Flash Back

Il n'était pas loin de deux heures du matin quand Tatiana était encore penchée sur ses croquis. Demain c'était l'examen en dessin. Cette matière qu'elle avait choisie parmi tant d'autres, au lycée. Elle n'avait pas avancé durant le premier semestre et ça lui valait une belle perte de sommeil. Quoi que, ce n’est pas comme si ça changeait grand-chose. Ses nuits, elle ne les passait quand même pas. Pour tout vous dire, elle dessinait plutôt ses sentiments que ce qu'on lui avait demandé de réaliser techniquement. Un portrait de son père. Son père, défunt depuis maintenant un an et demi. La jeune fille venait de fêter ses dix-huit ans, le soir même. Elle revenait de guindaille. Une de ces soirées malsaines où tout se déroule absolument comme vous l'aviez redouté. Vous vous levez avec un sentiment négatif, vous hésitez même à sortir mais c'est vos dix-huit ans, alors vous êtes obligés de fêter ça. Vous rejoignez quelques amis dans votre bar habituel, vous buvez un peu, un peu plus, beaucoup, beaucoup trop. Et la soirée ne fait que commencer. D'autres amis vous rejoignent, vous buvez davantage. Et puis à un moment donné de la soirée, vous vous décidez enfin à vous lever pour faire un détour par les toilettes. Vous n'êtes déjà plus fraîche et un repoudrage de nez ne sera pas suffisant, mais vous vous obstinez à vouloir être belle pour l'élu de votre coeur. Lui, il porte le nom de Kurtis et il n'est toujours pas là. Il a une heure de retard. C'est habituel mais vous ne pouvez pas vous empêcher de l'attendre et de penser à lui. Parce-que lui, c'est la seule pensée qui vous occupe vraiment, en fait. Même bourrée. Une fois devant le miroir, vous êtes saisie par la splendeur ironique de votre minois. Vous vous arrangez, les yeux gonflés et rougis, bien imbibés eux aussi. Puis quelqu'un derrière vous sort des toilettes. Ce n’est pas une fille. C'est un jeune homme, assez charmant, qui s'est probablement trompé de porte. Il est charmant, oui. Mais bon, dans cet état on l'est tous. Vous n'y prêtez pas attention, les erreurs sont humaines, sachant que vous vous êtes-vous même, déjà retrouvée le cul dans un pissoir. Il vous sourit, il se recoiffe et il vous fait un signe de tête.

– Hey, ça te dit une petite gâterie ?
– Non merci, j'ai un copain, dites-vous, souriant timidement.
– Non mais..., et là, votre beau jeune homme vous sort une fiole. Vous ne comprenez qu'un quart de seconde plus tard qu'il s'agit d'un tube rempli de cocaïne. Je te parle de ce genre de gâterie, ma jolie.

Vous hésitez un moment, juste le temps qu'il vous trace deux rails et qu'il vous tende un morceau de paille. Vous la prenez, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, vous avez aspiré la poudre. Il vous frotte le nez en souriant et puis s'en va.
Vous retournez près de vos amis, Kurtis est arrivé. En bon connard qu'il est, il a déjà bu avant d'arriver, il s'en est déjà tapé trois autres dans la ruelle d'à côté, aussi. Mais vous êtes heureuse de le voir là, alors vous atterrissez sur ses genoux et il est déjà là à vous tripoter devant les autres. Ca ne choque personne. Ça aussi, c'est habituel. Vos continuez de boire, de plus en plus défoncée par la saloperie que le mec des toilettes vous a filé. Vous n'êtes pas vraiment habituée à sniffer ce genre de substance, donc la cadence devient difficile à tenir. Un sentiment d'excitation vous envahit mais vous n'avez pas l'occasion de vous défouler. Et puis, vous ne le savez pas encore mais dans quelques heures, vous serez raide morte de fatigue. Bonne pour dormir 22 heures d'affilée. En plus de ça, les joints tournent dans tous le bar, et vous ne les refusez pas. Kurtis est saoul et stone, mais c'est son état quotidien. A vrai dire, il n'est jamais plus défoncé que les autres, pas moins non plus. Il est dans un état de planage constant. Les heures passent et vous vous rappelez que demain, c'est examen. Merde. Faudrait songer à rentrer.

