SACHA McKINLEY

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Stranger in a strange land.

This is the story of my life.

Le 6 Novembre 2010. « Quoi ? T'es sérieux ? Tu veux que j'engage ce mec ? »

Déclara-t-elle, indignée, en pointant du doigt l'homme en question. Il était en train de dormir assis sur une chaise, les cheveux de couleur rouge terne, vêtu d'un jean troué et d'une veste en cuir noire délavée.
La loque humaine qu'elle pointait du doigt, c'était moi. J'avoue, je n'étais pas très présentable ce matin là. Je venais de passer la nuit à Vegas avec mon frère pour fêter sa majorité. Vingt et un ans... Quel bel âge. Ce que j'avais oublié c'était que le lendemain matin, j'avais un entretient d'une importance capitale pour un job au plus grand journal de Thunder Bay: The Chronicle Journal. Cela faisait déjà quelques mois que je bossais comme pigiste dans un petit journal et j'en avais ma claque. Réellement. C'était un ami qui m'avait prévenu qu'ils embauchaient. Et c'était d'ailleurs cet ami qui tentait de me défendre auprès de sa rédac' chef pour qu'elle me prenne. Il faut dire que lui non plus n'était pas très frais. Lui aussi avait passé la nuit à Vegas. Toutefois, il avait quand même meilleure mine que moi, je devais bien l'admettre. Tous les journalistes me dévisageaient, mais je ne me demandais pas pourquoi. J'étais assis sur ma chaise, ouvrant de temps en temps les yeux pour voir si on ne me faisait pas signe d'entrer dans le bureau de la rédactrice en chef de mon pote Matt. C'était également l'occasion de voir qu'ils menaient un vif débat, me montrant quelques fois du doigt. Et puis, une dizaine de minutes plus tard, Matt me fit signe d'entrer. Je me levais sans trop de difficultés et arriva au bureau de la rédac' chef. Eh ben, elle pouvait être fière de son bureau. Celui que j'avais en tant que pigiste était trois fois plus petit, et je n'avais pas la chance d'avoir une gigantesque baie vitrée pour regarder la neige tomber à l'extérieur. Quel dommage. Je devais absolument obtenir ce job !

« Bon uhm.. Sacha c'est ça ? » j'acquiesçais. « Matt n'arrête pas de me dire que tu as énormément de qualités, et que tu ferais un parfait journaliste ici. Mais, c'est bizarre, je n'arrive pas à le croire... »

Je souriais. Que voulait-elle au juste? Que je lui donne mon CV ou que je fasse l'éloge de toutes mes qualités? Ce qui était sûr c'est que c'était la dernière fois que j'irais à Las Vegas la veille d'un entretient d'embauche. J'aimais mon frère, je ferais n'importe quoi pour lui. Mais là, je crois que j'étais allé un peu loin. Surtout que je n'avais aucun souvenirs de la soirée. Ce qui était légèrement frustrant. Je fouillais dans les grandes poches intérieures de ma veste. Mon CV ne devait pas être bien loin. Et en effet, je le sortis quelques secondes plus tard. Mais à ma grande surprise, des inscriptions avaient été faite au dos. Je commençais à lire, dubitatif. « et là, c'est le drame » Non, ça ne pouvait pas être réel. Peut-être que j'étais encore en train de dormir sur ma chaise et que tout ça n'était qu'un mauvais rêve. Malheureusement, ce papier était bel et bien réel. Matt se pencha vers moi pour voir ce qui pouvait bien me rendre dans cet état, et finit par s'esclaffer comme jamais il ne l'avait fait avant. Je détachais mes yeux du papier, regardant la rédac' chef qui attendait que je dise quelque chose. J'allais devoir me résoudre à parler. A lui dire pourquoi elle devait m'engager, ou alors lui demander pourquoi elle pensait que je n'avais pas ma place ici. Si Matt avait eut sa place, je l'a méritais moi aussi. Je continuais à la regarder et déclara d'un ton sincère.

