Bad Mood ? [PV Elijah]

Elijah & Erina

Ce soir-là, Erina travaillait au Java Hut, comme trois soirs par semaine, plus quelques après-midis. Elle avait passé une plutôt bonne journée, ordinaire, et aurait bien voulu se reposer et méditer, mais seulement, elle ne le pouvait pas. Elle avait encore une heure à tenir ! Habillée simplement d'un jean et du tee-shirt des employés, elle arpentait le bar, faisant diverses boissons, sa longue queue de cheval brune fouettant l'air. Ce qui était bien avec ce job, c'était qu'elle pouvait se permettre de penser à autre chose tout en le faisant. C'était reposant, en un sens : il n'y avait que ses muscles qui travaillaient, mais son esprit, lui, était ailleurs, et divaguait. Elle pensait à tout et à rien. A ses cours, à sa vie, à sa famille.
Et dire qu'elle allait encore devoir tenir une heure ! Parce que l'inconvénient de pouvoir laisser son esprit divaguer et de ne pas penser à ce qu'on était en train de faire, eh bien, c'était qu'on s'ennuyait ! Elle en vint à se demander si ça n'aurait pas été mieux qu'elle ait un travail où elle devait vraiment être concentrée, finalement. *Courage, ma vieille,se motiva-t-elle mentalement, plus qu'une heure à tenir !*. Elle servit un verre de whisky à un habitué du bar qui la regarda bizarrement avec un sourire en coin. Il devait avoir, quoi... Soixante-dix ans ? Réprimant un soupir, elle fit glisser un verre vers un autre client assis au bar. Des fois, elle avait des envies de meurtre. Ce vieux dégueulasse ne pouvait vraiment pas s'empêcher de reluquer ses fesses ?
En fait, le métier de barmaid n'était pas vraiment fait pour elle... Mais c'était tout ce qu'elle avait trouvé. Pourquoi travailler, vous demanderez-vous, alors qu'elle vit chez elle bien tranquillement ? Eh bien tout simplement parce qu'elle ne voulait plus vivre chez elle. A dix-neuf ans, il était temps qu'elle quitte papa/maman ! Alors, elle économisait, pour pouvoir se payer un appartement et les premiers mois de loyer, ainsi que les courses, l'internet, le téléphone...
Ce qui faisait beaucoup, en fait. Mais rien ne pressait, justement parce que ses parents étaient là.
ça allait lui faire bizarre d'être loin d'eux ! Surtout loin de sa petite soeur Natasha, qui était comme sa jumelle. Elles se verraient souvent, après tout, Erina serait toujours dans la même ville. Mais ce ne sera plus pareil. Elles ne pourront plus aller promener Yorkee, leur énorme golden Retriever, ensemble... Ou très rarement. Penser à son chien lui fit penser à l'orage, et à son pouvoir. C'était à cause du chien qu'elle avait eu ce pouvoir, d'ailleurs, s'il n'avait pas repéré une femelle en chaleur le soir du trente juillet, elle ne se serait pas faite traîner sur plus d'un kilomètre, et ne se serait donc pas tant éloignée de chez elle.
Mais le fait était qu'elle avait le pouvoir de la régénération cellulaire, depuis ce soir-là. Personne ne le savait, d'ailleurs.
Alors qu'elle divaguait, un client entra dans le bar. Il avait la tête de quelqu'un qui allait mal, et qui allait donc consommer beaucoup d'alcool. Il était plutôt beau, d'ailleurs. Enfin, il devait l'être, parce que là, il n'avait pas l'air bien du tout. Elle s'approcha de lui avec une ombre de sourire commercial sur le visage, c'était ce qu'elle pouvait faire de mieux à ce moment-là.

"Bonsoir et bienvenue au Java Hut. Que désirez-vous boire ?, demanda-t-elle avec la voix qui allait avec le sourire. Et qui n'était pas totalement convaincante non plus.

