qu'elle pouvait faire, l'invisibilité, remonter le temps, l'avancer, voir l'avenir, sauver des gens en un claquement de doigt, l'immortalité... Tellement de choses auxquelles elle avait déjà pensé mais pas ce foutu pouvoir qui ne servait à rien. Bien oui, il ne servait à rien, elle ressentait la douleur parce-qu'elle était déjà là. Parce-que la personne la ressentait déjà aussi. Et le pire dans tout ça c'est qu'elle n'avait aucune maîtrise sur ça. Si au moins, elle pouvait détecter des tumeurs, des choses graves et permettre de sauver des vies, de soigner des cancers naissants. Mais non. Rien.

    - Je peux savoir ce que tu fais ? Tu t'es fait mal quelque part ? C'est que. J'ai eu mal à ce genou là aussi à l'instant, alors ça m'a semblé. Bizarre. C'est peut-être juste une coïncidence au fond. J'ai dû me faire mal en sortant de chez moi...

    Elle se figea. Sa main resta contre son genou et son regard se posa dans celui d'Andrew. Quoi ? Mais pourquoi cette question ? Qu'est-ce qui lui prenait à lui ? Et pourquoi il avait vu ? Elle se sentait perdre pied, elle ne savait pas quoi dire, pas quoi faire. Elle avait été totalement fauchée sous le pied, déstabilisée. Mais c'était quoi son problème à lui depuis ces dis dernières minutes ? Personne encore ne lui avait demandé quoi que ce soit sur son pouvoir. Savait-il ? Non, impossible. Après tout, elle se frottait juste le genou, c'était anodin comme situation. Elle ne comprenait pourquoi ça heurtait tant son ami. Certes, elle avait touché son genou au moins cinq fois en moins de deux minutes mais c'était inconscient et elle se débrouillait comme elle pouvait pour dégager cette gène. En effet, elle ne ressentait pas la vive douleur d'Andy mais une gène, une sorte de petite piqûre, à la fois brûlante et un peu paralysante. Elle savait exactement ce qu'éprouvait Andy mais elle le ressentait à moindre frais. Et là, elle savait qu'il le cachait, mais que ça lui faisait un mal de chien.


    - Je.. Heu...

    Bravo Tatiana, enfonce toi. A la place de dire « Bah... j'ai juste le genou qui gratte... ». Non, bien sur. Autant passer pour une abrutie et donner des bases solides aux doutes de Seamore. Comme s'il ne profitait pas déjà assez des petites failles des gens. Et comme il savait pertinemment que tu l'avais coincé, il n'en raterait pas une. Sois sérieuse un peu.

    D'habitude de sang froid et de maîtrise totale des situations gênantes, elle ne trouvait rien à dire. C'était la première fois que quelqu'un mettait le doigt sur son problème. La première fois que ça ne passait pas inaperçu et la première fois qu'elle se sentait aussi terrorisée. Elle n'était pas un monstre mais personne, absolument personne n'était au courant de ça. Elle n'était même pas sûre que ça avait un quelconque rapport avec l'orage, on l'aurait prise pour une folle. Surtout Andrew. Un mec comme lui, ça ne doit pas croire aux supers pouvoirs, aux trucs paranormaux, à la voyance ou je ne sais quoi. Il rirait probablement au nez des gens qui lui confiaient une telle chose. Pourtant, elle sentait qu'elle n'avait plus le choix, qu'elle était prise au piège. Lui dire, pas lui dire ? Non, surtout comment lui dire ? Il faudrait choisir les bons mots. Les mots parfaits pour qu'il daigne la prendre au sérieux, ne serait-ce qu'un peu. Il devait déjà la trouver bizarre, un peu maso, un peu différente mais alors là, elle gagnerait le gros lot. Et si ça le faisait fuir ? Si il y croyait mais qu'il prenait peur ? Elle ne voulait le perdre.

    Leur amitié n'était pas celle que l'on voit dans les films ou sur de magnifiques photos tumblr. Leur amitié était tue, discrète, pudique. Entre leurs petites prises de becs, leurs taquineries et leur pseudo dégoût de l'autre, se cachait énormément d'amour, de confiance et de tendresse. Ils se contentaient juste de le ressentir, bien que Tatiana se laissait aller de temps à autres, lui glissant un petit bisou, une petite caresse par ci par là, ce qui avait le dont de faire bondir notre jeune homme. Elle s'en amusait beaucoup et elle savait qu'il exagérait toujours. Au fond, qui était réellement dégoûté d'une jeune femme comme Tat' ? Peut-être qu'au fond, elle pouvait lui faire confiance à ce sujet aussi. Peut-être qu'il rirait et n'en parlerait plus jamais, lui conseillant d'aller se faire soigner. Peut-être même que lui aussi, avait une sorte de pouvoir ou quelque chose comme ça. Au moins, si c'était le cas, elle pourrait faire le lien avec l'orage, ou pas.

    - Ecoutes, commença-t-elle, retirant la main de son genou et prenant un air grave. Je vais t'expliquer un truc. Tu vas trouver ça fou et je me suis déjà moi-même posée de nombreuses questions là-dessus. Mais je t'en supplie, écoutes moi jusqu'au bout et crois ce que je te dis, même si tu trouves ça absurde, ridicule, digne d'un film, que sais-je. Je ne plaisante pas et tu sais que j'ai énormément confiance en toi, Andrew (Notez le Andrew, très rare et très sérieux). Je n'en ai encore jamais parlé à personne, tu es le premier et peut-être le seul qui sera au courant de toute ma vie. Je sais, ça a l'air flippant comme ça mais... il n'y a rien de dangereux. Ok ?

    Elle le fixait, yeux dans les yeux. Cette fois, on ne rigolait plus, elle était sérieuse comme elle ne l'avait sûrement jamais été. En elle, le stress montait à grande dose, elle détestait ce sentiment. Elle se sentait faible, elle allait révéler une partie d'elle que seule elle connaissait, quelque chose qui la rendrait vulnérable à jamais s'il ne la croyait pas. De plus, elle n'avait pas de preuves matérielles pour lui prouver ce qu'elle s'apprêtait à révéler. Elle ne pouvait que prendre son courage à deux mains et tout déballer. Elle comptait les secondes, elles avait presque envie de pleurer mais elle se retint. Elle choisissait chaque mot, chaque silence. Elle ponctuait les phrases dans sa tête pour être la plus crédible possible. Elle se faisait une montagne alors que peut-être, il ne ferait qu'approuver et lui dire « It's ok, tu veux un autre thé ? ». Elle ferma les yeux un bref instant, elle tremblait de l'intérieur, un trac fou qui était à deux doigts de la paralyser. Il ne devait pas la couper dans son élan au risque qu'elle se ferme et lui dise d'oublier cette folie passagère. Si seulement elle avait le don de mesurer sa tension, de réguler les battements de son coeur, de dégager cette foutue adrénaline de ses veines.

