Avant, j'avais une vie simple, et ça m'allait très bien, il y avait quelque chose de rassurant là-dedans. Les choses ont commencées classiquement. Mes parents sont tombés amoureux comme dans une mauvaise comédie romantique. Mon père, Sean, un Irlandais pur souche a fait visiter son pays à une Canadienne en vacances, ma mère. Après des débuts difficiles, ils ont fini par se marier et mon père a accepté de quitter l'Irlande pour vivre à Thunder Bay avec sa femme. Peu de temps après, ils ont eus une fille, Siobhán, ma sœur aînée. Je suis née aussi très rapidement, mes parents voulaient que nous ayons peu d'écart et que nous soyons proche. Malheureusement, ça n'a pas marché dans ce sens, mais j'y reviendrai plus tard. Après avoir eu deux filles, mes parents ont décidé de s'arrêter là. Je garde des souvenirs vraiment heureux de mon enfance. Lorsque j'étais toute petite, nous étions une famille très unie, vivant dans une petite ville tranquille et passant nos vacances en Irlande. Mes parents nous aimaient, nous protégeaient, nous éduquaient... J'étais une bonne petite fille, vivant dans une famille aimante. Quand j'ai grandi, les choses ont toutefois un peu changées avec ma sœur, et même avec nos parents. Tout a commencé quand je suis entrée au lycée. Cet accès de liberté qu'il offrait m'est montée à la tête, d'autant plus que j'étais assez populaire, puisque j'étais dans l'équipe des cheerleaders. J'ai commencé à imiter les attitudes prétentieuses de mes coéquipières et à oublier mes bonnes manières. Je n'étais pas méchante, je me cherchais juste, je suppose. Ma sœur, dans le même lycée était jalouse, je pense, ou honteuse de mon comportement, je ne sais pas trop. Tout ce que je sais, c'est que nous nous sommes un peu éloignées dans cette période. Quant à mes parents, ils ont sévi pour que je me calme. Mais comme je l'ai dit, ce n'était qu'une période transitoire, je me suis vite reprise. Dès que je suis rentrée à l'université, j'ai retrouvé mon calme, et je me suis mise à étudier sérieusement. Par contre j'ai maintenu une certaine rivalité avec ma sœur, même si au fond, nous nous aimions. Quant à mes parents sont restés plutôt strictes mais je leur en ai jamais voulu, je savais qu'ils faisaient ça pour mon bien. Ils ont toujours agi dans cette idée. C'est même eux qui m'ont offert mon premier appareil photo, ce qui a donné lieu à une passion sans limite par la suite, et même à une vocation... Oui, ma vie n'était pas parfaite, mais elle me plaisait. Puis, elle a changé, en positif pour certains points, heureusement, mais moi qui n'avait jamais connue d'épreuves, j'ai appris ce que c'était.