– Kurtis, je vais y aller.
– Déjà ? C'est tes 18 ans qu'on fête je te signale, tu ne vas pas te tirer.
– J'ai examen demain et j'ai rien fini du tout...
– Tu vas rentrer et dormir, tu ne vas pas travailler donc restes ici, c'est mieux. Et..., il se met à chuchoter dans votre oreille, on rentrera ensemble, t'auras un beau cadeau, comme d'habitude...

Le beau cadeau de d'habitude c'était une nuit de folie au lit, la plupart du temps contre votre gré. Quel cadeau génial, c'est clair que ça donne envie de rester.

– Non, désolée mais je suis morte et il faut que j'avance.... Rejoins-moi plus tard chez moi si tu veux.

Vous vous levez et vous faites mine de partir, vous sentez le regard de Kurtis peser sur vous mais vous n'y prêtez pas attention, vous arrivez dehors et tentez de vous rappeler par où est le chemin qui mène à votre cocon familial quand une main vous tire violemment, vous faisant tomber à la renverse. Votre prince charmant n'est pas de cet avis.

– Je t'ai dit de rester, tu ne pars pas toute seule de un, tu dois retrouver quelqu'un c'est ça ?
– Qu.. quoi ? Mais non ! Sérieux tu fous quoi ? Tu m'as fait mal, dites-vous en vous relevant.
– Ton pti copain devra patienter, tu restes ici ce soir !
– Fermes-la, je vais voir personne, je dois rentrer. Je ne suis pas comme toi, moi. Je ne vais pas me faire sauter par trois types avant de venir prétendre t'aimer. Laisses-moi passer.

Et là, en bref, vous vous retrouvez dans la fameuse ruelle d'à côté, à vous prendre quelques bons coups et insultes par la personne chère à votre coeur. Vous êtes une fille, vous êtes frêle et vous ne savez pas vous défendre contre la masse qui vous agresse, de nombreuses fois par semaine. Tout ce que vous savez faire, c'est vous recroqueviller, et attendre qu'il ait sa dose, qu'il vous laisse partir. Bonne manière de dé-saouler rapidement.

C'était donc un peu plus sobre que Tatiana griffonnait les pages de son cahier. Elle se remémorait chaque trait, chaque expression de son regretté paternel. Elle se laissait rêver à une vie avec lui, encore. Jamais Kurtis n'aurait eu ces droits-là, si papa était là.

Fin du flash-back.


Tatiana est une personne très gentille. Parfois timide, elle se révèle très extravagante quand on la connaît bien. Ceci dit, elle peut paraître étrange au premier abord. Non seulement par son physique particulier, voire affriolant. Mais aussi de par son regard. On n’y décèle pas grand chose, pas d'émotions, pas de pensées. Certains la trouvent triste, d'autres froide... En réalité, rien de tout ça n'est vrai. Elle a un regard vide quand elle ne connaît pas la personne à qui elle s'adresse. Ses beaux yeux verts se révèlent être très expressifs avec les personnes proches d'elle, ou ceux qui arrivent à la toucher au plus profond de son âme. Cet air impassible, elle le tient de son passe-temps favori : le mannequinat. Depuis le premier jour où la demoiselle a décidé de se lancer dans ce milieu, elle s'est promis de ne pas s'impliquer personnellement dans les photos. Elle s'est donné un rôle, elle joue un personnage dans ses clichés. On ne voit pas Tatiana mais... « La fille aux cheveux rose bonbon », probablement. Il lui arrive de jouer ce rôle-là dans sa vie de tous les jours. Après tout, n'est-ce pas ce que nous faisons tous ? Cette jeune fille vit par passion. Tout ce qui la tient dans ce monde sont ses passions. Elle vit tout à fond. L'amour, l'amitié, son travail, ses hobbies... Elle s'investit dans tout à outrance, ce qui lui a valu pas mal de déceptions. Comme vous l'avez deviné, c'est une jeune femme sensible, vite touchée et parfois à fleur de peau. Quand elle est très attachée, elle en devient même un peu collante. Une fois amoureuse, elle est assez possessive et jalouse. Pourtant, elle n'a rien à envier aux autres, mais on ne touche pas à ses biens personnels ! A vrai dire, elle est un peu possessive en amitié aussi, mais elle apprend à se mesurer. Elle déteste perdre,dans toutes les situations ! Aussi bien pour un simple jeu de cartes que pour des faits plus importants de la vie. Elle aime être numéro un et le fait savoir. Si elle n'est pas sur le devant de la scène, elle est contrariée (et vous passerez une agréable journée ). Elle a tendance à vouloir tout contrôler. Que ce soit par intérêt personnel ou non. Si tout va de travers, si tout est un peu trop « libre », trop « cool », ça déplaît à madame. En revanche, elle peut faire preuve d'énormément de courage face à certaines situations.