Je suis frustré. Quand je suis frustré, je fais du mauvais travail. Quand je fais du mauvais travail, je m’en veux. Et quand je m’en veux, je fais pire que bien. Alors je sors du restaurant en hurlant au patron que je prends ma pause et qu’il n’a rien à redire là-dessus. Il le sait, alors il ne me poursuit pas dans la rue et ne me menace pas de me virer si je ne retourne pas illico derrière les fourneaux. Tout ça pour dire que je suis parti et que j’ai envie d’un verre. Je ne suis pas bien, vous savez pourquoi ? A cause de June. Et au fond c’est de ma faute, c’est moi qui l’ai laissée entrer de cette manière-là dans ma vie. Je ne fais pas facilement confiance aux gens mais June m’avait convaincu. Mais cela fait un moment qu’elle m’évite. Je sais qu’elle m’évite, parce que ses excuses ne sont pas normales. On la dirait nerveuse. Elle m’évite et je n’aime pas ce que je ressens. Ca ne devait plus arrivé, je me l’étais juré. Et pourtant, ça recommençait. Le rejet. Enfin, pas vraiment le rejet, mais ça s’en approchait et ça reste désagréable.

De plus aujourd’hui. Mon frère me manque. Je devrais aller à une réunion mais je ne m’en sens pas capable. Mes pas me guident déjà vers le Java Hut. Très mauvaise idée. Et j’avance, et alors que je sais que c’est une mauvaise idée, je suis déjà à l’intérieur. Réfléchis Elijah, as-tu envie de foutre en l’air deux ans de sevrage comme ça ? Sur un coup de tête ? Là, je répondrais que oui. Je suis frustré, je suis mal et mon frère me manque. June et sa bonne humeur contagieuse me manque aussi. Mais je ne le dis pas, ni l’un, ni l’autre. Alors quand je rentre dans le bar, je n’ai même pas un pas d’hésitation. Je vais droit sur le bar et ignore cette voix dans ma tête qui me hurle de sortir. Regarde-toi Elijah, ne prends pas ce verre, il est la fin de tout. De tout ton travail, de tous tes efforts. Que dirait Thom ?

Thom est mort. Il ne dit rien.

J’en étais là, quand la serveuse vint me demander ce que je désirais prendre. Je répondis sans hésité : « Vodka Tonique ». Et seulement après je la regardais. Elle hésita un instant en croisant mon regard mais ce fut elle qui fit demi-tour. Mon regard blasé s’attarda sur sa silhouette élancée. Je détournais rapidement le regard quand je me rendis compte que je la reluquais. Ma mâchoire se crispa. J’appuyais mes bras sur le plan et attendit. Je commençais déjà à réfléchir. Impulsivité. C’est que dirait le groupe. Je réfléchissais à ce qu’ils diraient s’ils savaient que j’avais bu un verre. Je me rappelais mon premier jour et je me sentais déjà humilié de devoir leur annoncé que demain serait à nouveau mon premier jour. Recommencer son premier jour est quelque chose d’humiliant. Je l’avais déjà observé chez les autres. Chez moi aussi au début. Quand la jeune femme revint pour me déposer la vodka et me dire combien je lui devais, j’avais décidé que je ne boirais pas ce verre. Je sortis l’argent, le poussait vers elle avant de dire :

- Reprenez-le, je ne le boirais pas…

Du dos de la main, je repoussais le verre loin de moi. Furieusement tenté. Je ne la regardais déjà plus, pliant le coude je pris ma tête dans ma main et soupirais. Tu es pathétique Elijah.