Il faut agir contre le mal, contre la passion qui. Scritch. a le plus d'influence sur nous (si nous voulons une situation de. Scritch. certitude, et non plus d'incertitude) : la peur de la mort Scritch. violente. Assise au deuxième rang de la classe, j'essayais désespérément de suivre mon cours favori de la semaine, la philo. Malheureusement, un bruit étrange m'en empêchait, c'était vraiment un bruit inhabituel, crispant, horripilant comme celui des ongles sur un tableau noir. Personne d'autre que moi ne semblait s'en inquiéter, j'en conclus donc très vite que c'était quelqu'un dans la classe qui faisait ça, et que ça amusait les autres. Après un rapide regard en arrière, elle constata que le coupable n'était autre que Ian McKinley, qui dessinait paisiblement sur le mur du fond de la classe. Je ne le connaissais pas mais le peu de ce que je savais de lui me suffisait, gosse de riches, avec une famille influente à Thunder Bay et un sourire charmeur, il se sortait des pires situations sans un mal. Ce qui lui donnait sans doute l'impression qu'il était naturel de faire tout et n'importe quoi dans un délai minimum. Ian était tellement peu discret que même le prof finit par remarquer son activité parallèle. Je dois l'avouer, j'étais plutôt contente qu'il se fasse engueuler, j'aimais que les choses soient juste. Mais toute ma joie s'éteignit quand le prof ordonna à Ian de changer de place... et l'envoya à côté de moi. Il s'exécuta à contrecœur, faisant preuve de la même motivation que moi. Au bout de quelques secondes passées côte à côte, il engagea la conversation. J'étais de mauvaise humeur, et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça fut animé. « Hey, psst ! C'est quoi ton prénom déjà ?» . Je connaissais depuis le sien depuis des années, étant donné que Thunder Bay était une petite ville et que nous fréquentions les mêmes établissements scolaires mais je m'abstiens de tout commentaire. « ... » Et oui, j'étais vexée. Mais il ne voulait pas mettre fin à mon calvaire si vite. « Je me suis toujours demandé... Le roux là, c'est ta vrai couleur ?  » « Non, en réalité mes cheveux sont bleus. Mais le dis à personne s'il te plaît... Et moi, je me demandais, ta capacité à être con, c'est inné ou tu travailles tes blagues au lieu de faire ta philo ? »« ... Dis moi, t'as tes règles, ou t'es imbuvable comme ça tout le temps ? Excuse moi, c'était pas sympa ... T'as peut-être d'autres problèmes. Tu veux en parler? » . Malheureusement, la possibilité d'une conversation qu'il venait de nous offrir s'éteignit quelques instants plus tard, quand il reprit la parole. « ...Mais tu sais, c'est pas une honte d'être rousse... Y a plein de trucs qui sont roux, et qui sont beaux quand même ! Regarde, les écureuils, par exemple ! Non, et puis, les humains vrais roux, ça devient rare. Peut-être parce qu'on les brûlait. Peut-être aussi parce que, même quand deux roux s'accouplent ensemble, ça donne pas forcément du roux, parce que c'est une mutation génétique. Mais tu sais, je crois que tu peux être fière d'être rousse. Un jour, peut-être, les gens payeront pour t'observer dans ta cage, et te balanceront des cacahuètes. C'est vrai que les roux puent, sous la pluie ? » . Le pire, c'est qu'il essayait d'être gentil. Et notre petit clash puéril continua donc, le niveau ne s'élevant pas forcément. « Oh, c'est surtout qu'on sent le cuivre et le fer... à toi de voir si tu trouve ça désagréable ou pas. Je suppose que je serai malheureuse dans ton pays d''ailleurs.. il pleut tout le temps non ? Enfin, heureusement, vous avez la cornemuse pour vous occuper... Tu dois être sacrément doué à ça avec ta bouche de poisson. Enfin, je ne dis pas ça péjorativement, je suis sûr que ça doit être méga populaire dans un zoo aussi. Et figure toi que je me pose des questions aussi à propos de toi... Genre t'as cru plus longtemps au père Noël ou monstre du Loch Ness ? » La suite n'a pas forcément besoin d'être racontée, nous étions comme chat et chien. Et les piques continuèrent de fuser. J'étais sûre d'une chose : je ne ferai jamais partie de ces filles qui tomberait en amour devant ses traits parfaits et son divin sourire.

Un mois plus tard, je n'essayais même plus de suivre en philo, mais j'attendais tout de même les cours avec impatience. Malgré tout ce que je m'étais promis, j'avais à mon tour succombé au charme de Ian. Je sais que je l'avais méprisé au début, mais j'avais eu tout faux. Il avait beau être le plus incroyable des branleurs insouciants, je l'aimais, et personne d'autre que lui ne m'avait rendue aussi heureuse dans ma vie. Je ne voyais pas le temps passer avec lui, devenant moins sérieuse. Je crois que nos caractères différents se complétaient. Puis nous avons abandonnées nos fiertés respectives, et finit par nous avouer nos sentiments, non sans continuer à nous battre gentiment. Nous ne voulions pas être niais. Ensuite, les choses se sont enchaînées de fil en aiguille. En mai, nous étions un couple aux yeux de tous (merci facebook). En juin, il me présentait à sa famille (qui ne m'aime pas) et moi à la mienne Aujourd'hui, nous sommes toujours ensemble, ça fait 3 ans, bientôt 4. Et j'ai le regret de dire que nous avons à peine mûris, même si nous avons connus quelques petites épreuves.