Flash-back 2

– Bien Mademoiselle, vous pouvez me suivre, je vais vous indiquer votre chambre.

Tatiana suivi la dame sans un mot. Elle arpentait les couloirs blancs et froids du centre de désintoxication dans lequel elle avait été admise. Admise ou poussée de force, choisissez ce qui vous convient le mieux. Après cette fabuleuse rencontre dans les toilettes du bar où elle passait ses week-ends, Tat' ne s'est pas tenue à si peu. Non, elle a reproduit le scénario plusieurs fois. « Juste pour le fun ». Entre amis, ils s'en procuraient et ils partageaient les frais entre eux. Puis ensuite, elle leur a demandé de lui livrer sa petite part personnelle, qu'elle payait en dehors des comptes communs. Kurtis s'est joint à la partie, ce qui a gravement accentué son côté violent et donc, les raclées qu'il accordait à sa chérie. Pour terminer, elle ne savait plus s'en passer plus de 24 heures et elle avait son petit réseau de dealers à proximité de son habitation. Parfois, il lui arrivait même de cacher à Kurtis les quantités achetées, elle prétendait avoir pris deux grammes à la place de cinq. Par chance, il ne s'en est jamais aperçu. Qu'est-ce qu'elle aurait ramassé s'il avait découvert
Le pot aux roses. Par contre, sa mère, elle, elle a bien vite compris ce qui ne tournait pas rond. Malgré l'entente des plus horribles entre elle et sa fille, elle prit elle-même la décision de l'emmener en cure. Vous vous doutez, ça n'a pas été facile de convaincre Tatiana. Non d'ailleurs, personne ne l'avait convaincue. Elle avait été traînée de force dans ce centre maussade. Elle avait inventé toute sorte d'excuses, pour se justifier, pour éviter d'y aller. Elle avait même prétendu ne pas du tout être accroc et pouvoir s'arrêter quand elle le désirait ! Que c'était juste « de temps en temps », pour « s'amuser ». Pas de chance, rien n'a fonctionné. La jeune fille voulait bien accepter à une seule condition. Que Kurtis entre en centre avec elle et se fasse désintoxiquer pour la boisson, le cannabis et la coke. Elle lui en a parlé, il n'a rien voulu entendre. Il prétendait qu'on ne le changerait jamais et encore moins pour une « biatch dans son genre ».

– S'il te plait Kurt... Je n’y arriverais pas toute seule. Puis... On pourra avoir une belle vie ensemble après ça. Repartir sur des bonnes bases et tout...
– Je n’en ai rien à foutre Tatiana. Tu ne comprends pas que je ne finirai pas ma vie avec toi ? Quand bien même ce serait le cas, bah tu devras m'accepter comme je suis. Je ne vais rien changer pour toi. T'as déjà de la chance que j'aie accepté de faire de toi ma copine officielle.
– C'est toi qui m’as couru après, juste pour rappel, imbécile.
– Ouais ouais, mais tu sais pourquoi. Tu sais ce que j'attendais de toi, et je l'ai eu.
– Tu parles... J'ai encore tes lettres d'amour, fais pas le malin, elles risqueraient d'atterrir sur internet.
– Tu prendrais ce risque ? Tu sais ce qui t'attend.
– Ouais, je m'en fous, une de plus ou une de moins. Toi, tu sais ce qui t'attend, si tu me laisses aller là-bas toute seule ?
– Quoi ?
– De te retrouver ta gueule de rat à la rue, sans moi, à gratter un lit chez tes biatch. Je ne suis pas sure qu'elles vont accepter de te loger, te nourrir et en plus de se faire sauter et frapper.
– C'est toi qui y perdra gros, Tat'.
– J'ai tout à gagner dans cette histoire, ouais.
– Tu n'iras pas sans moi, t'en es incapable.