    - Tu te souviens de l'énorme orage, il y a quelques mois ? Elle n'attendit pas de réponse, c'était évident qu'il s'en souvenait, tout le monde s'en souvenait. C'était juste une manière d'introduire le sujet. Et bien depuis, je me sens bizarre. Pas bizarre constamment tous les jours, non. En fait... Il m'arrive simplement de ressentir des choses que je n'ai jamais ressenties auparavant... Ca y est, on entre doucement dans le vif du sujet. Tu vois, ça a commencé comme ça, sans que je demande rien. Je me trouvais à côté d'une amie et puis j'ai ressenti une sorte de gêne dans la cuisse. Pas vraiment une douleur, plutôt une sorte de brûlure accompagnée de picotements. Je n'avais pas envie de me gratter, juste de toucher l'endroit pour faire disparaître la sensation. C'était assez désagréable. Et puis mon amie a remarqué comme toi que je me frottais. Elle m'a demandé ce qu'il se passait, je lui ai expliqué mes sensations et elle m'a dit « Tiens, c'est drôle mais je me suis coupée très fort à la même jambe que toi. ». Elle avait raté son coup en rasant ses jambes et elle s'était faite une belle entaille dans la cuisse. Je ne le savais pas. Nous avons plaisanté en disant que je pouvais deviner les douleurs des gens etc. Boum. C'était dit. Elle reprit un peu son souffle avant de poursuivre sous les yeux attentifs de son ami. Et puis en fait, j'ai remarqué que ça se reproduisait très fréquemment. A chaque fois que je ressentais ça, la personne à côté de moi s'était blessée au même endroit. J'ai fait plusieurs tests pour m'assurer que je n'hallucinais pas. Et aussi, un détail important, c'est qu'une fois que je m'éloigne du blessé, que je rentre chez moi, je ne ressens plus rien, je n'ai aucune marque. Cela arrive même lorsque je reste un certain temps à côté d'inconnus. Et là... comme tu peux voir... j'ai de nouveau cette sensation dans le genou et tu viens de me dire que tu t'étais fait quelque chose. Je ne sais pas ce que c'est, Andrew. Et ça me dérange assez bien parce-que je suis incapable de contrôler ce truc. J'ai déjà assez de maux que pour en plus ressentir ceux des autres. Je ne sais pas ce que c'est, j'appelle ça un pouvoir mais... Ca n'en est même pas un. C'est de la merde. Elle se sentait à présent plus à l'aise, elle avait révélé le principal de l'histoire. Après, il ne restait qu'à lui de faire ses choix et ses propres opinions. Je dis que ça a un rapport avec l'orage mais au fond, je n'en sais rien. Et je ne sais pas si je suis la seule personne à avoir ce machin. J'ai fait des recherches sur internet, je n'ai rien trouvé. Je me suis parfois dit que j'étais complètement folle mais comme je ne le contrôle pas et que je tape chaque fois dans le mille, c'est vraiment étrange... Et je ne veux pas en parler à des gens, tous diront que je suis tarée et que je fabule.

    Que dire de plus ? Tous les éléments étaient là. Elle ne savait que ça, rien de plus. Elle savait quand est-ce que ça se manifestait, qu'elle n'était pas responsable et qu'elle aurait bien pu vivre sans. Son pouls avait ralenti malgré le stress qu'il lui dise « Mais oui ma grande, c'est ça. Et moi j'ai 5 millions sur un compte, deux fils cachés et j'ai créé la femme ». Après tout, pourquoi est-ce qu'elle aurait inventé un truc pareil ? Un truc aussi nul ? Elle aurait bien pu se faire mousser et se vanter d’avoir un pouvoir super génial. Mais non, à la place, elle avait dit la stricte vérité et elle se considérait presque comme une personne sale, une personne différente, une sorte de petit monstre inhumain. Elle ne venait pourtant pas d'une autre planète ? Et puis, si elle était née avec ça, ça se saurait. Elle ne s'était jamais entraînée à le contrôler. De toute façon, tout le monde avait au moins un petit bobo. Et peu importait l'importance, la taille, la vivacité de la douleur, elle ressentait TOUT. Elle savait juste dire l'endroit et si c'était une blessure plus ou moins grave selon l'intensité de sa brûlure à elle. Si au moins ça lui permettait de savoir ce qu'il s'était passé, mais même pas ! Elle préférait volontairement omettre qu'il existait. Elle considérait cette « capacité » comme un petit être à part entière, en elle, qui surgissait sans demander l'avis de personne et elle tentait au mieux de l'enfouir bien au fond d'elle. Malheureusement pour eux deux, Andy n'avait pas été dupe, il avait l'oeil vif et ils s'étaient faits prendre.
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E. Andrew Seamore

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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeDim 22 Avr - 20:16

— C'est ça ?

C'était sorti tout seul. Andrew avait lâché ça sans réfléchir, au fond de sa chaise, l'air pas franchement surpris, l'air pas vraiment scandalisé. Ce n'était pas qu'il ne l'était pas, c'est juste qu'il ne l'était pas tant que ça. On aurait pu mettre ça sur son ouverture d'esprit ou sa flegme naturelle. On n'aurait pas tout à fait tort. C'est juste qu'il n'y avait pas que ça. La panique qui l'avait saisi quelques instants auparavant s'était évaporée — sans le savoir, Tatiana lui avait offert une porte de sortie. Plus qu'à espérer qu'elle ne la lui claque pas au nez. De toute évidence, il était surpris, c'était indéniable. Sa voix avait un peu tremblé, sa voix avait un peu monté. Juste, pas autant que prévu. Ce qui l'avait surpris, en fait, surtout, c'était que Tatiana possède un pouvoir, pas l'histoire en elle-même. En même temps, pourquoi nier quelque chose qu'il savait déjà ? La vraie question se posait maintenant. Lui dire, ne pas lui dire ? Il ne pouvait pas lui manquer de respect à ce point. Il avait déjà trop gardé le silence. Au-delà de son respect, il fallait, d'un point de vue purement pragmatique, donner du leste, lâcher du mou avant qu'elle ne décide d'enfoncer le clou, avant qu'elle ne se dise que maintenant, les cartes changeaient de main, que la partie était finie, qu'elle ne jouait plus. Avant qu'elle n'exige des réponses. De toute façon, il fallait voir les choses en face. Par son manque de réaction, il était déjà totalement discrédité. Encore davantage, disons. Il n'avait pas d'autres choix — il fallait avouer. Et c'était bien la première fois qu'Andrew Seamore décidait d'avouer quoique ce soit de lui-même. Cela mérite bien quelques applaudissements.

— Alors comme ça, tu ressens la douleur physique des gens à cause d'un gros orage qui a éclaté et qui t'aurais modifiée en t'offrant cette capacité ? Le ton comme le geste qui accompagnait sa cigarette à ses lèvres avait été nonchalant, presque insouciant. Tu te rends bien compte de ce que tu viens de me dire ? Il lui avait jeté un regard presque accusateur, marquant un silence un peu dur, un peu violent. Un sourire en coin se dessina finalement sur ses lèvres. Il avait toujours le droit de l'embêter un peu, tout de même, non ?

— Tu sais que je suis quelqu'un de prosaïque et je dirai même purement terre-à-terre Tatiana, mais je vais dire une énormité qui en ferait hurler ma bosse des sciences — et crois-moi, c'est très désagréable —... Il se pencha vers elle, presque avec affection, presque avec confiance, et, le regard lumineux, lui adressa un sourire calme. Je te crois. Il l'avait dit sans hésitation, sans méfiance, sans distance. Je te crois.

Il la croyait, c'était un fait. En fait, même si elle ne lui avait pas parlé d'une chose dont il était parfaitement conscient, il l'aurait crue. Bêtement, naïvement, il avait une confiance aveugle en Tatiana. Au-delà de sa répulsion pour l'attachement qu'elle lui portait, il savait qu'elle était et serait toujours là et, sans se l'avouer, il l'en remerciait. Profondément. Personne dans son entourage n'était plus digne de confiance que Tatiana. Et ça l'horrifiait, cette constatation, ça le dégoûtait, presque, de se dire qu'elle était si proche de percer, si proche de le toucher, si proche de l'avoir, et, finalement, de le faire tomber. Elle en avait le pouvoir, pas en le manipulant, pas en lui mentant, pas en le menaçant. Simplement en étant elle, trop tactile, trop sympathique, trop attachée, trop attachante. Trop tout. C'était foutrement désagréable. Vraiment. Il n'aimait pas ça du tout. Et pourtant. Il fallait aller jusqu'au bout. Le sourire s'était estompé mais pas effacé, juste un peu plus vague, juste un peu moins gai, et, se recalant au fond de sa chaise, il coinça la cigarette entre ses lèvres. Il fallait lâcher le morceau. Maintenant.

— En fait, je pourrai te dire ça d'une façon très jolie comme quoi c'est parce que je te fais profondément confiance et tout le charabia de Broadway, mais le prosaïsme, tu sais, quand tu l'as, il ne part pas. Ça pose problème parfois, mais bref, le problème n'est pas là. Il se pencha de nouveau vers elle. Niveau pouvoir de merde, je te bats, bébé. Il l'avait presque murmuré, un sourire en coin scotché au visage, et, le regard malicieux, il s'était éloigné. Les aveux, c'est mon tour.