Doucement, je pousse la porte fenêtre qui donne sur le jardin, sortant lentement dans le froid. Mes yeux scrutent l'obscurité du jardin, je frissonne déjà mais je ne fais pas demi tour. Enfin, je trouve celle que je cherche. Je savais qu'elle serait allée se réfugiée là bas, elle le faisait toujours quand elle était peinée ou anxieuse. Debout, ses cheveux blonds brillant dans la nuit, elle me tourne le dos, scrutant la ligne des montagnes au loin, son point de vue préféré. Doucement, je m'approche, mais plus sa silhouette devient nette, plus je me rends compte avec effarement que je ne sais absolument quoi lui dire. Mais je dois aller la voir, je n'ai pas d'autres choix. « Siobhán ... ». Elle se retourne vivement, les yeux baignés de larmes. Mais elle ne perd rien de sa fierté et me toise. « Tu es au courant, n'est-ce pas ? ». Je hoche la tête, soulagée qu'elle aborde le sujet d'elle même. « Les parents viennent de m'expliquer...et ça ne change absolument rien. ». Elle fait un pas en avant, se rapprochant encore plus de moi, et je peux lire la colère sur son visage. « Ça ne change rien ?! Tu penses vraiment ce que tu dis June ?! Comment tu réagirais si tu étais à ma place, hein ? Si c'était à toi qu'on avait menti depuis des années ? ». C'est une bonne question, une très bonne question. Mais je ne dois pas laisser mon trouble paraître, je dois désamorcer ce drame familial, sinon, il n'y aurait plus de famille justement. « Oui, je pense ce que je dis, ça ne change rien, tu restes ma sœur. Et je suis sûre que nos parents pensent comme moi, nous avons des liens plus fort que la génétique. ». Un rictus traverse son visage, les paroles que je veux rassurantes ne font juste que la perturber un peu plus. « Écoutes toi parler !! La merveilleuse petite June, et ses chers parents, cette parfaite petite famille. Vous me dégoûtez avec votre hypocrisie à la con ! Vous avez bien dû vous foutre de ma gueule, toutes ces années. Et moi, comment je n'ai rien pu voir ? Hein ? La seule blonde au milieu de toute la famille de rouquins, ça aurait du me mettre la puce à l'oreille. ». Je veux poser ma main sur son bras, la réconforter mais elle a un geste de recul. Je suis blessée, je sens les larmes me monter aux yeux mais je me force à parler d'une voix égale. « Shiobàn, j'ai appris que tu avais adoptée, il y a moins de 5 minutes. Et je persiste à dire que ça ne change rien pour moi, ni pour eux, je suppose. Nous sommes sœurs, nous sommes leurs deux filles, il n'y a rien à ajouter. ». Mais elle ne se laisse pas amadouer, et ne semble pas croire une minute en ma sincérité. « Tu ne comprends pas June. Ils m'ont adoptée parce qu'il s pensaient qu'ils ne pouvaient pas avoir d'enfant. Et j'ai vraiment dû être leur petit rayon de soleil pendant un an. Mais ensuite tu es née, leur enfant biologique, et là, je suis sûre qu'ils se sont mordus les doigts de ne pas avoir attendu un peu pour adopter. ». Elle est si amère, si triste, que je devrais continuer à la réconforter mais des vieilles réminiscences de notre rivalité ressortent, me faisant répliquer, plus méchamment que je ne l'aurais voulue. « Et alors, quoi ? C'est de ma faute maintenant ? Je n'aurais pas dû naître pour que ta vie soit parfaite ? ». « Tu sais que tout notre vie n'a été qu'une compétition pour savoir qui serait la meilleure des filles Callaghan, et là, je ne peux plus lutter, tu viens de marquer l'ultime point. ». J'affiche une intense expression de stupeur que seule la nuit dissimule. « Alors, c'est à ça que se résume notre relation ? Jalousie et rivalité ? Tu n'y es pas du tout, ma pauvre». Méprisante, oui, mais je n'en revenais pas de ce qu'elle osait dire. Pour la première fois, elle a détourné les yeux. « Laisse tomber June, juste laisse tomber. ». Elle n'a rien ajouté, elle a tourné les talons, sans me regarder et elle a disparue dans la nuit.

Le lendemain, quand nous nous sommes réveillés, elle était partie, pour de bon, prenant ses affaires les plus précieuses. Cela pouvait paraître excessif mais je crois qu'au fil du temps, j'ai réussi à la comprendre. Shiobàn était au bord de la crise de nerfs, avant de découvrir, par hasard, qu'elle avait été adoptée, alors ça avait juste dû être la goutte qui avait fait débordé le vase. Elle s'était mise trop de pression, elle attendait trop d'elle même, et notre rivalité n'avaient pas dû arranger les choses. Mais elle avait quelque chose que je n'avais pas, c'était la détermination. Et au final, elle a tenu bon, elle n'est pas revenue, se construisant sans doute une autre vie, loin de Thunder Bay. Mes parents sont dévastés et je crois que ma mère n'a cessé de lui téléphoner à l'aide de son numéro de l'époque, mais elle n'a jamais répondu. Elle a juste disparu, je crois que têtue, elle n'a pas voulu faire marche arrière après un départ hâtif. Le problème, c'est que ça va faire désormais presque deux ans qu'elle n'a pas donné signe de vie. Et autant, dire que je me sens coupable.