Erina avait vu le bel homme entrer dans le bar et s'était tout de suite dit qu'il avait la tête de quelqu'un qui déprimait, et donc qui consommerait beaucoup d'alcool. En fait... Il n'avait pas l'air déprimé, plutôt en colère, mais il y avait aussi un peu de tristesse. Comme il s'était assis au bar, elle était allée vers lui avec son sourire commercial, qui n'était pas au top de sa forme, et lui avait souhaité la bienvenue avant de lui demander ce qu'il voulait boire. Il avait répondu une Vodka Tonique. Bingo. C'était triste, en un sens, mais c'était en partie à cause de gens comme ça que les affaires marchaient si bien. Cependant, elle hésita une seconde. Elle aurait voulu faire quelque chose, elle ne savait pas quoi, mais quelque chose. Contre quoi ? Pourquoi ? Après tout ce n'était pas ses affaires. Elle alla donc préparer le verre, puis elle le déposa devant le client, qui, elle ne put s'empêcher de le remarquer, était particulièrement beau. Elle annonça le prix du verre et s’apprêtait à repartir lorsque le bel inconnu annonça qu'il ne boirait pas le verre. Il poussa de l'argent vers elle.
Elle comprit alors qu'il devait être en cure. Après tout, aucune autre personne n'aurait refusé un verre de vodka préparé avec amour.
Une autre personne qu'Erina aurait pu s'offusquer, ou même rouspéter après le client qui l'avait fait préparer ce verre pour rien, oh oui, il existait beaucoup de gens qui auraient fait ça. Mais, sans vouloir se vanter, la jolie brune savait qu'elle était une fille plutôt cool. Alors, compatissant au malheur de son client, elle haussa les épaules et but elle-même le verre de vodka en le regardant dans les yeux. Une fois qu'elle l'eut terminé, elle repoussa l'argent vers l'homme en disant :

"Offert par la maison."

Elle ne savait pas pourquoi, soudainement, elle agissait comme une bonne samaritaine. En plus, même si elle était plutôt sympa, il ne lui serait jamais venu à l'idée d'offrir un verre à un inconnu, dans le bar où elle travaillait. Après tout, elle n'avait aucune raison. Mais comme souvent, Erina venait d'agir sans réfléchir, sur une simple impulsion. Ce n'était pas grand chose, ça n'allait pas sauver la vie d'un bébé phoque ou quoi que ce soit, en fait, son action avait plutôt servi à rien. Après tout, son client pouvait bien se permettre de perdre quelques malheureux dollars. Comme elle n'avait plus vraiment de raison de rester devant lui, elle se détourna alors du client, le laissant méditer en paix sur sa privation d'alcool et ses malheurs. Elle aurait bien voulu l'aider, faire quelque chose pour lui - car il avait vraiment la tête de quelqu'un qui ne va pas bien - mais ce n'était pas ses affaires, comme elle se l'était dit un peu avant.

"Angel, ramène-toi !", lui cria son patron.

Oh oh. ça, ça allait être pour sa poire. Il n'allait tout de même pas faire tout un flan à cause du verre offert ! Pourtant, si.

"Dis-donc, Angel (il l'appelait uniquement par son nom de famille parce qu'elle lui avait demandé : elle détestait son prénom), qu'est-ce qui te prend ? Tu viens de nous faire perdre une dizaine de dollars avec tes conneries ! Reprends-toi, sinon je garde tes pourboires de la journée !"

Elle soupira.

"Oui Boss."

Elle ne put pas s'empêcher de jeter un coup d'oeil à la cause de ces menaces, toujours assis au bar, la tête dans la main. Elle ne lui en voulait pas du tout, oh non, après tout c'était uniquement sa faute à elle. Et elle ne regrettait même pas ce qu'elle avait fait. C'était une action trop insignifiante pour pouvoir être regrettée. C'était insignifiant, pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'être étrangement... Fière d'elle. Dix dollars de gagné, c'était toujours ça, non ? Elle retourna vers son client et demanda, cette fois d'une voix qui n'avait rien de commerciale :

"Vous désirez autre chose ?"

S'il était venu dans un bar, c'était pour consommer, même quelque chose de non-alcoolisé, alors c'était mieux de demander, même si elle se faisait jeter.