Mine de rien, ce n'était pas une mince affaire.
Il prit une vague respiration.
Il allait avouer. De son propre chef.
C'est qu'il avait perdu l'habitude, depuis le temps.

— Je vois les morts. Il resta silencieux un moment, histoire de laisser passer la pilule, un peu, et finalement, il se remit à balancer sa chaise alors que le sourire disparaissait. Ca a l'air anodin comme ça en fait, presque, mais pas du tout. Je ne peux rien pour eux et ils ne peuvent rien pour moi, sauf éventuellement m'emmerder, mais... Mais ça, tu ne dois pas le savoir. Son regard se voila le temps que le souvenir le traverse. Ça, il ne fallait pas que tu le saches. Il releva finalement les yeux vers elle, dissipant le spectre de l'accident d'un sourire. En fait le truc le plus chiant c'est qu'ils ont tous l'air vivant. Du coup une fois je me suis engueulé avec une mémé au supermarché parce que je l'avais crue morte. Mais elle avait vraiment l'air d'une vraie momie, tu vois ? Et puis en plus j'avais pas dormi de la nuit. Comment j'aurai pu faire la différence ? Du coup il se trouvait son fils était là et il m'a engueulé, alors il se peut que mon poing ait malencontreusement glissé dans sa gueule et. Il lui lança un regard trouble. Il fallait vraiment qu'il arrête de parler autant. Bref. Retiens juste que. Là-dessus, je ne peux que me ranger de ton côté. Tu vois ? Il marqua une pause, et, finalement, posa un regard plus calme sur elle.

— Et de toute façon, même si je n'avais pas déjà été au courant, même si je n'étais pas moi aussi là-dedans jusqu'au cou, je ne t'aurai pas jugée. Je ne t'aurai pas traitée de monstre ni aurait été l'hurler sur tous les toits. Il hésita. Je veux juste que tu saches que tu peux... Me faire confiance. Tu vois ? C'était une confession à mi-voix, un peu gênée, un peu intimidée, d'un type pas très doué. La seconde d'après, Andrew réalisa. La seconde d'après, il se serait fait vomir d'avoir dit ça. Il ne voulait pas, bon sang, pourquoi avait-il fait ça ? C'est juste que. Je me rends bien compte que je suis loin d'être facile à vivre et que t'es malgré tout toujours volontaire au cas où j'arrêterai de mentir un jour. Tais-toi. Et que ça n'a pas franchement l'air évident comme ça, mais tu me verras jamais te rejeter ou te trahir pour une raison stupide. Arrête de parler. J'ai un caractère à la con, mais de la dignité. Arrête de parler ! Un peu.

Il se tut la seconde d'après.
Il n'avait quand même pas fait ça ?
Dis-moi, Andrew, tu n'es quand même pas tombé si bas ?
Bordel.
Sa bouche avait enfin cessé de parler à sa place alors qu'il se pinçait la base du nez. Il n'allait pas réussir à se sortir de là, c'était certain. Il le devait, pourtant. Après, elle allait s'accrocher. Après, elle allait insister. Après, il n'arriverait plus à résister. C'est terriblement difficile de se taire. Il s'était laissé dépasser, il avait baissé sa garde, et, sans hésiter plus longtemps, un flot de mots qu'il ne voulait jamais prononcer s'était échappé de ses lèvres. C'était mauvais. Définitivement et profondément mauvais. Dans un geste brusque, il écrasa la cigarette. Il ne devait plus jouer à ça. L'air soudainement plus sérieux, il la fixa sans ciller, comme s'il avait fait disparaître en un claquement de doigt la bouche trop bavarde d'Andrew, les mots qu'il ne fallait pas d'Andrew, la souplesse d'Andrew. Il ne s'agissait plus d'un vulgaire jeu.

— Tu sais quoi. Soit tu oublies tout ce que je viens de dire, soit je m'enfuis comme une pucelle. C'est clair ?

Si jamais j'ai le courage de le faire.
C'est terriblement difficile de se taire.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeMer 25 Avr - 14:02

    - Alors comme ça, tu ressens la douleur physique des gens à cause d'un gros orage qui a éclaté et qui t'aurais modifiée en t'offrant cette capacité ? Tu te rends bien compte de ce que tu viens de me dire ?

    Son coeur s'était remis à battre à folle allure. Elle aurait du se taire, se disait-elle. Il ne la croyait pas. C'est vrai, au fond, c'était fou, c'était digne d'un film alors pourquoi un homme comme Andrew Seamore aurait gobé ça ? Quelle bêtise elle avait encore faite là, de se confier à coeur perdu, de croire en elle comme de croire en lui, de croire en l'homme, de croire en l'espoir perdu à tout jamais dans l'abîme dans monde aujourd'hui sans couleurs. Inutile, stupide, fou. Et pourtant, tout ça était bien vrai. Comment en changer ? Elle aurait du avoir le foutu pouvoir de remonter le temps et de continuer à parler d'amour et d'eau fraîche, de sujets d'adolescente un peu trop sotte. So, that's it. C'était dit et tant pis.

    - Tu sais que je suis quelqu'un de prosaïque et je dirai même purement terre-à-terre Tatiana, mais je vais dire une énormité qui en ferait hurler ma bosse des sciences — et crois-moi, c'est très désagréable. Je te crois.

    Stop. Arrêt sur image. Penché vers elle, comme un ami, comme un confident complice. Il avait prononcé les mots qu'elle n'espérait plus. Il la croyait. Mais pourquoi ? Il le disait lui même, il était tellement terre-à-terre. Alors... Quoi ? L'explication était difficile à donner dans le petit esprit de Tatiana. Elle avait la capacité de réfléchir beaucoup trop, de se poser un millier de questions à la fois mais là, elle ne comprenait pas, elle ne comprenait plus les événements depuis une bonne vingtaine de minutes. Tout était différent de d'habitude. Andy se comportait étrangement avec elle alors que la journée avait commencé comme beaucoup d'autres. Sauf qu'aujourd'hui était un autre jour, un jour pas comme les autres, tout s'était bousculé dans sa tête, autour d'elle, autour de lui. Autour d'eux. Des vérités jusqu'ici bien gardées avaient été révélées avec une confiance au delà des 100 %, au delà des raisons. Le destin avait décidé que c'était aujourd'hui que tout cela se passerait et ça, personne, et surtout pas les deux guignols assis à table n'aurait pu en changer. Ils étaient victime de leur propre destinée, agités comme de petits pantins suspendus à des fils transparents, un gros monsieur appelé DESTIN, ou appelé DIEU (pour certains), ricanait de sa grosse voix, à en faire pâlir la nuit.

    Tatiana n'avait pas l'habitude de se laisser dépasser de la sorte, elle aimait tout contrôler et y arrivait assez souvent. Là, tout lui était hors de portée, tout lui échappait d'entre les doigts alors que la seconde d'avant, elle tenait tout bien fermement entre ses doigts fins. Que se passait-il ? Il ne semblait pas se moquer d'elle, l'hypothèse avait été vite tirée au clair. Elle savait reconnaître Andrew. Elle connaissait sa voix, elle connaissait ses yeux et les muscles de son visage qui indiquaient la vérité, la sincérité, la moquerie ou l'ironie. Là, il n'avait sans doute jamais été plus sincère. Un poids s'enleva de sa poitrine, néanmoins toujours sur ses gardes. Elle l'écouta parler avec attention et tension.

    - En fait, je pourrai te dire ça d'une façon très jolie comme quoi c'est parce que je te fais profondément confiance et tout le charabia de Broadway, mais le prosaïsme, tu sais, quand tu l'as, il ne part pas. Ça pose problème parfois, mais bref, le problème n'est pas là. Niveau pouvoir de merde, je te bats, bébé. Les aveux, c'est mon tour.