L'ANNEE PLUS QUE MOUVEMENTEE DE MES 21 ANS

Les Caraïbes... ou la première fois que je suis partie vraiment très loin de Thunder Bay. Avant même de monter dans l'avion, je savais que ça serait des vacances inoubliables. Le truc, c'est que je ne savais pas à quel point. Tout avait bien commencé. Je partais faire un long voyage, dans une destination de rêve, avec une compagnie non moins agréable, Elijah. L'annonce de notre départ commun n'avait pas fait l'unanimité de notre entourage, mais je m'en fichais, j'étais plus que ravie de passer mes vacances avec lui. De toute façon, je crois que personne ne comprend ce que nous avons. Une amitié comme je n'en ai jamais connu, une confiance mutuelle et pleins d'autres aspects que je ne comprenais pas forcément mais qui faisait que je chérissais chaque moments passés avec lui. Même si je ne l'expliquait pas forcément bien, il m'était cher, très cher. Cependant, le fait que nous ayons une petite différence d'âge et que nous soyons dans une amitié ''mixte'' rendaient les gens suspicieux et les faisaient promptes à dire que je trompais Ian avec Elijah. Mais j'étais sûre qu'une telle chose n'arriverait pas, nous étions au dessus de ça. C'est pourquoi j'avais été extrêmement surprise quand nous avions commencé à nous disputer à demi mot, à peine l'avion eut atterrit. Je savais qu'Eli essayait vraiment d'être enjoué quand il était avec moi, mais il y avait quelque chose qui le retenait. Je n'ai pas encore découvert quoi, mais en temps normal, je réussissais toujours à le faire sourire. J'aimais le voir sourire, le voir laisser transparaître ses émotions. C'était ma petite victoire, mon plaisir altruiste ou égoïste, je ne savais même plus. Mais ce jour là, rien n'allait pas comme d'habitude, et les choses avaient empiré encore à l'hôtel, pour un problème de réservation. J'avais piqué ma crise, nous nous étions confrontés et il avait finit par me révéler un de ces secrets. Pas des moindres.

« June, que sais-tu de ce fameux orage du 30 juillet 2010 ? » Dans notre unique chambre, nous parlions, avec plus de calme pour certains que d'autres. J'essayais de comprendre pourquoi il semblait trouver si horrible la perspective de dormir une nuit dans la même chambre que moi. « Je n'ai pas vu ou vécu cet orage, je n'étais pas en ville... Il y a beaucoup de tempêtes et d'orages à Thunder Bay mais cet orage là, il semble qu'il se démarque des autres. Quand je suis rentrée de vacances, un mois après, les gens en parlaient encore. Il y aussi des rumeurs... mais les répéter me ferait passer pour folle. Dis moi juste pourquoi on en parle. » J'essayais vraiment de faire un effort mais mon amour propre blessé ne m'aidait pas. « On en parle parce que c’est la clé du tout, ou presque… En tous cas, c’est la raison pour laquelle dormir avec toi c’est compliqué… Dormir tout court m’est compliqué en fait… » Malheureusement, ces explications que j'attendais avec avidité ne m'apportait aucun éclaircissement. Mais me mordant la lèvre, je me forçais à ne pas l'interrompre, je voyais bien qu'il faisait un réel effort pour me parler et je ne voulais pas gâcher ça. « Ecoute, tu sais que je ne suis pas doué pour ça… Je vais aller vite. Ces rumeurs j’espère que tu les as écoutées… Parce que pour beaucoup de gens, elles sont avérées… Malheureusement, je n’ai pas le droit de parler pour les autres, mais tu serais surprise je pense du nombre de gens possédant ce genre de… don, pouvoir comme tu veux… Je ne peux pas parler pour les autres mais moi… Je peux te dire que je fais partie de ces gens… Je possède un « don » même si je ne trouve pas que ce dont je suis capable soit un cadeau du ciel. C’est plutôt un cauchemar vivant…Peut-être que le mieux, c’est que je te montre… Ecoute June, sache que si tu as rêvé de moi dans l’avion, ce n’était pas une coïncidence… Je te montre…  » . Je n'arrivais plus à réfléchir, c'était tout simplement trop pour moi. Toutes ces rumeurs que j'avais méprisées, comment je pouvais les renier alors que la personne en qui j'avais le plus confiance m'affirmaient qu'elles étaient vraies ? J'avais vraiment besoin qu'on m'explique tout en détail pour que je puisse y penser longuement, mais j'en eu pas le temps. Elijah avait joint le geste à la parole. Tout en me berçant de paroles rassurantes, il avait posé sa main sur ma tempe, me regardant dans les yeux. Les siens avaient pris une teinte étrange mais je n'avais pas eu le temps d'analyser plus, j'étais tombé de sommeil. Enfin, ce n'était pas un genre de somme commun, parce qu'il avait été tout de suite profond et que je m'étais immédiatement mise à rêver. Mais c'était un rêve dans un rêve parce que je rêvais la scène qui se passait quelque minutes avant que je ne m'endorme. Eli fit encore petites démonstrations mais c'était inutile, j'avais compris, enfin partiellement. Mais j'étais à peu près sûre qu'il venait de m'endormir et de me faire rêver de ce qu'il voulait. « Tu comprends maintenant ? » Je hochais la tête et comme un signal, le rêve prit immédiatement fin. J'avais le souffle coupé mais je ne paraissais pas aussi mal en point qu'Elijah. Allongé face à moi sur le lit, il semblait épuisé, et peut être même inquiet de ma réaction. Me rappelant comment il avait su me rassurer un peu plus tôt, je fis de même, essayant de me faire rassurant dans un petit sourire. Puis je répondis à sa question qui avait semblé si réelle alors qu'il n'en étais rien. « Je crois que comprends, pas tout, mais le principal. Je vais juste avoir besoin d'un petit moment.;. Je vais te chercher un peu d'eau.