Je n’avais pas réfléchis aux conséquences qu’entrainait ma non-consommation d’alcool alors que j’avais justement commandé un verre de ce dit alcool. Mais la brune ne se départit pas de son sourire, il devint même plus sincère que commercial. Elle se saisit alors de mon verre fraichement commandé et le but d’une traite. Je ne pus que lui jeter un coup d’œil envieux. Je ne pouvais pas boire, cela ne voulait pas dire que je ne voulais pas. Mais je masquais cette envie rapidement derrière un regard légèrement brillant de curiosité. Puis on l’appela et je retombais dans les méandres de mon humeur noire. Je voulais que quelque chose de bien se passe, rien que ce jour. Pour changer un peu. J’avais besoin de June pour me faire sourire, j’avais besoin d’elle pour me changer les idées. Et en même temps, c’était contre elle que j’étais en colère, c’était elle qui m’évitait.

La tête entre mes mains, j’entendis les pas de la brune revenir. Et d’une voix plus chaleureuse que la première fois, elle me demanda ce que je désirais d’autre. Je relevais la tête, posait mes paumes sur le bar, les regardais un court instant avant de le regard enfin. Aucune expression ne ressortait de mon visage. Juste un atroce air impassible. Mais pour moi, c’était bon signe, parce qu’en quelque sorte c’était la façon que j’avais de me calmer. Je repoussais à nouveau l’argent que j’avais posé pour la vodka vers elle.

- Un cocktail… non alcoolisé. Gardez la monnaie

Je jetais un coup d’œil à son patron qui nous observait de manière pas très discrète. Il me salua d’un hochement de menton, je fis de même avec un regard plus sombre. Puis je me retournais vers la jolie brune qui me servait un grand verre remplis de différentes saveurs… de fruits. Ce n’était pas de ça dont j’avais envie mais alors pas du tout. Je pris la petite ombrelle et chipotais dans mon verre l’air de ne pas avoir plus envie que ça d’y goûter. Alors je levais les yeux vers la jeune femme :

- J’ai besoin d’autre chose… convainquez-moi que ce cocktail est ce dont j’ai envie …

Et je tentais un sourire en coin, qui fut malheureusement très bref même si sincère.

[Avec beaucoup de retard, désolée u_u]

Après s'être fait remonter les bretelles par son boss, Erina était retournée vers le client et lui avait demandé s'il désirait quelque chose d'autre, il commanda alors un cocktail non-alcoolisé. Il ne précisa pas de nom, elle en choisit donc un qui lui plaisait bien et le concocta avec soin, sous l'oeil attentif de son patron. Elle alla ensuite servir le client avec un grand sourire, déterminée à lui remonter le moral. Elle avait envie de faire une bonne action aujourd'hui, et puis, il lui restait à présent moins d'une demi-heure à tenir avant de pouvoir enfin rentrer chez elle, alors elle se dit qu'elle allait les utiliser judicieusement. Alors qu'elle se demandait en quoi elle pourrait bien aider l'homme en face d'elle, il lui adressa une demande des plus surprenantes : il lui demanda qu'elle le convainque qu'il avait bien envie de boire ce cocktail. La jeune femme se trouva bien embêtée, pour cause, elle ne savait pas très bien que répondre à cette étrange requête. Elle réfléchit quelques instants, essayant de mobiliser son cerveau, qui en avait marre après cette longue journée, et commença d'une voix hésitante :

"Eh bien... C'est un cocktail concocté avec amour et..."

Elle chercha quelques instants et ajouta avec un sourire malicieux :

"Bon, je ne suis pas censée vous le dire, mais vous m'avez l'air sympathique, et puisque vous le demandez... Ce cocktail contient un ingrédient secret... Qui le rend unique, et donne envie au client d'en reprendre un autre immédiatement."