Il faut savoir que Tatiana fait un peu près tout le contraire de ce qu'on lui demande de faire. C'est pour ça qu'elle était en ce moment même, malgré sa réticence, allongée dans le lit qui la supporterait des nuits entières, pour une durée indéterminée.

Fin du flash-back 2.

Tatiana a étudié dans une école d'art réputée durant de longues années. Elle avait comme options la photographie, le chant et le dessin. Trois de ses passions pour lesquelles elle s'est donnée beaucoup de mal. Une fois le lycée terminé et réussi avec brio, il a bien fallu se centrer sur des études particulières. Sachant qu'elle était déjà mannequin et donc dans le monde de la photo, elle a préféré retirer ce choix de la liste. Après tout, elle préférait poser devant l'objectif que derrière... Ensuite, en ce qui concerne le chant, elle a longtemps hésité. Elle adorait chanter, elle adorait la scène et elle avait déjà participé à quelques concours de talents. Mais voulait-elle en faire sa carrière ? Avait-elle des chances de réussir ? Pas sûr. Et dans lequel cas elle réussirait dans le milieu, elle n'était pas certaine de vouloir passer huit mois de l'année sur les routes, sans voir ses amis et dire non à toute vie sentimentale correcte. Aussi, ce monde était préposé à beaucoup de tentations qu'elle préférait garder passées (drogue, alcool, sexe, etc). Du coup, il lui restait le dessin. Bien entendu, elle aurait pu se diriger dans une branche tout à fait autre mais elle ne se voyait pas dans le monde de la finance, ou dans le monde de la médecine, par exemple... Elle avait pensé rapidement à des études d'esthétique, de maquilleuse. Elle adorait la beauté, elle adorait prendre soin d'elle et des autres. Mais c'était un métier un peu banal, comme les coiffeuses (sans offenser les coiffeuses). On trouvait des esthéticiennes un peu à chaque coin de rue. C'est là qu'elle réalisa la chose la plus bête et la plus évidente qui soit. Elle allait entreprendre des études de stylisme ! Mais bien sûr ! Son leitmotiv, depuis toujours, qu'était-ce ? La mode ! Mais oui ! La mode, la beauté, les couleurs, les vêtements, tout ça allait ensemble ! Son rêve était de produire des lignes de vêtements qui pourraient défiler sur les podiums ! Elle aurait comme responsabilités tout ce qu'elle aime : dessiner une collection, faire en sorte que ça soit beau, choisir les mannequins, porter ses vêtements, poser avec ceux-ci, choisir le maquillage des mannequins, leur coiffure, etc, etc. Tout se réunissait en une seule chose. Et dans le pire des cas, elle dessinerait des vêtements qui seraient vendus dans des boutiques particulières, ou même simplement dans la sienne.
C'est donc dans ces études de stylisme que Tatiana s'est lancée. Après les années requises, elle en est sortie fraîchement diplômée. Dans un premier temps, elle s'est retrouvée vendeuse dans un H&M. Oui, pas génial pour une « styliste ». Ensuite, elle est montée de grade dans ce même magasin et a pu choisir les collections à vendre avec ses supérieurs. Ce n'était pas la carrière qu'elle souhaitait, c'était surtout pour elle le moyen de payer son loyer et de remplir son frigo. Le soir, en rentrant chez elle, elle passait quelques heures à écumer les offres d'emplois, à contacter des entreprises, des personnes de renoms afin d'entrer dans le monde de la mode. Les photographes avec qui elle travaillait étaient de tout cœur avec elle, ils avaient déjà des opportunités de carrières, de pubs... Mais sans collection, dur dur d'avancer. C'est alors que, doucement mais sûrement, elle se mit à dessiner chez elle, imaginant une collection de façon à ce qu'elle puisse être créée mais surtout, portée dans la vie de tous les jours par des gens comme vous et moi. Son but ? Présenter le projets à plusieurs agences et faire en sorte que ses rêves se concrétisent. Avec le temps et l'énergie consacrée, elle finit par se faire embaucher par une entreprise, encore peu connue, pour créer sa ligne. Ligne qui fut très appréciée, et présentée sur le podium. On était loin des Karl Lagarfeld et des Jean-Paul Gauthier, mais c'était plutôt un bon début ! Aujourd'hui, elle continue de créer ses vêtements pour plusieurs boutiques adeptes de sa marque. Elle garde l'espoir de monter en grades et de refaire des défilés, de plus en plus importants et l'ouverture de son propre magasin est en cours. Tout ça à Thunder Bay. Pourquoi cette ville me direz-vous ? Et bien, originaire du New-Jersey, elle avait peu de chance de percer dans sa ville natale. Il faut bien se l'avouer, dans le New-Jersey, il n'y a pas grand-chose. Sa marque est déjà renommée dans le monde de la mode, tout le monde a déjà entendu parler, au moins une fois, de « Cuplle's Clothing », et vu le nombre d'années qui lui reste à vivre, je ne mettrai ma main à couper qu'elle risque d'aller loin !