Je m'étais levée doucement, essayant de reprendre mes esprits. Je pensais à tous les habitants de Thunder Bay, mes concitoyens, qui avaient des pouvoirs pour certains, je me demandais si mes proches étaient concernés : Ian, Scout, mes parents... Est-ce que ça voulait dire que beaucoup me mentait ? Et Elijah qui avait dû gérer ça tout seul... car j'étais sûr qu'il n'en avait pas parlé. Et comment allons nous faire en sorte qu'il se repose dans cette chambre exigüe ? Oh et mon dieu ! Ce qui s'était passé dans l'avion ?! Et les questions s'enchaînaient inlassablement, ainsi je me concentrais sur ma mission. Mais quand je sortis de la salle de bain avec le verre en plastique de l'hôtel remplie d'eau, Elijah s'était assoupi sur le lit. J'eus un petit sourire attendri, résistant à l'idée de le border comme un bébé, car il faisait trop chaud pour ça. Sa révélation m'avait ébranlée mais ça ne changeait rien à l'affection que je ressentais pour lui. Je me posai donc sur le rebord de la fenêtre, attendant qu'il se réveille. Cela ne me dérangeait pas, j'avais assez à penser pour ne pas m'ennuyer. Quand il se réveillerait, une petite heure plus tard, je bondirai sur le lit, l'étourdissant de questions, tous comme les jours suivants de notre périple, qui se passerait finalement mieux qu'il n'avait commencé. Mais pour le moment, je le laissais juste dormir, me demandant à ce quoi il pouvait bien rêver.

Que dire de Sacha ? Ou plutôt dois-je parler de Sacha ? Je n'en ai aucune envie mais je crois que c'est nécessaire pour rendre mon histoire complète, pour qu'on comprenne le côté le plus sombre de ma personnalité. Il est le frère de Ian, et pour ça, j'étais persuadée que ce serait facile de l'aimer. Malheureusement, ce n'est pas ce qui s'est passé, et je ne pense pas que ça arrivera un jour. Je crois que je peux faire comprendre à n'importe qui pourquoi je le déteste autant très rapidement. Déjà le fondement de cette guerre puérile que nous menons depuis presque un an. C'est simple, je suis folle amoureuse de Ian, ce qui implique que j'aime passer du temps avec lui pour faire tous ces trucs que les couples font. Problème, Sacha et Ian ont eu une enfance écossaise difficile, ce qui a crée un lien fusionnel entre eux, et malheureusement, cela va au delà du raisonnable. Ian idolâtre Sacha et Sacha ne peut rien faire sans son frère. En plus, Sacha a une vie merdique alors il a besoin de Ian souvent, c'est à dire tous les jours. En gros, Sacha et moi, on est très comparables à un couple de parents divorcés (qui ne peuvent pas se voir) et qui se battent pour la garde du petit ange. En vrai, si ce n'était que ça, je crois que je ne détesterai pas Sacha. Certes il me pourrirait la vie en me volant du temps avec Ian ou en se mettant toujours entre nous, mais dans ce cas, je le considérerai juste comme un parasite. Embêtant, oui, mais je ne le haïrai pas. Le truc, c'est que vraiment, la façon dont on se bat n'est pas acceptable, on est allé trop loin et aucun de nous deux n'a su s'arrêter dans les vacheries. C'est à cause de tous les histoires pourries qu'on a pu avoir pendant l'année 2011 que je le déteste réellement. Au final, Ian n'est qu'une bataille dans une guerre qui dépasse l'entendement. Les hostilités ont été lancées, selon moi, le 26 Décembre 2010, le jour de nos anniversaires (et oui, je suis né le même jour que cet abruti, ironie quand tu nous tiens...). Ce n'était pas la faute de Sacha, enfin je crois, mais sur les deux anniversaires, seul le sien a été fêté. Ian ne s'est rendu compte que le mois suivant qu'il avait oublié le mien dans l'histoire. Bref, c'est là, à cette soirée que j'ai laissé éclatée ma jalousie. Je réprimais tant de pensées sur l'invasion de Sacha dans ma vie, que ce soir là, quand je me suis autorisé à pensé ne serait-ce qu'une seule seconde à la vengeance, tout s'est effondré. Cette pensée a contaminé mon esprit, me rongeant et c'est ce soir là que j'ai décidé que je ferai tout pour que Sacha sorte de ma vie, au moins pour quelques jours. Et je dois dire que j'ai pensé à de nombreuses possibilités plus que malhonnêtes pour arriver à mes fins. Mais visiblement, je n'étais pas la seule, car il a aussi fait n'importe quoi. Je ne vais pas m'étendre sur toutes les batailles qui ont suivies dans l'année. Mais il faut savoir qu'en un an, il m'a droguée alors que j'étais allée lui rendre visite (et je l'ai giflé), je l'ai envoyée en prison, mais il m'a entraîné avec lui (oh douce nuit), j'ai essayé de le caser avec une copine qui était en réalité un mec (mais je ne le savais pas !) alors qu'il est homophobe (et oui, il a tout pour lui)n alors il m'a ridiculisé à une repas de famille et j'ai du faire de même, le tout finissant en beauté avec une partie de squash d'une violence jamais atteinte, je crois (et j'ai gagnée !! ). Mais le pire devait arriver...