« C'est à cause de mes cheveux hein ? »

Elle écarquilla les yeux. Quant à moi, je baissais la tête afin de voir quelques mèches rouges tomber devant mes yeux. C'est clair que niveaux esthétique, ce n'était vraiment pas le top. Le rouge qui était à la base vif se décolorait petit à petit et j'avais même eut l'impression ce matin, en me regardant dans une vitre, qu'une racine noire commençait à s'installer. « Oh la garce ! » Et puis, mon regard se posa à nouveau sur ce qui était à la base mon CV. Je ne savais plus vraiment que faire. Ce qui était sûr, c'était que je voulais ce job et que j'allais tout faire pour l'avoir, même si le « tout » en question n'allait pas avoir énormément d'effet à cause de ma dégaine. Le silence commençait à peser dans la salle. Toutefois, on entendait Matt qui tentait du mieux qu'il pouvait de réprimer son fou rire. Ce n'est que quelques secondes plus tard, lorsque je me retournais vers lui qu'il prit la parole et qu'il brisa le silence qui était devenu quelque peu embarrassant.

« Allé Ken', tu ne vas quand même pas laisser un jeune marié dans la misère ? »

Oh non ! Il avait osé. J'avais déjà beaucoup de mal à me mettre dans la situation, et lui, disait cette malédiction à voix haute. C'était d'ailleurs peut être Matt qui m'avait fait épouser cette fille? En tout cas, vu le contrat de mariage qui m'unissait avec la dénommée « Svetlana » j'espérais que le divorce ait lieu rapidement. Cependant on aurait dit que ce fut ce détail qui me fit obtenir le job. Puisque la rédactrice en chef de Matt, venait de me féliciter et de me mettre à l'essaie pendant un mois. Elle était à présent ma nouvelle rédac' chef.
Je sortis de l'immeuble joyeux, oubliant mon nouveau statut social. Je n'arrivais toujours à croire que Ian et Matt m'avaient laisser faire ça. Il faut dire qu'ils devaient bien être occupés de leur côté mais, il y a tout de même des limites à ne pas dépasser. Il fallait uniquement que je ne révèle pas ce détail à mes parents pour ne pas baisser dans leur estime. Sans attendre je me rendis chez eux, la maison dans laquelle ils vivent depuis leur déménagement au Canada après avoir quitté brusquement l'Écosse il y a une quinzaine d'années déjà. L'écosse... Je repensais à ces paysages trop verts, ces kilts trop rouge, ces cornemuses trop bruyantes... Je déteste l'Écosse, et je crois que c'est le cas de Ian également. Mais après tout, qu'elle personne normalement constituée peut bien aimer l'Écosse ? Ce pays devrait être rayer de la carte, tout comme leurs traditions à la con qui ne signifie rien et qui font passer les hommes pour des travestis. L'écosse et moi c'est fini ! Enfin... Il y a toujours ces périodes déplaisants de l'année qu'il faut passer en famille, alors des fois, nos parents nous emmènent de force Ian et moi. Du moins, la force est plutôt utilisée pour Ian. Il a une forte tendance à faire de la résistance au moment de monter dans l'avion. Moi j'ai compris que ce n'était pas en me rebellant que j'allais pouvoir quitter plus vite ce pays. Déjà adolescent, je me pliais aux règles strictes de nos parents pour pouvoir atteindre ce que je désirais. Une semaine à faire exactement ce que Papa Ronald me disait de faire, et hop, argent de poche augmenter. Avoir de bonnes notes en cours, et hop Mamie nous offre une belle voiture pour fêter l'obtention du permis. Mes parents m'adoraient. Je ne pouvais pas dire que c'était réciproque. Oui je suis un bouffon et alors ? Ils sont fiers de moi et c'est ça qui m'importais le plus. Ils étaient fiers et leurs sourires me faisait plaisir, même s'ils étaient loin de s'imaginer qu'à quinze ans à peine, je buvais et je fumais déjà comme un pompier. Ils ne se doutaient pas non plus que mes exams, je les avaient obtenus par des moyens pas très recommandés. Je n'en dirais pas plus. Et évidement, ils ne sauront jamais que ce job, je l'avais décrocher par un pur coup de chance. Si on peut appelé ça de la chance... Seul le hockey était la discipline dans laquelle j'étais plus que sérieux. Et là, ils pouvaient être fiers de moi.
Je m'arrêtais quelques minutes devant la porte d'entrée, me recoiffant au maximum pour être plus ou moins présentable. Et lorsque j'entrais dans la maison, j'entendis maman Susan critiquer ma tenue vestimentaire et ma coupe de cheveux.