Flash-back 3

*Rrrring, rrrring, rrrring* Cela faisait une heure que son portable ne cessait de sonner. C'était Kurtis. Deux jours à peine que Tat' était sortie de cure. Elle allait bien, très bien même. Elle avait passé pratiquement quatre mois dans un centre fermé, loin de toutes tentations de l'extérieur. Rien ne promettait que tout allait se passer comme prévu et qu'elle n'allait pas craquer. Elle se l'était promis, plus de Kurtis en revenant. Il n'avait pas voulu la suivre, il avait joué avec le feu et bien à présent, il s'y brûlait. Elle écouta les nombreux messages vocaux, tout semblables. « Décroches, j'ai besoin de te parler, tu me manques, je veux voir comment tu vas, blablablablabla ».
Elle ne rappellerait pas et elle allait même changer de numéro. D'ailleurs, elle s'apprêtait à sortir en ville, pour la première fois depuis son retour. Elle appréhendait un peu, mais elle était heureuse de respirer un autre air que celui de sa chambre ou du parc entourant le centre.
Elle n'avait pas encore posé la main sur la clinche que la sonnette retentit. Elle saisit le parlophone.

– Oui ?
– Tat' ! C'est Kurt', ouvres-moi.
– Quoi ? Dégages, commence pas tes airs ou j'appelle les flics pour harcèlement.
– Ne dis pas de conneries bébé, j'ai besoin de te voir...
– Je ne suis pas ton bébé et je n’ai pas envie de te voir. Pars.
– S'il te plait... j'ai changé, j'ai tout arrêté quand t'es partie, descends...

Un long soupire s'échappa des lèvres de la jeune femme. Et si c'était vrai ? Elle descendit les escaliers prudemment, bien vêtue. Elle avait dit adieu aux jeans déchirés, aux piercings abondants et aux baskets sales. Elle était couverte d'une fine robe en dentelles roses, d'un petit gilet court qui recouvrait uniquement ses bras et une partie de sa poitrine, ainsi que des talons, assortis. Ses cheveux étaient plus clairs et mieux coiffés, son maquillage plus léger et seul son septum résidait sur l'entièreté de son visage.
Elle rejoignit son ex copain sur le seuil de la maison, sans même lui faire la bise. Elle lui adressa un regard blasé, il n'avait pas changé physiquement. Toujours un peu crade, ses longs cheveux en bataille, son maquillage coulant et ses vieilles Docs craquées. Il fit un pas vers elle, comme pour la prendre dans ses bras mais elle recula. Elle dut entendre un débit de compliment avant de lui rappeler qu'elle n'était pas là pour se laisser monter le bourrichon et qu'elle était pressée.