« Je vais vous faire visiter les locaux, Mademoiselle Callaghan et vous présenter vos collègues ainsi que votre supérieur. » . J'acquiesçais de la tête, avec un sourire crispé, incapable de prononcer un mot. J'étais heureuse, vraiment heureuse, même excitée d'avoir ce job mais comme tout le monde, j'étais anxieuse pour mon premier jour. En fait, j'avais eu une chance hors du commun. Car je sortais à peine de la fac de lettre, et je n'avais pas spécialement de vocation pour les métiers de lettres, j'avais pris cette filière par défaut. Mais une bonne amie, Kelsey m'avait offert la possibilité d'obtenir un entretien dans son journal où elle était rédactrice en chef. Officiellement, je m'occuperai de la photo, ma passion depuis de longues années, mais elle m'avait dit qu'à terme, je pourrai être une journaliste comme les autres. C'était une opportunité et je ne l'avais pas dédaignée, et après deux entretiens stressants, j'avais eu le job. Je me sentais l'âme d'une reporter, j'avais hâte de commencer. Mais mon accompagnatrice et moi avions franchi les portes de mon futur bureau, et j'avais compris que le karma avait dû me rattraper. Comment avais-je pu être assez conne pour oublier que Sacha travaillait pour le journal de Thunder Bray ?! Car il était là, me fixant avec stupeur depuis le fond de la pièce. Mon cerveau essayait désespérément de m'envoyer une information mais je refusais catégoriquement de la transmettre. Allait-il être mon collègue ? Comment pourrions nous gérer ça au quotidien ? J'étais abattue. Surtout, qu'en fait, je connaissais déjà mes futurs collègues. Le gars, en train de taper à l'ordinateur, c'était Andy, je l'avais rencontré à l'anniversaire de Sacha, et ce n'était pas beau à voir, il était en kilt et bourré... Et il en était de même pour les autres. Mais alors que je pensais sérieusement à m'enfuir, le ciel me tomba sur la tête un petit peu plus. . « Et bien, voilà Sacha McKinley, votre supérieur hiérarchique. Il s'occupera de votre intégration ici, vous donnera votre travail et en cas de problèmes, vous vous en référerez à lui. » . . . Aucun doute, l'année allait être mouvementée, très mouvementée.