    Il avait à nouveau prononcé quelques mots son visage proche du sien. Chose peu banale venant de ce garçon. Ca aussi, aujourd'hui, ils avaient eu plus de contacts physiques que la moyenne d'une année. Quand je vous dit que ce jour est guidé par ce foutu destin et non par ces deux âmes.

    De quoi parlait-il ? Il avait un pouvoir lui aussi ? Non, là c'était de la blague ! Elle l'observa à nouveau avec une grande attention. Il ne mentait pas malgré son air davantage détendu que tout à l'heure. Les aveux, les aveux. Elle appréhendait. De quoi s'agissait-il ? Peut-être qu'il cachait bien son jeu et qu'il allait lui sortir la pire ânerie du siècle et éclater de rire. Non, elle refusait qu'il se paie sa tête. Elle lui avait donné une confiance hors normes sur un plateau d'argent, il ne pouvait pas lui faire ça, il ne pouvait pas jouer ainsi avec ses nerfs et ses sentiments. Il en était hors de question. Il valait mieux pour lui qu'il soit sincère à son tour ou il risquait gros et elle risquait de vraiment s'énerver contre lui. Pour de vrai, avec des cris et des mots blessants. Avec peut-être même des larmes. Tout l'attirail de Tat' quand elle est vraiment déçue et blessée. Et il pourrait l'appeler mille fois par jour, elle préférerait le savoir mort que de se rappeler cet horrible moment où il aurait dépassé les limites de sa patience, de sa confiance, les limites de tout. Elle était tendue et attendait le verdict. Gaffe à toi Seamore, gaffe à toi.

    - Je vois les morts. Ca a l'air anodin comme ça en fait, presque, mais pas du tout. Je ne peux rien pour eux et ils ne peuvent rien pour moi, sauf éventuellement m'emmerder, mais... En fait le truc le plus chiant c'est qu'ils ont tous l'air vivant. Du coup une fois je me suis engueulé avec une mémé au supermarché parce que je l'avais crue morte. Mais elle avait vraiment l'air d'une vraie momie, tu vois ? Et puis en plus j'avais pas dormi de la nuit. Comment j'aurai pu faire la différence ? Du coup il se trouvait son fils était là et il m'a engueulé, alors il se peut que mon poing ait malencontreusement glissé dans sa gueule et. Bref. Retiens juste que. Là-dessus, je ne peux que me ranger de ton côté. Tu vois ?

    Elle n'avait rien dit. Pas tout de suite. Il lui fallait le temps d'assimiler la chose, de la comprendre, de la prémâcher afin de bien digérer le tout. Il avait été sérieux et sincère. Ouf. Soulagement numéro 3, check. Elle se rendit compte que ça devait être un pouvoir tout aussi pesant que le sien. Dans les deux cas, ils ne pouvaient rien faire pour arrêter ça et dans les deux cas, ils n'avaient rien demandé. Au final, elle se demanda ce qu'elle aurait préféré. Rien, bien sûr. Mais sans doute pas voir les morts comme s'ils étaient vivants non plus. Elle hocha la tête, elle voyait bien, en effet.

    Elle pensa alors directement à son père. Lui aussi était un défunt . Elle ignorait si Andrew voyait les morts qui refusaient de passer dans l'autre monde ou si il les voyait tous sans exception. Elle n'avait non plus aucune idée de si son père était parmi les morts passés de « l'autre côté » ou non. Elle imaginait combien de personnes avaient déjà du prier Andrew pour passer des messages, faire quelque choses pour eux et elle se sentait gênée de lui en parler. Il ne lui laissa pas l'occasion d'y penser plus longtemps et reprit la parole alors qu'elle n'avait toujours rien prononcé.

    - Et de toute façon, même si je n'avais pas déjà été au courant, même si je n'étais pas moi aussi là-dedans jusqu'au cou, je ne t'aurai pas jugée. Je ne t'aurai pas traitée de monstre ni aurait été l'hurler sur tous les toits. Je veux juste que tu saches que tu peux... Me faire confiance. Tu vois ? C'est juste que. Je me rends bien compte que je suis loin d'être facile à vivre et que t'es malgré tout toujours volontaire au cas où j'arrêterai de mentir un jour. Et que ça n'a pas franchement l'air évident comme ça, mais tu me verras jamais te rejeter ou te trahir pour une raison stupide. J'ai un caractère à la con, mais de la dignité. Un peu.

    Révélation. Enfin, une de plus, au point où on en était, ça aurait pu paraître anodin pour la jeune femme mais ça ne le fut pas. En effet, Andrew venait de révéler deux grandes parts de lui-même en quelques minutes. Son pouvoir et le fait qu'il tenait à elle, qu'il ne la lâcherait pas, quoi qu'elle dise ou quoi qu'elle fasse. Également qu'il ne rendait compte de sa présence pour lui. Et souvent, elle s’était demandée si il prenait conscience qu'elle l'aimait pour ce qu'il était, si il était conscient qu'elle le prenait comme il était, brut, sans artifices, avec les bons et les mauvais côtés. Il venait de répondre à plusieurs questions à la fois en se livrant ainsi à elle. Elle avait également la preuve qu'elle donnait sa confiance à la bonne personne, qu'elle ne se trompait pas.

    A l'instant même où elle l'entendit se livrer, elle n'eut qu'une envie. Lui sauter au cou et le couvrir de baisers. A la fois pour le remercier et à la fois pour lui montrer l'amour qu'elle lui portait et ce que ça représentait à ses yeux, qu'il lui dise tout ça. Bien évidemment, elle n'en fit rien. Il aurait été dégoûté à vie et elle risquait presque de voler la tête à terre tellement il l'aurait repoussée. Peut-être même qu'elle aurait provoqué chez lui une embolie pulmonaire ou quelque chose dans le style. Elle se contenta d'allumer une cigarette neuve en premier lieu.

    - Tu sais quoi. Soit tu oublies tout ce que je viens de dire, soit je m'enfuis comme une pucelle. C'est clair ?

    Elle sourit en coin tandis qu'elle pompait la clope afin de l'allumer. Elle recracha une grande bouffée de fumée bleue et se pencha vers son ami comme pour lui confier un secret.

    - Tu as deux choix, bébé. Soit tu t'enfuis comme une pucelle parce-que je risque pas d'oublier ce que tu viens de dire, soit tu me laisses t'embrasser et te dire merci et on poursuit la journée en parlant de nos foutus pouvoirs de merde. Et vu que je ne te laisse le choix qu'à moitié, il ne te reste plus qu'à prendre tes jambes à ton cou, mon puceau.

    Elle tint parole et lui vola un tendre baiser sur le sommet du front. Il y laissa une trace rosée qu'elle s'empressa d'estomper de son pouce froid.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeJeu 26 Avr - 1:11