Elle termina avec un grand sourire, qui, plus que tout, donnerait envie de boire le cocktail. Elle trouvait son histoire vraiment moyenne, mais c'était tout ce qu'elle avait pu inventer dans un laps de temps aussi court.

"Et puis, maintenant que vous l'avez payé, autant le boire, non ? ça ne peut pas vous faire de mal... (elle marqua une pose et continua :) "Si vous n'avez toujours pas envie de le boire... Eh bien, vous n'avez qu'à penser très très fort que c'est un bon verre de vodka..."

Elle sourit encore, en se trouvant intérieurement vraiment stupide. D'autant plus qu'elle ne savait vraiment pas quoi faire pour aider l'homme qui broyait du noir en face d'elle. Elle ne le connaissait même pas : ses sourires étaient tout ce qu'elle pouvait lui offrir, c'est-à-dire pas grand chose. Elle se sentait très inutile, et n'aimait pas vraiment ça, d'autant plus que les problèmes de cet homme n'étaient vraiment pas ses affaires, elle se trouvait bien impolie, et très prétentieuse de penser qu'elle pouvait s'en mêler et faire quelque chose. *Je suis fatiguée...*, conclut-elle en se retenant de bailler. En plus, elle commençait à avoir froid, à cause des clients qui, en entrant, laissaient entrer le froid extérieur.Ou peut-être avait-elle froid parce qu'elle était fatiguée...

Néanmoins, elle continuait de vouloir faire quelque chose pour son client. Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir mal pour lui, un sentiment inexplicable et étrange, comme si elle était concernée directement par ce qui lui était arrivé. Elle s'approcha de lui et se baissa en posant ses coudes sur le bar :

"S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous..."

Evidemment, elle ne parlait pas en tant qu'employée dans un bar, mais en tant que personne qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas. D'ailleurs, elle regretta tout de suite d'avoir prononcé ces derniers mots... Du moins, une partie d'elle regretta.

[HJ : un peu nul, désolée >.<]

La jeune femme n’avait pas l’air à l’aise avec ce genre d’improvisation. Manquerait-elle de confiance en elle ? Pourtant je la trouvais convaincante. Elle me distrayait en tous cas. Mais le fait qu’elle tente de se rattraper après l’histoire de son ingrédient secret montrait qu’elle n’était pas à l’aise avec ce genre de demande. Je la laissais dire tout en la regardant en sentant à la fin, un sourire rassurant poindre sur mes lèvres. Je fis un effort pour le faire durer le temps qu’elle le remarque. Son sourire à elle faiblit légèrement et j’aperçus de la fatigue dans ses yeux. Elle devait avoir eu une longue journée, on pouvait attribuer ce manque de confiance en elle par cette fatigue bien visible.
Pour la réconforter, je pris le verre qu’elle m’avait servi et pris une longue gorgée du liquide fruité – bien loin de la délicieuse vodka qu’elle m’avait incité à imaginer. Non, c’était fruité, c’était… fruité. Non ce n’était pas ça. Mais j’allais faire avec. Parce que je n’avais pas si envie que ça de foutre en l’air deux ans de sevrage. Puis elle sembla renoncer et se posa sur le bar pour me dire que si elle pouvait faire quelque chose pour moi … Les trois petits points sont significatifs, ils permettent de comprendre la fin de la phrase selon le contexte. Ici, elle parlait juste de m’offrir son aide. Mais ça allait aller. Pas besoin d’aide. Je ne me laisse pas atteindre. J’ai déjà entendu ça quelque part. Je repris le verre le soulevais en faisant un geste du poignet vers elle et le vidais d’un trait avant de le reposer devant moi.