« June, chérie, je ne comprends pas pourquoi tu le prends si mal. » . Je regarde ma mère, exaspérée. Elle n'a jamais compris, grand chose de sa fille cadette, et je crois que ça sera toujours ainsi. Ce n'est pas qu'elle ne m'aime pas, mais c'était comme si elle avait un point de vue unique sur tout. « Je ne le prends pas mal, maman, je considère juste que c'est une lubie parmi d'autres, je pense juste que vous avez pris votre décision trop vite. » . Je dis '' vous '' et je regarde mon père, attendant qu'il intervienne. Mais c'est sans espoir, il a toujours suivi ma mère, sans se poser de questions. Elle avait réussit à lui faire quitter son Irlande natale pour le Canada, et maintenant, elle l'avait convaincue, je ne sais pas trop comment de déménager à nouveau. Et pas n'importe où, en Floride. Soit disant, il avait besoin de soleil. Je trouvais leur idée farfelue et très égoïstement, je pense à ce que me ferais de ne plus avoir mes parents près de moi, comme ça avait toujours été le cas. Le débat continue et ma mère me donne des arguments qu'elle pense imparables, mon père, toujours silencieux. « Et puis, tu vis avec Ian, maintenant, tu n'as plus besoin de nous.  » Je lève les yeux au ciel et continue à renchérir, jusqu'à ce que je sorte à mon tour des arguments que je pense forts. « Et si Shiobàn revient ? Comment va-elle réagir en voyant la maison familiale vendue ? Comment elle nous retrouvera ?  » Ma mère prend un air choqué, une expression de tristesse se peint sur le visage de mon père. Car Shiobàn a toujours été sa fille préférée, sa grande fille, celle qui lui ressemble le plus, malgré tout. Dommage qu'elle ne l'ai jamais compris. D'ailleurs, c'est lui qui répond. « ça fait deux ans June, bon sang, si elle avait voulu revenir, elle l'aurait déjà fait. De toute façon, notre décision était prise.  » . Ça, ajouté au fantôme de Shiobàn, avait mis fin à la discussion. Au final, tout ce que je retenais, c'est qu'il allait me manquer. Et aussi nombrilisme que ça puisse paraître, ce départ voulait dire que j'étais désormais seule, toute ma famille étant partie loin de moi.

Malgré tout, ma mère a raison sur un point. J'ai un autre foyer, maintenant. Depuis, environ trois semaines, je me suis installée avec Ian. J'avais eu du mal à l'arracher à ses parents, mais je voulais vraiment que nous franchissions une étape supplémentaire dans notre relation. Cela faisait longtemps que nous étions ensemble, et j'étais toujours aussi désespérément folle de lui. Venant d'être engagé au journal, je me sentais enfin prête à devenir adulte, et vivre dans mon appartement me semblait nécessaire, mais plus que tout, je voulais le faire avec lui. Tout le monde avait haussé les sourcils, me disant que la routine allait casser notre couple. Mais honnêtement, sans tomber dans le mélo, je pensais que Ian était celui qu'il me fallait, et qu'il faudrait plus pour nous séparer. Nous vivions dans le quartier le plus pourri de la ville, Cobalt Crescent, notre appartement ne pourrait pas héberger le célèbre et monstrueux lustre de cristal, surnommé Caroline, mais je crois que nous étions heureux. Découvrir les exploits de la journée de mon cher et tendre quand je rentrais du travail, exténuée à cause du tyrannique Sacha, était toujours détendant pour moi et il savait me faire rire comme personne. Comme aujourd'hui, après cette discussion éprouvante avec mes parents, ce fut un véritable plaisir d'aller s'assoir à côté de lui sur le canapé et de me blottir contre son épaule, tandis qu'il regardait Fight Club, une énième fois. Mais on ne s'en lassait pas, surtout quand il faisait les répliques de Marla. Malheureusement, notre étreinte ne dura pas très longtemps, car un certain husky venait de monter sur le canapé, revendiquant l'attention de son maître avec autant d'ardeur que Sacha. Je laissais Buckley faire, j'avais même renoncé à protester, je commençais même à être amusé par le manque total d'éducation de ce chien. Bon, certains jours, je craquais car un husky dans un petit appartement, c'était vite envahissant mais au final, la colocation à trois se passait remarquablement bien. Il n'y avait qu'une chose... Je n'avais rien dit des révélations d'Eli à Ian, j'ignorais donc toujours s'il avait un pouvoir ou pas, j'essayais de deviner mais ce n'était pas aisé. Oui, c'était la seule ombre entre nous, je ne savais pas s'il me mentait ou pas.