– T'es trop belle. Tu m'as manqué, truc de ouf. Je suis content de te revoir, t'as l'air bien. On pourrait aller faire un tour ensemble ?
– Quoi ? Moi ? Avec toi ? Je ne crois pas non. De un, je vais très bien, ouais. De deux, je sais que je suis belle, c'est toi qui me rendais laide à me donner des coups et à me conforter dans l'idée de porter des loques. De trois, j'ai plus aucunement envie de te voir, Kurtis. Je mérite mieux que ça dans la vie, je crois.
– Je sais mon cœur, pardonnes-moi. J'ai été trop con. Je t'aime comme un fou depuis toujours, tu sais hein ? J'étais trop jaloux avec toi, je n’ai jamais voulu te faire de mal. Pour ça que j'ai changé, je prends plus rien, je suis clean. Bon, je n’arrive pas à trouver du taf mais ça viendra...
– Ah ouais ? Comment tu veux que ça vienne avec ta dégaine ? Ouvres les yeux quoi. Puis t'as pas de diplôme, personne te prendra. Tu m'aimes tellement, ouais... T'en a sauté combien avant de m'appeler ? Puis t'as changé tu dis ? Mhm... Pour ça que tu sens l'alcool à 10 kilomètres.
– Je sais mais laisses-moi t'expliquer, j'étais tellement mal parce-que tu me répondais pas que j'ai bu un petit verre, je te jure bébé...
– Tais-toi, j'en ai assez entendu. Je te souhaite de t'en sortir dans la vie et de trouver une belle femme, qui pourra te supporter. J'ai à faire, tu m'excuseras...

Elle tourna les talons et reprit sa vie en main à partir de cet instant.

Fin Flash-back 3


Tat', il ne faut pas se le cacher, c'est une loveuse. Elle ne le montre pas toujours, mais elle ne vit que d'amour et d'eau fraîche. Si elle n'a pas quelqu'un à ses côtés, à aimer, à chouchouter, sa vie perd tout son sens. Elle nourrit l'espoir de trouver la personne qui l'accompagnera une vie entière, jusqu'à la mort et avec qui elle aura construit un tas de choses. Des souvenirs, des fous rires, une famille... Certes, c'est un peu utopique comme vision de la vie. Mais vous n'avez pas encore compris qu'elle vit dans un monde de paillettes, dans un monde féerique ? Elle n'en est pas plus stupide pour la cause. La seule différence avec la demoiselle est qu'elle n'est pas du style à écumer les relations pour trouver LA bonne. Elle préfère rester seule quelques mois, faire des rencontres, passer du temps de façon amicale avec des gens et puis éventuellement, aller plus loin. Elle est assez réservée au début d'une relation et elle a peur de se faire prendre pour une quiche. Elle n'est pas non plus du genre à charmer volontairement les gens qui l'intéressent, sauf exception. Ce qui compte surtout pour elle est de vivre un amour passionné, déchaîné, sans limites. De tout faire pour celui (ou celle) qu'elle aime et que son partenaire le lui rende bien. Elle cherche sans chercher. Elle ne s'inscrit pas sur des sites de rencontres, elle ne fait pas sa couguar en boîte de nuit. J'ai presque envie de dire qu'elle laisse venir. En bonne superstitieuse qu'elle est, elle se dit que plus on cherche et moins on trouve. Et quand son côté philosophe fait surface, elle pense bien que chaque casserole a son couvercle. Néanmoins, l'amour, elle connaît. Bien qu'elle soit encore jeune, la jeune fille a connu une longue histoire d'amour des plus chaotiques. Kurtis. Kurtis... Que dire pour rester polie ? Depuis ce gentil garçon (ironie inside), Tatiana n'a pas vraiment connu d'autres grandes et longues histoires. Elle espère un jour pouvoir concilier boulot et vie amoureuse.