Recule. Les muscles tout entiers de son corps s'étaient tendus alors que Tatiana essuyait un geste d'affection. Recule, ça avait été le seul mot qu'il lui était venu. Recule, c'est le seul mot qu'Andrew aurait voulu lui dire. Il avait fermé les yeux alors que les lèvres de Tatiana effleurait sa peau. Non, vraiment, Tatiana, recule. Elle était trop proche, beaucoup trop proche. Elle allait l'avoir, elle allait le faire choir. La confiance et l'amitié profonde qu'il avait ressenti quelques secondes auparavant s'étaient brutalement effacées pour ne laisser derrière elles qu'un sillon de crainte et de répulsion. Il ne devait pas, pas ici, pas maintenant. Jamais, en fait. Il ne devait pas céder, il ne devait pas craquer, il ne devait commencer par un « En fait », par un « Tu sais ». C'était allé trop loin, beaucoup trop loin. Il aurait voulu tout arrêter, la repousser, lui lâcher toute une haine mentie au visage, et, finalement, lâchement, s'enfuir. Il aurait voulu, mais il n'avait pas pu. Il était retenu par un truc qui s'appelle l'éthique, une saloperie qui s'appelle le respect, une connerie qui s'appelle la déférence. Il était retenu par les machins qu'il avait laissé s'échapper, par les choses qui avaient fui de son cerveau, qui s'étaient enfuies par ses lèvres. Ça résonnait en « Pourquoi », ça vibrait en « Comment ». Il ne pouvait pas la laisser continuer, il ne pouvait pas se le permettre — et pourtant, il y avait cette chose, tout là-bas, tout au fond, qui souhaitait ne pas la blesser, qui demandait juste à ne pas la heurter. Il avait failli se laisser faire. Il avait failli abandonner. Et puis il sentit la décharge, il sentit le frisson, il sentit la peau qui effleure et qui brûle, il sentit, sur son front, le doigt de Tatiana, la main de Tatiana, la présence de Tatiana. Non. Juste, non. Le geste qui l'emporta fut vif, le geste qui intervint fut bref. Le pouce s'était décollé de sa peau dans un éclair brutal et, les doigts fins serrés sur la main de la jeune fille, Andrew mit fin au contact de trop, au toucher qu'il ne fallait pas, aux limites franchies. Ça avait été une réaction incontrôlable, un réflexe irrépressible, ça avait été le détail qui dit que c'est fini, qui annonce que c'est terminé, qui, sans réflechir, balaye tout, fout tout en l'air. Il avait un don pour ça, Andrew. Foutre les choses en l'air. Ça doit être inné. Héréditaire, peut-être, aussi, un peu. Un genre de gène qu'on se lègue de père en fils. Comme un dicton dont il n'arrivait pas à se défaire, dans le meilleur comme dans le pire, tel père, tel fils. C'était foutrement abject. Silencieusement, il se l'était juré. Haineusement, il se l'était souhaité. Plutôt crever que de te ressembler.
    — Écoute. Je suis sérieux. Je sais même pas ce qui m'a pris de te lâcher ça, j'aurai même pas dû, en fait. C'est pas que je ne le pense pas, mais...
    Mais tu recommences, Andrew. Ça ne te lasse pas, de tomber deux fois dans le même piège ?
    Mais ça tu vois c'est typiquement le genre de trucs à ne pas dire. Le genre de trucs que je ne dis pas. Et que j'aimerai ne jamais avoir à dire, en fait, simplement. C'est que...
    C'est que j'ai pas les couilles pour ça.
    C'est que je ne supporte pas ça.
Desserrant sa poigne sur les doigts fragiles de Tatiana, il lâcha sa main, comme craignant le contact qu'ils avaient fait, comme apeuré de sentir ses os rouler sur les siens et sous sa peau. La douleur lancinante gangrénait son genou puis sa jambe au fil des paroles et de l'appréhension grandissante, de la peur naissante. Il était coincé entre quatre murs, pris entre les phares d'une voiture. Elle allait savoir la souffrance comme elle allait reconnaître la panique. Au fond de ses yeux, au bout de ses doigts, dans ses gestes, dans sa voix. Et s'il flanchait ? Et s'il ratait ? Et si, par malheur, par erreur, il échouait ? Et si, avant qu'il ne puisse s'enfuir, elle l'attrapait, et si elle le fixait, et si elle lui disait que maintenant, ça suffit ? Ça n'arrivera pas. Il avait battu des cils sur la certitude. Ça suffit, maintenant, oui. Il n'était pas un foutu fugitif, il n'avait pas de comptes à rendre. Il n'avait jamais voulu s'attacher à elle, au fond, de qui était-ce la faute ? Et c'était encore plus lâche de réviser sa position et sa vision, et c'était encore plus dégueulasse de fuir la faute. Tant pis. On n'est plus à une chose près, n'est-ce pas ? Elle savait, de toute façon. Elle savait qu'il mentait, elle savait qu'il ne faisait que ça. Elle savait qu'Andrew Seamore mentait comme il respire et respirait comme il fuyait. Elle savait qu'Andrew Seamore avait ses limites et ses faiblesses, mal définies et mal cachées. Alors, pourquoi forcer ? Il avait presque été glacial, le regard qui s'enfonça dans les yeux de Tatiana, il avait presque été noir, violent, perçant. Il avait presque hurlé qu'il était temps d'abandonner, que c'était le moment d'arrêter. Il ne voulait pas la repousser, pas comme ça, il ne voulait pas la blesser. Mais elle connaissait les limites d'Andrew Seamore. Au lieu de simplement les effleurer, au lieu de, comme d'habitude, seulement les titiller, elle les avait complètement enfoncées, violées, presque. Il y a des choses pour lesquelles on ne réfléchit pas, quand on s'appelle Andrew Seamore. Il y a des fois où, comme ça, les vieilles habitudes renaissent encore une fois. Foutre les choses en l'air, chez Andrew Seamore, c'est un don inné, il paraît.
    — Tatiana, tu sais pertinemment que c'est pas dans mes habitudes de lâcher des trucs pareils. Tu sais pertinemment aussi comment je réagis aux trucs qui sont pas dans mes habitudes. C'est pas que je te rejette ou que je te demande de la fermer, tout ce que je te demande, c'est de faire comme d'habitude. Semblant de me croire, fermer les yeux et me laisser changer de sujet.
    L'ironie lui arracha un sourire amer.
    Tu n'oserais pas me priver de cette satisfaction, n'est-ce pas ?
Tendu et contrarié, il tira nerveusement sur la cigarette qui mourrait au bord de ses lèvres. Ça devenait presque une habitude, ces réactions au quart de tour, ces froideurs passagères, ces réflexes sanguins. Pire, encore, il n'arrivait pas à y voir une mauvaise habitude. Juste un mécanisme automatique, une défense machinale. Comme d'habitude, il se calmera, parce qu'il se calme toujours. Comme d'habitude, il se remettra à sourire, parce qu'il sourit toujours. Comme d'habitude, il se remettra à mentir, parce que, plus que tout, il ment et mentira encore et toujours. Comme d'habitude, elle fera semblant, elle aussi, elle le laissera filer, elle le laissera s'échapper, elle le laissera lui donner cette satisfaction puérile, cette fausse victoire que de se dire qu'il avait réussit à lui filer entre les doigts, que la situation était de nouveau entre ses mains. Parce qu'elle le fera, n'est-ce pas ? Tu n'oserais pas le pousser à bout, n'est-ce pas, Tatiana ?

Un tic douloureux le prit.
Et cette saloperie qui ne voulait plus le quitter.
Il avait réussi à oublier la vérité, pourtant.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeJeu 26 Avr - 10:06

    Tatiana fut surprise du geste vif d'Andy. Elle s'attendait à tout sauf à ça. Au pire, elle s'attendait à se faire repousser nonchalamment avec quelques grognements, comme toujours. Là, tout avait été beaucoup plus violent, beaucoup plus rapide, plus méchant aussi. Elle n'avait pas compris la réaction de son ami, elle n'avait pas compris pourquoi, d'un coup, il s'était emporté autant pour si peu. La panique avait envahi le corps de la jeune fille. Elle avait légèrement entrouvert les lèvres, le souffle coupé, le regard agrandit et le coeur battant à fracasser sa poitrine. Elle se mit à trembler doucement de l'intérieur, ce qui ne tarda pas à se remarquer à l'extérieur aussi.

    Ce geste avait provoqué en elle une sorte de vieux réflexe incontrôlé qui datait de l'époque de Kurtis. Vous savez, des réactions encrées en vous, martelées dans votre crâne, jour après jour, nuit après nuit. Tatiana avait gardé une peur assez grande et assez visible des gestes violents ou trop brusques. Sa petite main froide et blanche se tenait dans celle d'Andrew. Il la serrait fortement. Elle le fixait, paralysée par la peur, ses paroles s'écoulant au ralenti sans qu'elle puisse les entendre. Pas toi Andrew, pas toi.