« Non mais tu te rends compte, Tom ? On est dans un pays magnifique. Il y a même des magasins où tout est à 0,99 dollars. Même pas un dollar. Tu imagines, hein ? » . Il hoche la tête conciliant mais je suis prête à parier qu'il ne m'écoute pas. Je hausse les épaules, ça m'est égal, tout m'est égal. « Resserre moi un verre, s'il te plaît.  » Mais il prend cet air embêté que je lui connais bien et hoche la tête négativement d'un air réprobateur. Je m'énerve, j'insiste, ce qui en soit constitue une preuve que je suis bien bourrée. La June sobre ne ferait jamais ça. Mais j'ai eu une dure journée et je veux mon verre. Et malgré mon ivresse, je ne perd rien de mon éloquence. Je tempête contre le pauvre Tom, quand une voix masculine m'interrompt.   «  Si je peux me permettre, il a raison, ça ne serait pas prudent de voir un verre de plus. » . Reportant ma frustration sur lui, je réplique vivement. « Non vous ne pouvez pas vous permettre. Je ne vous connais pas, vous ne me connaissez pas, alors mêlez vous de mes affaires. » Il ne prend pas la mouche, me regardant au contraire plus amusé que jamais.   « Je te connais plus que tu ne le crois, June. A vrai dire, je connais tout le monde ici. Alors dis moi, qu'est-ce qui ne va pas ?  » Sans les vapeurs d'alcool qui m'embuait le cerveau, je me serai méfiée, alors que là, j'ai juste commencé à parler sans réfléchir, au fond, je crois que j'en avais besoin. « Qu'est ce qui ne va pas ? Mais rien ne va ! Mes parents sont en train de partir le plus loin possible de moi, je n'ai pas vue ma sœur depuis deux ans, mon boss est mon pire ennemi et me fait vivre un enfer chaque jour... Je ne sais pas à qui je peux faire confiance, ce qui nous amène au truc !! » Il me regarde perplexe, et sans qu'il insiste, je continue tranquillement, alors que je suis sur le point de dire quelque chose que je considère comme secret en temps normal. « Oui, il paraît qu'une bonne partie de la ville a des pouvoirs. Vous imaginez ? Ce sont des êtres exceptionnels, paraît-il ! Et vous savez quoi ? Apparemment, même Dame Nature me trouve nul, parce qu'elle n'a pas jugé utile de m'en donner un aussi. » Alcool entraînant narcissisme, je continue ma complainte. « Tout le monde est si exceptionnel, c'est ça le problème. Les gens autour de moi réussissent, font ce qu'ils ont envie et moi... je fais quoi ? J'apporte le café à des reporters minables qui s'occupent des cas de chiens écrasés. Pas de pouvoirs, plus de famille, un travail lamentable, tout part en live. En ce moment, ma vie est un bordel totale, et moi je ne suis RIEN.  » L'inconnu me regarde attentivement, mais comme Tom, je ne suis pas sûr qu'il ne m'écoute. Mais il me détrompe vite, en reprenant là où je m'étais arrêtée, comme un parfait psy.   «  Alors tu pense que tu es sans valeur, c'est ça ? Tu voudrais être... spéciale ? . » . Je réponds par la positive. Il continue, ce faisant de plus en plus précis.   «  Et pour te sentir spéciale, tu voudrais un pouvoir?  » .  «  Oui ! … Non. Je ne sais pas.  » .Je commence à être fatiguée, mes yeux se ferment tout seul et je sens que je dis n'importe quoi.   « Je vais y aller, hein  » .
Je saute du tabouret mais titube méchamment, et c'est mon confident du soir qui me rattrape. Il me tient le bras un moment qui me paraît un peu trop long et je crois voir une lumière, mais je suppose qu'il est temps pour moi d'aller me coucher. Il prononce des paroles énigmatiques mais je ne les enregistre pas. Cette soirée restera un mystère pour moi.

J'ai mis un petit temps pour comprendre que j'avais pleurniché devant celui que tout le monde appelait '' le dealer de pouvoir '' et que par pitié, il m'avait refilé un pouvoir qu'il avait en stock. Pouvoir que j'ai mis un certain temps à découvrir par d'ailleurs. Je ne sais pas si ce pouvoir me change autant que je l'espérais, mais il me facilite pas mal la vie sur certains points. Je n'en ai pas encore parlé à mon entourage, je crains leurs réactions. Déjà parce que je l'ai obtenu d'une manière ridicule, ensuite parce que je pense à Elijah, qui n'a pas voulu du sien, j'ai l'impression d'avoir fait quelque chose de mal...

FINI !! Et dans un acte ultime de souveraineté, je m'auto valide à mon tour

Eli, j'ai un peu inventé la fin de notre magnifique RP, auquel hélas, je n'ai jamais répondu, j'espère que ça ne te dérange pas .

Mdrrr excellent ! J'aurai mis longtemps à lire, mais au moins j'ai TOUT lu !! wouhou
Alalala je me vois déjà trop t'en faire baver avec Sacha. (d'ailleurs, flemme de changer de compte )

mais je sens aussi qu'on a moyen de créer un truc avec Cass :D

La fin est parfaite j'aurais pas fait mieux =)

Ca s'annonce être drôle quand Eli' va apprendre que tu te retrouve avec un pouvoir parce que tu l'as demandé x')

Vite Rp

OUI, je veux RP, on va déchirer (si si même avec Sacha)

Je me disais bien qu'Eli allait être un peu fâché