« Pourquoi t'obstines tu à te teindre les cheveux ?! Tu as des cheveux tellement beaux lorsqu'ils sont naturels. Au moins, sur ce point là, on ne peut pas en vouloir à ton frère !! Il n'est pas comme toi à ce niveau… Et puis regardes moi ce jean ! Tu devrais avoir honte de sortir avec un jean pareil ! Tu dois avoir froid avec ta simple veste ! Hors de question que tu rentres chez toi habillé comme ça. »

Je souriais et embrassait la joue de ma mère sans prêter trop d'attention à son discours. La nouvelle que j'allais lui annoncer allait très rapidement lui faire oublier mon apparence. Avant tout, je lui demandais ou se trouvaient mon père et mon frère. Elle me répondit que mon père était dans la véranda, regardant la neige tombée. Non c'est vrai, que vivant au Canada depuis bientôt dix sept ans, il ne l'a pas vu assez tomber cette foutue neige. Quant à mon frère, il dormait toujours. Je l'enviais. Encore une fois. Vingt et un ans, quel bel âge. J'allais dans la véranda pour saluer mon père et je me rendit compte que Buckey, notre chien, m'avait encore mieux accueillit que papa Ronald. Ce dernier m'avait regarder de haut et m'avait lancé un de ses « Salut, fils! » qu'il fait lorsqu'il est plus ou moins content de voir l'un de ses enfants. Une fois mes parents réunis, je leur annonçais la bonne nouvelle, pas le mariage avec la prostituée Russe, non, mais le job décroché. Mon père était heureux, je pouvais le voir sans ses yeux, son regard hautain avait disparu. Il me regardait à présent avec admiration comme si je venais de devenir président des Etats Unis. Ma mère, de son côté me sauta dans les bras et alla réveiller Ian pour lui annoncer la nouvelle. Elle revint quelques minutes plus tard, désespérée et indignée. Elle me déclara.

« Ton frère est content pour toi, mais il ne veut pas se lever ! Il va voir celui là. Il n'a pas passé assez de temps chez ta Grand mère en Ecosse !! »

Je lui décrochais encore un sourire et lui dit que ce n'était pas grave. J'étais persuadé que Ian passerait plus tard chez moi et que nous pourrions fêter ça dignement. Et c'est enfin que je leur parlais de mes projets pour le journal. La rédactrice en chef m'avait donner comme job de faire toutes les semaines, des chroniques sur le Hockey. Ce qui était plutôt simple pour moi étant donné que j'étais le capitaine de l'équipe. Mais pour décrocher une promotion, je devais trouver un sujet plus qu'intéressant. Et je pensais bien l'avoir trouver. Toutes ces personnes qui parlent de pouvoirs étranges depuis la tempête... Je comptais bien décrocher le gros lot en faisant une série d'article sur ces gens. Je serais impitoyable, et prêt à tout pour connaître le nom des personnes touchées. En ce qui me concerne, j'étais en train de dormir pendant la tempête. Elle m'avait réveillé à un moment donné mais je n'ai pas hérité de supers pouvoirs. Tant pis, ou tant mieux. En tout cas, les personnes touchées ont intérêts de bien se cacher s'ils ne veulent pas voir leur secret dévoilé au grand jour.

Le 28 Novembre 2011. Il s'en passe des choses en an un. En effet, ma routine fut brusquement contredite par plusieurs évènements. Mes 26 ans, qui furent mémorables (enfin... sauf pour moi bien sur!) Mais également ma chasse au pouvoir qui était finalement devenu un jeu plutôt dangereux. Au début, prendre des risques, j'adorais ça, l'adrénaline était ce qu'il me fallait. Mais plus j'entrais dans ce monde étrange, plus j'en ressortais blessé; physiquement ou moralement. Je les détestais. Ils prenaient un malin plaisir à me faire tourner en rond ou alors à carrément utiliser leur pouvoir sur moi. Pourtant, j'avais continué à les chercher, ne pouvant m'empêcher d'être curieux mais également parce que je voulais démêler le vrai du faux : savoir qui en avait réellement un ou pas, savoir ce jusqu'où ils étaient capables d'aller. Je voulais tout savoir.
A vouloir tout connaître, j'ai finis par me faire prendre au piège dans un jeu malsain et cynique avec June. Même si au début, sa présence ne me dérangeait pas, elle devint très rapidement un problème pour moi. Une petite guerre s'installa entre elle et moi pour devenir celui ou celle qui passe le plus de temps avec Ian. J'avais l'avantage du hockey et d'être son frère, mais elle… avait l'avantage sur beaucoup d'autres choses. Elle est allée jusqu'à tenter de me mettre en prison. Malheureusement pour elle, son petit tour avait fini aussi mal pour elle que pour moi : quelques heures en cellule de dégrisement et ouverture d'un casier judiciaire, c'était quand même un peu trop gros. Et en y réfléchissant, la liste des vacheries de June devenait de plus en plus grosse. Me caser avec un mec, révéler ma vraie nature de don juan à mes parents… Ah oui, c'était intéressant ça pour voir à quel point elle pouvait aller loin pour me détruire, peur importe si Ian devait en subir une quelconque conséquence. Par chance, la Callaghan n'a jamais été très aimé par le clan McKinley (excepté Ian évidement... C'est d'ailleurs l'unique point sur lequel il me déçoit.)