    Pourtant, il la connaissait, il devait savoir qu'après des mots si gentils, il ne recevrait en retour que de l'affection. Et encore, il devait aussi savoir qu'elle s'était contrôlée et contentée d'un simple baiser et non d'une ribambelle. Sa réaction avait été démesurée et elle demeurait dans l'incompréhension totale, dans la peur qui ne se décidait toujours pas à la délivrer, jusqu'à ce qu'il la lâchât. Elle reprit sa main, se la frottant par instinct. Il ne lui avait pas fat mal, encore heureux. Elle ne cessait de le fixer. Elle ne savait comment réagir ou que dire. Elle avait envie de s'enfuir et de se laisser aller, que la peur s'écoule de ses yeux quelques minutes, que de gros sanglots la libèrent de cette vieille étreinte qu'elle avait longtemps mis à chasser de ses pensées. Elle baissa le regard ensuite, le souffle toujours coupé afin de retenir ses larmes de petite fille. A quoi jouait-il encore ? Si seulement était-ce un jeu ? Tout d'un coup, elle ne savait plus s'il était la bonne personne a qui faire confiance. Elle ne savait plus si elle ne se trompait pas réellement. Des mecs à double personnalité, elle en avait eu sa dose. Le gentil gentleman à qui on se confie qui se transforme en psychopathe violent la minute d'après, elle n'en voulait plus et elle ne voulait plus jamais avoir à faire à ça. Triste à dire mais Andrew lui donnait vraiment l'impression d'être cette personne par moments et ça, elle avait de plus en plus de mal à le supporter.

    Elle ne lui en avait jamais parlé. Pour ne pas le heurter, pour ne pas qu'il s'emporte en devenant la personne qu'elle ne connaît pas. Aussi, elle n'avait jamais eu l'occasion d'aborder de vrais sujets avec lui, à part aujourd'hui. Tout tournait toujours court, tout tournait toujours à l'humour. Putain, c'était chiant. Elle le supportait, elle prenait patience, par amour, par affection. Mais là, elle n'en pouvait plus. Elle avait tellement envie de hurler. De lui hurler tout ce qui l'ennuyait chez lui, tout ce qu'il était incapable de faire et d'entendre. Elle avait envie de lui dire qu'au fond, il n'était qu'un gamin frustré et vachement con, qu'il ne comprenait rien à la vie, rien à elle et rien à lui-même. Qu'il ne s'assumait pas et qu'il gardait trop de choses en lui et que c'était en train de le détruire à petit feu. Que ce mec, il finirait par se faire sauter la caboche tellement il serait malheureux et mangé par ses propres pensées. Qu'il ne se serait jamais heureux et seul pour toujours, qu'aucune femme, ni homme ne l'aimerait réellement, comme elle pouvait le faire. Elle se retenait, elle bouillonnait de plus en plus. Un jour, ça éclaterait et ce jour là, il se passerait probablement de mauvaises choses. Elle lui avait déjà parlé calmement, comme l'heure d'avant, plus ou moins. Mais quand on est gentil avec Andrew, il n'entend pas, il n'écoute pas, c'est que ce n'est pas sérieux, pas assez vrai. Il faut lui mettre des claques pour qu'il comprenne, et encore, elle n'en n'était même pas sûre. Le jour où elle se déciderait à lui faire prendre conscience de sa connerie, de lui faire prendre conscience qu'elle en avait marre de fermer les yeux et de sourire, qu'il lui tapait sur le système et que l'amour ne suffisait plus à se taire, il refuserait de lui parler à nouveau. Et probablement qu'elle aussi.

    Elle pensa une seconde à lui retourner une claque. Ou mieux, à lui mettre un coup de pied dans le genou pour l'entendre hurler de mal et lui faire comprendre qu'il n'avait pas à l'attraper comme il venait de le faire. Il était au courant, pourtant. Au courant qu'elle ne supportait pas la violence, qu'elle avait été une victime pendant des années et que le moindre contact non affectif lui perçait le coeur. Sans doute ce geste n'avait pas été calculé, elle s'en doutait, il n'avait sûrement pas réfléchi au passé de la jeune styliste mais quand même. Elle lui en voulait et il devrait ramer pour qu'elle oublie. Elle n'en avait rien à foutre de son avis. Plus rien à foutre. Satisfaction ou pas, elle n'était pas sa mère, elle n'était pas sa femme, elle n'avait aucune satisfaction à lui donner. Elle était censée être son amie, probablement la seule, d'ailleurs. Il n'avait pas à la traiter comme ça, qu'il aime le contact physique ou non. C'était n'importe quoi, il lui manquait un grain, à ce type. Elle releva les yeux et rangea son sac. Elle voulait s'en aller. Qu'il se débrouille. Qu'il empoigne d'autres personnes. Des personnes qu'il n'aimait pas, qu'il ne connaissait pas. Elle s'en foutait, n'importe qui mais pas elle. C'était la goutte en trop. Après tout ce qu'ils venaient de se livrer et tout ce qui avait pu se passer avant cette journée, jamais il n'avait encore agit comme ça et elle avait beaucoup de mal à l'admettre. Elle prit le temps d'allumer une nouvelle cigarette avant de s'agiter. Elle ne savait pas où était passée l'autre. Peut-être tombée, peut-être partie en fumée. Tout avait été trop vite et elle s'en foutait pas mal.

    - Vas te faire foutre, Seamore.

    Elle passa son sac à son épaule et se leva. Elle encra ses yeux verts dans ceux de son meilleur ennemi et le pointa du doigt.

    - Ce que tu viens de faire, personne ne se l'est permis après Kurtis. Je ne tolérerais pas ce genre de gestes venant de toi. Fais gaffe mon vieux, t'es tout seul ici. Et j'en ai rien à foutre que tu te prennes pour un mec froid et sans coeur, rien à foutre que tu méprises les gens. T'as qu'a tenir ta langue ou assumer ce que t'es. Un homme comme les autres. Après ce que je fais pour toi, t'as même pas le respect d'être doux. Je te demande pas des câlins. Mais sûrement pas de me traiter comme tu viens de le faire. Tu fais chier.

    Son regard flamboyait de colère. Elle avait lâché tout ça à mi-voix afin qu'on ne les remarque pas de trop non plus, même si c'était sûrement déjà trop tard après ce qu'il venait de faire. Les dents serrées, elle ne l'avait pas lâché du regard. Il avait deux choix. La retenir et s'excuser, au moins un peu, même si elle aurait du mal à reprendre le fil d'une conversation normale ou la laisser partir. Et là, il risquait bien de ne plus la revoir avant longtemps. « Tu n'es qu'un con. Un gros con, conconconcon. Et je t'en veux d'être aussi con ! », se disait-elle dans son fort intérieur. Elle ne lui disait jamais. Il n'en pouvait rien, ou presque. Il était con mais il entretenait la connerie. Elle était lassée, agacée qu'il se comporte encore en adolescent rebelle et trop seul. Elle avait le sentiment d'avoir tout essayé pour le sortir de là. Pour le voir davantage heureux, pour le voir un peu plus « normal ». Elle ne savait pas ce qu'il avait en lui et il ne lui dirait jamais sans s'énerver comme un fou ensuite. C'était ça, il devait être fou.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeJeu 26 Avr - 18:20