- Vous m’avez déjà aidé à éviter de foutre en l’air de bonnes résolutions… Vous devriez avoir plus confiance en vos talents de persuasion

J’hésitais à partir maintenant. Puis je vis arriver un groupe de mec genre, eux, ce n’était pas la dépression qui allait les faire boire. Je ne savais pas trop ce qu’ils comptaient de fêter mais ça, c’était bien une raison pour partir et vite. Bruyant, se prenant pour les maitres du bar, voir du monde, ils appelaient déjà la serveuse comme si elle était à leur botte. Le genre de mec que je n’aimais pas du tout. Peut-être parce que j’avais été comme ça un jour. Je pensais déjà à partir quand je vis le regard de la jeune femme s’assombrir et la fatigue envahir ses traits.

- Vous finissez votre service à quelle heure ?

Son regard revint direct sur moi, un peu surprise sans doute.

- Euh … (un peu gêné en pensant à l’interprétation que l’on pouvait donner à ma question) Je pensais juste à vous monopoliser le temps que vous finissez… Ces types peuvent être servis par quelqu’un d’autre non ?

J’eus un petit sourire, encore une fois, très bref. Puis je sortis un peu d’argent que je posais sur le bar dans le but de recommander un verre et l’avançais vers la jeune femme.

Pendant qu'Erina argumentait, elle vit poindre un sourire rassurant sur les lèvres de son client, et ne put s'empêcher de sourire aussi, même si son sourire était fatigué à cause de la longue journée qu'elle avait eue. Elle observa son client pendant qu'il avalait une gorgée du cocktail fruité, tout en se demandant si elle devait agir ou pas. Elle finit par demander si elle pouvait faire quelque chose pour lui, ça avait été plus fort qu'elle. Il vida son verre d'un trait avant de répondre qu'elle l'avait déjà aidé à ne pas foutre en l'air de bonnes résolutions, et qu'elle devrait avoir plus confiance en ses talents de persuasions, ce qui la fit rire. Elle ne répondit rien et s'éloigna, en continuant de sourire. Elle s'occupait à sécher des verres, puis à le ranger lorsqu'elle vit un groupe de jeunes entrer dans le bar. Avec moult rires gras, ils prirent place dans le bar, sous l'oeil navré d'Erina. Ils se mirent à parler fort tout en se charriant, et elle en vit un la pointer du doigt à son ami en riant. Les autres la regardèrent en la détaillant sans vergogne, et elle soupira, tout en faisant comme si elle ne voyait pas. Elle ne passait pas vraiment inaperçue, elle le savait, déjà, elle ne ressemblait pas du tout à une canadienne moyenne, avec son teint bronzé et son visage exotique, de plus, le fait qu'elle soit très grande et très mince n'arrangeait pas les choses non plus. Ils demandèrent une serveuse comme si tout le personnel était à leur botte, et Erina allait se résoudre à aller prendre leur commande lorsqu'elle entendit son client-refuseur-de-vodka l'interpeller, lui demandant à quelle heure elle terminait son service. Elle ne put s'empêcher d'écarquiller légèrement les yeux, surprise. C'était une demande plutôt inattendue, Erina ne s'y attendait pas du tout. Mais elle se dit qu'elle devait se méprendre sur les intentions de son client, qui en effet, s'expliqua tout de suite, l'air un peu gêné : "Euh … Je pensais juste à vous monopoliser le temps que vous finissez… Ces types peuvent être servis par quelqu’un d’autre non ? ".

Le visage d'Erina s'éclaira d'un grand sourire et elle laissa échapper un petit rire nerveux. En effet, c'était une proposition plutôt tentante, très tentante, d'ailleurs. Il était vraiment attentionné, et avait dû remarqué qu'elle était vraiment à bout de forces. C'était très gentil de sa part de vouloir l'aider, alors qu'ils ne se connaissaient pas. Elle prit l'argent qu'il avait glissé vers elle et alla préparer un nouveau cocktail de fruits après avoir dit à voix basse, pour ne pas se faire entendre des autres serveuses ni des clients :

"Dans une quinzaine de minutes, merci"

Elle lui servit son cocktail avec un sourire discret.

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