Mais le plus ironique dans l'année 2011, c'est tout de même le fait que j'obtins un pouvoir. Surtout que je n'en voulais même pas. Je m'explique. Il faisait noir cette nuit là, et comme beaucoup de vendredi soir, après un entrainement de hockey, j'avais participé à une petite soirée entre joueurs. A 4h du matin, je décidais alors de rentrer chez moi à pied. Oui, parfois je ne crache pas sur la prudence, surtout quand il s'agit de ma belle Audi pour laquelle je me damnerais. Il faisait donc froid et ayant pas mal consommé de substances illicites, j'avais du mal à marcher droit; C'est alors que je croisais ce mec. Je ne me souviens même plus à quoi il ressemble, pourtant je me souviendrais toujours de sa sonnerie de téléphone, c'était un air Tiësto que j'appréciais tout particulièrement. C'était un dealeur, j'en était certain, et même si j'avais déjà du mal à tenir debout, je voulais encore me fournir pour les soirées à venir. Le problème c'était que c'était la première fois que j'achetais directement à quelqu'un dans la rue que je ne connaissais pas. Sans vraiment dire ce que je voulais, en mentionnant simplement que j'avais du cash et que j'avais besoin de quelque chose, nous pensions être sur la même longueur d'onde. Il m'emmena dans une pièce sombre ou deux mecs costaux gardaient la porte. Je me dis que c'était probablement normal, que tout le monde avait sa propre façon d'opérer. Et après... Le trou noir, je me réveillais le lendemain matin chez moi, dans mon lit, sans vraiment savoir ce qu'il s'était passé; Ce que je remarquais assez vite c'est que mes poches avaient été vidé et que je n'avais plus aucun argent sur moi. Je cherchais désespérément un petit sachet ou ma copine Coco aurait pu se trouver mais non... il n'y avait rien.
Ce n'est que quelques jours plus tard, après des maux de ventre incessant qu'une chose vraiment étrange se produisit. Je ne m'en suis d'ailleurs toujours pas remis. En effet, je venais d'avoir sous les yeux, une démonstration de mon pouvoir. Dans ma salle de bain, alors que je cherchais des cachets pour calmer mes crampes d'estomac (du moins, ce que je pensais être des crampes d'estomac…) un second moi apparu brutalement devant moi. Je restais sans comprendre quelques secondes jusqu'à ce que mon second moi se mit à me hurler dessus.

« Eh ben tu vois ! Un jour tu comprendra peut-être qu'il faut que tu arrêtes de te droguer et de picoler comme un trou. » Je ne comprenais toujours RIEN. Mon second moi était un moralisateur ? et déjà.. j'avais un SECOND MOI ? Peut-être que j'avais pris un médicament qui me faisait halluciner ? Je clignais des yeux à plusieurs reprises, me massait le front pour attendre que ce mauvais moment passe, mais l'autre n'avait pas l'air de cet avis. « Non non ! Allé regarde moi ! Tu vois ce que tu as créé en allant voir ce dealeur de pouvoir l'autre jour ? La prochaine fois, j'espère que tu seras un peu plus conscient de tes actes, ce n'est pas comme ça que l'on agit à ton âge. Tu me fais honte ! Eh déjà, tu devrais allé voir ta chère belle soeur pour t'excuser de l'avoir drogué l'an dernier. Comment je le sais ? Je suis toi ! Alors je sais tout, c'est juste que moi... Il ne me manque pas des parties du cerveau qui m'empêche de bien me comporter. »

C'était vraiment la dèche. Déjà que je devenais l'un de ces monstres que je méprisais… En plus, je venais d'hériter du mec le plus barbant de l'univers. Vivement que j'apprenne comment le remettre à l'intérieur de moi. Quitte à avoir mal au ventre, je ne suis pas forcé d'entendre sa morale.

Vox Populi.