Tu as vu ce que tu as fait ? Tu as vu à quoi tes conneries t'ont mené ? Tu ne sais donc faire que ça, blesser, rejeter, ruiner ? Tu n'es vraiment bon qu'à ça, Andrew Seamore. Détruire. T'as ça dans le sang, t'as ça dans la peau, dans la moindre cellule de ton corps. C'est ça, ton vrai super pouvoir — toujours tout bousiller. Toujours tout démolir. Toujours tout briser. Et pourquoi changer ? Pourquoi tenter autre chose ? Il s'était toujours complu dans ce rôle du type qui ne sait rien faire d'autre que de tout foutre en l'air, qui ne fait rien d'autre que de se mettre à dos la terre entière. Et puis, il y avait eu Tatiana. A se jurer qu'il casserait volontiers les deux jambes de Kurtis, il avait plongé tête la première dans ses propres défauts. A se jurer qu'il ne la laisserait pas tomber, il l'avait lui-même repoussée. Il avait passé sa vie à entendre qu'il y avait un truc qui ne tournait par rond dans sa tête, qu'il y avait un truc qui va pas, un détail invisible qui marche pas. Un petit machin qui manque, une case, un grain, on lui avait tout fait. Mais jamais comme ça, jamais de cette façon là. La dernière fois qu'on l'avait blessé, il avait dix-sept ans. La dernière fois qu'on l'avait coincé, il avait dix-sept ans. Par un truc qui s'appelle Papa, par un truc qu'il avait toujours voulu fuir, auquel il avait toujours voulu échapper. L'évidence lui fit ouvrir les yeux. La constatation le fit se heurter à la réalité. Tu deviens comme lui. Comme ce type que tu hais, comme ce mec avec qui tu as trop en commun, avec qui tu ne voudrais rien avoir à faire. Tu deviens comme lui. Aucun scrupule. Aucune considération. Égoïste, entre tout ça, égoïste et aveugle. Totalement aveugle. Comme le plus ordinaire des hommes, comme le plus haïssable des humains. Il s'était retrouvé associé à ce qu'il détestait. Tu as eu ce que tu voulais, non ? Elle a fini par te lâcher. Ce n'est pas ce que tu avais souhaité, Andrew ? Qu'elle te déteste ? Qu'elle te laisse ? Qu'elle te traite, toi aussi, de sale con, de petit connard, de froussard à la con ? Ce n'est pas ce que tu avais souhaité, Andrew, qu'elle fasse comme tous les autres ? Te voilà exaucé. Pourtant, tu trouves encore le moyen de regretter, le moyen de vouloir tout changer. Pourtant, tu as encore l'insolence de vouloir te faire pardonner. Allez, bouge ton cul, dis un truc. Allez, attrape-la, retiens-la, excuse-toi. Non. Tout ce qu'il savait faire, c'est battre des cils, l'air hagard, perdu, déchu. Allez, Andrew, debout. Allez, Andrew, assume.

Il n'avait pas su se lever. Ses muscles s'étaient liés, comme refusant de bouger, sa mâchoire s'était figée, ses doigts s'étaient tendus. Cloué sur place et le cul entre deux chaises. Il aurait voulu s'excuser, sincèrement, sérieusement, il aurait voulu lui dire qu'il était désolé. Qu'il ne voulait pas être comme ça, pas avec elle, pas avec toi. Qu'il n'avait pas voulu, qu'il n'avait pas réfléchi. Qu'il n'aurait pas dû. Il aurait voulu lui dire tout un tas de choses, envoyer valser le masque, la carapace et toute sa connerie. Il n'avait pas su. Comme d'habitude. Il ne savait pas s'excuser. Il ne savait pas se faire pardonner. On ne lui avait jamais appris — tout ce qu'il savait faire, c'était enfoncer le clou, remuer le couteau dans la plaie. Ni conscience morale, ni sens de la vie, ni rien du tout. Que dalle, du creux, du vide, du vent. Que de la gueule. Il ne connaissait pas les mots à employer, l'attitude à adopter. Il ne savait pas quoi faire, comment faire, quand le faire. Comment réagir si elle acceptait, si elle refusait, si elle hurlait, si elle pleurait. Il ne savait pas. C'était ça. Il ne savait pas. Il n'avait conscience de rien, absolument rien. Il ne savait pas comment se comporter, comment bien se comporter, il ne savait même pas s'il en était simplement capable. Il devrait, pourtant. Il y a un début à tout. Lève-toi, excuse-toi. Parle, au moins. Même si c'est pour lâcher un stupide « Ornithorynque » sans réfléchir, ne reste pas là planté comme un con, bouge, vis, réagis ! Serais-tu un légume à la con en plus d'un foutu abruti ?
    — Je. Te demande pardon.
    Debout, il avait lâché ça comme une crainte, la voix mal assurée et le corps tendu tout entier. C'est bien les bons mots ? C'est bien la bonne phrase ? C'est bien comme ça qu'on fait ?
    Je n'aurai pas dû agir comme ça. C'était. Stupide et démesuré. Je ne voulais pas te blesser... J'ai eu peur. Je crois.
    Il hésita un moment. Et maintenant ? Il ne savait rien faire de plus que ça. Un foutu légume.

    — Je ne sais pas m'excuser, je n'ai jamais fait ça. Je sais que ce n'est pas évident, mais je suis sincère. Je suis. Vraiment désolé. J'ai été le premier à être scandalisé quand tu m'as parlé de Kurtis, et puis voilà que. Que je suis en train de me prendre les pieds dans un truc que je ne connais pas alors je vais juste me taire et te laisser partir.
    Silence.
    Ne m'en veux pas trop d'être un abruti. Ça fait des lustres que je me suis aperçu que la connerie ne voulait plus me lâcher. T'as plus qu'à m'insulter un coup et à te barrer. Je ne te retiendrai pas.
Une fois de plus, une fois de moins.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Once upon a time, sombedy ran away as fast as I can — Tatiana. Icon_minitimeJeu 26 Avr - 20:13

    - Je. Te demande pardon. Je n'aurai pas dû agir comme ça. C'était. Stupide et démesuré. Je ne voulais pas te blesser... J'ai eu peur. Je crois.

    Il s'était levé pour dire ça. Il paraissait sincère et Tatiana n'en doutait pas. Elle n'imaginait pas qu'il pourrait lui présenter des excuses. En fait, après ce qu'il venait de se passer, elle ne savait pas trop à quoi elle s'attendait. Elle se contenta de le regarder, baissant lentement son petit doigts crochu pointé vers lui quelques minutes avant. Elle fulminait encore mais elle se taisait, sentant son coeur s'apaiser peu à peu sous la voix d'Andrew. Celle-ci était calme, presque basse et hésitante. Attendrissante. Il avait admis qu'il avait peut-être eu peur. Sans doute. Elle y avait pensé de nombreuses fois également. Mais peur de quoi, au juste ? Pourquoi avoir peur d'une jeune fille comme Tat' ? Elle était inoffensive, elle ne tuait même pas une mouche. Enfin, si mais bon. Il avait du avoir peur de l'amour qu'on lui offrait. En fait, elle ne connaissait pas énormément la vie ni l'enfance d'Andy mais comme tous nos problèmes présents viennent de là, il n'avait peut-être pas eu assez d'amour de ses parents, de sa mère ou que sais-je. Réflexion débile mais plausible. Il n'y avait pas mille raisons pour qu'un homme comme lui refuse systématiquement qu'on lui porte de l'attention, des gestes tendres, même amicaux. Tatiana savait très bien qu'elle était une des seules personnes à pouvoir agir avec autant de proximité. Il la laissait franchir beaucoup de limites qu'il avait dressées avec les autres personnes et elle essayait de toujours respecter ça au mieux. Aujourd'hui encore, en lui donnant se baiser, elle n'avait pas pensé une seule seconde franchir une barrière ou aller trop loin. De plus, elle avait choisi le front, non pas par hasard, mais expressément parce-qu'il s'agissait d'un endroit anodin. Ni trop familier, ni trop froid. Un endroit qui pouvait fonctionner autant pour les amis que pour les amoureux, autant pour la famille. C'était souvent un baiser réconfortant, un baiser qui nous faisait sentir soutenu. Et si ça avait été ça le problème ? Ce baiser en avait trop dit sans pour autant être proche comme Andy refusait de l'être. Merde. C'était un fail pourtant bien réfléchi.

    Au fond, le geste d'Andrew n'avait pas été le plus violent du monde. Elle n'avait même pas eu mal et il aurait bien pu faire pire. Il aurait pu lui retourner une claque, lui agripper le cou et l'étrangler à moitié, il aurait pu lui frapper la main, lui tirer les cheveux... Au lieu de ça, il avait simplement été rapide et vif, il avait serré sa main sans pour autant la heurter. Au fond, elle ne blâmait pas la douleur physique. Non, elle blâmait le geste et la peur qu'il lui avait infligée. Elle blâmait le fait d'avoir été si violent dans les mots, dans son intention. Elle était blessée parce-qu'elle tenait à lui et qu'elle ne supportait plus de le voir si loin alors qu'une minute avant, il était si près. Elle le trouvait loin dans tous les sens. Loin physiquement, c'était indéniable. Mais loin dans son esprit, également. Elle avait le sentiment qu'il s'égarait trop souvent dans ses propres pensées et de ce fait, qu'il s'éloignait d'elle. Qu'il se fermait comme s'il ne voulait plus avoir à faire à elle. Comme s'il souhaitait plus que tout qu'elle le laisse tranquille. Comme si d'un coup, il avait décidé de la détester parce-qu'elle était trop là, parce-qu'elle était trop Tatiana. Elle savait qu'elle pouvait déranger pas mal de personnes mais elle ne voulait pas déranger Andy. Son petit Andy. Elle n'avait plus grand monde autour d'elle depuis son arrivée à Thunder Bay. Certes, elle avait encore des amis, mais elle n'avait plus le temps de les voir. Elle avait remarqué que leurs centres d'intérêts avaient pris des routes différentes et elle se sentait à part face à eux. Andrew, lui, était là depuis le début, quasiment. Elle ne savait plus exactement comment cela avait pu se passer, leur rencontre, leur rapprochement, tout ça. Elle savait juste que petit à petit, elle l'avait laissé entrer dans sa vie de femme d'affaire trop busy et qu'elle, elle avait pris ses petites marques dans le quotidien d'Andrew, qu'il l'avait laissée faire ou non, en s'en rendant compte ou pas, elle était bien installée et elle n'aurait pas aimé devoir plier bagages. Pour lui, elle prenait toujours le temps. Pour lui, elle arrêtait le temps. Elle arrêtait de travailler, de se coiffer, de parler, de râler. Elle prenait le temps de l'écouter, de le conseiller même s'il ne tenait jamais compte de son blabla. Elle prenait le temps de faire en sorte qu'il ne se sente pas seul. Il l'avait enfin compris.

    Depuis leur rencontre, quelque chose de très spécial s'était lié. Une amitié compliquée mais sincère. Parfois, ils se chamaillaient, parfois, ils riaient aux éclats comme des enfants. Elle le poussait toujours à faire des trucs dont elle était persuadée qu'il ne faisait jamais. Jamais seul, jamais de lui même, et surtout, jamais avec quelqu'un d'autre qu'elle. Les batailles de polochons, manger des donuts et boire du thé trop chaud. Il leur était même arrivé de regarder des films de série B chez elle, dans un intérieur trop coloré pour le regard perçant d'Andy. Elle ne lui avait pas demandé son avis et elle s'était endormie sur son épaule. L'air de rien, tout naturellement. En y réfléchissant, le lendemain, elle se l'était imaginé les yeux écarquillés, tentant vainement de la repousser sans la réveiller. Poussant sa petite rose et molle de son épaule tendue comme un arc. Elle l'imaginait en train de soupirer, abandonnant le combat, lui laissant la victoire, peu fier. Elle avait rit toute seule et n'avait jamais abordé le sujet. Elle se contentait de prendre sa petite place, elle y était bien et dans le fond, elle espérait que jamais personne ne la lui vole. Allez, avoues Tat'. T'aurais été bien jalouse qu'une bête de petite meuf lui fasse tourner la tête et qu'il t'oublie. Qu'il ne te passe plus de coup de fil prétextant avoir besoin de quelque chose. T'aurais bien flippé de te retrouver seule à cette table et non face à lui, même s'il t'empoignait comme un vieux chiffon. Quoi ? Toi aussi, t'es comme lui ? Trop fière pour lui dire tout ça ? Ouais. T'es nulle. Vous êtes nuls.

    Elle se posa la question un bref instant si elle n'était pas un peu amoureuse de son Andy. C'était une hypothèse plausible. Elle ne passait pas énormément de temps avec des autres garçons que lui, elle ne cherchait pas l'amour et elle ne s'endormait sur l'épaule d'aucun autre. Elle ne voulait pas sortir de sa vie et elle aurait été jalouse qu'on prenne sa place. Ca ne ressemble pas à de l'amour, ça, un peu ? Oui. Mais Tat' reprit ses esprits. Amoureuse d'Andrew ? Impossible. C'était... Possible mais... Incompatible. Oui, c'était ça. Ils auraient formé un beau couple, ils auraient pu s'aimer comme personne d'autre mais leurs caractères étaient tellement trop différents ! Bien qu'ils s'aimaient, ils se seraient entre-tué, sans doute aucun. Ni l'un ni l'autre n'avait besoin de ça pour le moment et ni l'un ni l'autre ne se projetait réellement dans un avenir amoureux. Si l'évidence était là ? Si ils s'attendaient sans même le savoir ? Si leur non désire d'être en couple de leur côté venait de là ?
    Nooooon. Mais stoppe toi, tu dis n'importe quoi. Tu te laisses encore envahir par l'émotion et les souvenirs joyeux.

    - Je ne sais pas m'excuser, je n'ai jamais fait ça. Je sais que ce n'est pas évident, mais je suis sincère. Je suis. Vraiment désolé. J'ai été le premier à être scandalisé quand tu m'as parlé de Kurtis, et puis voilà que. Que je suis en train de me prendre les pieds dans un truc que je ne connais pas alors je vais juste me taire et te laisser partir. Ne m'en veux pas trop d'être un abruti. Ça fait des lustres que j'ai vu que je me suis aperçu que la connerie ne voulait plus me lâcher. T'as plus qu'à m'insulter un coup et à te barrer. Je ne te retiendrai pas.

    Oh non, elle n'allait pas s'en aller. T'avais tapé dans le mille depuis bien longtemps Seamore. Elle n'arriverait jamais à te lâcher. Pas avant que toi, tu ne le fasses. Elle était accroc à ton caractère d'imbécile et ta petite gueule d'ange qui n'en n'est pas. Elle n'oserait jamais franchir le pas, elle n'en n'avait pas envie non plus. Jamais elle ne prendrait le risque de te perdre par sa faute. Partir maintenant, même si tu prétendais comprendre et ne pas lui en vouloir, ce serait tout gâcher. Ce serait vouloir jouer avec le feu et peut-être s'y brûler. Si jamais tu te rendais compte que tu n'avais pas besoin d'elle. Si jamais tu te rendais compte que tu étais mieux sans elle.

    Tatiana s'approcha dangereusement de son ami. Elle ignorait l'état d'esprit dans lequel il était, il risquait à tout moment de l'envoyer valser à nouveau, de comprendre tout, d'en avoir assez de ce jeu dangereux qui les détruisait un peu chaque jour. Mais pour ça, elle prit le risque. Pour le toucher, pour le sentir, elle prit le risque. Tout doucement, la main toujours tremblante et les yeux encrés dans ceux d'Andy, elle frôla de ses doigts froids ceux du jeune homme. Son souffle était court, presque coupé. Elle déglutit et continua son geste, très lentement, comme dans un film qui souhaite marquer l'importance de la scène. Elle entrelaçât ensuite leurs doigts gelés. Elle resserra sa petite main autour de celle d'Andrew. Leurs mains étaient liées à présent. La main qui, plus tôt, lui avait fait perdre le contrôle, lui avait fait peur, lui avait fait mal. Elle ne cessait de penser « Fais-moi confiance. Laisses-toi faire, je ne te veux aucun mal. Restes-là. Laisses-toi faire. ».

    - Viens avec moi... Je vais.. Je vais te soigner ton genou...

    Elle ne savait pas d'où provenait la douleur, elle pensait à une plaie, une blessure, quelque chose comme ça. Elle ignorait tout de cette blessure. Mais elle avait froid et elle voulait donner une seconde chance à Andy. Tout doucement, comme une mère avec son bébé, comme une infirmière avec un patient, comme une amie aimante, elle se mit lentement à marcher sur les pavés mouillés. Direction son appartement. Elle lui ferait un thé, au chaud, et un sandwich, s'il le voulait. Et puis, ils parleraient enfin de ces foutus pouvoir, ici, ce n'était pas l'endroit idéal pour quoi que ce soit.
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E. Andrew Seamore

E. Andrew Seamore

♠ AGE : 38
♠ COPYRIGHT : Law S/Noir Strider.
♠ STATUT SOCIAL : Célibataire.
♠ EMPLOI/LOISIRS : Étudiant en médecine, 9ème année.


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